Les pays côtiers s'efforcent depuis longtemps de résoudre les nombreux problèmes qui nuisent au secteur de la pêche, dont la surexploitation. Près de 60% des prises légales sont effectuées par des navires étrangers, avec peu de valeur ajoutée pour l'économie locale. Un programme régional visant à maximiser les retombées de l'économie bleue pour la sous-région connaît du succès. Les pays côtiers s'efforcent depuis longtemps de résoudre les nombreux problèmes qui nuisent au secteur de la pêche, dont la surexploitation. Près de 60% des prises légales sont effectuées par des navires étrangers, avec peu de valeur ajoutée pour l'économie locale. Un programme régional visant à maximiser les retombées de l'économie bleue pour la sous-région connaît du succès. Il y a un peu plus d'un an, le 22 février 2011, des représentants des bailleurs de fonds se sont réunis dans les locaux de l'Agence japonaise de la coopération internationale (JICA) à Dakar, au Sénégal, afin de discuter des avancées obtenues dans la lutte qu'ils mènent collectivement contre la pêche illégale le long des côtes ouest-africaines et en faveur de l'optimisation des recettes pour les finances publiques des pays concernés. C'était l'une des multiples réunions du «Groupe thématique inter-bailleurs sur la pêche». Radonirina Ioniarilala, expert de la pêche à la Banque mondiale, a communiqué au groupe une statistique très attendue : fin janvier, sur les 16 136 bateaux de pêche traditionnels recensés dans le pays, 13 398 avaient été enregistrés auprès des autorités compétentes, ce qui constitue une première étape essentielle vers une régulation efficace de ce secteur clé de l'économie. Ce chiffre, nettement plus élevé que les estimations précédentes, confirmait que, si l'on ne réglemente pas l'accès aux pêches, les bateaux seront toujours plus nombreux à prendre la mer, jusqu'à ce que les ressources halieutiques et les bénéfices s'amenuisent. Depuis le début des années 2000, les pays de la sous-région s'efforcent de résoudre les nombreux problèmes qui nuisent au secteur de la pêche : surexploitation, pillage inconsidéré par les grands navires étrangers, chalutage sans égard pour les espèces protégées, faible productivité et recettes médiocres pour les pêcheurs artisanaux. Autant d'aspects qui peuvent en fin de compte être ramenés à un seul et même problème : les pays sont incapables de gérer l'utilisation de leurs ressources halieutiques de manière à ce que la population ait intérêt à préserver la santé et la productivité de ces ressources à long terme. Les enjeux sont énormes : chaque année, plus de 1,6 million de tonnes de poissons sont capturés en toute légalité dans les eaux de l'Afrique de l'Ouest, soit une valeur de 2,5 milliards de dollars à la vente sur le marché de gros. Près de 60% de ces prises sont effectuées par des navires étrangers, alors que cette activité ne génère que quelque 500 millions de dollars de valeur ajoutée pour l'économie locale. Dans certains pays, comme la Guinée-Bissau et la Sierra Leone, on estime que la pêche illégale représente 35 à 40% des prises légales. Réglementer les biens communs De nombreux pays ne disposent tout simplement pas des outils nécessaires pour réglementer les ressources océaniques. «Dans le fond, on a ici une illustration parfaite de la tragédie des biens communs, explique John Virdin, spécialiste senior de la gestion des ressources naturelles à la Banque mondiale. Tous les acteurs ont intérêt à ce que les ressources soient gérées de manière durable, et pourtant, personne ne se sent particulièrement tenu d'agir en conséquence, de peur d'être pénalisé. Dans un tel environnement, si je suis pêcheur et que je laisse un poisson dans l'eau, le prochain bateau qui passe le prendra. » Depuis 2010, John Virdin dirige le Programme régional des pêches en Afrique de l'Ouest (PRAO), qui vise à revitaliser le secteur de la pêche dans l'ensemble de la sous-région. Ce programme, déjà dans sa deuxième année d'existence, cherche à rehausser les retombées de l'économie bleue pour neuf pays côtiers, sur une période de dix ans. Jusqu'ici, le Cap-Vert, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Sénégal et la Sierra Leone y prennent part. Le PRAO est doté d'une enveloppe d'environ 125 millions de dollars pour ces six premiers pays sur cinq ans, y compris 103 millions sous forme de dons et de crédits accordés sans intérêt par l'Association internationale de développement (IDA), c'est-à-dire l'entité du Groupe de la Banque mondiale qui prête assistance aux pays à faible revenu. Par ailleurs, 15 millions proviennent de dons du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) ; et le Fonds catalyseur de croissance pour l'Afrique y a contribué 10 millions. «On peut tirer un certain nombre d'enseignements vraiment encourageants des expériences de ces pays, et en particulier du Libéria et de la Sierra Leone», souligne John Virdin. Maximiser l'économie bleue A ce jour, on constate des progrès dans la lutte contre la pêche illicite, dans le renforcement de la gouvernance du secteur de la pêche et dans l'augmentation de la contribution globale des océans à l'économie locale. Au Sénégal, par exemple, le gouvernement a piloté une initiative visant à déléguer aux communautés de pêcheurs le droit de gérer les zones de pêche. Par ailleurs, un gel de l'immatriculation de nouvelles embarcations sera déclaré prochainement. Cette décision est indispensable si l'on veut enrayer la surexploitation des ressources, notamment halieutiques. De même, au Libéria, on observe des avancées depuis le lancement du projet. Partant d'une situation où tout était à faire, en décembre 2010 le gouvernement a adopté la première réglementation exhaustive de la pêche dans le pays depuis les années 1970. Peu après, en février 2011, le pays a inauguré son premier centre de surveillance des pêches, équipé d'un système de liaison par radio et satellite avec la flotte. Il a également mis en place des patrouilles aériennes et, l'été dernier, les autorités ont procédé à leurs premières interceptions de navires pratiquant la pêche illégale. Les garde-côtes libériens ont même à leur actif une arrestation en mer. La première campagne d'immatriculation complète de la petite flotte de pêche du pays, qui compte quelque 3 000 embarcations, est terminée. A Robertsport, les autorités libériennes ont lancé une initiative pilote destinée à aider les populations locales à faire valoir leurs droits relatifs à la pêche côtière. À la suite de tous ces changements, les recettes publiques issues de la pêche ont été multipliées par trois entre 2010 et 2011. Mettre l'accent sur les partenariats et la collaboration Au niveau régional, les pays sont convenus de lancer une plate-forme de partage de l'information qui compilera des données essentielles sur les pêches, notamment sur les immatriculations et les permis, ainsi que sur les recettes collectées. Cette initiative, qui s'appuie sur l'expérience de la Commission sous-régionale des pêches, organisme créé dans les années 1980, renforcera la transparence ainsi que l'élan en faveur de l'action collective, ce qui est primordial lorsqu'il s'agit de traiter des complexités d'un bien public mondial tel que les océans. Une fois que les réformes institutionnelles auront introduit des droits de pêche clairs et transparents, il faudra aussi investir dans l'infrastructure. En Guinée-Bissau, en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria, l'infrastructure portuaire n'est pas en mesure d'accueillir un nombre élevé de navires de pêche industriels. Quasiment aucun pays de la sous-région n'est doté des installations qui lui permettraient de transformer le poisson débarqué pour la consommation locale, et encore moins de l'exporter vers des marchés imposant des règles d'inspection sanitaire, tels que ceux de l'Union européenne. Cette situation risque donc de continuer à compromettre à moyen terme la création de valeur ajoutée au sein de l'économie locale. Cependant, on relève également des avancées dans ce domaine. A ce jour, chacun de ces quatre pays a identifié les sites qui accueilleront des installations pilotes de débarquement et de transformation du poisson. Ces pays sont maintenant en train de préparer ces investissements dans l'infrastructure en vue de partenariats avec le secteur privé. «L'océan renferme un potentiel énorme pour les régions côtières de l'Afrique de l'Ouest, et notre travail, ainsi que celui de nos partenaires, consiste à aider ces pays à tirer le meilleur parti de cette richesse marine», déclare John Virdin. Aux côtés de la Banque mondiale, les autres partenaires qui prêtent assistance aux pays de la sous-région sont l'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis, la France, le Japon et le Royaume-Uni. Il y a un peu plus d'un an, le 22 février 2011, des représentants des bailleurs de fonds se sont réunis dans les locaux de l'Agence japonaise de la coopération internationale (JICA) à Dakar, au Sénégal, afin de discuter des avancées obtenues dans la lutte qu'ils mènent collectivement contre la pêche illégale le long des côtes ouest-africaines et en faveur de l'optimisation des recettes pour les finances publiques des pays concernés. C'était l'une des multiples réunions du «Groupe thématique inter-bailleurs sur la pêche». Radonirina Ioniarilala, expert de la pêche à la Banque mondiale, a communiqué au groupe une statistique très attendue : fin janvier, sur les 16 136 bateaux de pêche traditionnels recensés dans le pays, 13 398 avaient été enregistrés auprès des autorités compétentes, ce qui constitue une première étape essentielle vers une régulation efficace de ce secteur clé de l'économie. Ce chiffre, nettement plus élevé que les estimations précédentes, confirmait que, si l'on ne réglemente pas l'accès aux pêches, les bateaux seront toujours plus nombreux à prendre la mer, jusqu'à ce que les ressources halieutiques et les bénéfices s'amenuisent. Depuis le début des années 2000, les pays de la sous-région s'efforcent de résoudre les nombreux problèmes qui nuisent au secteur de la pêche : surexploitation, pillage inconsidéré par les grands navires étrangers, chalutage sans égard pour les espèces protégées, faible productivité et recettes médiocres pour les pêcheurs artisanaux. Autant d'aspects qui peuvent en fin de compte être ramenés à un seul et même problème : les pays sont incapables de gérer l'utilisation de leurs ressources halieutiques de manière à ce que la population ait intérêt à préserver la santé et la productivité de ces ressources à long terme. Les enjeux sont énormes : chaque année, plus de 1,6 million de tonnes de poissons sont capturés en toute légalité dans les eaux de l'Afrique de l'Ouest, soit une valeur de 2,5 milliards de dollars à la vente sur le marché de gros. Près de 60% de ces prises sont effectuées par des navires étrangers, alors que cette activité ne génère que quelque 500 millions de dollars de valeur ajoutée pour l'économie locale. Dans certains pays, comme la Guinée-Bissau et la Sierra Leone, on estime que la pêche illégale représente 35 à 40% des prises légales. Réglementer les biens communs De nombreux pays ne disposent tout simplement pas des outils nécessaires pour réglementer les ressources océaniques. «Dans le fond, on a ici une illustration parfaite de la tragédie des biens communs, explique John Virdin, spécialiste senior de la gestion des ressources naturelles à la Banque mondiale. Tous les acteurs ont intérêt à ce que les ressources soient gérées de manière durable, et pourtant, personne ne se sent particulièrement tenu d'agir en conséquence, de peur d'être pénalisé. Dans un tel environnement, si je suis pêcheur et que je laisse un poisson dans l'eau, le prochain bateau qui passe le prendra. » Depuis 2010, John Virdin dirige le Programme régional des pêches en Afrique de l'Ouest (PRAO), qui vise à revitaliser le secteur de la pêche dans l'ensemble de la sous-région. Ce programme, déjà dans sa deuxième année d'existence, cherche à rehausser les retombées de l'économie bleue pour neuf pays côtiers, sur une période de dix ans. Jusqu'ici, le Cap-Vert, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Sénégal et la Sierra Leone y prennent part. Le PRAO est doté d'une enveloppe d'environ 125 millions de dollars pour ces six premiers pays sur cinq ans, y compris 103 millions sous forme de dons et de crédits accordés sans intérêt par l'Association internationale de développement (IDA), c'est-à-dire l'entité du Groupe de la Banque mondiale qui prête assistance aux pays à faible revenu. Par ailleurs, 15 millions proviennent de dons du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) ; et le Fonds catalyseur de croissance pour l'Afrique y a contribué 10 millions. «On peut tirer un certain nombre d'enseignements vraiment encourageants des expériences de ces pays, et en particulier du Libéria et de la Sierra Leone», souligne John Virdin. Maximiser l'économie bleue A ce jour, on constate des progrès dans la lutte contre la pêche illicite, dans le renforcement de la gouvernance du secteur de la pêche et dans l'augmentation de la contribution globale des océans à l'économie locale. Au Sénégal, par exemple, le gouvernement a piloté une initiative visant à déléguer aux communautés de pêcheurs le droit de gérer les zones de pêche. Par ailleurs, un gel de l'immatriculation de nouvelles embarcations sera déclaré prochainement. Cette décision est indispensable si l'on veut enrayer la surexploitation des ressources, notamment halieutiques. De même, au Libéria, on observe des avancées depuis le lancement du projet. Partant d'une situation où tout était à faire, en décembre 2010 le gouvernement a adopté la première réglementation exhaustive de la pêche dans le pays depuis les années 1970. Peu après, en février 2011, le pays a inauguré son premier centre de surveillance des pêches, équipé d'un système de liaison par radio et satellite avec la flotte. Il a également mis en place des patrouilles aériennes et, l'été dernier, les autorités ont procédé à leurs premières interceptions de navires pratiquant la pêche illégale. Les garde-côtes libériens ont même à leur actif une arrestation en mer. La première campagne d'immatriculation complète de la petite flotte de pêche du pays, qui compte quelque 3 000 embarcations, est terminée. A Robertsport, les autorités libériennes ont lancé une initiative pilote destinée à aider les populations locales à faire valoir leurs droits relatifs à la pêche côtière. À la suite de tous ces changements, les recettes publiques issues de la pêche ont été multipliées par trois entre 2010 et 2011. Mettre l'accent sur les partenariats et la collaboration Au niveau régional, les pays sont convenus de lancer une plate-forme de partage de l'information qui compilera des données essentielles sur les pêches, notamment sur les immatriculations et les permis, ainsi que sur les recettes collectées. Cette initiative, qui s'appuie sur l'expérience de la Commission sous-régionale des pêches, organisme créé dans les années 1980, renforcera la transparence ainsi que l'élan en faveur de l'action collective, ce qui est primordial lorsqu'il s'agit de traiter des complexités d'un bien public mondial tel que les océans. Une fois que les réformes institutionnelles auront introduit des droits de pêche clairs et transparents, il faudra aussi investir dans l'infrastructure. En Guinée-Bissau, en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria, l'infrastructure portuaire n'est pas en mesure d'accueillir un nombre élevé de navires de pêche industriels. Quasiment aucun pays de la sous-région n'est doté des installations qui lui permettraient de transformer le poisson débarqué pour la consommation locale, et encore moins de l'exporter vers des marchés imposant des règles d'inspection sanitaire, tels que ceux de l'Union européenne. Cette situation risque donc de continuer à compromettre à moyen terme la création de valeur ajoutée au sein de l'économie locale. Cependant, on relève également des avancées dans ce domaine. A ce jour, chacun de ces quatre pays a identifié les sites qui accueilleront des installations pilotes de débarquement et de transformation du poisson. Ces pays sont maintenant en train de préparer ces investissements dans l'infrastructure en vue de partenariats avec le secteur privé. «L'océan renferme un potentiel énorme pour les régions côtières de l'Afrique de l'Ouest, et notre travail, ainsi que celui de nos partenaires, consiste à aider ces pays à tirer le meilleur parti de cette richesse marine», déclare John Virdin. Aux côtés de la Banque mondiale, les autres partenaires qui prêtent assistance aux pays de la sous-région sont l'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis, la France, le Japon et le Royaume-Uni.