Des historiens et chercheurs ont souligné samedi, lors d'une table-ronde, organisée dans le cadre du colloque international : "Le 17 Octobre 1961 : 50 ans après, la nécessaire reconnaissance", à l'Assemblée nationale française, les difficultés qu'ils rencontrent dans leur recherche de la vérité sur la tragique journée du 17 Octobre 1961. Revenant sur les entraves qu'il a rencontrées au long de ses travaux de recherche de la vérité sur le drame qui s'est déroulé ce jour-là, en plein cœur de Paris, l'écrivain et chercheur Jean-Luc Einaudi, auteur de livres sur les massacres commis le 17 Octobre 1961, a jugé "important" l'accès aux archives, notamment celles des services de l'Etat, dans la mesure où celles-ci, "même si elles ne sont pas toujours fiables, permettent néanmoins aux chercheurs de faire leurs propres recoupements des faits". Il a ainsi indiqué que des archives qu'il avait demandé aux services de police, lui ont été refusées, mais qu'elles ont été par contre livrées à un autre chercheur, Jean-Paul Brunet, dont le livre qu'il a produit est basé sur la version policière des faits, uniquement pour combattre ses propres recherches sur les massacres du 17 Octobre 1961. Jean-Luc Einaudi a dans ce contexte insisté sur l'intérêt d'accorder du crédit "aux témoignages de victimes", estimant que «si on ne prend pas en compte dans ce type d'évènement la parole des dominés, on tomberait très facilement dans une histoire qui est la reproduction de la version du dominant». Le chercheur a, par ailleurs, indiqué avoir demandé, il y des années, à consulter des archives de la Présidence de la République française, notamment les notes prises en Conseil des ministres, qui ont été versées aux archives de France, mais que le locataire de l'Elysée de l'époque, le président Jacques Chirac, s'y été opposé. «Honte au pays de la Liberté» L'historien britannique Neil MacMaster, co-auteur avec Jim House du livre "Les Algériens, la mémoire et la terreur d'Etat" publié en 2006 en Angleterre et en 2009 en France, a souligné, pour sa part, que l'on ne connaîtra jamais les chiffres définitifs des morts et des disparus de cette journée du 17 Octobre 1961. La raison n'est pas que des archives ont pu être cachées ou détruites mais que la police parisienne a tué plus d'Algériens à Paris pendant plusieurs semaines avant cette journée tragique que le 17 Octobre 1961 même. "Il est très important de dire que ces équipes de policiers tueurs ont tué des Algériens en secret, dans des endroits clandestins à l'extérieur de la ville. Ces tueurs ont délibérément enlevé toute preuve d'identification et jeté les corps dans les rivières et lorsque les corps sont repêchés beaucoup plus tard, il devient impossible à n'importe quel expert de dire à quelle moment cette personne a pu être tuée", a poursuivi ce chercheur. "Je considère ainsi que le nombre de morts d'Algériens assassinés ne sera jamais connu mais lorsqu'on arrive au nombre de 100, on n'a pas besoin de dire exactement s'il s'agit de 150 ou de 200 morts, c'est pareil, car ça devient une question de moral : un massacre demeure un massacre quel que soit son nombre", a-t-il ajouté. L'universitaire Hassan Remaoun, professeur d'anthropologie sociale et culturelle à l'université d'Oran (Algérie), a précisé au public présent, qu'en Algérie, la journée du 17 Octobre 1961 "est une journée de plus, dans un grand combat pour imposer le droit à l'existence nationale par rapport à tous les massacres commis et les luttes menées durant la période coloniale". Il a, par ailleurs, relevé les contradictions de l'Etat colonial français "qui prétend avoir une vocation démocratique, héritier des droits de l'Homme, de la révolution française, qui fonctionne avec un discours tentant sur l'accès à la citoyenneté, à la modernité". Le président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), Pierre Tartakowsky, a, pour sa part, estimé "que l'oubli et l'occultation des crimes nourrissent d'autres crimes, à savoir l'injustice et l'écrasement des droits". "Nous savons que la Liberté, l'Egalité, la Fraternité sont des notions vides de sens, si elle ne sont pas éclairées par la vérité, la confrontation d'idées et de débats démocratiques, et nous savons aussi, parce que nous l'avons expérimenté, que l'exception, surtout quand il s'agit de l'Etat d'exception, pèse toujours sur la norme. Plus simplement dit, le 17 Octobre 1961 nous invite aujourd'hui à penser la démocratie et les conditions de son exercice aux prises avec le soubresaut de l'histoire passé et à venir", a-t-il dit. Ce colloque international a été organisé à l'initiative inédite de l'association Au nom de la Mémoire, de la Ligue des droits de l'Homme et du Collectif du 17 Octobre 1961. Il a pour ambition de faire reconnaître comme "crime d'Etat", par les plus hautes autorités françaises, les massacres dont ont été victimes des milliers d'Algériens, sortis manifester, en famille, pacifiquement contre le couvre-feu raciste qui leur a été imposé par le préfet Maurice Papon. Des historiens et chercheurs ont souligné samedi, lors d'une table-ronde, organisée dans le cadre du colloque international : "Le 17 Octobre 1961 : 50 ans après, la nécessaire reconnaissance", à l'Assemblée nationale française, les difficultés qu'ils rencontrent dans leur recherche de la vérité sur la tragique journée du 17 Octobre 1961. Revenant sur les entraves qu'il a rencontrées au long de ses travaux de recherche de la vérité sur le drame qui s'est déroulé ce jour-là, en plein cœur de Paris, l'écrivain et chercheur Jean-Luc Einaudi, auteur de livres sur les massacres commis le 17 Octobre 1961, a jugé "important" l'accès aux archives, notamment celles des services de l'Etat, dans la mesure où celles-ci, "même si elles ne sont pas toujours fiables, permettent néanmoins aux chercheurs de faire leurs propres recoupements des faits". Il a ainsi indiqué que des archives qu'il avait demandé aux services de police, lui ont été refusées, mais qu'elles ont été par contre livrées à un autre chercheur, Jean-Paul Brunet, dont le livre qu'il a produit est basé sur la version policière des faits, uniquement pour combattre ses propres recherches sur les massacres du 17 Octobre 1961. Jean-Luc Einaudi a dans ce contexte insisté sur l'intérêt d'accorder du crédit "aux témoignages de victimes", estimant que «si on ne prend pas en compte dans ce type d'évènement la parole des dominés, on tomberait très facilement dans une histoire qui est la reproduction de la version du dominant». Le chercheur a, par ailleurs, indiqué avoir demandé, il y des années, à consulter des archives de la Présidence de la République française, notamment les notes prises en Conseil des ministres, qui ont été versées aux archives de France, mais que le locataire de l'Elysée de l'époque, le président Jacques Chirac, s'y été opposé. «Honte au pays de la Liberté» L'historien britannique Neil MacMaster, co-auteur avec Jim House du livre "Les Algériens, la mémoire et la terreur d'Etat" publié en 2006 en Angleterre et en 2009 en France, a souligné, pour sa part, que l'on ne connaîtra jamais les chiffres définitifs des morts et des disparus de cette journée du 17 Octobre 1961. La raison n'est pas que des archives ont pu être cachées ou détruites mais que la police parisienne a tué plus d'Algériens à Paris pendant plusieurs semaines avant cette journée tragique que le 17 Octobre 1961 même. "Il est très important de dire que ces équipes de policiers tueurs ont tué des Algériens en secret, dans des endroits clandestins à l'extérieur de la ville. Ces tueurs ont délibérément enlevé toute preuve d'identification et jeté les corps dans les rivières et lorsque les corps sont repêchés beaucoup plus tard, il devient impossible à n'importe quel expert de dire à quelle moment cette personne a pu être tuée", a poursuivi ce chercheur. "Je considère ainsi que le nombre de morts d'Algériens assassinés ne sera jamais connu mais lorsqu'on arrive au nombre de 100, on n'a pas besoin de dire exactement s'il s'agit de 150 ou de 200 morts, c'est pareil, car ça devient une question de moral : un massacre demeure un massacre quel que soit son nombre", a-t-il ajouté. L'universitaire Hassan Remaoun, professeur d'anthropologie sociale et culturelle à l'université d'Oran (Algérie), a précisé au public présent, qu'en Algérie, la journée du 17 Octobre 1961 "est une journée de plus, dans un grand combat pour imposer le droit à l'existence nationale par rapport à tous les massacres commis et les luttes menées durant la période coloniale". Il a, par ailleurs, relevé les contradictions de l'Etat colonial français "qui prétend avoir une vocation démocratique, héritier des droits de l'Homme, de la révolution française, qui fonctionne avec un discours tentant sur l'accès à la citoyenneté, à la modernité". Le président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), Pierre Tartakowsky, a, pour sa part, estimé "que l'oubli et l'occultation des crimes nourrissent d'autres crimes, à savoir l'injustice et l'écrasement des droits". "Nous savons que la Liberté, l'Egalité, la Fraternité sont des notions vides de sens, si elle ne sont pas éclairées par la vérité, la confrontation d'idées et de débats démocratiques, et nous savons aussi, parce que nous l'avons expérimenté, que l'exception, surtout quand il s'agit de l'Etat d'exception, pèse toujours sur la norme. Plus simplement dit, le 17 Octobre 1961 nous invite aujourd'hui à penser la démocratie et les conditions de son exercice aux prises avec le soubresaut de l'histoire passé et à venir", a-t-il dit. Ce colloque international a été organisé à l'initiative inédite de l'association Au nom de la Mémoire, de la Ligue des droits de l'Homme et du Collectif du 17 Octobre 1961. Il a pour ambition de faire reconnaître comme "crime d'Etat", par les plus hautes autorités françaises, les massacres dont ont été victimes des milliers d'Algériens, sortis manifester, en famille, pacifiquement contre le couvre-feu raciste qui leur a été imposé par le préfet Maurice Papon.