Petite enquête sur les harragas marocains qui sacrifient leurs vies pour entrer en Algérie, pouvoir y travailler pour gagner un bout de pain après tant d'années de misère passées au Maroc. Midi Libre a rencontré ces jeunes immigrants marocains. Venus des quatre coins du Maroc, notamment de Fès, Oujda, Meknès, ces jeunes ouvriers arrivent à s'infiltrer en Algérie grâce aux passeurs marocains et algériens qui tirent leurs bénéfices en contrepartie. Nous avons rencontré quelques-uns de ces clandestins marocains, lors d'une petite virée réalisée dans les localités proches de Tlemcen. Petite enquête sur les harragas marocains qui sacrifient leurs vies pour entrer en Algérie, pouvoir y travailler pour gagner un bout de pain après tant d'années de misère passées au Maroc. Midi Libre a rencontré ces jeunes immigrants marocains. Venus des quatre coins du Maroc, notamment de Fès, Oujda, Meknès, ces jeunes ouvriers arrivent à s'infiltrer en Algérie grâce aux passeurs marocains et algériens qui tirent leurs bénéfices en contrepartie. Nous avons rencontré quelques-uns de ces clandestins marocains, lors d'une petite virée réalisée dans les localités proches de Tlemcen. Remchi, dimanche 16 septembre. Une ville abritant 180.000 habitants, située à vol d'oiseau du chef-lieu de Tlemcen. Ici, la contrebande est le mot d'ordre depuis la nuit des temps, mais un nouveau fléau est apparu à Remchi voilà plus de trois ans déjà : l'immigration clandestine. Ville frontalière avec le Maroc, Remchi, est devenue l'eldorado des clandestins marocains objet de notre petite enquête. Notre présence à Remchi nous a permis de rencontrer quelques immigrants marocains que nous avons interrogés sur les raisons les ayant poussés à s'infiltrer en Algérie. En huit mois, plus de 500 jeunes Marocains ont pu s'introduire sur le territoire algérien. Comment font-ils pour s'infiltrer chez nous ? Qui sont leurs passeurs ? Comment arrivent-ils à trouver du travail ? Des questions que nous leur avons posées et leurs réponses étaient révélatrices d'une misère accrue vécue par ces jeunes. Abandonnés dans leur propre pays, sans emploi, ni revenus ni même une vie digne de ce nom, ces jeunes ouvriers, peintres et maçons marocains ont fini par nourrir leur espoir en tentant une aventure en Algérie. Younès Reguigua, originaire de la ville de Fès, est un cas de figure flagrant. Il a été arrêté il y a trois jours par les gendarmes de Remchi, car étant en séjour illégal en Algérie. Nous l'avons rencontré et lui avons posé des questions. L'intéressé nous a relaté son histoire. Agé de 26 ans, ce jeune Marocain, né à Fès, n'avait plus de ressources, étant l'aîné d'une famille, composée de neuf membres, il a décidé de regagner l'Algérie, car ici il y a du travail qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille nombreuse. « Je suis maçon de métier. Des amis m'ont contacté à partir d'Oran en me disant qu'il y a du travail ici. Alors, j'ai décidé de venir en Algérie afin de travailler et gagner ma vie, car à Oujda il n'y a pas de travail", nous a expliqué le jeune Younes. En détention provisoire, le jeune Marocain dévoile d'autres secrets fracassants. "J'ai déjà franchi la frontière algéro-marocaine, bien qu'elle soit fermée. D'ailleurs je suis à ma troisième tentative. Mais, à chaque fois, les gendarmes m'arrêtent et me refoulent à la frontière. La dernière fois que je suis rentré en Algérie remonte à deux jours seulement. J'avais fixé un rendez-vous à d'autres amis marocains, et cela, devant la station de bus de Maghnia. Une fois franchi la frontière algérienne en compagnie de deux de mes voisins d'Oujda, au niveau de Heddada, nous nous sommes dirigés à l'endroit convenu, mais une patrouille de gendarmes nous a repérés et après une opération de contrôle, ils nous ont ramenés ici (au siège de la brigade de Remchi)". Mais comment les ressortissants marocains arrivent à regagner l'Algérie, alors que les frontières sont fermées? La réponse est tout à fait simple pour les jeunes Marocains. "C'est simple, une fois à Oujda des passeurs marocains nous ramènent à la frontière contre une somme d'argent de près de 100 dirhams (l'équivalent de 1900 DA). Puis, en regagnant l'Algérie, d'autres passeurs algériens font la même chose contre une somme d'argent de 2.000 DA. Puis, finalement des taxis clandestins nous transportent jusqu'à la ville de Maghnia contre la somme de 4.000 à 5.000 DA. En tout, chaque ressortissant marocain doit débourser un total de 10.000 DA pour pouvoir regagner la ville d'Oran", révèle le jeune Younès d'Oujda. Oran, le nouveau paradis des clandestins marocains En arrivant à entrer depuis les frontières Ouest, certains clandestins marocains âgés entre 18 à 40 ans, parviennent à regagner la ville d'Oran, leur nouveau paradis. Ici, les jeunes harragas marocains arrivent, très vite, à trouver du travail. Ce sont là des révélations fournies par des immigrants marocains, arrêtés à Remchi. Lorsque nous avons posé la question à Djamel Djemaili, l'un des trois jeunes interpellés, sur la manière avec laquelle il parvenait à franchir le sol algérien, ce dernier nous a répondu : « C'est simple, tout commence à Oujda, c'est ici que tout est planifié. Nous fixons un rendez-vous avec des passeurs (des taxis clandestins). Ils nous emmènent tout droit à la frontière maroco-algérienne. Une distance de près de 40 km. Une fois à la frontière, nous restons un bon moment ici, question de superviser le mouvement des gendarmes algériens. Puis quand le moment est opportun nous gagnons très vite le territoire algérien, via l'entrée de Heddada. Ici, des passeurs algériens nous attendent pour nous transporter à Maghnia, Bab Aâssa ou Remchi. Une fois dans l'une de ces trois villes , nous campons quelques jours avant d'aller à Oran ou Alger », dévoile le jeune Marocain natif d'Oujda. Devant lui, le jeune Younès Reguigua, de Fès, nous fournit un autre détail : « Une fois à Maghnia, nous contactons nos amis, d'origine marocaine, qui se trouvent déjà à Oran. Ces derniers viennent à Maghnia pour nous récupérer, généralement, dans une station de bus de voyageurs ». Les jeunes harragas marocains sont dans leur grande majorité des récidivistes. Chacun est à sa énième tentative d'infiltration en territoire algérien. Arrêtés à plusieurs reprises, les Younès, Djamel, Toufik, Saïd et la liste est encore très longue, ont été refoulés à plusieurs reprises, mais ils ont tenté à nouveau leur aventure en franchissant, une nouvelle fois, les frontières algériennes. Et une fois à Oran ou Alger, les immigrants marocains arrivent à trouver du «boulot». Ils travaillent dans des chantiers de particuliers où ils arrivent à gagner 2.000 DA par jour. Un revenu de rêve pour ces jeunes Marocains. « Je suis peintre, mais je fais d'autres travaux, telles que les garnitures des faux-plafonds. J'ai déjà fait beaucoup de travaux chez des particuliers oranais et algérois, et j'ai pu gagner près de 20 millions de centimes en dinars en trois mois. Ici, en Algérie, il y a du travail, contrairement au Maroc où la misère règne depuis la nuit des temps », confie Younes. Remchi, dimanche 16 septembre. Une ville abritant 180.000 habitants, située à vol d'oiseau du chef-lieu de Tlemcen. Ici, la contrebande est le mot d'ordre depuis la nuit des temps, mais un nouveau fléau est apparu à Remchi voilà plus de trois ans déjà : l'immigration clandestine. Ville frontalière avec le Maroc, Remchi, est devenue l'eldorado des clandestins marocains objet de notre petite enquête. Notre présence à Remchi nous a permis de rencontrer quelques immigrants marocains que nous avons interrogés sur les raisons les ayant poussés à s'infiltrer en Algérie. En huit mois, plus de 500 jeunes Marocains ont pu s'introduire sur le territoire algérien. Comment font-ils pour s'infiltrer chez nous ? Qui sont leurs passeurs ? Comment arrivent-ils à trouver du travail ? Des questions que nous leur avons posées et leurs réponses étaient révélatrices d'une misère accrue vécue par ces jeunes. Abandonnés dans leur propre pays, sans emploi, ni revenus ni même une vie digne de ce nom, ces jeunes ouvriers, peintres et maçons marocains ont fini par nourrir leur espoir en tentant une aventure en Algérie. Younès Reguigua, originaire de la ville de Fès, est un cas de figure flagrant. Il a été arrêté il y a trois jours par les gendarmes de Remchi, car étant en séjour illégal en Algérie. Nous l'avons rencontré et lui avons posé des questions. L'intéressé nous a relaté son histoire. Agé de 26 ans, ce jeune Marocain, né à Fès, n'avait plus de ressources, étant l'aîné d'une famille, composée de neuf membres, il a décidé de regagner l'Algérie, car ici il y a du travail qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille nombreuse. « Je suis maçon de métier. Des amis m'ont contacté à partir d'Oran en me disant qu'il y a du travail ici. Alors, j'ai décidé de venir en Algérie afin de travailler et gagner ma vie, car à Oujda il n'y a pas de travail", nous a expliqué le jeune Younes. En détention provisoire, le jeune Marocain dévoile d'autres secrets fracassants. "J'ai déjà franchi la frontière algéro-marocaine, bien qu'elle soit fermée. D'ailleurs je suis à ma troisième tentative. Mais, à chaque fois, les gendarmes m'arrêtent et me refoulent à la frontière. La dernière fois que je suis rentré en Algérie remonte à deux jours seulement. J'avais fixé un rendez-vous à d'autres amis marocains, et cela, devant la station de bus de Maghnia. Une fois franchi la frontière algérienne en compagnie de deux de mes voisins d'Oujda, au niveau de Heddada, nous nous sommes dirigés à l'endroit convenu, mais une patrouille de gendarmes nous a repérés et après une opération de contrôle, ils nous ont ramenés ici (au siège de la brigade de Remchi)". Mais comment les ressortissants marocains arrivent à regagner l'Algérie, alors que les frontières sont fermées? La réponse est tout à fait simple pour les jeunes Marocains. "C'est simple, une fois à Oujda des passeurs marocains nous ramènent à la frontière contre une somme d'argent de près de 100 dirhams (l'équivalent de 1900 DA). Puis, en regagnant l'Algérie, d'autres passeurs algériens font la même chose contre une somme d'argent de 2.000 DA. Puis, finalement des taxis clandestins nous transportent jusqu'à la ville de Maghnia contre la somme de 4.000 à 5.000 DA. En tout, chaque ressortissant marocain doit débourser un total de 10.000 DA pour pouvoir regagner la ville d'Oran", révèle le jeune Younès d'Oujda. Oran, le nouveau paradis des clandestins marocains En arrivant à entrer depuis les frontières Ouest, certains clandestins marocains âgés entre 18 à 40 ans, parviennent à regagner la ville d'Oran, leur nouveau paradis. Ici, les jeunes harragas marocains arrivent, très vite, à trouver du travail. Ce sont là des révélations fournies par des immigrants marocains, arrêtés à Remchi. Lorsque nous avons posé la question à Djamel Djemaili, l'un des trois jeunes interpellés, sur la manière avec laquelle il parvenait à franchir le sol algérien, ce dernier nous a répondu : « C'est simple, tout commence à Oujda, c'est ici que tout est planifié. Nous fixons un rendez-vous avec des passeurs (des taxis clandestins). Ils nous emmènent tout droit à la frontière maroco-algérienne. Une distance de près de 40 km. Une fois à la frontière, nous restons un bon moment ici, question de superviser le mouvement des gendarmes algériens. Puis quand le moment est opportun nous gagnons très vite le territoire algérien, via l'entrée de Heddada. Ici, des passeurs algériens nous attendent pour nous transporter à Maghnia, Bab Aâssa ou Remchi. Une fois dans l'une de ces trois villes , nous campons quelques jours avant d'aller à Oran ou Alger », dévoile le jeune Marocain natif d'Oujda. Devant lui, le jeune Younès Reguigua, de Fès, nous fournit un autre détail : « Une fois à Maghnia, nous contactons nos amis, d'origine marocaine, qui se trouvent déjà à Oran. Ces derniers viennent à Maghnia pour nous récupérer, généralement, dans une station de bus de voyageurs ». Les jeunes harragas marocains sont dans leur grande majorité des récidivistes. Chacun est à sa énième tentative d'infiltration en territoire algérien. Arrêtés à plusieurs reprises, les Younès, Djamel, Toufik, Saïd et la liste est encore très longue, ont été refoulés à plusieurs reprises, mais ils ont tenté à nouveau leur aventure en franchissant, une nouvelle fois, les frontières algériennes. Et une fois à Oran ou Alger, les immigrants marocains arrivent à trouver du «boulot». Ils travaillent dans des chantiers de particuliers où ils arrivent à gagner 2.000 DA par jour. Un revenu de rêve pour ces jeunes Marocains. « Je suis peintre, mais je fais d'autres travaux, telles que les garnitures des faux-plafonds. J'ai déjà fait beaucoup de travaux chez des particuliers oranais et algérois, et j'ai pu gagner près de 20 millions de centimes en dinars en trois mois. Ici, en Algérie, il y a du travail, contrairement au Maroc où la misère règne depuis la nuit des temps », confie Younes.