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Entre racisme et mépris...
Migrants Maliens en Algérie
Publié dans Le Midi Libre le 19 - 01 - 2013

La crise sécuritaire que subit le Mali et dont les soubresauts ont été ressentis à In Amenas sème la confusion chez les algériens. Pour certains ces crimes sont signés de la main de la bête terroriste alors que d'autres, dans le déni des faits, rejetent la responsabilité à notre voisin sud-saharien, distillant de ce fait la haine... et le racisme... Et pourtant pour ceux qui s'en souviennent Alger a fait naître le Népad et porté l'Union africaine.
La crise sécuritaire que subit le Mali et dont les soubresauts ont été ressentis à In Amenas sème la confusion chez les algériens. Pour certains ces crimes sont signés de la main de la bête terroriste alors que d'autres, dans le déni des faits, rejetent la responsabilité à notre voisin sud-saharien, distillant de ce fait la haine... et le racisme... Et pourtant pour ceux qui s'en souviennent Alger a fait naître le Népad et porté l'Union africaine.
Les Algériens ont encore du mal à croire que leur pays participe à une intervention militaire aussi compliquée à cause des éventuelles dangereuses conséquences dangereuses pour la région. Une guerre dont les premières victimes seront les Maliens, eux-mêmes, mais aussi les Mauritaniens, les Nigériens, les Burkinabais, les Algériens avec des conséquences évidentes pour les Guinéens, les Ivoiriens et les Sénégalais. Autant dire que toute l'Afrique sahélienne et de l'Ouest pourrait s'embraser et s'enfoncer dans une guerre sans fin à l'instar de celles menées en Irak et en Afghanistan.
Pourtant la diplomatie algérienne, qui s'intéresse de près à ce dossier depuis l'occupation du nord du Mali par des groupes armés, partageant curieusement trois villes, Gao, Tombouctou et Kidal, à partir du printemps 2012. Dès le départ, Alger a refusé l'option militaire, privilégiant « le dialogue » et la concertation politique. Cependant le ministre des Affaires étrangères françaises, Laurent Fabius, a fait cesser toute spéculation lundi 14 janvier 2013 en déclarant que « les autorités algériennes ont donné une autorisation inconditionnelle aux avions français de traverser leur espace aérien pour aller combattre au Mali ». Cette déclaration a été suivie par d'autres informations informant qu'une coordination de haut niveau sécuritaire et militaire était en cours entre les deux pays. L'inquiétude s'est vite répandue car les journaux et les réseaux sociaux ont parlé de la possibilité que le ministère de la Défense puisse appeler ses réservistes pour défendre les 3.218 km de frontières avec le Mali et le Niger.
Selon l'Onu environ 30.000 personnes ont déjà fui leurs toîts depuis le début de l'intervention française vendredi dernier. Les Algériens craignent que les combats au Mali ne débordent en Algérie surtout du fait de la nature interconnectée des deux pays. Par exemple les tribus nomadiques Touareg peuplent le désert saharien que se partagent le Mali, le Niger, la Libye, et l'Algérie. Ces tribus vont presque certainement s'impliquer dans les combats transformant la crise du Mali en guerre régionale aux conséquences inconnues.
Raison pour laquelle le président algérien était opposé à toute intervention militaire l'année dernière. Cependant finalement il n'a pu résister aux pressions française, africaine et internationale.
Les Algériens divisés en trois camps
Le premier groupe s'oppose à une intervention française la considérant comme une déclaration de guerre contre un pays voisin. A la tête de ce camp les islamistes qui accusent le gouvernement de s'allier avec la France contre ses coreligionnaires musulmans. Chose qui pourrait conduire à une confrontation entre l'état et une partie de la population pouvant se transformer en guerre civile sur des bases ethniques et tribales : une menace à l'unité du pays.
Le deuxième groupe croit que l'intervention française est légitime et que Paris ne fait qu'aider le gouvernement central malien à reprendre possession de son territoire tombé aux mains de groupes islamistes qui refusent d'accepter des solutions pacifiques au conflit. Chose qui pourrait drainer des "cellules dormantes" au Nord-Mali et mener des attaques suicide dans les capitales et villes de pays voisins répandant la peur et l'instabilité dans toute la région.
Le troisième groupe se demande pourquoi l'Algérie suit la France alors qu'elle aurait pu prendre l'initiative de s'occuper de la crise malienne comme chef du commandement militaire Conjoint du Sahel établi en 2009 pour s'opposer à l'infiltration d'Al Qaïda dans la région. Ce camp pense que la situation au Mali ne se serait pas détérioré au point de se transformer en guerre si l'Algérie avait répondu à la demande d'intervention de l'ancien président malien, Amadou Touré, au moment du soulèvement libyen alors que des armes et des combattants envahissaient le nord de son pays. L'Algérie fait face à deux scénarii dangereux maintenant qu'elle s'est impliquée dans la crise du Mali.
Emmanuel Grégoire, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), auteur de Touaregs du Niger. Le destin d'un mythe (éditions Karthala, 2010), et coéditeur du numéro 142 (2011) de la revue Hérodote, Géopolitique du Sahara, interviewé par le Monde dit : « La frontière entre le Mali et l'Algérie est poreuse et propice à différentes sortes de trafics. Cette frontière de près de 1.400 kilomètres est rectiligne, comme toutes les frontières sahariennes décidées à l'époque coloniale. Elle a été tracée lors de la conférence de Berlin, de novembre 1884 à février 1885, qui actait la partition de l'Afrique entre les puissances occidentales, essentiellement entre la France et la Grande-Bretagne. Cette démarcation n'a d'abord été que très théorique, les populations ayant l'habitude de se mouvoir sans la prendre en compte. Pendant la période coloniale, en contrôlant le port d'Alger et l'ensemble du pays, la France avait cependant réussi à anéantir le gros commerce transsaharien, sans pour autant empêcher les petits échanges et trafics régionaux. Ces échanges régionaux ont véritablement repris au début des années 90 autour de la frontière algéro-malienne, qu'on peut qualifier d'illusion. Comme partout en Afrique, elle n'est pas un obstacle aux échanges ni à la circulation d'hommes, mais un adjuvant. Plus il y a de contraintes législatives, plus le trafic informel prospère. Les gros trafics ont d'abord porté sur les cigarettes, entre le port de Cotonou et l'Algérie via le Niger. Un commerce d'armes et de drogue, essentiellement de la cocaïne, venant d'Amérique latine, s'est ensuite développé au Mali. La drogue était acheminée jusqu'à Gao par des pistes depuis les côtes africaines atlantiques, voire par avion. Les frontières, ce sont des espaces gigantesques. La frontière est poreuse, très difficile à surveiller. Il existe des points de passage officiels et surveillés situés sur des pistes bien tracées. Mais ces pistes sont doublées de pistes clandestines parallèles, en partie surveillées par l'Algérie. Les trafiquants de cigarettes avec qui j'ai pu autrefois m'entretenir m'ont dit qu'ils arrivaient à passer sans trop de difficultés. Avec un peu de malchance, ils peuvent parfois tomber sur la douane volante algérienne, qui patrouille au sol ou en hélicoptère ».
Les Maliens redécouvrent
la hideur du racisme...
Abdulmoukim, malien, Travaille à La Casbah d'Alger «Nigro, Kahlouche !» dsont parmi les termes utilisés par certains Algériens pour s'adresser aux Maliens, comme s'ils n'étaient pas Africains eux-mêmes. Abdulmoukim a développé une forme d'autisme tellement il a entendu ces expressions dénotant un racisme latent, même si beaucoup s'en défendent. Avec ses compatriotes maliens, Il paye 100 DA la nuitée pour coucher au hammam, alors qu'ils gagnent 150 à 200 DA par jour. «C'est le seul endroit où on est acceptés, la majorité des hôtels refusent de prendre le risque de nous héberger», confie-t-il « les Algériens se conduisent avec nous avec mépris surtout après la prise d'otages comme si on été responsables » Noureddine Khaled, psychosociologue, impute ces jugements sévères à la situation difficile et précaire des migrants africains, souvent sans papiers. «Quand ils ont la chance de trouver du travail au noir, ils sont exploités et n'ont aucun droit. Ils sont pour la plupart mal logés, mal nourris et harcelés par la police puisqu'ils n'ont pas de titre de séjour en règle. Cette situation explique en grande partie la perception négative qu'ils ont de l'Algérie et des Algériens. Certaines associations font beaucoup d'efforts pour les aider, mais cela reste très insuffisant au regard de l'importance de leurs besoins». Cela nourrirait, selon le psychologue, leur mauvaise vision de l'Algérie et des Algériens. Les Algériens, eux-mêmes, ont des préjugés sur ces migrants africains qui « apportent des maladies et volent le travail des Algériens. Ces préjugés sont souvent faux, mais sont entretenus par la rumeur et la désinformation relayées parfois par certains médias », poursuit le psychologue. Dans les cités universitaires la guerre froide ciblant les étudiants maliens a atteint son summum : « On se fait tous petits. On a peur de faire quelque chose de travers où de dire quelque chose qui pourrait être mal interprété. Avec tout ce qui se passe, on préfère ne pas sortir pour éviter qu'il y ait des affrontements verbales ou physiques » confie Maritou étudiante malienne en Algérie.
Lila H. une étudiante algérienne de 24 ans, résidant dans une cité universitaire nous dit « Nous ne sommes les ennemis de personne ni des Libyen, ni des Syriens, ni des Maliens, nous sommes neutres, l'ingérence dans les affaires des pays n'a jamais été la ligne de conduite de l'Algérie et elle ne le deviendra jamais ». Sa camarade de chambre, quant à elle, déclare « Nous aussi on est victimes, ce n'est parce qu'on est nombreux, qu'on ne peut pas être gênés face aux accusations lancés par les étudiants maliens et les autres étudiants étrangers qui résident dans notre cité. Ce n'est pas notre faute si notre gouvernement a donné le feu vert aux avions français de survoler le territoire algérien. C'est trop dur pour nous aussi d'entendre quelqu'un toucher l'intégrité algérienne. A mes yeux c'est une profanation j'espère que vous me comprenez». Malik, lui aussi étudiant, donne son opinion « Ce qu'il faut se rappeler c'est que l'intervention est survenue suite à une requête express faite par le gouvernement malien à la France ainsi qu'à l'Algérie. Ce qui n'a rien à voir avec l'ingérence. Pour la Libye, par exemple, ce n'est pas le gouvernement "officiel" libyen qui a demandé l'aide de l'Otan mais ceux qui voulaient le renverser. Et si l'Algérie a participé à l'invasion de l'Irak comme l'avait fait l'Egypte, Maroc et autres pays arabes ? Ils diraient que les Algériens sont des traîtres. Heureusement que ce n'est pas le cas. L'Algérie n'a pas accepté que les avions de l'Otan utilisent son territoire pour bombarder la Libye. Pourtant plusieurs pays arabes ont non seulement financé l'Otan mais ont participé à la guerre contre la Libye. Si aujourd'hui l'Algérie a autorisé les avions militaires françaises à survoler son territoire, c'est uniquement pour combattre le terrorisme. Imaginons si c'était le contraire, l'Algérie sera accusé de défendre le terrorisme. Lorsqu'il s'agit du terrorisme, il n'existe pas de neutralité. Ou bien, vous êtes contre ces assassins ou vous êtes avec eux ». Dans la banlieue française les relations entre français algériens et maliens se compliquent davantage. Riyad, Français d'origine algérienne, nous confie « en France dans nos cité nos meilleurs amis sont les Maliens, ça craint pour nous si on ne les aide pas. Déjà que les Libyens et les Syriens nous boudaient. Si on plus l'Algérie remet ça avec les Maliens, on n'aura que des ennemis en France. Je dis quand même un grand Salam a mes Amis maliens, on est avec vous dans cette épreuve ».
Les Algériens ont encore du mal à croire que leur pays participe à une intervention militaire aussi compliquée à cause des éventuelles dangereuses conséquences dangereuses pour la région. Une guerre dont les premières victimes seront les Maliens, eux-mêmes, mais aussi les Mauritaniens, les Nigériens, les Burkinabais, les Algériens avec des conséquences évidentes pour les Guinéens, les Ivoiriens et les Sénégalais. Autant dire que toute l'Afrique sahélienne et de l'Ouest pourrait s'embraser et s'enfoncer dans une guerre sans fin à l'instar de celles menées en Irak et en Afghanistan.
Pourtant la diplomatie algérienne, qui s'intéresse de près à ce dossier depuis l'occupation du nord du Mali par des groupes armés, partageant curieusement trois villes, Gao, Tombouctou et Kidal, à partir du printemps 2012. Dès le départ, Alger a refusé l'option militaire, privilégiant « le dialogue » et la concertation politique. Cependant le ministre des Affaires étrangères françaises, Laurent Fabius, a fait cesser toute spéculation lundi 14 janvier 2013 en déclarant que « les autorités algériennes ont donné une autorisation inconditionnelle aux avions français de traverser leur espace aérien pour aller combattre au Mali ». Cette déclaration a été suivie par d'autres informations informant qu'une coordination de haut niveau sécuritaire et militaire était en cours entre les deux pays. L'inquiétude s'est vite répandue car les journaux et les réseaux sociaux ont parlé de la possibilité que le ministère de la Défense puisse appeler ses réservistes pour défendre les 3.218 km de frontières avec le Mali et le Niger.
Selon l'Onu environ 30.000 personnes ont déjà fui leurs toîts depuis le début de l'intervention française vendredi dernier. Les Algériens craignent que les combats au Mali ne débordent en Algérie surtout du fait de la nature interconnectée des deux pays. Par exemple les tribus nomadiques Touareg peuplent le désert saharien que se partagent le Mali, le Niger, la Libye, et l'Algérie. Ces tribus vont presque certainement s'impliquer dans les combats transformant la crise du Mali en guerre régionale aux conséquences inconnues.
Raison pour laquelle le président algérien était opposé à toute intervention militaire l'année dernière. Cependant finalement il n'a pu résister aux pressions française, africaine et internationale.
Les Algériens divisés en trois camps
Le premier groupe s'oppose à une intervention française la considérant comme une déclaration de guerre contre un pays voisin. A la tête de ce camp les islamistes qui accusent le gouvernement de s'allier avec la France contre ses coreligionnaires musulmans. Chose qui pourrait conduire à une confrontation entre l'état et une partie de la population pouvant se transformer en guerre civile sur des bases ethniques et tribales : une menace à l'unité du pays.
Le deuxième groupe croit que l'intervention française est légitime et que Paris ne fait qu'aider le gouvernement central malien à reprendre possession de son territoire tombé aux mains de groupes islamistes qui refusent d'accepter des solutions pacifiques au conflit. Chose qui pourrait drainer des "cellules dormantes" au Nord-Mali et mener des attaques suicide dans les capitales et villes de pays voisins répandant la peur et l'instabilité dans toute la région.
Le troisième groupe se demande pourquoi l'Algérie suit la France alors qu'elle aurait pu prendre l'initiative de s'occuper de la crise malienne comme chef du commandement militaire Conjoint du Sahel établi en 2009 pour s'opposer à l'infiltration d'Al Qaïda dans la région. Ce camp pense que la situation au Mali ne se serait pas détérioré au point de se transformer en guerre si l'Algérie avait répondu à la demande d'intervention de l'ancien président malien, Amadou Touré, au moment du soulèvement libyen alors que des armes et des combattants envahissaient le nord de son pays. L'Algérie fait face à deux scénarii dangereux maintenant qu'elle s'est impliquée dans la crise du Mali.
Emmanuel Grégoire, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), auteur de Touaregs du Niger. Le destin d'un mythe (éditions Karthala, 2010), et coéditeur du numéro 142 (2011) de la revue Hérodote, Géopolitique du Sahara, interviewé par le Monde dit : « La frontière entre le Mali et l'Algérie est poreuse et propice à différentes sortes de trafics. Cette frontière de près de 1.400 kilomètres est rectiligne, comme toutes les frontières sahariennes décidées à l'époque coloniale. Elle a été tracée lors de la conférence de Berlin, de novembre 1884 à février 1885, qui actait la partition de l'Afrique entre les puissances occidentales, essentiellement entre la France et la Grande-Bretagne. Cette démarcation n'a d'abord été que très théorique, les populations ayant l'habitude de se mouvoir sans la prendre en compte. Pendant la période coloniale, en contrôlant le port d'Alger et l'ensemble du pays, la France avait cependant réussi à anéantir le gros commerce transsaharien, sans pour autant empêcher les petits échanges et trafics régionaux. Ces échanges régionaux ont véritablement repris au début des années 90 autour de la frontière algéro-malienne, qu'on peut qualifier d'illusion. Comme partout en Afrique, elle n'est pas un obstacle aux échanges ni à la circulation d'hommes, mais un adjuvant. Plus il y a de contraintes législatives, plus le trafic informel prospère. Les gros trafics ont d'abord porté sur les cigarettes, entre le port de Cotonou et l'Algérie via le Niger. Un commerce d'armes et de drogue, essentiellement de la cocaïne, venant d'Amérique latine, s'est ensuite développé au Mali. La drogue était acheminée jusqu'à Gao par des pistes depuis les côtes africaines atlantiques, voire par avion. Les frontières, ce sont des espaces gigantesques. La frontière est poreuse, très difficile à surveiller. Il existe des points de passage officiels et surveillés situés sur des pistes bien tracées. Mais ces pistes sont doublées de pistes clandestines parallèles, en partie surveillées par l'Algérie. Les trafiquants de cigarettes avec qui j'ai pu autrefois m'entretenir m'ont dit qu'ils arrivaient à passer sans trop de difficultés. Avec un peu de malchance, ils peuvent parfois tomber sur la douane volante algérienne, qui patrouille au sol ou en hélicoptère ».
Les Maliens redécouvrent
la hideur du racisme...
Abdulmoukim, malien, Travaille à La Casbah d'Alger «Nigro, Kahlouche !» dsont parmi les termes utilisés par certains Algériens pour s'adresser aux Maliens, comme s'ils n'étaient pas Africains eux-mêmes. Abdulmoukim a développé une forme d'autisme tellement il a entendu ces expressions dénotant un racisme latent, même si beaucoup s'en défendent. Avec ses compatriotes maliens, Il paye 100 DA la nuitée pour coucher au hammam, alors qu'ils gagnent 150 à 200 DA par jour. «C'est le seul endroit où on est acceptés, la majorité des hôtels refusent de prendre le risque de nous héberger», confie-t-il « les Algériens se conduisent avec nous avec mépris surtout après la prise d'otages comme si on été responsables » Noureddine Khaled, psychosociologue, impute ces jugements sévères à la situation difficile et précaire des migrants africains, souvent sans papiers. «Quand ils ont la chance de trouver du travail au noir, ils sont exploités et n'ont aucun droit. Ils sont pour la plupart mal logés, mal nourris et harcelés par la police puisqu'ils n'ont pas de titre de séjour en règle. Cette situation explique en grande partie la perception négative qu'ils ont de l'Algérie et des Algériens. Certaines associations font beaucoup d'efforts pour les aider, mais cela reste très insuffisant au regard de l'importance de leurs besoins». Cela nourrirait, selon le psychologue, leur mauvaise vision de l'Algérie et des Algériens. Les Algériens, eux-mêmes, ont des préjugés sur ces migrants africains qui « apportent des maladies et volent le travail des Algériens. Ces préjugés sont souvent faux, mais sont entretenus par la rumeur et la désinformation relayées parfois par certains médias », poursuit le psychologue. Dans les cités universitaires la guerre froide ciblant les étudiants maliens a atteint son summum : « On se fait tous petits. On a peur de faire quelque chose de travers où de dire quelque chose qui pourrait être mal interprété. Avec tout ce qui se passe, on préfère ne pas sortir pour éviter qu'il y ait des affrontements verbales ou physiques » confie Maritou étudiante malienne en Algérie.
Lila H. une étudiante algérienne de 24 ans, résidant dans une cité universitaire nous dit « Nous ne sommes les ennemis de personne ni des Libyen, ni des Syriens, ni des Maliens, nous sommes neutres, l'ingérence dans les affaires des pays n'a jamais été la ligne de conduite de l'Algérie et elle ne le deviendra jamais ». Sa camarade de chambre, quant à elle, déclare « Nous aussi on est victimes, ce n'est parce qu'on est nombreux, qu'on ne peut pas être gênés face aux accusations lancés par les étudiants maliens et les autres étudiants étrangers qui résident dans notre cité. Ce n'est pas notre faute si notre gouvernement a donné le feu vert aux avions français de survoler le territoire algérien. C'est trop dur pour nous aussi d'entendre quelqu'un toucher l'intégrité algérienne. A mes yeux c'est une profanation j'espère que vous me comprenez». Malik, lui aussi étudiant, donne son opinion « Ce qu'il faut se rappeler c'est que l'intervention est survenue suite à une requête express faite par le gouvernement malien à la France ainsi qu'à l'Algérie. Ce qui n'a rien à voir avec l'ingérence. Pour la Libye, par exemple, ce n'est pas le gouvernement "officiel" libyen qui a demandé l'aide de l'Otan mais ceux qui voulaient le renverser. Et si l'Algérie a participé à l'invasion de l'Irak comme l'avait fait l'Egypte, Maroc et autres pays arabes ? Ils diraient que les Algériens sont des traîtres. Heureusement que ce n'est pas le cas. L'Algérie n'a pas accepté que les avions de l'Otan utilisent son territoire pour bombarder la Libye. Pourtant plusieurs pays arabes ont non seulement financé l'Otan mais ont participé à la guerre contre la Libye. Si aujourd'hui l'Algérie a autorisé les avions militaires françaises à survoler son territoire, c'est uniquement pour combattre le terrorisme. Imaginons si c'était le contraire, l'Algérie sera accusé de défendre le terrorisme. Lorsqu'il s'agit du terrorisme, il n'existe pas de neutralité. Ou bien, vous êtes contre ces assassins ou vous êtes avec eux ». Dans la banlieue française les relations entre français algériens et maliens se compliquent davantage. Riyad, Français d'origine algérienne, nous confie « en France dans nos cité nos meilleurs amis sont les Maliens, ça craint pour nous si on ne les aide pas. Déjà que les Libyens et les Syriens nous boudaient. Si on plus l'Algérie remet ça avec les Maliens, on n'aura que des ennemis en France. Je dis quand même un grand Salam a mes Amis maliens, on est avec vous dans cette épreuve ».


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