Le 5 octobre a-t-il perdu de sa fraîcheur symbolique depuis le printemps dit arabe ? Cette date n'a-t-elle pas été flétrie par la propension du gouvernement Ouyahia, surtout, à s'en revendiquer pour conjurer le spectre d'une révolte à la tunisienne ? Pourtant le 5 octobre est bel et bien le point de départ de quelque chose. Le 5 octobre a-t-il perdu de sa fraîcheur symbolique depuis le printemps dit arabe ? Cette date n'a-t-elle pas été flétrie par la propension du gouvernement Ouyahia, surtout, à s'en revendiquer pour conjurer le spectre d'une révolte à la tunisienne ? Pourtant le 5 octobre est bel et bien le point de départ de quelque chose. La révolte populaire qui secoua en ce jour-là la capitale et certaines villes du pays, a eu raison du monopole qu‘exerçait le FLN sur la vie politique nationale et ce, depuis l‘indépendance du pays. Les conséquences qui ont en découlé sont lourdes. Le multipartisme est instauré, le régime associatif sort renforcé, le mouvement amazigh connaît un début de reconnaissance, la presse privée est autorisée à paraître et les exilés politiques, enfin libres de rentrer au pays et d‘exercer leurs droits civiques. Longtemps brimée par le régime de la pensée unique, la parole désormais se libère. Qu‘elle qu‘ait été la nature de ce mouvement populaire, spontané ou manipulé, les faits sont là. Il avait enfanté les conditions d‘une possible alternative au système d‘alors. Que le mouvement n‘ait pas évolué par la suite dans le sens souhaité avec l‘émergence subite de l‘islamisme à la faveur de la légalisation du FIS, là c‘est une autre histoire. Toujours est-il que les partis politiques nouvellement légalisés soutenus par la presse privée, ont fait de cette date le point de référence de la militance démocratique. «L‘esprit d‘octobre» était né. On disait même, parlant des centaines de morts qu‘on avait eu à déplorer, qu‘ils s‘étaient sacrifiés pour la démocratie. C‘est ainsi qu‘on opposait les «martyrs de la démocratie» à ceux de la révolution. Mais le printemps dit arabe autorise une autre lecture des événements d‘octobre 88. Le recours à la comparaison à laquelle on ne pouvait échapper, renvoie à un contexte caractérisé par la consolidation du pouvoir du chef de l‘Etat de l‘époque, Chadli Bendjedid. La poussée de fièvre qui fut pour ainsi dire à l‘origine de la destruction de l‘ancien ordre établi, s‘est bien accommodée de ce «père» ambigu, à cheval entre le temps ancien et celui nouveau. Chadli avait survécu à octobre alors qu‘il fut identifié comme l‘élément déclencheur de la révolte en prononçant son fameux discours prêchant la lutte contre les «suceurs de sang», allusion aux corrompus du système. Une lutte clanique disait-on qui devait déboucher dans un premier temps sur la mise à l‘écart de Cherif Messaadia, chef omnipotent d‘un appareil FLN ultraconservateur qui rejetait toute velléité de réformes dans un contexte international marqué au double sceau de la chute du mur de Berlin et l‘effondrement des prix des hydrocarbures. On pensait juste inclure de nouvelles «sensibilités» dans le parti unique avant de décider de franchir le pas d‘autoriser la création d‘autres partis politiques. Chadli qui sort vainqueur de cette épreuve est loin donc d‘incarner Ben Ali, Moubarak ou Khadafi. Autrement dit, le rejet du système était loin de correspondre aux formes qu‘avaient prises le rejet des régimes arabes. L‘ambiguïté du 5 octobre est donc quelque chose de tenace, qui tient lieu de ce qui lui est intrinsèque. C‘est pourquoi un quart de siècle après ces sanglants événements, pouvoir et opposition en Algérie, des entités qui ont tout pour s‘opposer, revendiquent dans un même élan cette date. Ceux qui y sont nés (partis démocratiques, ligues des droits de l‘Homme, syndicats libres, presse privée, etc) ne peuvent se livrer à l‘exercice malsain de ternir la date qui les a vu naître et le pouvoir de taire une date qui lui a permis de se perpétuer. La révolte populaire qui secoua en ce jour-là la capitale et certaines villes du pays, a eu raison du monopole qu‘exerçait le FLN sur la vie politique nationale et ce, depuis l‘indépendance du pays. Les conséquences qui ont en découlé sont lourdes. Le multipartisme est instauré, le régime associatif sort renforcé, le mouvement amazigh connaît un début de reconnaissance, la presse privée est autorisée à paraître et les exilés politiques, enfin libres de rentrer au pays et d‘exercer leurs droits civiques. Longtemps brimée par le régime de la pensée unique, la parole désormais se libère. Qu‘elle qu‘ait été la nature de ce mouvement populaire, spontané ou manipulé, les faits sont là. Il avait enfanté les conditions d‘une possible alternative au système d‘alors. Que le mouvement n‘ait pas évolué par la suite dans le sens souhaité avec l‘émergence subite de l‘islamisme à la faveur de la légalisation du FIS, là c‘est une autre histoire. Toujours est-il que les partis politiques nouvellement légalisés soutenus par la presse privée, ont fait de cette date le point de référence de la militance démocratique. «L‘esprit d‘octobre» était né. On disait même, parlant des centaines de morts qu‘on avait eu à déplorer, qu‘ils s‘étaient sacrifiés pour la démocratie. C‘est ainsi qu‘on opposait les «martyrs de la démocratie» à ceux de la révolution. Mais le printemps dit arabe autorise une autre lecture des événements d‘octobre 88. Le recours à la comparaison à laquelle on ne pouvait échapper, renvoie à un contexte caractérisé par la consolidation du pouvoir du chef de l‘Etat de l‘époque, Chadli Bendjedid. La poussée de fièvre qui fut pour ainsi dire à l‘origine de la destruction de l‘ancien ordre établi, s‘est bien accommodée de ce «père» ambigu, à cheval entre le temps ancien et celui nouveau. Chadli avait survécu à octobre alors qu‘il fut identifié comme l‘élément déclencheur de la révolte en prononçant son fameux discours prêchant la lutte contre les «suceurs de sang», allusion aux corrompus du système. Une lutte clanique disait-on qui devait déboucher dans un premier temps sur la mise à l‘écart de Cherif Messaadia, chef omnipotent d‘un appareil FLN ultraconservateur qui rejetait toute velléité de réformes dans un contexte international marqué au double sceau de la chute du mur de Berlin et l‘effondrement des prix des hydrocarbures. On pensait juste inclure de nouvelles «sensibilités» dans le parti unique avant de décider de franchir le pas d‘autoriser la création d‘autres partis politiques. Chadli qui sort vainqueur de cette épreuve est loin donc d‘incarner Ben Ali, Moubarak ou Khadafi. Autrement dit, le rejet du système était loin de correspondre aux formes qu‘avaient prises le rejet des régimes arabes. L‘ambiguïté du 5 octobre est donc quelque chose de tenace, qui tient lieu de ce qui lui est intrinsèque. C‘est pourquoi un quart de siècle après ces sanglants événements, pouvoir et opposition en Algérie, des entités qui ont tout pour s‘opposer, revendiquent dans un même élan cette date. Ceux qui y sont nés (partis démocratiques, ligues des droits de l‘Homme, syndicats libres, presse privée, etc) ne peuvent se livrer à l‘exercice malsain de ternir la date qui les a vu naître et le pouvoir de taire une date qui lui a permis de se perpétuer.