Les films américains sont de plus en plus violents. Les cinéastes ont-ils une responsabilité dans les tueries de masse qui se multiplient ? Les films américains sont de plus en plus violents. Les cinéastes ont-ils une responsabilité dans les tueries de masse qui se multiplient ? "En ce qui concerne la violence des armes, il faut veiller à ne pas la glorifier, parce que les histoires que vous racontez façonnent le regard et la vie de nos enfants [...]. Les histoires que l'on raconte ont de l'importance. Et vous les racontez mieux que n'importe qui sur terre." A grand pouvoir, grandes responsabilités : ainsi s'exprimait Barack Obama le 26 novembre dernier sur le campus de DreamWorks, à Glendale, Californie, entre passage de pommade et remontage de bretelles. Exercice délicat. Hollywood, et particulièrement Jeffrey Katzenberg, le patron de DreamWorks Animation, comptent parmi les plus généreux donateurs du Parti démocrate. Attention, donc, à ne pas froisser de précieux alliés. Mais attention, aussi, à donner une impression d'équilibre : le président, qui, en janvier dernier, dans la foulée de la tuerie de l'école primaire Sandy Hook à Newtown, Connecticut, avait dévoilé 23 mesures d'urgence pour lutter contre le fléau de la violence due aux armes à feu, doit appeler chacun à ses responsabilités : la National Rifle Association, le puissant lobby des armes, mais aussi Hollywood. Car c'est un fait : la violence dans les films américains a augmenté, d'après une étude réalisée par l'Ohio State University et l'Annenberg Public Policy Center (University of Pennsylvania). Pire : les scènes de violence avec armes dans les films "PG-13" (déconseillés aux moins de 13 ans) ont plus que triplé depuis 1985, année où fut institué le classement "PG-13". Ceux-ci sont désormais aussi violents que les films "R" (interdits aux moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte), voire plus violents ! Faites la guerre, pas l'amour : tel est le signal envoyé par la MPAA (Motion Picture Association of America), qui décide de la classification des films. Ainsi Harvey Weinstein est- il régulièrement contraint de faire appel du verdict rendu par la MPAA, comme cela vient encore d'être le cas avec "Philomena", le nouveau Stephen Frears, qui sortira en France en janvier : le film avait écopé d'un "R" au motif qu'on y entendait deux fois le mot "fuck". A côté de ça, des films comme "Skyfall" ou "The Dark Knight Rises" ont beau sentir la poudre, ils ont tous deux été classés "PG-13". "Si le sexe doit être interdit aux moins de 17 ans, il devrait en être de même avec les scènes d'extrême violence avec armes", estime Daniel Romer, l'un des auteurs de l'étude susmentionnée. C'est aussi l'avis de Michael Welner, docteur en psychiatrie médico-légale : "Les tueurs étaient jadis présentés comme des monstres ; désormais, ils ne sont pas seulement dépeints comme des gens auxquels on peut s'identifier, comme Tony Soprano, mais comme de véritables héros !", dénonce-t-il. "Prenez les protagonistes de "Breaking Bad" : vous avez envie qu'ils s'en sortent, même s'ils doivent tuer pour cela. Sur un plan culturel, cela brouille la frontière entre bien et mal." So what ? Ce n'est pas parce que je regarde "Dexter" que je vais me mettre à découper les gens en rondelles – quoique... Si les films, les séries télé ou les jeux vidéo avaient une influence réelle, mesurable, sur les comportements, ça se saurait. Or aucune étude scientifique n'a jamais pu le prouver". Du moins jusqu'à présent. Le 16 janvier dernier, soit un mois après le massacre de Newtown, Barack Obama appelait le Congrès à débloquer 10 millions de dollars en direction des CDC (Centers for Disease Control), la principale agence gouvernementale en matière de santé publique, pour financer la recherche sur "l'influence des jeux vidéo et autres médias sur la violence". L'idée même fait bondir Quentin Tarantino. Pour le cinéaste de "Django Unchained", "Kill Bill" ou "Reservoir Dogs", la violence au cinéma est une bonne chose car elle est cathartique : "De toute évidence, ces tueries de masse sont un problème de contrôle des armes à feu et de prise en charge des malades mentaux." Comme l'a fait remarquer l'ESA (Entertainment Software Association), le lobby du jeu vidéo, dans un communiqué publié peu après la tragédie de Newtown, "les jeux vidéo violents ont autant de succès dans bien d'autres pays, mais les tueries de masse restent une spécificité américaine." "En ce qui concerne la violence des armes, il faut veiller à ne pas la glorifier, parce que les histoires que vous racontez façonnent le regard et la vie de nos enfants [...]. Les histoires que l'on raconte ont de l'importance. Et vous les racontez mieux que n'importe qui sur terre." A grand pouvoir, grandes responsabilités : ainsi s'exprimait Barack Obama le 26 novembre dernier sur le campus de DreamWorks, à Glendale, Californie, entre passage de pommade et remontage de bretelles. Exercice délicat. Hollywood, et particulièrement Jeffrey Katzenberg, le patron de DreamWorks Animation, comptent parmi les plus généreux donateurs du Parti démocrate. Attention, donc, à ne pas froisser de précieux alliés. Mais attention, aussi, à donner une impression d'équilibre : le président, qui, en janvier dernier, dans la foulée de la tuerie de l'école primaire Sandy Hook à Newtown, Connecticut, avait dévoilé 23 mesures d'urgence pour lutter contre le fléau de la violence due aux armes à feu, doit appeler chacun à ses responsabilités : la National Rifle Association, le puissant lobby des armes, mais aussi Hollywood. Car c'est un fait : la violence dans les films américains a augmenté, d'après une étude réalisée par l'Ohio State University et l'Annenberg Public Policy Center (University of Pennsylvania). Pire : les scènes de violence avec armes dans les films "PG-13" (déconseillés aux moins de 13 ans) ont plus que triplé depuis 1985, année où fut institué le classement "PG-13". Ceux-ci sont désormais aussi violents que les films "R" (interdits aux moins de 17 ans non accompagnés d'un adulte), voire plus violents ! Faites la guerre, pas l'amour : tel est le signal envoyé par la MPAA (Motion Picture Association of America), qui décide de la classification des films. Ainsi Harvey Weinstein est- il régulièrement contraint de faire appel du verdict rendu par la MPAA, comme cela vient encore d'être le cas avec "Philomena", le nouveau Stephen Frears, qui sortira en France en janvier : le film avait écopé d'un "R" au motif qu'on y entendait deux fois le mot "fuck". A côté de ça, des films comme "Skyfall" ou "The Dark Knight Rises" ont beau sentir la poudre, ils ont tous deux été classés "PG-13". "Si le sexe doit être interdit aux moins de 17 ans, il devrait en être de même avec les scènes d'extrême violence avec armes", estime Daniel Romer, l'un des auteurs de l'étude susmentionnée. C'est aussi l'avis de Michael Welner, docteur en psychiatrie médico-légale : "Les tueurs étaient jadis présentés comme des monstres ; désormais, ils ne sont pas seulement dépeints comme des gens auxquels on peut s'identifier, comme Tony Soprano, mais comme de véritables héros !", dénonce-t-il. "Prenez les protagonistes de "Breaking Bad" : vous avez envie qu'ils s'en sortent, même s'ils doivent tuer pour cela. Sur un plan culturel, cela brouille la frontière entre bien et mal." So what ? Ce n'est pas parce que je regarde "Dexter" que je vais me mettre à découper les gens en rondelles – quoique... Si les films, les séries télé ou les jeux vidéo avaient une influence réelle, mesurable, sur les comportements, ça se saurait. Or aucune étude scientifique n'a jamais pu le prouver". Du moins jusqu'à présent. Le 16 janvier dernier, soit un mois après le massacre de Newtown, Barack Obama appelait le Congrès à débloquer 10 millions de dollars en direction des CDC (Centers for Disease Control), la principale agence gouvernementale en matière de santé publique, pour financer la recherche sur "l'influence des jeux vidéo et autres médias sur la violence". L'idée même fait bondir Quentin Tarantino. Pour le cinéaste de "Django Unchained", "Kill Bill" ou "Reservoir Dogs", la violence au cinéma est une bonne chose car elle est cathartique : "De toute évidence, ces tueries de masse sont un problème de contrôle des armes à feu et de prise en charge des malades mentaux." Comme l'a fait remarquer l'ESA (Entertainment Software Association), le lobby du jeu vidéo, dans un communiqué publié peu après la tragédie de Newtown, "les jeux vidéo violents ont autant de succès dans bien d'autres pays, mais les tueries de masse restent une spécificité américaine."