Résumé : Ahcène constate que ses voisins le boudent. Pourquoi ? Il l'ignorait. Il croise au marché du quartier un vieux voisin et il en profite pour lui demander la raison de cette bouderie et celui-ci s'apprête à lui faire des révélations qu'il qualifie de terrifiantes. Résumé : Ahcène constate que ses voisins le boudent. Pourquoi ? Il l'ignorait. Il croise au marché du quartier un vieux voisin et il en profite pour lui demander la raison de cette bouderie et celui-ci s'apprête à lui faire des révélations qu'il qualifie de terrifiantes. La mise en garde du vieil homme effraya Ahcène dont tout le corps s'était mis à trembler. - Tu es un brave homme, Ahcène, commença le vieux Belkacem. C'est pourquoi tes voisins, depuis longtemps, voulaient t'en parler tout en ayant peur de ta réaction qui pourrait se traduire par un acte de désespoir irréparable. Ils ont pensé t'envoyer une lettre anonyme, un appel téléphonique anonyme… pour te mettre au courant, mais aucune de ces solutions ne leur a plu. Elles sont toutes dangereuses et susceptibles de te pousser, comme je te l'ai déjà dit, vers un acte que nous regretterons tous par la suite. En revanche, ils estiment que te bouder est une méthode qui peut s'avérer efficace. Tu te mettras à te poser des questions et avec un peu de chance, tu sauras ce qui se passe. En te boudant, ils pensent que tu pourras tout savoir sans qu'ils aient besoin de tout te dire. - Mais que dois-je savoir ? Que doivent-ils me dire ? - Moi-même, mon cher Ahcène, qui suis pourtant de très fort caractère, j'ai peur de t'en parler… - Oh ! aammi Belkacem… tu sais que tu es en train de me faire souffrir ? Que veulent-ils me dire ? Et pourquoi ont-ils peur de me le dire ? Ils veulent refaire la peinture de la cage d'escaliers et ils ont peur de me demander de payer ma quote-part parce qu'ils savent que mon salaire je le gagne très difficilement ? - Ahcène… C'est à cause de ta femme - Ma femme ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle est incapable de faire du mal à une mouche… C'est vrai qu'avec moi, elle est un peu dure et je la comprends… Elle veut avoir une vie de famille comme tout le monde mais Allah ghaleb… j'ai un métier qui m'oblige à passer quinze jours à la maison et quinze jours sur les routes. - Ta femme cause du tort à tous les locataires de l'immeuble, Ahcène. A ce moment-là, Ahcène rougit comme une tomate que l'on a oubliée dans un potager sous le soleil de juillet. L'homme de 38 ans fixa du regard le vieil homme : - Où veux-tu en venir ? - Ta femme en ton absence commet l'acte le plus abominable qu'une épouse puisse commettre. Ahcène fixa encore le vieil homme puis éclata de rire. - Nadia me trompe ? Ah ! c'est vraiment la meilleure blague que j'ai jamais entendue. Il est vrai qu'elle est dure avec moi, comme je l'ai déjà dit… mais de là à me tromper avec un autre… c'est impossible. - Ce n'est pas une blague… Tes voisins n'ont pas eu le courage de t'en parler parce qu'ils ont peur que tu la tues sous l'effet de la colère et du désir de laver ton honneur… Ahcène baissa la tête. - Dans la vie, il ne faut jurer de rien… Il est possible que cela soit vrai… - C'est vrai, Ahcène. De mes propres yeux… Des ces yeux qui seront bientôt sous terre, j'ai vu un homme étranger au quartier entrer dans l'immeuble…Toujours le même… - Cela expliquerait pourquoi elle est si dure avec moi… même lorsque je reviens d'un long voyage au cours duquel j'ai livré de la marchandise aux wilayas du Sud. Il faut bien que quelqu'un livre ces marchandises au sud de notre pays. Ce n'est pas parce que le Sud est loin que nous devons forcément l'ignorer. Ayant constaté que son jeune voisin était complètement désorienté et sur le point de se mettre à divaguer, le vieux Belkacem tenta de le calmer : - Mon fils, perdre la tête ne te servira à rien… Ce qui t'arrive m'est arrivé autrefois dans les années 1960… Pourtant, aujourd'hui on cite ces années-là comme étant les plus fastueuses en matière d'honnêteté et de fidélité… Je me suis remarié, et tu vois je n'en suis pas mort… La femme qui m'a trompé, je ne l'ai pas tuée. Je me suis contenté de l'emmener chez ses parents… Ce sont ses frères qui ont tenté de la tuer en revanche. Ils l'ont battue copieusement… - Ce n'est pas la même chose, aammi Belkacem… Nadia et moi avons un enfant de deux ans. - Et alors ? Moi et ma première femme avions trois enfants quand j'ai décidé de l'expédier chez ses parents… - Qu'est-ce que je dois faire ? - Il faut la surprendre en flagrant délit. - Ce serait bien aussi si un membre de sa famille est présent au moment où l'on découvre son crime, non ? - Oui… bien sûr… mais n'oublie pas le petit… Il ne faut pas qu'il se passe des choses qui le marquent négativement à vie… - Oui… je comprends… Ahcène fit croire à sa femme qu'il repartait en mission ce jour-là et alla se poster non loin de là dans la boutique d'un coiffeur qu'il comptait parmi ses amis. Un coiffeur qui était au courant aussi de l'affaire. Le pauvre Ahcène ! C'était tout ce qu'il y a de plus classique et de plus trivial : Tout le monde était au courant sauf lui ! Vers 19 h, il vit entrer quelqu'un dans la cage de l'immeuble. Quelqu'un qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il était à se demander s'il s'agissait bien de l'amant de sa femme quand le coiffeur lui chuchota à l'oreille : - Si tu veux un témoin, je suis là, Ahcène… mais s'il te plaît pas de meurtre. Je ne veux pas être associé à un meurtre. - C'est l'homme qui vient d'entrer dans l'immeuble ? - Oui… - Le salaud… Je vais les tuer tous les deux ! Donne-moi deux rasoirs… - Non, non… Calme-toi, lui lança le coiffeur en le ceinturant. Ce n'est pas la bonne solution. Elle mourra et toi tu entreras en prison… et ton fils ? Tu as pensé à ton fils et à ce qu'il va devenir ? - Oui, tu as raison Ferhat. - Bien sûr que j'ai raison. Je ferme la boutique et nous allons chercher la police… Si tu veux tu peux appeler la famille de ta femme… Ainsi personne ne t'empêchera de demander le divorce et d'obtenir la garde de ton fils. - Oui… Tu as raison… C'est ce que nous allons faire. Mais il ne risque pas de s'en aller à notre retour avec la police ? Le coiffeur baissa la tête. - Non… Ahcène, il ne s'en ira que demain matin... - Demain matin… euh… je… oui… j'ai compris… j'ai compris… Une demi-heure plus tard, Ahcène se tint devant la porte de son appartement en compagnie de son beau-père et de trois policiers. Il sonna et il s'écoula un bon moment avant que l'épouse ne se manifeste ! - Qui c'est ? - Nadia… C'est moi, Ahcène… je suis tombé en panne avec le fourgon et je suis revenu… ouvre… Soudain, Ahcène entendit des voix hurler à l'extérieur : - Halte ! arrête-toi ! C'était l'amant de sa femme qui n'avait pas hésité à sauter du premier étage pour s'enfuir ! Il fut arrêté parce que les policiers s'attendaient à cette éventualité. Le père de Nadia eut un malaise cardiaque et fut transporté à l'hôpital le plus proche. Une année s'est écoulée. Il y a une semaine cette affaire a été jugée à la cour d'Alger. Pour se défendre, Nadia présenta son amant comme étant un technicien qui était venu à la maison pour réparer le réfrigérateur tombé en panne depuis trois mois sans que son mari ne s'en occupe parce qu'il était trop occupé par son travail. Ceux qui étaient là étaient abasourdis par cette explication biscornue… Au bout du compte, la cour a requis deux ans de prison ferme contre l'épouse infidèle et son amant ainsi que dix millions de centimes d'amende pour chacun. La mise en garde du vieil homme effraya Ahcène dont tout le corps s'était mis à trembler. - Tu es un brave homme, Ahcène, commença le vieux Belkacem. C'est pourquoi tes voisins, depuis longtemps, voulaient t'en parler tout en ayant peur de ta réaction qui pourrait se traduire par un acte de désespoir irréparable. Ils ont pensé t'envoyer une lettre anonyme, un appel téléphonique anonyme… pour te mettre au courant, mais aucune de ces solutions ne leur a plu. Elles sont toutes dangereuses et susceptibles de te pousser, comme je te l'ai déjà dit, vers un acte que nous regretterons tous par la suite. En revanche, ils estiment que te bouder est une méthode qui peut s'avérer efficace. Tu te mettras à te poser des questions et avec un peu de chance, tu sauras ce qui se passe. En te boudant, ils pensent que tu pourras tout savoir sans qu'ils aient besoin de tout te dire. - Mais que dois-je savoir ? Que doivent-ils me dire ? - Moi-même, mon cher Ahcène, qui suis pourtant de très fort caractère, j'ai peur de t'en parler… - Oh ! aammi Belkacem… tu sais que tu es en train de me faire souffrir ? Que veulent-ils me dire ? Et pourquoi ont-ils peur de me le dire ? Ils veulent refaire la peinture de la cage d'escaliers et ils ont peur de me demander de payer ma quote-part parce qu'ils savent que mon salaire je le gagne très difficilement ? - Ahcène… C'est à cause de ta femme - Ma femme ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? Elle est incapable de faire du mal à une mouche… C'est vrai qu'avec moi, elle est un peu dure et je la comprends… Elle veut avoir une vie de famille comme tout le monde mais Allah ghaleb… j'ai un métier qui m'oblige à passer quinze jours à la maison et quinze jours sur les routes. - Ta femme cause du tort à tous les locataires de l'immeuble, Ahcène. A ce moment-là, Ahcène rougit comme une tomate que l'on a oubliée dans un potager sous le soleil de juillet. L'homme de 38 ans fixa du regard le vieil homme : - Où veux-tu en venir ? - Ta femme en ton absence commet l'acte le plus abominable qu'une épouse puisse commettre. Ahcène fixa encore le vieil homme puis éclata de rire. - Nadia me trompe ? Ah ! c'est vraiment la meilleure blague que j'ai jamais entendue. Il est vrai qu'elle est dure avec moi, comme je l'ai déjà dit… mais de là à me tromper avec un autre… c'est impossible. - Ce n'est pas une blague… Tes voisins n'ont pas eu le courage de t'en parler parce qu'ils ont peur que tu la tues sous l'effet de la colère et du désir de laver ton honneur… Ahcène baissa la tête. - Dans la vie, il ne faut jurer de rien… Il est possible que cela soit vrai… - C'est vrai, Ahcène. De mes propres yeux… Des ces yeux qui seront bientôt sous terre, j'ai vu un homme étranger au quartier entrer dans l'immeuble…Toujours le même… - Cela expliquerait pourquoi elle est si dure avec moi… même lorsque je reviens d'un long voyage au cours duquel j'ai livré de la marchandise aux wilayas du Sud. Il faut bien que quelqu'un livre ces marchandises au sud de notre pays. Ce n'est pas parce que le Sud est loin que nous devons forcément l'ignorer. Ayant constaté que son jeune voisin était complètement désorienté et sur le point de se mettre à divaguer, le vieux Belkacem tenta de le calmer : - Mon fils, perdre la tête ne te servira à rien… Ce qui t'arrive m'est arrivé autrefois dans les années 1960… Pourtant, aujourd'hui on cite ces années-là comme étant les plus fastueuses en matière d'honnêteté et de fidélité… Je me suis remarié, et tu vois je n'en suis pas mort… La femme qui m'a trompé, je ne l'ai pas tuée. Je me suis contenté de l'emmener chez ses parents… Ce sont ses frères qui ont tenté de la tuer en revanche. Ils l'ont battue copieusement… - Ce n'est pas la même chose, aammi Belkacem… Nadia et moi avons un enfant de deux ans. - Et alors ? Moi et ma première femme avions trois enfants quand j'ai décidé de l'expédier chez ses parents… - Qu'est-ce que je dois faire ? - Il faut la surprendre en flagrant délit. - Ce serait bien aussi si un membre de sa famille est présent au moment où l'on découvre son crime, non ? - Oui… bien sûr… mais n'oublie pas le petit… Il ne faut pas qu'il se passe des choses qui le marquent négativement à vie… - Oui… je comprends… Ahcène fit croire à sa femme qu'il repartait en mission ce jour-là et alla se poster non loin de là dans la boutique d'un coiffeur qu'il comptait parmi ses amis. Un coiffeur qui était au courant aussi de l'affaire. Le pauvre Ahcène ! C'était tout ce qu'il y a de plus classique et de plus trivial : Tout le monde était au courant sauf lui ! Vers 19 h, il vit entrer quelqu'un dans la cage de l'immeuble. Quelqu'un qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il était à se demander s'il s'agissait bien de l'amant de sa femme quand le coiffeur lui chuchota à l'oreille : - Si tu veux un témoin, je suis là, Ahcène… mais s'il te plaît pas de meurtre. Je ne veux pas être associé à un meurtre. - C'est l'homme qui vient d'entrer dans l'immeuble ? - Oui… - Le salaud… Je vais les tuer tous les deux ! Donne-moi deux rasoirs… - Non, non… Calme-toi, lui lança le coiffeur en le ceinturant. Ce n'est pas la bonne solution. Elle mourra et toi tu entreras en prison… et ton fils ? Tu as pensé à ton fils et à ce qu'il va devenir ? - Oui, tu as raison Ferhat. - Bien sûr que j'ai raison. Je ferme la boutique et nous allons chercher la police… Si tu veux tu peux appeler la famille de ta femme… Ainsi personne ne t'empêchera de demander le divorce et d'obtenir la garde de ton fils. - Oui… Tu as raison… C'est ce que nous allons faire. Mais il ne risque pas de s'en aller à notre retour avec la police ? Le coiffeur baissa la tête. - Non… Ahcène, il ne s'en ira que demain matin... - Demain matin… euh… je… oui… j'ai compris… j'ai compris… Une demi-heure plus tard, Ahcène se tint devant la porte de son appartement en compagnie de son beau-père et de trois policiers. Il sonna et il s'écoula un bon moment avant que l'épouse ne se manifeste ! - Qui c'est ? - Nadia… C'est moi, Ahcène… je suis tombé en panne avec le fourgon et je suis revenu… ouvre… Soudain, Ahcène entendit des voix hurler à l'extérieur : - Halte ! arrête-toi ! C'était l'amant de sa femme qui n'avait pas hésité à sauter du premier étage pour s'enfuir ! Il fut arrêté parce que les policiers s'attendaient à cette éventualité. Le père de Nadia eut un malaise cardiaque et fut transporté à l'hôpital le plus proche. Une année s'est écoulée. Il y a une semaine cette affaire a été jugée à la cour d'Alger. Pour se défendre, Nadia présenta son amant comme étant un technicien qui était venu à la maison pour réparer le réfrigérateur tombé en panne depuis trois mois sans que son mari ne s'en occupe parce qu'il était trop occupé par son travail. Ceux qui étaient là étaient abasourdis par cette explication biscornue… Au bout du compte, la cour a requis deux ans de prison ferme contre l'épouse infidèle et son amant ainsi que dix millions de centimes d'amende pour chacun.