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L'Algérie sans pétrole et gaz conventionnel à l'horizon 2030 ?
Publié dans Le Midi Libre le 18 - 11 - 2013

Après 50 années d'indépendance politique, l'Algérie exporte toujours 98% d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut et importe 70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées, dont le taux d'intégration ne dépasse pas les 15%.
Après 50 années d'indépendance politique, l'Algérie exporte toujours 98% d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut et importe 70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées, dont le taux d'intégration ne dépasse pas les 15%.
L'Algérie a-t-elle une stratégie pour endiguer la fin des réserves du pétrole ?
L'analyse de l'épuisement des réserves de pétrole pour l'Algérie est souvent évoquée dans les rapports internationaux, l'Algérie pouvant se réveiller un jour dans une situation très douloureuse, plus rapidement pour le pétrole, devenant importateur d'hydrocarbures au moment où la population atteindra 50 millions d'habitants.
L'Algérie avec l'actuel modèle de consommation énergétique et sans découvertes substantielles — ce qui a été le cas depuis 2000, puisqu'aucune importante découverte rentable, la hausse des recettes étant due essentiellement à la hausse du prix du pétrole, expliquant les amendements de l'actuelle loi des hydrocarbures — risque l'épuisement de ses ressources en pétrole (2020) et gaz conventionnel horizon 2030.
15,8 milliards de barils produits depuis 1956
L'Algérie a pompé 15,8 milliards de barils de pétrole depuis qu'elle a commencé l'exploitation commerciale de ce produit énergétique en 1956, selon des données de l'Organisation des pays exportateurs arabes de pétrole. L'Algérie, qui détient 1,5% des réserves mondiales, ambitionne de produire, à moyen terme, 1,7 million de barils par jour contre une capacité de 1,4 million de barils actuellement.
En 35 ans (1971-2005), la production algérienne a enregistré une hausse de production de près de 319%. Suite à une polémique sur la durée de vie des réserves algériennes pétrolières, l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, avait tenu à rassurer en affirmant que l'Algérie dispose de « bonnes réserves et personne ne peut dire, aujourd'hui, combien il reste, car nous n'avons pas encore découvert toutes nos réserves».
Des experts avaient estimé que l'Algérie n'aura plus de pétrole à l'horizon 2025. Les réserves formelles recensées sont aux alentours de 38 milliards de barils, soit le même volume qu'en 1971, selon le ministre qui a précisé qu'à l'époque « on disait que l'Algérie n'en aurait plus que pour 20 ans de production de pétrole ».
Les réserves actuelles représentent l'équivalent de 72 ans de production. Elles peuvent donc encore tenir jusqu'en 2080. L'Algérie est à la 15e position en termes de réserves de pétrole et couvre 20% des importations de gaz de l'Europe.
De nombreuses entreprises étrangères sont présentes en Algérie dans le secteur de l'énergie, dont les plus prestigieuses sont BP, Amerada Hess, Statoil, Andarko Petroleum Corp, Repsol, Total et Gazprom. La moitié du domaine minier algérien, d'une superficie de plus de 1,75 million de km2, est encore inexplorée et le nombre de puits forés par 10.000 km2 est de 9 alors que la moyenne mondiale est de 100 puits pour 10.000 m2.
Selon certaines sources, le pétrole algérien est l'un des plus chers au monde en raison de sa qualité. Il est, en effet, léger et sa teneur en souffre est très réduite. Communément appelé Sahara Blend, il est coté à la City, la Bourse de Londres avec pour référence le Brent, le baril de la mer du Nord. Selon le ministère de l'Energie et des Mines, la consommation nationale d'énergie est passée de 6,0 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 1970 à environ 37,0 millions de TEP.
En termes unitaires, elle est passée de 0,3 TEP/habitant en 1970 à quelque 1,1 TEP/habitant en 2007, soit près d'un quadruplement en moins de 40 ans. Il y est également souligné que des exercices de prospective portant sur des simulations de revenus d'exportation d'hydrocarbures sur le très long terme montrent que l'Algérie dispose suffisamment de pétrole et de gaz pour réaliser des recettes de 55 milliards de dollars/an, jusqu'en 2040 en supposant que les prix restent au niveau actuel.
560 milliards de dollars entre 2000 et juin 2012
Selon le rapport du ministère de l'Energie, publié en 2011, la structure des exportations s'oriente de plus en plus vers les produits gazeux.
En effet, la part des produits gazeux durant la période 1962-1999 ne représentait que 29% contre 43% durant la période 2000-2010. Quant aux produits liquides, ils représentaient 71% des volumes exportés durant la période 1962-1999, contre 57% fin 2010. Le pétrole brut exporté représentait 95% des hydrocarbures liquides en 1971 et se situe à 30% en 2010. Quant aux produits raffinés et GNL, leur part a augmenté substantiellement passant de 3% en 1971 à 28% en 2010.
De 2000 à 2008, l'Algérie a pu engranger officiellement, selon le bilan de Sonatrach, 350 milliards de dollars de revenus suite à l'exportation des hydrocarbures. Les marchés européens et américains restent les débouchés traditionnels des exportations, ces deux marchés absorbent en volume, respectivement, 63% et 29% des ventes globales des hydrocarbures et en valeur de 56% et 35%, respectivement (source rapport MEM 2009).
Le bilan officiel de Sonatrach donne pour 2009, 43 milliards de dollars de recettes, 57 milliards pour 2010, 72 milliards pour 2011 et une prévision de 76 milliards de dollars pour 2012. Ce qui donnerait un total 522 milliards de dollars entre 2000 et 2011 et donc environ 560 milliards de dollars entre 2000 et fin juin 2012, allant vers 600 milliards de dollars fin 2012, sous réserve du maintien des cours actuels. Cette
situation est-elle tenable dans le temps ?
Aussi, faut-il être prudent et avoir une vision à moyen et long terme. L'important ce n'est pas la découverte des gisements mais le coût d'exploitation des gisements dans la mesure où les deux vecteurs fondamentaux sont le couple prix international/coût. Plus le prix est élevé, plus on assistera à l'extension des gisements rentables et inversement, selon une relation dialectique.
Un rapport récent élaboré par le Club arabe de l'énergie à Beyrouth indique que le remplacement des réserves de gaz de la zone MENA a chuté à son plus bas niveau, de 16 fois les réserves initiales en 1992 et 13 fois les réserves initiales en 2002 à seulement 2 fois les réserves initiales en 2010. Le remplacement des réserves de gaz naturel par pays situe l'Algérie en territoire négatif à côté de l'Iran qui a remplacé près de 4 fois ses réserves initiales.
Quel sera le coût de la production électrique en 2017 ?
La majorité des experts internationaux estiment que l'Algérie serait une importatrice nette de pétrole dans moins de 15 ans et dans 25 ans pour le gaz conventionnel. Aussi, comme annoncé par l'actuel premier ministre algérien et bon nombre d'experts,
l'Algérie pourrait commencer à importer du pétrole à partir de 2020 et du gaz à partir de 2030 pour satisfaire la demande locale, s'agissant de prendre en compte tant des exportations que de la forte consommation intérieure du fait du bas prix du gaz, un des plus bas au niveau du monde, bloqués par la décision D/06-05/CD du 30 mai 2005. Sonatrach supporte en moyenne entre 1,5 et 2 milliards de dollars de subventions par an, selon les variations du prix international.
Pour la consommation intérieure, selon les extrapolations du Creg 2015/2020, elle est actuellement de 35 milliards de mètres cubes gazeux en 2010. Mais ce montant a été calculé avant l'annonce des nouveaux projets consommateurs d'une grande quantité de pétrole et de gaz. Mais avec ce paradoxe, les ménages étant les plus importants consommateurs d'électricité que les entreprises montrant une désindustrialisation du pays, loin donc des normes internationales.
Si l'on suppose un retour à la croissance réelle le niveau de consommation sera encore plus élevé. En plus, ce montant risque d'être fortement augmenté après les décisions courant 2012 d'installer plusieurs raffineries fonctionnant au pétrole et d'importantes capacités d'électricité fonctionnant au gaz.
Suite aux coupures récurrentes d'électricité, il a été décidé la réalisation du projet de centrale électrique en cycle combiné à Ras Djinet (Boumerdès) d'une capacité de 1.200 MW ainsi que la construction de 9 centrales électriques totalisant une puissance de 8.050 MW, 300 postes très haute et haute tension, près de 10.000 km de réseau de transport très haute tension et 500 km de réseau de transport de gaz destiné à l'alimentation des centrales.
Ainsi, Sonelgaz financera via le Trésor public environ 27 milliards de dollars d'ici à 2016-2017 pour une capacité supplémentaire de 12 000 MW. Tous ces investissements fonctionneront en majorité en turbines de gaz, et pour le Sud au diesel, contraires aux règles de l'environnement, le diesel polluant et de surcroît importé en Algérie pour plusieurs centaines de millions de dollars.
Comme le diesel connaît un prix international très élevé, à quel coût produira, donc, le KWH et à quel prix sera la cession ? Dès lors, avec cette augmentation de la consommation intérieure, d'un retour à la croissance, du fait de la décision de ne pas modifier les prix intérieurs, il y a risque d'aller vers 70-75 milliards mètres cubes gazeux horizon 2017-2020 de consommation intérieure.
En effet, si l'on prend les extrapolations d'exportation de 85 milliards mètres cubes gazeux et 70-75 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieures, il faudrait produire dès 2017 ente 155 et 160 milliards de mètres cubes gazeux supposant d'importants investissements dans ce domaine, limitant le financement des secteurs hors hydrocarbures. Avec 1% des réserves mondiales de pétrole et 2,5% des réserves de gaz conventionnel (4500 milliards mètres cubes gazeux estimation de BP en date de 2008 non actualisée à ce jour), cela accélérera l'épuisement de cette ressource non renouvelable.
L'Algérie n'est pas seule sur le marché énergétique avec de nombreux concurrents dont je ne citerai que Gazprom avec les canalisations de North et South Stream de plus de 100 milliards de mètres cubes gazeux en direction de l'Europe, le pétrole léger concurrent du pétrole algérien et le gaz libyen de 1.500 milliards de mètres cubes gazeux à peine exploité, proche de l'Europe et le Qatar, l'Iran, les pays du Golfe proche de l'Asie, le marché américain étant dorénavant fermé, les USA devant devenir un des premiers exportateurs mondiaux de gaz horizon 2020 avec la révolution du gaz non conventionnel.
Et pour l'Algérie, mauvaise nouvelle, les projets Galsi via la Sardaigne et Nigal venant du Nigeria sont actuellement gelés avec des surcoûts exorbitants. Il faudra prendre en compte la croissance ou pas de l'économie mondiale qui est un élément déterminant de la demande des hydrocarbures et donc, de l'évolution du prix de cession, les coûts, les concurrents ayant déjà amorti leurs installations, des énergies substituables du fait des importantes mutations énergétiques mondiales.
Qu'en sera-t-il du prix du gaz avec la révolution gazière du gaz non conventionnel, la bulle gazière risquant d'aller au-delà de 2016-2018, du recyclage du CO2 du charbon (environ 200 années de réserves mondiales contre 40/50 ans pour le pétrole) du nucléaire, des énergies renouvelables dont le solaire qui produit à grande échelle ne feront que réduire leurs coûts et entreront forcément en concurrence avec le gaz conventionnel algérien ?
Entre le schiste et le solaire : quel avenir ?
L'Algérie du fait de l'impact sur l'environnement et sans maîtrise technologique pouvant détruire les nappes phréatiques du désert, un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d'eau douce, peut-elle aller vers le gaz de schiste, ses réserves prouvées étant estimées à 6.500 milliards de mètres cubes gazeux selon le rapport de l'AIE de 2011, soit le quart des américaines ?
A quel coût produira-t-elle ce gaz de schiste nécessitant du fait de la durée de vie limitée et de l'éparpillement des gisements d'importants investissements dans les canalisations ? Quelle option pour le solaire où avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, selon l'Agence spatiale allemande (ASA), qui a procédé à une évaluation par satellites, les résultats donnent un potentiel estimé
à 169,440 téra-watts heure/an (TWH/an) pour le solaire thermique, et de 13,9 TWH/an pour le solaire photovoltaïque, ce qui équivaut à environ 60 fois la consommation de l'Europe des 15 (estimée à 3.000 TWh par an), l'énergie solaire journalière dans le désert équivalent pétrole étant estimée à 1,5 baril par km? selon cette agence. Mais ce projet peut-il se réaliser seul, l'Afrique du Nord n'étant-il pas le cadre idéal et sans un bon partenariat pour partager les risques ?
En fait la politique énergétique est lié intimement à la politique économique et sociale future de l'Algérie pour préparer l'après hydrocarbures, renvoyant à l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique. Mais tant pour le pétrole, le gaz conventionnel ou non conventionnel, le solaire ou le nucléaire civil, se pose la problématique de la disponibilité de la ressource humaine, richesse pérenne bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures qui a toujours fait la richesse des nations.
Et dans ce cadre, comment ne pas rappeler que l'élite algérienne est caractérisée par sa marginalisation sociale selon la revue américaine Foreign Policy de juillet 2010 qui vient de consacrer une enquête minutieuse aux pays les plus vulnérables du monde. A cet effet, cette revue a classé l'Algérie parmi les plus vulnérables au monde avec une note de 8,6 sur 10 pour la disparition et la dispersion de l'élite,
il s'agit d'une des notes les plus mauvaises du monde. Selon cette revue, les conditions de vie déplorables des cadres et cerveaux algériens, les très bas salaires et l'environnement politique défavorable hypothèquent l'avenir de l'Algérie qui risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir.
*Expert
international et professeur des universités
L'Algérie a-t-elle une stratégie pour endiguer la fin des réserves du pétrole ?
L'analyse de l'épuisement des réserves de pétrole pour l'Algérie est souvent évoquée dans les rapports internationaux, l'Algérie pouvant se réveiller un jour dans une situation très douloureuse, plus rapidement pour le pétrole, devenant importateur d'hydrocarbures au moment où la population atteindra 50 millions d'habitants.
L'Algérie avec l'actuel modèle de consommation énergétique et sans découvertes substantielles — ce qui a été le cas depuis 2000, puisqu'aucune importante découverte rentable, la hausse des recettes étant due essentiellement à la hausse du prix du pétrole, expliquant les amendements de l'actuelle loi des hydrocarbures — risque l'épuisement de ses ressources en pétrole (2020) et gaz conventionnel horizon 2030.
15,8 milliards de barils produits depuis 1956
L'Algérie a pompé 15,8 milliards de barils de pétrole depuis qu'elle a commencé l'exploitation commerciale de ce produit énergétique en 1956, selon des données de l'Organisation des pays exportateurs arabes de pétrole. L'Algérie, qui détient 1,5% des réserves mondiales, ambitionne de produire, à moyen terme, 1,7 million de barils par jour contre une capacité de 1,4 million de barils actuellement.
En 35 ans (1971-2005), la production algérienne a enregistré une hausse de production de près de 319%. Suite à une polémique sur la durée de vie des réserves algériennes pétrolières, l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, avait tenu à rassurer en affirmant que l'Algérie dispose de « bonnes réserves et personne ne peut dire, aujourd'hui, combien il reste, car nous n'avons pas encore découvert toutes nos réserves».
Des experts avaient estimé que l'Algérie n'aura plus de pétrole à l'horizon 2025. Les réserves formelles recensées sont aux alentours de 38 milliards de barils, soit le même volume qu'en 1971, selon le ministre qui a précisé qu'à l'époque « on disait que l'Algérie n'en aurait plus que pour 20 ans de production de pétrole ».
Les réserves actuelles représentent l'équivalent de 72 ans de production. Elles peuvent donc encore tenir jusqu'en 2080. L'Algérie est à la 15e position en termes de réserves de pétrole et couvre 20% des importations de gaz de l'Europe.
De nombreuses entreprises étrangères sont présentes en Algérie dans le secteur de l'énergie, dont les plus prestigieuses sont BP, Amerada Hess, Statoil, Andarko Petroleum Corp, Repsol, Total et Gazprom. La moitié du domaine minier algérien, d'une superficie de plus de 1,75 million de km2, est encore inexplorée et le nombre de puits forés par 10.000 km2 est de 9 alors que la moyenne mondiale est de 100 puits pour 10.000 m2.
Selon certaines sources, le pétrole algérien est l'un des plus chers au monde en raison de sa qualité. Il est, en effet, léger et sa teneur en souffre est très réduite. Communément appelé Sahara Blend, il est coté à la City, la Bourse de Londres avec pour référence le Brent, le baril de la mer du Nord. Selon le ministère de l'Energie et des Mines, la consommation nationale d'énergie est passée de 6,0 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 1970 à environ 37,0 millions de TEP.
En termes unitaires, elle est passée de 0,3 TEP/habitant en 1970 à quelque 1,1 TEP/habitant en 2007, soit près d'un quadruplement en moins de 40 ans. Il y est également souligné que des exercices de prospective portant sur des simulations de revenus d'exportation d'hydrocarbures sur le très long terme montrent que l'Algérie dispose suffisamment de pétrole et de gaz pour réaliser des recettes de 55 milliards de dollars/an, jusqu'en 2040 en supposant que les prix restent au niveau actuel.
560 milliards de dollars entre 2000 et juin 2012
Selon le rapport du ministère de l'Energie, publié en 2011, la structure des exportations s'oriente de plus en plus vers les produits gazeux.
En effet, la part des produits gazeux durant la période 1962-1999 ne représentait que 29% contre 43% durant la période 2000-2010. Quant aux produits liquides, ils représentaient 71% des volumes exportés durant la période 1962-1999, contre 57% fin 2010. Le pétrole brut exporté représentait 95% des hydrocarbures liquides en 1971 et se situe à 30% en 2010. Quant aux produits raffinés et GNL, leur part a augmenté substantiellement passant de 3% en 1971 à 28% en 2010.
De 2000 à 2008, l'Algérie a pu engranger officiellement, selon le bilan de Sonatrach, 350 milliards de dollars de revenus suite à l'exportation des hydrocarbures. Les marchés européens et américains restent les débouchés traditionnels des exportations, ces deux marchés absorbent en volume, respectivement, 63% et 29% des ventes globales des hydrocarbures et en valeur de 56% et 35%, respectivement (source rapport MEM 2009).
Le bilan officiel de Sonatrach donne pour 2009, 43 milliards de dollars de recettes, 57 milliards pour 2010, 72 milliards pour 2011 et une prévision de 76 milliards de dollars pour 2012. Ce qui donnerait un total 522 milliards de dollars entre 2000 et 2011 et donc environ 560 milliards de dollars entre 2000 et fin juin 2012, allant vers 600 milliards de dollars fin 2012, sous réserve du maintien des cours actuels. Cette
situation est-elle tenable dans le temps ?
Aussi, faut-il être prudent et avoir une vision à moyen et long terme. L'important ce n'est pas la découverte des gisements mais le coût d'exploitation des gisements dans la mesure où les deux vecteurs fondamentaux sont le couple prix international/coût. Plus le prix est élevé, plus on assistera à l'extension des gisements rentables et inversement, selon une relation dialectique.
Un rapport récent élaboré par le Club arabe de l'énergie à Beyrouth indique que le remplacement des réserves de gaz de la zone MENA a chuté à son plus bas niveau, de 16 fois les réserves initiales en 1992 et 13 fois les réserves initiales en 2002 à seulement 2 fois les réserves initiales en 2010. Le remplacement des réserves de gaz naturel par pays situe l'Algérie en territoire négatif à côté de l'Iran qui a remplacé près de 4 fois ses réserves initiales.
Quel sera le coût de la production électrique en 2017 ?
La majorité des experts internationaux estiment que l'Algérie serait une importatrice nette de pétrole dans moins de 15 ans et dans 25 ans pour le gaz conventionnel. Aussi, comme annoncé par l'actuel premier ministre algérien et bon nombre d'experts,
l'Algérie pourrait commencer à importer du pétrole à partir de 2020 et du gaz à partir de 2030 pour satisfaire la demande locale, s'agissant de prendre en compte tant des exportations que de la forte consommation intérieure du fait du bas prix du gaz, un des plus bas au niveau du monde, bloqués par la décision D/06-05/CD du 30 mai 2005. Sonatrach supporte en moyenne entre 1,5 et 2 milliards de dollars de subventions par an, selon les variations du prix international.
Pour la consommation intérieure, selon les extrapolations du Creg 2015/2020, elle est actuellement de 35 milliards de mètres cubes gazeux en 2010. Mais ce montant a été calculé avant l'annonce des nouveaux projets consommateurs d'une grande quantité de pétrole et de gaz. Mais avec ce paradoxe, les ménages étant les plus importants consommateurs d'électricité que les entreprises montrant une désindustrialisation du pays, loin donc des normes internationales.
Si l'on suppose un retour à la croissance réelle le niveau de consommation sera encore plus élevé. En plus, ce montant risque d'être fortement augmenté après les décisions courant 2012 d'installer plusieurs raffineries fonctionnant au pétrole et d'importantes capacités d'électricité fonctionnant au gaz.
Suite aux coupures récurrentes d'électricité, il a été décidé la réalisation du projet de centrale électrique en cycle combiné à Ras Djinet (Boumerdès) d'une capacité de 1.200 MW ainsi que la construction de 9 centrales électriques totalisant une puissance de 8.050 MW, 300 postes très haute et haute tension, près de 10.000 km de réseau de transport très haute tension et 500 km de réseau de transport de gaz destiné à l'alimentation des centrales.
Ainsi, Sonelgaz financera via le Trésor public environ 27 milliards de dollars d'ici à 2016-2017 pour une capacité supplémentaire de 12 000 MW. Tous ces investissements fonctionneront en majorité en turbines de gaz, et pour le Sud au diesel, contraires aux règles de l'environnement, le diesel polluant et de surcroît importé en Algérie pour plusieurs centaines de millions de dollars.
Comme le diesel connaît un prix international très élevé, à quel coût produira, donc, le KWH et à quel prix sera la cession ? Dès lors, avec cette augmentation de la consommation intérieure, d'un retour à la croissance, du fait de la décision de ne pas modifier les prix intérieurs, il y a risque d'aller vers 70-75 milliards mètres cubes gazeux horizon 2017-2020 de consommation intérieure.
En effet, si l'on prend les extrapolations d'exportation de 85 milliards mètres cubes gazeux et 70-75 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieures, il faudrait produire dès 2017 ente 155 et 160 milliards de mètres cubes gazeux supposant d'importants investissements dans ce domaine, limitant le financement des secteurs hors hydrocarbures. Avec 1% des réserves mondiales de pétrole et 2,5% des réserves de gaz conventionnel (4500 milliards mètres cubes gazeux estimation de BP en date de 2008 non actualisée à ce jour), cela accélérera l'épuisement de cette ressource non renouvelable.
L'Algérie n'est pas seule sur le marché énergétique avec de nombreux concurrents dont je ne citerai que Gazprom avec les canalisations de North et South Stream de plus de 100 milliards de mètres cubes gazeux en direction de l'Europe, le pétrole léger concurrent du pétrole algérien et le gaz libyen de 1.500 milliards de mètres cubes gazeux à peine exploité, proche de l'Europe et le Qatar, l'Iran, les pays du Golfe proche de l'Asie, le marché américain étant dorénavant fermé, les USA devant devenir un des premiers exportateurs mondiaux de gaz horizon 2020 avec la révolution du gaz non conventionnel.
Et pour l'Algérie, mauvaise nouvelle, les projets Galsi via la Sardaigne et Nigal venant du Nigeria sont actuellement gelés avec des surcoûts exorbitants. Il faudra prendre en compte la croissance ou pas de l'économie mondiale qui est un élément déterminant de la demande des hydrocarbures et donc, de l'évolution du prix de cession, les coûts, les concurrents ayant déjà amorti leurs installations, des énergies substituables du fait des importantes mutations énergétiques mondiales.
Qu'en sera-t-il du prix du gaz avec la révolution gazière du gaz non conventionnel, la bulle gazière risquant d'aller au-delà de 2016-2018, du recyclage du CO2 du charbon (environ 200 années de réserves mondiales contre 40/50 ans pour le pétrole) du nucléaire, des énergies renouvelables dont le solaire qui produit à grande échelle ne feront que réduire leurs coûts et entreront forcément en concurrence avec le gaz conventionnel algérien ?
Entre le schiste et le solaire : quel avenir ?
L'Algérie du fait de l'impact sur l'environnement et sans maîtrise technologique pouvant détruire les nappes phréatiques du désert, un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d'eau douce, peut-elle aller vers le gaz de schiste, ses réserves prouvées étant estimées à 6.500 milliards de mètres cubes gazeux selon le rapport de l'AIE de 2011, soit le quart des américaines ?
A quel coût produira-t-elle ce gaz de schiste nécessitant du fait de la durée de vie limitée et de l'éparpillement des gisements d'importants investissements dans les canalisations ? Quelle option pour le solaire où avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, selon l'Agence spatiale allemande (ASA), qui a procédé à une évaluation par satellites, les résultats donnent un potentiel estimé
à 169,440 téra-watts heure/an (TWH/an) pour le solaire thermique, et de 13,9 TWH/an pour le solaire photovoltaïque, ce qui équivaut à environ 60 fois la consommation de l'Europe des 15 (estimée à 3.000 TWh par an), l'énergie solaire journalière dans le désert équivalent pétrole étant estimée à 1,5 baril par km? selon cette agence. Mais ce projet peut-il se réaliser seul, l'Afrique du Nord n'étant-il pas le cadre idéal et sans un bon partenariat pour partager les risques ?
En fait la politique énergétique est lié intimement à la politique économique et sociale future de l'Algérie pour préparer l'après hydrocarbures, renvoyant à l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique. Mais tant pour le pétrole, le gaz conventionnel ou non conventionnel, le solaire ou le nucléaire civil, se pose la problématique de la disponibilité de la ressource humaine, richesse pérenne bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures qui a toujours fait la richesse des nations.
Et dans ce cadre, comment ne pas rappeler que l'élite algérienne est caractérisée par sa marginalisation sociale selon la revue américaine Foreign Policy de juillet 2010 qui vient de consacrer une enquête minutieuse aux pays les plus vulnérables du monde. A cet effet, cette revue a classé l'Algérie parmi les plus vulnérables au monde avec une note de 8,6 sur 10 pour la disparition et la dispersion de l'élite,
il s'agit d'une des notes les plus mauvaises du monde. Selon cette revue, les conditions de vie déplorables des cadres et cerveaux algériens, les très bas salaires et l'environnement politique défavorable hypothèquent l'avenir de l'Algérie qui risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir.
*Expert
international et professeur des universités


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