Des patchs à coller sous les pieds promettent de débarrasser le corps de ses "déchets"... «Détox» : le terme a le vent en poupe. Il promet de débarrasser le corps des « déchets » issus de notre propre métabolisme ou provenant des aliments, de l'eau ou de l'air. Les méthodes ne manquent pas, mais la tendance est aux patchs pour pieds, tels ceux vendus par Bodytox, Sana-Détox, Orescience… Collés sur la voûte plantaire, ils absorberaient les toxines pendant le sommeil. La preuve ? Le lendemain, le patch est devenu marron foncé. Un effet thérapeutique évident pour ses promoteurs : « Les maladies dues à une trop forte toxicité sont en augmentation constante. Le cancer et les maladies cardio-vasculaires sont les premiers de la liste », assure ainsi Bodytox sur son site. Le patch préviendrait donc ces graves pathologies… CQFD ! Prudente, la société rajoute : « Ce produit ne remplace pas un diagnostic médical et n'a pas d'effet préventif. » Il faut dire qu'aux Etats-Unis, la société Kinoki, qui fabriquait le même genre de patchs, a été condamnée pour publicité mensongère. Pas d'élimination par les pieds « Les pieds ne jouent aucun rôle dans l'élimination de déchets du métabolisme ou des xénobiotiques, c'est-à-dire des produits potentiellement toxiques et provenant de l'environnement ! » répond, interloqué, Robert Barouki, directeur du Laboratoire toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire à l'université Paris-Descartes. « C'est essentiellement au niveau du foie que l'organisme dispose de systèmes efficaces pour éliminer ses propres déchets, via l'urine. » D'autres voies tout aussi efficaces sont utilisées pour l'élimination de xénobiotiques comme les hydrocarbures. « Ce sont des molécules généralement solubles dans les lipides. Pour qu'elles puissent être éliminées, elles doivent d'abord être solubles dans l'eau. Ces transformations sont réalisées grâce à l'action d'enzymes de la famille des cytochromes P450, produites dans quasiment toutes les cellules, mais surtout dans le foie », explique Francelyne Marano, chercheuse au Laboratoire des réponses moléculaires et cellulaires aux xénobiotiques à l'université Paris-Diderot. La sueur fait noircir le patch Quand ces systèmes sont dépassés, une pseudo-détox par les pieds ne sert donc à rien. Reste à comprendre comment les patchs noircissent pendant le sommeil. Nous avons simplement exposé nos patchs à la chaleur, à l'air libre et à l'eau distillée. Dans ce dernier cas, le patch vire immédiatement au noir. Conclusion : l'eau contenue dans la sueur fait noircir les patchs plus sûrement que les « toxines » qu'ils sont censés avoir absorbées ! Des patchs à coller sous les pieds promettent de débarrasser le corps de ses "déchets"... «Détox» : le terme a le vent en poupe. Il promet de débarrasser le corps des « déchets » issus de notre propre métabolisme ou provenant des aliments, de l'eau ou de l'air. Les méthodes ne manquent pas, mais la tendance est aux patchs pour pieds, tels ceux vendus par Bodytox, Sana-Détox, Orescience… Collés sur la voûte plantaire, ils absorberaient les toxines pendant le sommeil. La preuve ? Le lendemain, le patch est devenu marron foncé. Un effet thérapeutique évident pour ses promoteurs : « Les maladies dues à une trop forte toxicité sont en augmentation constante. Le cancer et les maladies cardio-vasculaires sont les premiers de la liste », assure ainsi Bodytox sur son site. Le patch préviendrait donc ces graves pathologies… CQFD ! Prudente, la société rajoute : « Ce produit ne remplace pas un diagnostic médical et n'a pas d'effet préventif. » Il faut dire qu'aux Etats-Unis, la société Kinoki, qui fabriquait le même genre de patchs, a été condamnée pour publicité mensongère. Pas d'élimination par les pieds « Les pieds ne jouent aucun rôle dans l'élimination de déchets du métabolisme ou des xénobiotiques, c'est-à-dire des produits potentiellement toxiques et provenant de l'environnement ! » répond, interloqué, Robert Barouki, directeur du Laboratoire toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire à l'université Paris-Descartes. « C'est essentiellement au niveau du foie que l'organisme dispose de systèmes efficaces pour éliminer ses propres déchets, via l'urine. » D'autres voies tout aussi efficaces sont utilisées pour l'élimination de xénobiotiques comme les hydrocarbures. « Ce sont des molécules généralement solubles dans les lipides. Pour qu'elles puissent être éliminées, elles doivent d'abord être solubles dans l'eau. Ces transformations sont réalisées grâce à l'action d'enzymes de la famille des cytochromes P450, produites dans quasiment toutes les cellules, mais surtout dans le foie », explique Francelyne Marano, chercheuse au Laboratoire des réponses moléculaires et cellulaires aux xénobiotiques à l'université Paris-Diderot. La sueur fait noircir le patch Quand ces systèmes sont dépassés, une pseudo-détox par les pieds ne sert donc à rien. Reste à comprendre comment les patchs noircissent pendant le sommeil. Nous avons simplement exposé nos patchs à la chaleur, à l'air libre et à l'eau distillée. Dans ce dernier cas, le patch vire immédiatement au noir. Conclusion : l'eau contenue dans la sueur fait noircir les patchs plus sûrement que les « toxines » qu'ils sont censés avoir absorbées !