Maladie du sang grave et rare, l'hémophilie est d'origine génétique. Liée à une anomalie sur un chromosome sexuel, elle touche quasi essentiellement les hommes chez lesquels elle favorise les hémorragies. Mais de nombreuses idées reçues circulent sur ce trouble de la coagulation. Sachez distinguer le vrai du faux. Maladie du sang grave et rare, l'hémophilie est d'origine génétique. Liée à une anomalie sur un chromosome sexuel, elle touche quasi essentiellement les hommes chez lesquels elle favorise les hémorragies. Mais de nombreuses idées reçues circulent sur ce trouble de la coagulation. Sachez distinguer le vrai du faux. En quoi consiste l'hémophilie ? Combien de personnes sont touchées ? Se transmet-elle automatiquement ?… Beaucoup de questions entourent actuellement cette maladie rare. La méconnaissance de l'hémophilie est avant tout liée à sa rareté. L'hémophilie (1 naissance sur 10.000) fait, en effet, partie des maladies "rares" comme la myopathie ou la mucoviscidose. Il existe aussi d'autres affections hémorragiques, proches de l'hémophilie, comme la maladie de Willebrand qui peut toucher indifféremment les garçons et les filles. En prenant en compte les formes les plus sévères de ces maladies, on estime en France à 15.000 le nombre de personnes affectées par un processus de coagulation défaillant. Au niveau mondial, il y aurait plus de 400.000 personnes atteintes d'hémophilie, mais seulement 20 % d'entre-elles sont diagnostiquées et ont accès aux traitements. L'hémophilie, entre stéréotypes et réalités L'hémophilie a longtemps intrigué et suscité, au cours des siècles, de nombreux clichés et contre-vérités. Mais si la connaissance de la maladie s'est considérablement affinée à partir des années 1960, elle reste peu connue du grand public. Alors que la découverte de l'hémophilie remonte à plusieurs siècles, les causes de la maladie sont longtemps restées inconnues. Au XIXe siècle, parce qu'elle touchait la descendance de la Reine Victoria, l'hémophilie était surnommée "la maladie des rois". C'est ainsi que deux des filles de la Reine, Alice et Béatrice, ont transmis la maladie, via leur descendance, aux familles régnant en Espagne et en Russie, participant ainsi indirectement à deux des événements majeurs du XXe siècle : la révolution russe et la guerre d'Espagne. Et c'est ainsi que le tsarévitch de Russie, Alexei, l'un des plus célèbres descendants hémophiles de Victoria, avait recours à l'hypnose du célèbre Raspoutine pour soulager ses douleurs ! Jusqu'au début du XXe siècle, les médecins croyaient que les vaisseaux sanguins des personnes hémophiles étaient simplement trop fragiles. Ce n'est qu'au cours des années 1960 qu'a été compris, en détail, le processus de la coagulation. Ces dernières années, les tragiques événements liés au sang contaminé ont de nouveau contribué à troubler l'image qu'a le grand public de l'hémophilie l'associant, à tort, à des pathologies transmissibles par voie sanguine comme le sida ou l'hépatite C. L'hémophilie, une maladie encore peu connue Etre atteint d'hémophilie ne signifie pas que l'on saigne plus abondamment qu'un autre, mais que l'on saigne plus longtemps car le caillot formé n'est pas assez solide. De même, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, les saignements externes, par exemple suite à une coupure accidentelle, sont en fait assez rares et peuvent généralement être maîtrisés par compression locale et utilisation d'un produit coagulant local.Plus graves, les hémorragies internes sont aussi plus fréquentes. Elles sont dues à des traumatismes, voire parfois même spontanées chez l'hémophile sévère. Elles se situent dans les articulations (hémarthroses) ou dans les muscles (hématomes). Elles doivent être identifiées et traitées très rapidement par injection du facteur de coagulation manquant. En effet, si elles sont mal soignées, ces hémorragies provoquent à terme, outre la douleur, des séquelles invalidantes, en particulier lorsqu'elles sont situées au niveau des articulations (genoux, chevilles, coudes) : réduction de l'amplitude de mouvement, fonte musculaire ou destruction des articulations elles-mêmes. Ces handicaps peuvent conduire à l'implantation de prothèses. Pour arrêter voire prévenir ces saignements, les traitements apportent le facteur de la coagulation qui fait défaut. Ils sont reconstitués puis administrés par voie intraveineuse, souvent par le patient lui-même. L'espoir de la thérapie génique Une seule protéine manquant à l'appel, la thérapie génique apparaît comme la solution idéale pour aider la personne hémophile à fabriquer son propre facteur de coagulation. Pour cela, la technique la plus couramment étudiée consiste à administrer le gène dont le malade a besoin, dans les cellules de l'organisme, par l'intermédiaire d'un vecteur (un virus inoffensif par exemple). Si le vecteur peut intégrer suffisamment de cellules sans provoquer l'apparition d'anticorps, le patient voit alors sa situation s'améliorer considérablement. En intervenant directement sur le génome, l'objectif serait qu'une personne hémophile puisse produire suffisamment de facteur pour devenir hémophile mineur (5 à 30 % des taux normaux de facteur). L'injection du vecteur devrait probablement être répétée chaque année. Quelques essais prometteurs Début 2002, une équipe américaine obtenait des résultats étonnants, également chez la souris. Le matériel injecté était un assemblage de cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins et un gène codant pour le facteur VIII. "Alors que nous aurions qualifié une augmentation de 50 % du facteur VIII comme un bon résultat, nous avons plus de 100 % des quantités normales chez ces souris", déclarait le Pr. Hebel. Le saut d'exon : une technique d'avenir ? Une autre technique, récemment mise en œuvre par une équipe de biologistes français (CNRS-Généthon en collaboration avec l'Institut Cochin), est susceptible de donner un nouveau souffle à la thérapie génique. Contrairement aux méthodes traditionnelles, cette thérapie, dite "saut d'exon", intervient en aval sur le message délivré par le gène anormal et non plus sur le gène lui-même, afin de rétablir la fabrication de protéines fonctionnelles. Malgré toutes ces pistes encourageantes, il n'est pas encore question de guérison définitive. Affaire à suivre… En quoi consiste l'hémophilie ? Combien de personnes sont touchées ? Se transmet-elle automatiquement ?… Beaucoup de questions entourent actuellement cette maladie rare. La méconnaissance de l'hémophilie est avant tout liée à sa rareté. L'hémophilie (1 naissance sur 10.000) fait, en effet, partie des maladies "rares" comme la myopathie ou la mucoviscidose. Il existe aussi d'autres affections hémorragiques, proches de l'hémophilie, comme la maladie de Willebrand qui peut toucher indifféremment les garçons et les filles. En prenant en compte les formes les plus sévères de ces maladies, on estime en France à 15.000 le nombre de personnes affectées par un processus de coagulation défaillant. Au niveau mondial, il y aurait plus de 400.000 personnes atteintes d'hémophilie, mais seulement 20 % d'entre-elles sont diagnostiquées et ont accès aux traitements. L'hémophilie, entre stéréotypes et réalités L'hémophilie a longtemps intrigué et suscité, au cours des siècles, de nombreux clichés et contre-vérités. Mais si la connaissance de la maladie s'est considérablement affinée à partir des années 1960, elle reste peu connue du grand public. Alors que la découverte de l'hémophilie remonte à plusieurs siècles, les causes de la maladie sont longtemps restées inconnues. Au XIXe siècle, parce qu'elle touchait la descendance de la Reine Victoria, l'hémophilie était surnommée "la maladie des rois". C'est ainsi que deux des filles de la Reine, Alice et Béatrice, ont transmis la maladie, via leur descendance, aux familles régnant en Espagne et en Russie, participant ainsi indirectement à deux des événements majeurs du XXe siècle : la révolution russe et la guerre d'Espagne. Et c'est ainsi que le tsarévitch de Russie, Alexei, l'un des plus célèbres descendants hémophiles de Victoria, avait recours à l'hypnose du célèbre Raspoutine pour soulager ses douleurs ! Jusqu'au début du XXe siècle, les médecins croyaient que les vaisseaux sanguins des personnes hémophiles étaient simplement trop fragiles. Ce n'est qu'au cours des années 1960 qu'a été compris, en détail, le processus de la coagulation. Ces dernières années, les tragiques événements liés au sang contaminé ont de nouveau contribué à troubler l'image qu'a le grand public de l'hémophilie l'associant, à tort, à des pathologies transmissibles par voie sanguine comme le sida ou l'hépatite C. L'hémophilie, une maladie encore peu connue Etre atteint d'hémophilie ne signifie pas que l'on saigne plus abondamment qu'un autre, mais que l'on saigne plus longtemps car le caillot formé n'est pas assez solide. De même, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, les saignements externes, par exemple suite à une coupure accidentelle, sont en fait assez rares et peuvent généralement être maîtrisés par compression locale et utilisation d'un produit coagulant local.Plus graves, les hémorragies internes sont aussi plus fréquentes. Elles sont dues à des traumatismes, voire parfois même spontanées chez l'hémophile sévère. Elles se situent dans les articulations (hémarthroses) ou dans les muscles (hématomes). Elles doivent être identifiées et traitées très rapidement par injection du facteur de coagulation manquant. En effet, si elles sont mal soignées, ces hémorragies provoquent à terme, outre la douleur, des séquelles invalidantes, en particulier lorsqu'elles sont situées au niveau des articulations (genoux, chevilles, coudes) : réduction de l'amplitude de mouvement, fonte musculaire ou destruction des articulations elles-mêmes. Ces handicaps peuvent conduire à l'implantation de prothèses. Pour arrêter voire prévenir ces saignements, les traitements apportent le facteur de la coagulation qui fait défaut. Ils sont reconstitués puis administrés par voie intraveineuse, souvent par le patient lui-même. L'espoir de la thérapie génique Une seule protéine manquant à l'appel, la thérapie génique apparaît comme la solution idéale pour aider la personne hémophile à fabriquer son propre facteur de coagulation. Pour cela, la technique la plus couramment étudiée consiste à administrer le gène dont le malade a besoin, dans les cellules de l'organisme, par l'intermédiaire d'un vecteur (un virus inoffensif par exemple). Si le vecteur peut intégrer suffisamment de cellules sans provoquer l'apparition d'anticorps, le patient voit alors sa situation s'améliorer considérablement. En intervenant directement sur le génome, l'objectif serait qu'une personne hémophile puisse produire suffisamment de facteur pour devenir hémophile mineur (5 à 30 % des taux normaux de facteur). L'injection du vecteur devrait probablement être répétée chaque année. Quelques essais prometteurs Début 2002, une équipe américaine obtenait des résultats étonnants, également chez la souris. Le matériel injecté était un assemblage de cellules endothéliales qui tapissent les vaisseaux sanguins et un gène codant pour le facteur VIII. "Alors que nous aurions qualifié une augmentation de 50 % du facteur VIII comme un bon résultat, nous avons plus de 100 % des quantités normales chez ces souris", déclarait le Pr. Hebel. Le saut d'exon : une technique d'avenir ? Une autre technique, récemment mise en œuvre par une équipe de biologistes français (CNRS-Généthon en collaboration avec l'Institut Cochin), est susceptible de donner un nouveau souffle à la thérapie génique. Contrairement aux méthodes traditionnelles, cette thérapie, dite "saut d'exon", intervient en aval sur le message délivré par le gène anormal et non plus sur le gène lui-même, afin de rétablir la fabrication de protéines fonctionnelles. Malgré toutes ces pistes encourageantes, il n'est pas encore question de guérison définitive. Affaire à suivre…