Malek, 28 ans, après avoir déposé deux autres C.-V auprès de deux grandes entreprises, entra dans un café pour se reposer et essayer de réfléchir. Malek, 28 ans, après avoir déposé deux autres C.-V auprès de deux grandes entreprises, entra dans un café pour se reposer et essayer de réfléchir. C'est alors qu'apparait un homme d'une quarantaine d'années qui lui demanda s'il pouvait s'asseoir à la même table que lui. - Oui, oui, bien sûr… installez-vous ; il n'y a pas de problème. - Merci. L'homme était plutôt bien habillé. Et il devait avoir beaucoup d'argent aussi, se dit Malek en regardant les deux croissants, la tasse de café et la petite bouteille de jus qu'il avait déposés devant lui. - Tu veux un croissant jeune homme ? lui demanda soudain l'inconnu qui avait dû surprendre son regard se posant sur ses deux croissants. - Non, non, merci… Mais l'autre s'était déjà levé, s'était approché du comptoir et avait pris deux croissants et deux petits pains au chocolat qu'il déposa sur la table près de la tasse de café de Malek. Et comme celle-ci était presque vide, il commanda une autre tasse. - Oh ! Non… merci… mon frère… pourquoi vous donnez-vous toute cette peine ?. - Je ne peux pas supporter de voir un jeune homme qui, en guise de petit-déjeuner matinal se contente de ces deux poisons que sont la cigarette et le café… Et qu'allez-vous prendre après avoir mangé tout cela ? - Rien, merci… - D'accord, je vais commander à votre place… Il leva la main et demanda au jeune serveur de ramener un jus d'orange et un jus d'abricot. Malek ayant compris qu'il était inutile de protester face à cette débauche de générosité, décida de laisser faire. De toutes les manières, l'autre n'avait pas tort… Il avait faim. Le café et la cigarette devaient juste lui donner une sensation de satiété. - Allez, jeune homme, ne soyez pas timide et ne vous laissez pas gagner par des soupçons malveillants. J'ai été jeune moi aussi et j'ai connu le chômage… vous êtes au chômage n'est-ce pas ? - Oui… depuis quatre ans… j'ai fait des études supérieures pour rien… - Mais pourquoi s'obstiner à chercher un emploi ? Pourquoi ne te rapproches-tu pas de l'Ansej ? - Oh ! J'y ai pensé… mais je n'ai jamais supporté la paperasse et il parait qu'il faut une montagne de papiers… - Je sais…Mais si tu veux je peux m'en occuper. Tu me ramènes un petit dossier et je m'occupe de tout. Tu continues si tu veux à chercher du travail jusqu'au jour où je t'appellerai pour te dire que je t'ai obtenu un crédit pour lancer ton projet…Tu as un projet en tête ? - Euh… non. - Crée une boulangerie… une boulangerie c'est juste un gros four et des bénéfices à gogo. Et même si tu ne t'y connais pas ce n'est pas la mer à boire…Tu es d'accord ? - Euh... je… euh… oui… pourquoi ? - Ne t'inquiète pas, j'ai des amis bien placés. Ton dossier passera comme une lettre à la poste…Il te suffira de me ramener un certificat de résidence, un extrait de naissance et une photocopie de ta carte d'identité. - C'est tout ? - Oui, c'est tout. Les autres on leur demande une tonne de papiers parce que ce sont des inconnus et on veut avoir sur eux le maximum d'informations. Mais toi, je te connais… tu es si sympathique que j'ai l'impression de te connaitre depuis des années. Allez prends mon numéro de téléphone, donne-moi le tien, et ramène-moi les papiers que je t'ai demandés. Le lendemain, Malek remit les papiers en question à l'inconnu qui lui dit : - Sois un peu patient… un à deux mois… C'est moi qui t'appellerai…Tu as enregistré mon numéro de téléphone sur ton portable, tu as mon nom et mon prénom ; il te reste juste à t'armer un peu de patience. L'homme était si sûr de lui quant à l'aboutissement du projet que Malek, dès qu'il eut pris congé de lui, se mit à la recherche d'entreprises vendant du matériel de boulangerie. Pendant quinze jours, il accumula toute une documentation relative aux prix des fours, leurs fonctions et leurs options… Deux mois s'écoulèrent. Comme l'inconnu bienfaiteur ne l'avait toujours pas contacté, Malek lui téléphona et un enregistrement lui répondit : « Le numéro de téléphone que vous avez demandé n'est plus en service ». Il se dit qu'on avait dû lui voler son téléphone et il en avait profité pour changer de numéro. Six mois s'étaient écoulés et Malek se dit qu'il fallait oublier l'inconnu à qui il avait dû arriver quelque chose… De nos jours les accidents sont vite arrivés et ce sont toujours les bons qui s'en vont, se dit-il encore. Une année plus tard, en novembre dernier, Malek reçoit une convocation du tribunal d'Alger. Il s'y rend et se retrouve en face d'un procureur qui lui apprend qu'il est accusé d'avoir fait entrer du port un container d'une valeur de plusieurs milliards de centimes sans s'être acquitté des droits et taxes et y afférents. - Moi, chômeur depuis cinq ans, qui n'ai même pas de quoi acheter une cigarette, j'ai fait sortir un container du port ? C'est alors qu'il se rappela la photocopie de sa carte d'identité, son extrait de naissance et son certificat de résidence qu'il avait remis à l'inconnu. Le procureur lui fit comprendre que si ce qu'il disait était vrai, il s'était fait croyalement escroquer et que cela ne l'empêcherait pas d'être jugé. Il y a une semaine, Malek, le chômeur, s'était retrouvé au box des accusés, soupçonné d'être milliardaire et importateur véreux ayant introduit frauduleusement un container de marchandises d'une valeur de plusieurs dizaines de millions de dinars. Une année de prison a été requise contre lui. C'est alors qu'apparait un homme d'une quarantaine d'années qui lui demanda s'il pouvait s'asseoir à la même table que lui. - Oui, oui, bien sûr… installez-vous ; il n'y a pas de problème. - Merci. L'homme était plutôt bien habillé. Et il devait avoir beaucoup d'argent aussi, se dit Malek en regardant les deux croissants, la tasse de café et la petite bouteille de jus qu'il avait déposés devant lui. - Tu veux un croissant jeune homme ? lui demanda soudain l'inconnu qui avait dû surprendre son regard se posant sur ses deux croissants. - Non, non, merci… Mais l'autre s'était déjà levé, s'était approché du comptoir et avait pris deux croissants et deux petits pains au chocolat qu'il déposa sur la table près de la tasse de café de Malek. Et comme celle-ci était presque vide, il commanda une autre tasse. - Oh ! Non… merci… mon frère… pourquoi vous donnez-vous toute cette peine ?. - Je ne peux pas supporter de voir un jeune homme qui, en guise de petit-déjeuner matinal se contente de ces deux poisons que sont la cigarette et le café… Et qu'allez-vous prendre après avoir mangé tout cela ? - Rien, merci… - D'accord, je vais commander à votre place… Il leva la main et demanda au jeune serveur de ramener un jus d'orange et un jus d'abricot. Malek ayant compris qu'il était inutile de protester face à cette débauche de générosité, décida de laisser faire. De toutes les manières, l'autre n'avait pas tort… Il avait faim. Le café et la cigarette devaient juste lui donner une sensation de satiété. - Allez, jeune homme, ne soyez pas timide et ne vous laissez pas gagner par des soupçons malveillants. J'ai été jeune moi aussi et j'ai connu le chômage… vous êtes au chômage n'est-ce pas ? - Oui… depuis quatre ans… j'ai fait des études supérieures pour rien… - Mais pourquoi s'obstiner à chercher un emploi ? Pourquoi ne te rapproches-tu pas de l'Ansej ? - Oh ! J'y ai pensé… mais je n'ai jamais supporté la paperasse et il parait qu'il faut une montagne de papiers… - Je sais…Mais si tu veux je peux m'en occuper. Tu me ramènes un petit dossier et je m'occupe de tout. Tu continues si tu veux à chercher du travail jusqu'au jour où je t'appellerai pour te dire que je t'ai obtenu un crédit pour lancer ton projet…Tu as un projet en tête ? - Euh… non. - Crée une boulangerie… une boulangerie c'est juste un gros four et des bénéfices à gogo. Et même si tu ne t'y connais pas ce n'est pas la mer à boire…Tu es d'accord ? - Euh... je… euh… oui… pourquoi ? - Ne t'inquiète pas, j'ai des amis bien placés. Ton dossier passera comme une lettre à la poste…Il te suffira de me ramener un certificat de résidence, un extrait de naissance et une photocopie de ta carte d'identité. - C'est tout ? - Oui, c'est tout. Les autres on leur demande une tonne de papiers parce que ce sont des inconnus et on veut avoir sur eux le maximum d'informations. Mais toi, je te connais… tu es si sympathique que j'ai l'impression de te connaitre depuis des années. Allez prends mon numéro de téléphone, donne-moi le tien, et ramène-moi les papiers que je t'ai demandés. Le lendemain, Malek remit les papiers en question à l'inconnu qui lui dit : - Sois un peu patient… un à deux mois… C'est moi qui t'appellerai…Tu as enregistré mon numéro de téléphone sur ton portable, tu as mon nom et mon prénom ; il te reste juste à t'armer un peu de patience. L'homme était si sûr de lui quant à l'aboutissement du projet que Malek, dès qu'il eut pris congé de lui, se mit à la recherche d'entreprises vendant du matériel de boulangerie. Pendant quinze jours, il accumula toute une documentation relative aux prix des fours, leurs fonctions et leurs options… Deux mois s'écoulèrent. Comme l'inconnu bienfaiteur ne l'avait toujours pas contacté, Malek lui téléphona et un enregistrement lui répondit : « Le numéro de téléphone que vous avez demandé n'est plus en service ». Il se dit qu'on avait dû lui voler son téléphone et il en avait profité pour changer de numéro. Six mois s'étaient écoulés et Malek se dit qu'il fallait oublier l'inconnu à qui il avait dû arriver quelque chose… De nos jours les accidents sont vite arrivés et ce sont toujours les bons qui s'en vont, se dit-il encore. Une année plus tard, en novembre dernier, Malek reçoit une convocation du tribunal d'Alger. Il s'y rend et se retrouve en face d'un procureur qui lui apprend qu'il est accusé d'avoir fait entrer du port un container d'une valeur de plusieurs milliards de centimes sans s'être acquitté des droits et taxes et y afférents. - Moi, chômeur depuis cinq ans, qui n'ai même pas de quoi acheter une cigarette, j'ai fait sortir un container du port ? C'est alors qu'il se rappela la photocopie de sa carte d'identité, son extrait de naissance et son certificat de résidence qu'il avait remis à l'inconnu. Le procureur lui fit comprendre que si ce qu'il disait était vrai, il s'était fait croyalement escroquer et que cela ne l'empêcherait pas d'être jugé. Il y a une semaine, Malek, le chômeur, s'était retrouvé au box des accusés, soupçonné d'être milliardaire et importateur véreux ayant introduit frauduleusement un container de marchandises d'une valeur de plusieurs dizaines de millions de dinars. Une année de prison a été requise contre lui.