Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la disponibilité d'eau douce est un enjeu vital au cœur de la croissance et de l'agriculture. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la disponibilité d'eau douce est un enjeu vital au cœur de la croissance et de l'agriculture. La pénurie d'eau dans une grande partie de la région est un problème de plus en plus sensible. Un nouveau projet va s'appuyer sur des satellites et des outils de télédétection pour cartographier les précipitations, les sécheresses et l'évapotranspiration, en faire un suivi quasiment en temps réel et en établir les prévisions. Essor démographique, urbanisation, hausse de l'utilisation d'eau à des fins domestiques ou industrielles : l'ensemble de ces facteurs contribuent à une pénurie d'eau croissante dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. A cela s'ajoute le changement climatique qui devrait se traduire aux dires des scientifiques par un climat de plus en plus sec : selon les estimations du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les précipitations vont diminuer de plus de 20% au cours du siècle prochain dans de nombreuses parties de la région. Et à mesure que les ressources en eau se tariront, la compétition s'intensifiera, rendant la coopération sur certains des aspects qui touchent à l'eau aussi problématique que cruciale. Tel est le contexte du premier projet consacré au problème de l'eau et approuvé dans le cadre de la nouvelle Initiative pour le monde arabe de la Banque mondiale. Financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), ce projet bénéficie d'un partenariat avec l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et la NASA. Il s'appuie, en effet, sur l'utilisation des données satellitaires pour instaurer une coopération régionale dans la gestion des ressources en eau du monde arabe. Son objectif est d'amener les dirigeants de la région à travailler ensemble, sur des objectifs partagés et à partir d'informations communes. «Ce projet va permettre de disposer des données nécessaires pour répondre aux questions que les agriculteurs, les urbanistes ou les ministres du monde arabe se posent tous les jours : sur la quantité d'eau que j'utilise dans mon champ, quelle est la proportion qui se perd à cause de l'évapotranspiration et quel est l'impact de ce phénomène sur mes cultures ? Quelles sont les villes qui sont menacées par des crues extrêmes ?», explique Claire Kfouri, spécialiste senior des questions d'approvisionnement en eau à la Banque mondiale. «Grâce à ces outils et aux données qu'ils recueillent, il sera possible de prendre des décisions plus éclairées sur la gestion quotidienne de l'eau et des activités agricoles.» «C'est une opportunité formidable pour les pays concernés, renchérit Shahid Habib, de la NASA. Ils vont pouvoir travailler ensemble et mettre en commun leur expérience et leurs observations». Cartographier l'information sur l'eau par satellite Bientôt, des satellites postés au-dessus de la Jordanie, de la Tunisie, du Maroc et du Liban vont détecter et mesurer les niveaux d'eau dans les réservoirs et les rivières, ainsi que les régimes pluviométriques et l'humidité des sols. Grâce à ce nouveau moyen d'observation des systèmes hydrographiques, les autorités pourront suivre par satellite les situations de sécheresse ou d'inondation à l'échelle locale et régionale, surveiller l'évaporation à la surface des lacs et des retenues d'eau et même estimer les ressources hydriques à venir ainsi que l'état et le rendement des cultures. Les données relatives à l'eau étaient jusqu'ici mesurées manuellement sur le terrain, ces opérations présentant un coût souvent important et l'inconvénient d'être peu maniables et difficilement vérifiables. Ce qu'offrent aujourd'hui les images satellite, c'est une visualisation unique, au-delà des chaînes de montagnes et des frontières, et quasi instantanée. À l'instar des autres grandes agences spatiales, la NASA dispose d'un large éventail de satellites d'observation terrestre, dont beaucoup gravitent autour du globe depuis plusieurs décennies. Une grande partie des données collectées étant archivée, les scientifiques et les spécialistes de l'eau peuvent remonter dans le temps pour établir un historique des informations relatives à l'eau. Cet historique rendra compte des régimes pluviométriques, entre autres facteurs environnementaux, et donnera une idée de ce que réserve l'avenir dans ce domaine. Autant d'informations qui peuvent être exploitées de différentes manières, pour différents objectifs. «Par exemple, le Liban pourra utiliser les données sur l'évolution des températures pour en mesurer les effets sur la fonte des neiges. La Jordanie, de son côté, tirera parti des mêmes informations pour calculer l'impact sur l'irrigation», explique Claire Kfouri. Toute gestion des ressources commence par une évaluation de l'existant. Pendant des siècles, on a recueilli les informations sur l'eau à partir du sol, selon des procédés souvent coûteux et peu fiables, voire inexistants dans bien des régions du monde. C'est pourquoi les données provenant de l'espace ont une valeur inestimable. «Ces observations apportent une multitude d'informations précieuses pour la cartographie et la correction des modèles de prévisions existants. Cela permet aussi de combler les lacunes d'observation», précise Shahid Habib. «Le projet permettra aux pays participants de travailler à partir d'une base de données commune, ce qui créera un environnement propice à une meilleure coopération. C'est précisément pour catalyser ce type de programme que l'Initiative pour le monde arabe a été lancée», se félicite Jonathan Walters, directeur de la stratégie et des programmes régionaux à la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Des acteurs réunis pour préciser leurs objectifs et domaines d'intérêt Du 19 au 21 octobre 2011, la réunion technique des parties prenantes au projet du FEM a rassemblé une vingtaine de représentants des centres de télédétection et des ministères de l'eau de plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, ainsi que des spécialistes de la Banque mondiale, de la NASA, du Centre international d'agriculture biosaline (ICBA) et de l'USAID. Des prévisions de crue ou de sécheresse aux estimations sur la reconstitution des nappes souterraines, la réunion a permis à chaque pays de préciser davantage ses domaines d'intérêt. Elle a également porté sur plusieurs aspects du projet concernant notamment les outils et les méthodes de la NASA (en matière de suivi du changement climatique et de cartographie des inondations et des sécheresses), les expériences disponibles et les enseignements à en tirer, la conception du projet et son calendrier, ainsi que la coopération régionale. Au fur et à mesure de son développement, le projet dotera différents pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord d'outils et de connaissances qui leur permettront de gérer leurs pénuries d'eau. En Jordanie, la surveillance par satellite va chercher à détecter les zones sujettes à la sécheresse, actuellement et dans le passé. En procédant à une analyse détaillée, les experts pourront également y prévoir les précipitations à venir, ce qui permettra aux populations concernées de mieux se préparer et se prémunir, et de protéger leurs cultures et leurs animaux. Le Liban va utiliser les données satellite pour surveiller l'impact du réchauffement climatique et de la baisse de la pluviométrie sur la couverture neigeuse. Les prévisions d'enneigement, lorsqu'elles sont effectuées suffisamment tôt, permettent de se faire une idée de l'évolution du niveau d'eau dans les sources, les cours d'eau et les aquifères. Cette nouvelle approche aidera à anticiper les sécheresses ainsi que les feux de forêt d'origine naturelle en mesurant la chaleur au sol à partir des images satellite. Depuis 40 ans, le changement climatique au Maroc se traduit par des températures supérieures à la moyenne, et des précipitations inférieures. Sauf inversion de cette tendance, les scientifiques y redoutent de graves sécheresses. Grâce à l'utilisation de l'imagerie par satellite, il sera possible de cartographier ces évolutions potentielles et leur impact. Les images satellitaires peuvent également assurer le suivi des facteurs environnementaux favorisant la prolifération des criquets et aider ainsi les agriculteurs installés dans les aires de reproduction à se préparer aux attaques de cet insecte dévastateur pour les cultures. En Tunisie, des satellites capables de mesurer les variations de la quantité d'eau dans les grandes zones aquifères permettront de dresser un bilan de l'impact de l'agriculture sur les nappes souterraines. Lorsque l'Egypte se joindra au projet, elle bénéficiera des nouveaux logiciels de cartographie permettant de suivre l'évolution des précipitations et des températures annuelles dans le temps. Ces logiciels réaliseront des projections de l'impact des changements climatiques sur les ressources en eau et sur l'irrigation dans le delta fertile du Nil. Les modèles localiseront les régions du pays qui sont les plus sensibles aux effets des changements climatiques, et plus susceptibles que les autres de souffrir d'inondations et de sécheresses. La pénurie d'eau dans une grande partie de la région est un problème de plus en plus sensible. Un nouveau projet va s'appuyer sur des satellites et des outils de télédétection pour cartographier les précipitations, les sécheresses et l'évapotranspiration, en faire un suivi quasiment en temps réel et en établir les prévisions. Essor démographique, urbanisation, hausse de l'utilisation d'eau à des fins domestiques ou industrielles : l'ensemble de ces facteurs contribuent à une pénurie d'eau croissante dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. A cela s'ajoute le changement climatique qui devrait se traduire aux dires des scientifiques par un climat de plus en plus sec : selon les estimations du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les précipitations vont diminuer de plus de 20% au cours du siècle prochain dans de nombreuses parties de la région. Et à mesure que les ressources en eau se tariront, la compétition s'intensifiera, rendant la coopération sur certains des aspects qui touchent à l'eau aussi problématique que cruciale. Tel est le contexte du premier projet consacré au problème de l'eau et approuvé dans le cadre de la nouvelle Initiative pour le monde arabe de la Banque mondiale. Financé par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), ce projet bénéficie d'un partenariat avec l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) et la NASA. Il s'appuie, en effet, sur l'utilisation des données satellitaires pour instaurer une coopération régionale dans la gestion des ressources en eau du monde arabe. Son objectif est d'amener les dirigeants de la région à travailler ensemble, sur des objectifs partagés et à partir d'informations communes. «Ce projet va permettre de disposer des données nécessaires pour répondre aux questions que les agriculteurs, les urbanistes ou les ministres du monde arabe se posent tous les jours : sur la quantité d'eau que j'utilise dans mon champ, quelle est la proportion qui se perd à cause de l'évapotranspiration et quel est l'impact de ce phénomène sur mes cultures ? Quelles sont les villes qui sont menacées par des crues extrêmes ?», explique Claire Kfouri, spécialiste senior des questions d'approvisionnement en eau à la Banque mondiale. «Grâce à ces outils et aux données qu'ils recueillent, il sera possible de prendre des décisions plus éclairées sur la gestion quotidienne de l'eau et des activités agricoles.» «C'est une opportunité formidable pour les pays concernés, renchérit Shahid Habib, de la NASA. Ils vont pouvoir travailler ensemble et mettre en commun leur expérience et leurs observations». Cartographier l'information sur l'eau par satellite Bientôt, des satellites postés au-dessus de la Jordanie, de la Tunisie, du Maroc et du Liban vont détecter et mesurer les niveaux d'eau dans les réservoirs et les rivières, ainsi que les régimes pluviométriques et l'humidité des sols. Grâce à ce nouveau moyen d'observation des systèmes hydrographiques, les autorités pourront suivre par satellite les situations de sécheresse ou d'inondation à l'échelle locale et régionale, surveiller l'évaporation à la surface des lacs et des retenues d'eau et même estimer les ressources hydriques à venir ainsi que l'état et le rendement des cultures. Les données relatives à l'eau étaient jusqu'ici mesurées manuellement sur le terrain, ces opérations présentant un coût souvent important et l'inconvénient d'être peu maniables et difficilement vérifiables. Ce qu'offrent aujourd'hui les images satellite, c'est une visualisation unique, au-delà des chaînes de montagnes et des frontières, et quasi instantanée. À l'instar des autres grandes agences spatiales, la NASA dispose d'un large éventail de satellites d'observation terrestre, dont beaucoup gravitent autour du globe depuis plusieurs décennies. Une grande partie des données collectées étant archivée, les scientifiques et les spécialistes de l'eau peuvent remonter dans le temps pour établir un historique des informations relatives à l'eau. Cet historique rendra compte des régimes pluviométriques, entre autres facteurs environnementaux, et donnera une idée de ce que réserve l'avenir dans ce domaine. Autant d'informations qui peuvent être exploitées de différentes manières, pour différents objectifs. «Par exemple, le Liban pourra utiliser les données sur l'évolution des températures pour en mesurer les effets sur la fonte des neiges. La Jordanie, de son côté, tirera parti des mêmes informations pour calculer l'impact sur l'irrigation», explique Claire Kfouri. Toute gestion des ressources commence par une évaluation de l'existant. Pendant des siècles, on a recueilli les informations sur l'eau à partir du sol, selon des procédés souvent coûteux et peu fiables, voire inexistants dans bien des régions du monde. C'est pourquoi les données provenant de l'espace ont une valeur inestimable. «Ces observations apportent une multitude d'informations précieuses pour la cartographie et la correction des modèles de prévisions existants. Cela permet aussi de combler les lacunes d'observation», précise Shahid Habib. «Le projet permettra aux pays participants de travailler à partir d'une base de données commune, ce qui créera un environnement propice à une meilleure coopération. C'est précisément pour catalyser ce type de programme que l'Initiative pour le monde arabe a été lancée», se félicite Jonathan Walters, directeur de la stratégie et des programmes régionaux à la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Des acteurs réunis pour préciser leurs objectifs et domaines d'intérêt Du 19 au 21 octobre 2011, la réunion technique des parties prenantes au projet du FEM a rassemblé une vingtaine de représentants des centres de télédétection et des ministères de l'eau de plusieurs pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, ainsi que des spécialistes de la Banque mondiale, de la NASA, du Centre international d'agriculture biosaline (ICBA) et de l'USAID. Des prévisions de crue ou de sécheresse aux estimations sur la reconstitution des nappes souterraines, la réunion a permis à chaque pays de préciser davantage ses domaines d'intérêt. Elle a également porté sur plusieurs aspects du projet concernant notamment les outils et les méthodes de la NASA (en matière de suivi du changement climatique et de cartographie des inondations et des sécheresses), les expériences disponibles et les enseignements à en tirer, la conception du projet et son calendrier, ainsi que la coopération régionale. Au fur et à mesure de son développement, le projet dotera différents pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord d'outils et de connaissances qui leur permettront de gérer leurs pénuries d'eau. En Jordanie, la surveillance par satellite va chercher à détecter les zones sujettes à la sécheresse, actuellement et dans le passé. En procédant à une analyse détaillée, les experts pourront également y prévoir les précipitations à venir, ce qui permettra aux populations concernées de mieux se préparer et se prémunir, et de protéger leurs cultures et leurs animaux. Le Liban va utiliser les données satellite pour surveiller l'impact du réchauffement climatique et de la baisse de la pluviométrie sur la couverture neigeuse. Les prévisions d'enneigement, lorsqu'elles sont effectuées suffisamment tôt, permettent de se faire une idée de l'évolution du niveau d'eau dans les sources, les cours d'eau et les aquifères. Cette nouvelle approche aidera à anticiper les sécheresses ainsi que les feux de forêt d'origine naturelle en mesurant la chaleur au sol à partir des images satellite. Depuis 40 ans, le changement climatique au Maroc se traduit par des températures supérieures à la moyenne, et des précipitations inférieures. Sauf inversion de cette tendance, les scientifiques y redoutent de graves sécheresses. Grâce à l'utilisation de l'imagerie par satellite, il sera possible de cartographier ces évolutions potentielles et leur impact. Les images satellitaires peuvent également assurer le suivi des facteurs environnementaux favorisant la prolifération des criquets et aider ainsi les agriculteurs installés dans les aires de reproduction à se préparer aux attaques de cet insecte dévastateur pour les cultures. En Tunisie, des satellites capables de mesurer les variations de la quantité d'eau dans les grandes zones aquifères permettront de dresser un bilan de l'impact de l'agriculture sur les nappes souterraines. Lorsque l'Egypte se joindra au projet, elle bénéficiera des nouveaux logiciels de cartographie permettant de suivre l'évolution des précipitations et des températures annuelles dans le temps. Ces logiciels réaliseront des projections de l'impact des changements climatiques sur les ressources en eau et sur l'irrigation dans le delta fertile du Nil. Les modèles localiseront les régions du pays qui sont les plus sensibles aux effets des changements climatiques, et plus susceptibles que les autres de souffrir d'inondations et de sécheresses.