Cinq jours d'émeutes dans la ville tunisienne de Siliana ont mis en lumière les espoirs déçus de la révolution de 2011, en train de se transformer en une poudrière sociale difficile à désamorcer par les islamistes au pouvoir. Le président tunisien Moncef Marzouki a tiré vendredi dernier la sonnette d'alarme dans un discours à la nation. "Nous n'avons pas une seule Siliana [...], j'ai peur que cela se reproduise dans plusieurs régions et que cela menace l'avenir de la révolution" à la veille de son deuxième anniversaire, a-t-il dit. Pis encore, le chef de l'Etat estime que la Tunisie toute entière est désormais au carrefour entre "le chemin de la perdition et celui du salut". Depuis l'été, chaque semaine apporte son lot de grèves, de manifestations, parfois violentes, et de débrayages sauvages, touchant aussi bien l'industrie, les services publics que les transports ou le commerce. Et comme à l'époque de la révolution, c'est dans les régions de l'intérieur, marginalisées économiquement depuis des décennies par rapport à la côte, que se cristallisent les conflits. Car si l'arbitraire du régime de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali a été un facteur de la révolte, c'est avant tout la misère et le chômage, en particulier des jeunes, qui ont motivé les foules. "La situation était catastrophique sous Ben Ali, et maintenant c'est pire", estime Salem Ayari, qui dirige l'Union des diplômés chômeurs, rejetant les chiffres du gouvernement qui parlent de 60.000 à 100.000 emplois créés cette année. "[Ces données] sont impossibles, car le secteur privé est sinistré par les conséquences [sécuritaires] de la révolution et la crise de la zone euro", poursuit Salem Ayari. L'incertitude nourrit la crise "Comment investir ? On n'a aucune idée de ce qui va se passer demain. Ce gouvernement est incapable de sortir du cercle vicieux : grève, manifestation, répression, contestation", résume un homme d'affaires étranger, préférant garder l'anonymat, car il dépend de l'attribution de marchés publics. Le climat économico-social est aussi alourdi par les conflits acerbes opposant les islamistes d'Ennahda et leurs détracteurs, bloquant l'adoption de la nouvelle Constitution et la voie vers des élections indispensables pour clarifier le jeu politique. En attendant, à chaque flambée de violence, Ennahda et l'opposition accusent l'autre d'œuvrer en faveur des forces "contre-révolutionnaires". Et à en croire un récent sondage de l'institut 3C Etudes, aucun camp n'y gagne : 54% des Tunisiens ont une opinion défavorable de leur gouvernement et l'impopularité de l'opposition atteint 58%. Cinq jours d'émeutes dans la ville tunisienne de Siliana ont mis en lumière les espoirs déçus de la révolution de 2011, en train de se transformer en une poudrière sociale difficile à désamorcer par les islamistes au pouvoir. Le président tunisien Moncef Marzouki a tiré vendredi dernier la sonnette d'alarme dans un discours à la nation. "Nous n'avons pas une seule Siliana [...], j'ai peur que cela se reproduise dans plusieurs régions et que cela menace l'avenir de la révolution" à la veille de son deuxième anniversaire, a-t-il dit. Pis encore, le chef de l'Etat estime que la Tunisie toute entière est désormais au carrefour entre "le chemin de la perdition et celui du salut". Depuis l'été, chaque semaine apporte son lot de grèves, de manifestations, parfois violentes, et de débrayages sauvages, touchant aussi bien l'industrie, les services publics que les transports ou le commerce. Et comme à l'époque de la révolution, c'est dans les régions de l'intérieur, marginalisées économiquement depuis des décennies par rapport à la côte, que se cristallisent les conflits. Car si l'arbitraire du régime de l'ancien président Zine el-Abidine Ben Ali a été un facteur de la révolte, c'est avant tout la misère et le chômage, en particulier des jeunes, qui ont motivé les foules. "La situation était catastrophique sous Ben Ali, et maintenant c'est pire", estime Salem Ayari, qui dirige l'Union des diplômés chômeurs, rejetant les chiffres du gouvernement qui parlent de 60.000 à 100.000 emplois créés cette année. "[Ces données] sont impossibles, car le secteur privé est sinistré par les conséquences [sécuritaires] de la révolution et la crise de la zone euro", poursuit Salem Ayari. L'incertitude nourrit la crise "Comment investir ? On n'a aucune idée de ce qui va se passer demain. Ce gouvernement est incapable de sortir du cercle vicieux : grève, manifestation, répression, contestation", résume un homme d'affaires étranger, préférant garder l'anonymat, car il dépend de l'attribution de marchés publics. Le climat économico-social est aussi alourdi par les conflits acerbes opposant les islamistes d'Ennahda et leurs détracteurs, bloquant l'adoption de la nouvelle Constitution et la voie vers des élections indispensables pour clarifier le jeu politique. En attendant, à chaque flambée de violence, Ennahda et l'opposition accusent l'autre d'œuvrer en faveur des forces "contre-révolutionnaires". Et à en croire un récent sondage de l'institut 3C Etudes, aucun camp n'y gagne : 54% des Tunisiens ont une opinion défavorable de leur gouvernement et l'impopularité de l'opposition atteint 58%.