L'Algérie vient de perdre l'un de ses plus illustres penseurs. Le grand penseur islamologue, Mohamed Arkoun, est décédé mardi à Paris à l'âge de 82 ans. L'Algérie vient de perdre l'un de ses plus illustres penseurs. Le grand penseur islamologue, Mohamed Arkoun, est décédé mardi à Paris à l'âge de 82 ans. Le professeur émérite d'histoire de la pensée islamique à la Sorbonne a quitté ce bas monde laissant derrière lui une réflexion humaniste et moderne de l'Islam, pierre angulaire au dialogue inter-religieux. Le philosophe algérien est né en 1926 à Taourirt Mimoun en Kabylie. Il a vécu dans une famille nombreuse et très pauvre. Il fait ses études primaires dans son village natal, puis secondaire à Oran. Il étudie ensuite la philosophie à la faculté de littérature université d'Alger puis à la Sorbonne à Paris. Il y est agrégé en langue arabe et en littérature arabe en 1956, il est docteur en philosophie en 1968. Il sillonne les universités européennes et américaines prônant l'islamologie appliquée, une discipline qui s'inspire, selon lui, d'une idée qui lui est venue après l'indépendance de l'Algérie, en constatant et en analysant les contradictions dans la culture prévalant en Algérie et aux pays du Maghreb, ainsi que dans une certaine orientation politique, qui voulait réintroduire l'Islam-après la fin de la période coloniale. Cette ligne et cet objectif sont apparus lorsque les Algériens se sont mis à invoquer l'Islam, à la fois en tant que "Religion" et en tant que culture dans le but de reconstruire la spécificité arabo-islamique mise sous l'éteignoir par le colonialisme. Mais selon l'auteur, cette conception et cette politique qui s'ensuivent, ne tenaient absolument pas compte, dans ce pays récent l'Algérie, ni de la réalité et des caractères propres à l'histoire de l'Algérie, mais ni non plus du Maghreb dont il fait partie, et ni non plus de l'histoire de l'Islam et de la pensée islamique de manière plus générale. Le clerc incompris Il est des intellectuels qui marquent leurs temps, Mohamed Arkoun en faisait partie. Autant il faisait partie de ceux qui ne laissent pas indifférent, autant son approche critique de la pensée islamique dérangeait. C'est le sentiment perçu lors d'une conférence qu'on a eu le plaisir de couvrir en 2009 portant sur le dialogue intermaghrébin au Sénat (Paris). Livrant un discours humaniste sous le filtre de la raison critique, en prenant en compte l'existence du croyant dans la cité moderne. En somme, une approche en porte-à-faux avec la rigidité dogmatique et idéologique que l'illustre penseur algérien lui a valu d'être rejeté, pas reconnu à sa juste valeur et partant, d'attirer les foudres des gestionnaires du sacré et des responsables politiques dont il n'était pas bon de s'afficher à ses côtés. C'est ainsi que ses détracteurs lui prête faussement « une pensée contre la religion », alors qu'il proposait une « autre pensée de la religion », celle des lumières et de la sagesse et non celle de l'extrémisme religieux responsable des malheurs dont l'Algérie a subi les affres. Son approche brillante lui a valu les meilleures des distinctions intellectuelles dans le monde entier. Le professeur émérite d'histoire de la pensée islamique à la Sorbonne a quitté ce bas monde laissant derrière lui une réflexion humaniste et moderne de l'Islam, pierre angulaire au dialogue inter-religieux. Le philosophe algérien est né en 1926 à Taourirt Mimoun en Kabylie. Il a vécu dans une famille nombreuse et très pauvre. Il fait ses études primaires dans son village natal, puis secondaire à Oran. Il étudie ensuite la philosophie à la faculté de littérature université d'Alger puis à la Sorbonne à Paris. Il y est agrégé en langue arabe et en littérature arabe en 1956, il est docteur en philosophie en 1968. Il sillonne les universités européennes et américaines prônant l'islamologie appliquée, une discipline qui s'inspire, selon lui, d'une idée qui lui est venue après l'indépendance de l'Algérie, en constatant et en analysant les contradictions dans la culture prévalant en Algérie et aux pays du Maghreb, ainsi que dans une certaine orientation politique, qui voulait réintroduire l'Islam-après la fin de la période coloniale. Cette ligne et cet objectif sont apparus lorsque les Algériens se sont mis à invoquer l'Islam, à la fois en tant que "Religion" et en tant que culture dans le but de reconstruire la spécificité arabo-islamique mise sous l'éteignoir par le colonialisme. Mais selon l'auteur, cette conception et cette politique qui s'ensuivent, ne tenaient absolument pas compte, dans ce pays récent l'Algérie, ni de la réalité et des caractères propres à l'histoire de l'Algérie, mais ni non plus du Maghreb dont il fait partie, et ni non plus de l'histoire de l'Islam et de la pensée islamique de manière plus générale. Le clerc incompris Il est des intellectuels qui marquent leurs temps, Mohamed Arkoun en faisait partie. Autant il faisait partie de ceux qui ne laissent pas indifférent, autant son approche critique de la pensée islamique dérangeait. C'est le sentiment perçu lors d'une conférence qu'on a eu le plaisir de couvrir en 2009 portant sur le dialogue intermaghrébin au Sénat (Paris). Livrant un discours humaniste sous le filtre de la raison critique, en prenant en compte l'existence du croyant dans la cité moderne. En somme, une approche en porte-à-faux avec la rigidité dogmatique et idéologique que l'illustre penseur algérien lui a valu d'être rejeté, pas reconnu à sa juste valeur et partant, d'attirer les foudres des gestionnaires du sacré et des responsables politiques dont il n'était pas bon de s'afficher à ses côtés. C'est ainsi que ses détracteurs lui prête faussement « une pensée contre la religion », alors qu'il proposait une « autre pensée de la religion », celle des lumières et de la sagesse et non celle de l'extrémisme religieux responsable des malheurs dont l'Algérie a subi les affres. Son approche brillante lui a valu les meilleures des distinctions intellectuelles dans le monde entier.