Dans le prolongement de ma contribution parue sur le site électronique Maghreb Emergent, le 30 mars 2014, et l'interview donnée à la chaîne télé Africa24, le 31 mars 2014, le problème qui se pose à l'Algérie est le suivant : peut-on continuer à privilégier les infrastructures qui concentrent la plus grande partie de la dépense publique ? Dans le prolongement de ma contribution parue sur le site électronique Maghreb Emergent, le 30 mars 2014, et l'interview donnée à la chaîne télé Africa24, le 31 mars 2014, le problème qui se pose à l'Algérie est le suivant : peut-on continuer à privilégier les infrastructures qui concentrent la plus grande partie de la dépense publique ? Il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour le dire : sans gouvernance, la facilité est de dépenser sans compter, clés en main, grâce à une ressource non renouvelable, les hydrocarbures, et pour cela, même un analphabète pourrait le faire. Le plus difficile, donc, est d'initier un management stratégique pour suivre les projets, réduire les coûts, améliorer la qualité des ouvrages et favoriser l'intégration, condition d'un développement durable... Le secteur industriel, composé à plus de 90% de PME-PMI peu initiées au management stratégique et à la concurrence internationale, représente moins de 5 % du produit intérieur brut. C'est la dominance de la tertiarisation de l'économie, représentant plus de 85 % du tissu économique mais en majorité de petits commerce-services, avec la dominance de la sphère informelle marchande dépassant 50 % du tissu économique global (contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle) où se cote le dinar qui au cours de janvier à mars 2014 est passé de 140 dinars 1 euro à 155 dinars 1 euro. Les discours euphoriques ne doivent pas cacher l'amère réalité : après 50 années d'indépendance l'Algérie n'a pas d'économie : l'économie algérienne est donc en 2014 une économie fondamentalement basée sur la rente des hydrocarbures. Les projections du plan de relance économique 2010/2014 Selon le document adopté en Conseil des ministres, fin 2009, le programme de développement quinquennal 2010-2014 est dans le prolongement du premier programme de soutien à la relance économique engagé en 2001, d'un montant de 7 mds USD, suivi de celui du soutien à la croissance sur la période 2005-2009, d'un montant initial de 45 mds USD, porté ultérieurement à 155 mds dans le contexte d'une conjoncture pétrolière favorable. Le programme 2005/2009 avait prévu la réalisation d'un million de logements réalisés à travers le pays, la construction de l'autoroute Est-Ouest (1.200 km), le lancement du tramway d'Alger et la finalisation de la 1re ligne du métro d'Alger ou encore la réalisation d'un transfert d'eau entre In Salah et Tamanrasset (700 km). Le report de 130 mds USD vers le PIP 2010-2014 laisse supposer, toutefois, que le taux d'engagement du programme 2005-2009 en termes de dépenses s'élève à 16 % seulement des 155 mds USD annoncés. Aussi, au cours de 74,17 dinars 1 dollar, le programme des investissements publics retenu pour la période allant de 2010 à 2014, le document du gouvernement prévoyait des engagements financiers de l'ordre de 21 214 milliards DA (ou l'équivalent de 286 milliards de dollars) et concerne deux volets, à savoir : - le parachèvement des grands projets déjà entamés, notamment dans les secteurs du rail, des routes et de l'eau, pour un montant de 9.700 milliards DA (équivalent à 130 milliards de dollars), et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de 11.534 milliards DA (soit l'équivalent de près de 156 milliards de dollars). Le programme 2010-2014 réservait plus de 40 % de ses ressources à l'amélioration du développement humain, 114,4, avec notamment près de 5.000 établissements de l'éducation nationale (dont 1.000 collèges et 850 lycées), 600.000 places pédagogiques universitaires et 400.000 places d'hébergement pour les étudiants et plus de 300 établissements de formation et d'enseignement professionnels, plus de 1.500 infrastructures de santé, dont 172 hôpitaux, 45 complexes spécialisés de santé et 377 polycliniques, ce à quoi s'ajoutent plus de 70 établissements spécialisés pour handicapés, mais, en réalité, plus de 70 % pour la construction, soit 80 milliards de dollars. Aussi, au niveau des infrastructures, il avait été prévu la construction de 2 millions de logements, dont 1,2 million devaient être livrés durant le quinquennat, le reste devant être mis en chantier avant fin 2014, Ce programme d'investissements publics réservait aussi près de 40 % de ressources, environ 115 milliards de dollars, à la poursuite du développement des infrastructures de base et l'amélioration du secteur public, qui s'ajoutent aux 80 milliards de dollars, soit 195 milliards de dollars représentant environ 70% du total du programme 2010/2013. Sectoriellement parlant, il était prévu plus de 41,79 milliards de dollars destinés au secteur des travaux publics pour poursuivre l'extension et la modernisation du réseau routier et l'augmentation des capacités portuaires ; - plus de 37,75 milliards de dollars réservés au secteur des transports en vue de moderniser et d'étendre le réseau ferré, de le porter de 4.000 km, actuellement, à 10.000 km, en 2015, d'améliorer le transport urbain (avec notamment un tramway pour 14 villes), de moderniser les infrastructures aéroportuaires ainsi que 700 M. USD pour la modernisation et développement de la flotte d'Air Algérie. - 20,22 milliards de dollars environ pour l'appui au développement de l'économie nationale, avec notamment, 13,48 milliards de dollars pour le soutien du développement agricole et rural, près de 2,02 milliards de dollars pour la promotion de la petite et moyenne entreprise, à travers la réalisation de zones industrielles, le soutien public à la mise à niveau ainsi que la bonification de crédits bancaires pouvant atteindre 4,04 milliards de dollars à cette même fin. Le développement industriel mobilisera aussi plus de 26,96 milliards de dollars pour la réalisation de centrales électriques, l'industrie pétrochimique et la modernisation d'entreprises publiques, avec une concentration de crédits au niveau de Sonatrach-Sonelgaz. - 250 milliards de dinars, soit 3,37 milliards de dollars (montant dérisoire), à l'économie de la connaissance. Quid du PIB ? Le produit intérieur brut a été de 215 milliards de dollars en 2013 contre 208 en 2012 sur un PIB maghrébin durant l'année 2012 de 437 milliards de dollars mis sur un PIB mondial dépassant les 73.000 milliards de dollars, soit pour 90 millions d'habitants un PIB représentant 80 % de celui de la Grèce dont la population qui avoisine 11,28 millions d'habitants, donc un espace malgré ses importantes potentialités, en régression au sein de l'économie mondiale. Le taux de croissance moyen entre 2000/2013 a été d'environ 3 %, et en 2013 selon le gouvernement 4,2% en 2013 contre 3,1% en 2012, pour une population estimée à 38,48 millions d'habitants. Les exportations ont été d'environ 65 milliards de dollars en 2012 contre 74 milliards de dollars en 2012. Les importations de biens sont passées de 47 milliards de dollars en 2012 à 55 milliards de dollars en 2013 auquel il faut ajouter environ 12 milliards de dollars de services soit au total 67 milliards de dollars. Selon la Banque d'Algérie, les réserves de change non compris, les 173 tonnes d'or sont estimées à 192 milliards de dollars au 1er janvier 2014. La dette totale est estimée à 3,4 milliards de dollars en 2013. La dette extérieure publique à 374 millions de dollars fin 2013. A la lecture de ces données il y a effectivement un équilibre tant macro-économique que macro-social mais un équilibre relatif permis grâce aux hydrocarbures qui ont permis d'éponger notamment la dette extérieure et intérieure et de lancer un vaste programme dans les infrastructures, mais souvent avec des coûts exorbitants et des malfaçons en référence aux normes internationales. Se pose le problème de l'interprétation objective de ces données ? D'abord le taux de croissance (produit intérieur brut-PIB), du taux d'inflation ou du taux de chômage se calcule par rapport à la période précédente. Il faut impérativement corriger le salaire nominal par l'évolution des indices des prix à la consommation qui sont historiquement datés (les besoins évoluant) et corriger le PIB par l'évolution des indices à la production. Il ne faut jamais raisonner à prix courants mais toujours à prix constants. Le PIB est un indicateur imparfait qui voile les disparités sectorielles et surtout les inégalités dans la répartition du revenu national influant sur le modèle de consommation. En Algérie existe une concentration du revenu au profit d'une minorité de couches rentières qui ne sont pas des entrepreneurs tournés vers l'investissement productif. Il est souhaitable de lui substituer l'indice de développement humain que préconise le Pnud incluant la santé et l'éducation et les effets nocifs de la détérioration de l'environnement. Par ailleurs, un taux d'inflation faible en 2013 en référence à un taux d'inflation élevé en 2012 donne un taux cumulé élevé, idem pour le taux de chômage. Pour le taux d'inflation officiel, il est compressé par les subventions qui dépassent les 20 milliards de dollars en 2013. Le Premier ministre algérien a déclaré officiellement que subventions et transferts sociaux représentent 30 % du produit intérieur brut (PIB) soit environ 70 milliards de dollars. Cela ne peut durer car sans ces subventions le taux d'inflation dépasserait les 10% et ces subventions généralisées sans ciblage sont à la fois source d'injustice sociale, d'inefficacité économique et freinent le développement du tissu productif local. Comme pour le taux de chômage, il y a prédominance des emplois/ rentes, plus de 50 % dans la sphère informelle, des versements de traitements sans contreparties productives pour calmer transitoirement le front social, notamment dans l'administration, des emplois temporaires non productifs sans compter les sureffectifs dans les entreprises publiques économiques et corriger le taux de chômage réel qui dépasserait les 20%. Concernant le PIB, 40% relève des hydrocarbures en calcul statique. Les 5/6% de croissance hors hydrocarbures sont un taux fictif car tirés essentiellement par la dépense publique via les hydrocarbures globalement à plus de 80% du PIB avec les effets indirects de la dépense publique. Pour preuve en 2013, environ 97/98% des exportations relèvent des hydrocarbures à l'état brut et semi-brut ayant permis d'engranger 665 milliards de dollars de chiffre d'affaires (à ne pas confondre avec le profit net de Sonatrach devant déduire les charges) entre 2000/2013 et important 70 % des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15 %. Tout en reconnaissant un renouveau dans l'agriculture (la quantité existe mais les prix sont élevés) grâce au dynamisme des producteurs privés, normalement avec une si importante dépense, le taux de croissance aurait du être supérieur à 10 %. Une étude de l'OCDE pour la région Mena montre clairement que l'Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport aux pays similaires : mauvaise gestion, mauvaise allocation des ressources financières, les infrastructures au détriment de l'entreprise et son soubassement le savoir, ou corruption, le problème est posé. Pour le niveau des réserves de change, cela provient essentiellement des hydrocarbures dont 86% sont placées en bons de Trésor américains et en obligations européennes dont le taux d'intérêt fixe ne dépasse pas 3 % (placement à moyen terme) couvrant à peine le taux d'inflation mondial, une fraction dans des banques internationales privées cotées dires AAA où le taux d'intérêt est plus élevé mais avec plus de risques. Les leçons non retenues Bien qu'ayant une position très critique par le passé concernant les surcoûts, l'actuel ministre des Travaux publics semble ne pas avoir tiré de leçon des résultats très mitigés de son prédécesseur, continuant sur la lancée où l'autoroute Est-Ouest, et ses scandales financiers, programmée initialement à 7 milliards de dollars et devant se terminer, fin 2010, mais qui n'est pas encore terminée, à fin mars 2014, avec notamment des affaissements réguliers, et dont il est attendu qu'elle dépassera au final 13 milliards de dollars. Son coût par rapport aux normes (main d'œuvre, utilités, matières premières, expropriation d'un coût d'environ 50% moindre par rapport aux pays développés) dépasse de 25/35%, selon le contraint et le non contraint. Or, en mars 2014, le ministre des Travaux publics a affirmé la mobilisation pour la route des Hauts-Plateaux, le dédoublement de 10.000 km, la modernisation de 4.000 km, 265 km pour la 4e rocade d'Alger, 500 ouvrages d'art, 7 ports de plaisance et le réaménagement de 24 ports pour une enveloppe financière estimée à 60 milliards de dollars. Le secteur bâtiment-travaux publics- hydraulique (BTPH), moteur de la croissance actuelle, a mobilisé plus de 70 % des 600 milliards de dollars (parties dinars et devises) de la dépense publique, entre 2000/2013, le capital argent de ce segment provenant des hydrocarbures. Les infrastructures ne sont qu'un moyen de développement. Les piliers du développement sont l'entreprise et son soubassement, le savoir, qui sont marginalisés. L'expérience montre une faible capacité d'absorption dans ce segment (divorce entre objectifs et moyens de réalisation), nécessitant le recours massif aux entreprises étrangères souvent clé-en-main, sans la mise en place d'instruments de suivi de projets (solution de facilité et source de corruption), expliquant le gonflement du poste services, au niveau de la balance des paiements. Et que deviendront les centaines de milliers de travailleurs, aussitôt les chantiers terminés. Et s'il y a chute du cours des hydrocarbures, pourrait-on continuer à cette cadence et où trouver l'argent ? A-t-on analysé objectivement en termes de projets concrets les impacts économiques de l'autoroute Est-Ouest ? A-t-on analysé également les impacts de cette nouvelle dépense en termes d'opportunités ? Dans la même foulée de la dépense sans compter l'assainissement des entreprises publiques ayant coûté au Trésor public plus de 60 milliards de dollars, entre 1971 et 2013, sans résultats probants, 70% des entreprises publiques étant revenues à la case départ, alors que ces montants auraient pu être consacrés à la création de nouvelles entreprises dynamiques, de quoi créer un nouveau tissu productif et des millions d'emplois avec valeur ajoutée. Bon nombre d'institutions internationales, avec des classements déplorables entre 2006 et 2013, ne reflètant pas les potentialités énormes du pays, et des experts nationaux ont tous souligné le poids de la bureaucratie, l'instabilité juridique et le manque de clarté dans les nouvelles dispositions du gouvernement algérien. C'est dans ce contexte qu'il y a lieu également de revoir la politique, tant du transport où l'on veut généraliser les tram, même dans des villes insignifiantes, ce qui n'existe nulle part au monde, sans compter la compagnie Air Algérie, une des plus chères au monde, faute de concurrence, que de l'habitat où il n'existe pas de véritable politique liée à l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique. Pour l'habitat, aucun responsable politique, pour cause de fuite en avant, n'ose parler d'un risque majeur. En effet, 70 % du pouvoir d'achat des Algériens dépend de la rente des hydrocarbures. Les taux d'intérêts bonifiés dans ce secteur, qui tendent à se généraliser, ne peuvent continuer que si le cours des hydrocarbures se maintient à un niveau élevé, l'Algérie de 2010/2014 fonctionnant sur la base d'un cours de baril supérieur à 100/110 dollars – sinon, l'on risque de se retrouver avec une bulle immobilière comparable à celle des USA, les emprunteurs ne pouvant rembourser à la fois la fraction du capital et les intérêts composés, en cas de chute du cours d'hydrocarbures, avec des risques de faillite de banques primaires. Comment peut-on programmer plus de 2 millions de logements selon les anciennes méthodes de construction, trop consommatrices de ciment, de rond à béton et d'énergie, alors que les nouvelles méthodes permettent une économie de plus de 30%. Or, l'Algérie va, à terme, vers une pénurie de gaz, car les réserves se calculent par rapport au vecteur prix international/ coût, largement influencé par la concurrence internationale et d'autres sources d'énergie. L'on peut découvrir des milliers de gisements non rentables par rapport au vecteur prix international, Hass R'mel et Hassi Messaoud ayant épuisé environ 45/50% de leurs réserves. La rentabilité au prix constant 2013 pour les GNL doit être de 15/16 dollars le MBTU et 9/11 dollars pour les canalisations. Force est de constater que l'Algérie perd de plus en plus des parts de marché étant passée de 13/14% du marché européen entre 2009/2010 à 9% en 2013. Selon Africa Energy Intelligence du 02 novembre 2013, le méga-champ gazier de Hassi R'mel connaît une baisse sensible de sa production, faute de travaux de développement et d'entretien. Le site gazier en question, qui produisait 75 milliards de m3 en 2008, n'en livre plus que 55 milliards en 2012. Les exportations de gaz seraient passées de 60 milliards de m3 en 2007 à 52 milliards de m3 en 2011 et 55 milliards en 2012 et encore moins, selon certaines sources pour 2013, entre 45/47 milliards de mètres cubes gazeux alors que la consommation intérieure a été d'environ 35/37 milliards de mètres cubes gazeux. Les réserves de gaz traditionnels ne sont pas de 4.500 milliards de mètres cubes gazeux estimation de BP de l'année 2000 non actualisé mais serait inférieure à 3.000 milliards de mètres cubes gazeux en 2013 (moins de 2 % des réserves mondiales). Ainsi, sont effectivement posées, à la fois, les limites des réserves de pétrole exploitables, en termes de prix concurrentiel (en cas de non-découvertes rentables substantielles), estimées en 2012 à 12.200.000.000 barils (0,8 % des réserves mondiales). Si l'on estime, à compter de 2012, une production de 2,2 à 2,4 millions de barils jour, se proposant d'exporter 1,6 million de barils jour - donnant environ 800 millions de barils annuellement - la durée de vie serait de 15 années, soit 2027, avec ce paradoxe, l'Algérie ayant importé en 2013 au prix international 3,5 milliards de dollars de carburant livré sur le marché intérieur à un prix subventionné. En Algérie, où, en 2017, la consommation intérieure risque de dépasser largement les exportations, ayant doublé les capacités d'électricité, à l'horizon 2017, à partir des turbines de gaz allant vers plus de 70/75 milliards de mètres cubes gazeux, dépassant les exportations actuelles qui peinent à atteindre 50/55 milliards de mètres cubes gazeux. L'on devrait arriver, sauf découvertes exceptionnelles à un coût compétitif, à un épuisement, horizon 2030, pour le gaz traditionnel, devant produire plus de 155 milliards de mètres cubes gazeux annuellement, si l'on veut exporter 85 milliards de mètres cubes gazeux. A moyen terme, de nouveaux concurrents sont apparus, tels que les Etats-Unis, des pays d'Afrique de l'Est (Mozambique, Tanzanie) et dans un proche avenir des pays de la Méditerranée orientale (Israël, Chypre, peut-être le Liban). La souplesse commerciale du Qatar, dont la part du marché en Europe approche celle de l'Algérie en 2012 (8/9%), est le concurrent le plus sérieux avec Gazrpom. En effet, pour le court et moyen termes doit être pris en compte la concurrence de Gazprom avec le North et le South Stream, qui contourne l'Ukraine (120 milliards de mètres cubes gazeux, expliquant le gel du projet Galsi 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un coût qui est passé de 2,5 à plus de 4 milliards de dollars donc non rentables au vu du prix actuel, 15 % plus cher que le South Stream russe. Et également la concurrence américaine avec la révolution du pétrole-gaz de schiste, ce marché représentant 20 % (15/20 milliards de dollars par an selon les cours) des recettes de Sonatrach qui devra impérativement à l'horizon 2017 avoir d'autres marchés. Pour le marché en Asie, l'Algérie, outre les faibles capacités de GNL, devra contourner toute la corniche de l'Afrique avec des coûts de transport exorbitants pour arriver en Asie. Ce qui n'est pas dû seulement à des difficultés d'approvisionnement après l'attaque terroriste de Tiguentourine, représentant 18 % des exportations de gaz, pour un chiffre d'affaires d'environ 4 milliards de dollars, mais pose la problématique des subventions qui expliquent la forte consommation intérieure, le prix de l'électricité étant plafonné, depuis 2005, entraînant un déficit structurel de Sonelgaz de plus de 44 milliards de dinars, en 2012 ; avec ce paradoxe, la consommation des ménages étant plus élevée que celle des segments productifs, ce qui explique la désindustrialisation du pays. Cette politique des subventions, tant pour le marché intérieur qu'extérieur, devient intenable (prix intérieur d'environ un dixième du prix extérieur). Pour le cas des firmes étrangères, cette politique a entraîné trop de conflits avec elles. L'urgence d'un nouveau mode de gouvernance Une croissance durable implique forcément des réformes, tant institutionnelles que micro-économiques, toujours différées du fait de la neutralisation des rapports de force au niveau du pouvoir. D'où l'urgence d'un nouveau mode de gouvernance et à une réorientation urgente de la politique socio-économique entre 2014/2020 devant réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. L'Algérie est liée par un accord de libre-échange avec l'Europe, applicable depuis le 1er septembre 2005, le tarif douanier zéro étant prévu en 2020, et est en voie d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. Son espace naturel est le Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique, dont l'intégration devient l'urgence de l'heure, et les espaces euro-méditerranéen et africain, l'Afrique continent à enjeux multiples et d'avenir. La situation est d'autant plus inquiétante que des tensions budgétaires peuvent survenir en cas d'un fléchissement du cours des hydrocarbures, déjà prévu pour 2015/2017, ce qui devrait entraîner une révision de toute la politique socio-économique. Dans ce cadre, la stratégie des secteurs travaux publics-habitat devra être profondément repensée, et ce, grâce à une vision globale maîtrisée, dans le cadre d'une transition énergétique devant réhabiliter la planification stratégique, navigant actuellement à vue, devant dynamiser le Conseil national de l'énergie, paradoxalement gelé depuis des années, et devant réhabiliter l'entreprise, créatrice de richesse, en recourant aux nouvelles technologies. Aussi, mettrai-je en garde le gouvernement contre la dérive financière pour les infrastructures, avec des surcoûts exorbitants, et ce, sans parler de la corruption. Il ne faut pas sortir de Saint Cyr pour le dire : sans gouvernance, la facilité est de dépenser sans compter, clés en main, grâce à une ressource non renouvelable, les hydrocarbures, et pour cela, même un analphabète pourrait le faire. Le plus difficile, donc, est d'initier un management stratégique pour suivre les projets, réduire les coûts, améliorer la qualité des ouvrages et favoriser l'intégration, condition d'un développement durable... Le secteur industriel, composé à plus de 90% de PME-PMI peu initiées au management stratégique et à la concurrence internationale, représente moins de 5 % du produit intérieur brut. C'est la dominance de la tertiarisation de l'économie, représentant plus de 85 % du tissu économique mais en majorité de petits commerce-services, avec la dominance de la sphère informelle marchande dépassant 50 % du tissu économique global (contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle) où se cote le dinar qui au cours de janvier à mars 2014 est passé de 140 dinars 1 euro à 155 dinars 1 euro. Les discours euphoriques ne doivent pas cacher l'amère réalité : après 50 années d'indépendance l'Algérie n'a pas d'économie : l'économie algérienne est donc en 2014 une économie fondamentalement basée sur la rente des hydrocarbures. Les projections du plan de relance économique 2010/2014 Selon le document adopté en Conseil des ministres, fin 2009, le programme de développement quinquennal 2010-2014 est dans le prolongement du premier programme de soutien à la relance économique engagé en 2001, d'un montant de 7 mds USD, suivi de celui du soutien à la croissance sur la période 2005-2009, d'un montant initial de 45 mds USD, porté ultérieurement à 155 mds dans le contexte d'une conjoncture pétrolière favorable. Le programme 2005/2009 avait prévu la réalisation d'un million de logements réalisés à travers le pays, la construction de l'autoroute Est-Ouest (1.200 km), le lancement du tramway d'Alger et la finalisation de la 1re ligne du métro d'Alger ou encore la réalisation d'un transfert d'eau entre In Salah et Tamanrasset (700 km). Le report de 130 mds USD vers le PIP 2010-2014 laisse supposer, toutefois, que le taux d'engagement du programme 2005-2009 en termes de dépenses s'élève à 16 % seulement des 155 mds USD annoncés. Aussi, au cours de 74,17 dinars 1 dollar, le programme des investissements publics retenu pour la période allant de 2010 à 2014, le document du gouvernement prévoyait des engagements financiers de l'ordre de 21 214 milliards DA (ou l'équivalent de 286 milliards de dollars) et concerne deux volets, à savoir : - le parachèvement des grands projets déjà entamés, notamment dans les secteurs du rail, des routes et de l'eau, pour un montant de 9.700 milliards DA (équivalent à 130 milliards de dollars), et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de 11.534 milliards DA (soit l'équivalent de près de 156 milliards de dollars). Le programme 2010-2014 réservait plus de 40 % de ses ressources à l'amélioration du développement humain, 114,4, avec notamment près de 5.000 établissements de l'éducation nationale (dont 1.000 collèges et 850 lycées), 600.000 places pédagogiques universitaires et 400.000 places d'hébergement pour les étudiants et plus de 300 établissements de formation et d'enseignement professionnels, plus de 1.500 infrastructures de santé, dont 172 hôpitaux, 45 complexes spécialisés de santé et 377 polycliniques, ce à quoi s'ajoutent plus de 70 établissements spécialisés pour handicapés, mais, en réalité, plus de 70 % pour la construction, soit 80 milliards de dollars. Aussi, au niveau des infrastructures, il avait été prévu la construction de 2 millions de logements, dont 1,2 million devaient être livrés durant le quinquennat, le reste devant être mis en chantier avant fin 2014, Ce programme d'investissements publics réservait aussi près de 40 % de ressources, environ 115 milliards de dollars, à la poursuite du développement des infrastructures de base et l'amélioration du secteur public, qui s'ajoutent aux 80 milliards de dollars, soit 195 milliards de dollars représentant environ 70% du total du programme 2010/2013. Sectoriellement parlant, il était prévu plus de 41,79 milliards de dollars destinés au secteur des travaux publics pour poursuivre l'extension et la modernisation du réseau routier et l'augmentation des capacités portuaires ; - plus de 37,75 milliards de dollars réservés au secteur des transports en vue de moderniser et d'étendre le réseau ferré, de le porter de 4.000 km, actuellement, à 10.000 km, en 2015, d'améliorer le transport urbain (avec notamment un tramway pour 14 villes), de moderniser les infrastructures aéroportuaires ainsi que 700 M. USD pour la modernisation et développement de la flotte d'Air Algérie. - 20,22 milliards de dollars environ pour l'appui au développement de l'économie nationale, avec notamment, 13,48 milliards de dollars pour le soutien du développement agricole et rural, près de 2,02 milliards de dollars pour la promotion de la petite et moyenne entreprise, à travers la réalisation de zones industrielles, le soutien public à la mise à niveau ainsi que la bonification de crédits bancaires pouvant atteindre 4,04 milliards de dollars à cette même fin. Le développement industriel mobilisera aussi plus de 26,96 milliards de dollars pour la réalisation de centrales électriques, l'industrie pétrochimique et la modernisation d'entreprises publiques, avec une concentration de crédits au niveau de Sonatrach-Sonelgaz. - 250 milliards de dinars, soit 3,37 milliards de dollars (montant dérisoire), à l'économie de la connaissance. Quid du PIB ? Le produit intérieur brut a été de 215 milliards de dollars en 2013 contre 208 en 2012 sur un PIB maghrébin durant l'année 2012 de 437 milliards de dollars mis sur un PIB mondial dépassant les 73.000 milliards de dollars, soit pour 90 millions d'habitants un PIB représentant 80 % de celui de la Grèce dont la population qui avoisine 11,28 millions d'habitants, donc un espace malgré ses importantes potentialités, en régression au sein de l'économie mondiale. Le taux de croissance moyen entre 2000/2013 a été d'environ 3 %, et en 2013 selon le gouvernement 4,2% en 2013 contre 3,1% en 2012, pour une population estimée à 38,48 millions d'habitants. Les exportations ont été d'environ 65 milliards de dollars en 2012 contre 74 milliards de dollars en 2012. Les importations de biens sont passées de 47 milliards de dollars en 2012 à 55 milliards de dollars en 2013 auquel il faut ajouter environ 12 milliards de dollars de services soit au total 67 milliards de dollars. Selon la Banque d'Algérie, les réserves de change non compris, les 173 tonnes d'or sont estimées à 192 milliards de dollars au 1er janvier 2014. La dette totale est estimée à 3,4 milliards de dollars en 2013. La dette extérieure publique à 374 millions de dollars fin 2013. A la lecture de ces données il y a effectivement un équilibre tant macro-économique que macro-social mais un équilibre relatif permis grâce aux hydrocarbures qui ont permis d'éponger notamment la dette extérieure et intérieure et de lancer un vaste programme dans les infrastructures, mais souvent avec des coûts exorbitants et des malfaçons en référence aux normes internationales. Se pose le problème de l'interprétation objective de ces données ? D'abord le taux de croissance (produit intérieur brut-PIB), du taux d'inflation ou du taux de chômage se calcule par rapport à la période précédente. Il faut impérativement corriger le salaire nominal par l'évolution des indices des prix à la consommation qui sont historiquement datés (les besoins évoluant) et corriger le PIB par l'évolution des indices à la production. Il ne faut jamais raisonner à prix courants mais toujours à prix constants. Le PIB est un indicateur imparfait qui voile les disparités sectorielles et surtout les inégalités dans la répartition du revenu national influant sur le modèle de consommation. En Algérie existe une concentration du revenu au profit d'une minorité de couches rentières qui ne sont pas des entrepreneurs tournés vers l'investissement productif. Il est souhaitable de lui substituer l'indice de développement humain que préconise le Pnud incluant la santé et l'éducation et les effets nocifs de la détérioration de l'environnement. Par ailleurs, un taux d'inflation faible en 2013 en référence à un taux d'inflation élevé en 2012 donne un taux cumulé élevé, idem pour le taux de chômage. Pour le taux d'inflation officiel, il est compressé par les subventions qui dépassent les 20 milliards de dollars en 2013. Le Premier ministre algérien a déclaré officiellement que subventions et transferts sociaux représentent 30 % du produit intérieur brut (PIB) soit environ 70 milliards de dollars. Cela ne peut durer car sans ces subventions le taux d'inflation dépasserait les 10% et ces subventions généralisées sans ciblage sont à la fois source d'injustice sociale, d'inefficacité économique et freinent le développement du tissu productif local. Comme pour le taux de chômage, il y a prédominance des emplois/ rentes, plus de 50 % dans la sphère informelle, des versements de traitements sans contreparties productives pour calmer transitoirement le front social, notamment dans l'administration, des emplois temporaires non productifs sans compter les sureffectifs dans les entreprises publiques économiques et corriger le taux de chômage réel qui dépasserait les 20%. Concernant le PIB, 40% relève des hydrocarbures en calcul statique. Les 5/6% de croissance hors hydrocarbures sont un taux fictif car tirés essentiellement par la dépense publique via les hydrocarbures globalement à plus de 80% du PIB avec les effets indirects de la dépense publique. Pour preuve en 2013, environ 97/98% des exportations relèvent des hydrocarbures à l'état brut et semi-brut ayant permis d'engranger 665 milliards de dollars de chiffre d'affaires (à ne pas confondre avec le profit net de Sonatrach devant déduire les charges) entre 2000/2013 et important 70 % des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15 %. Tout en reconnaissant un renouveau dans l'agriculture (la quantité existe mais les prix sont élevés) grâce au dynamisme des producteurs privés, normalement avec une si importante dépense, le taux de croissance aurait du être supérieur à 10 %. Une étude de l'OCDE pour la région Mena montre clairement que l'Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport aux pays similaires : mauvaise gestion, mauvaise allocation des ressources financières, les infrastructures au détriment de l'entreprise et son soubassement le savoir, ou corruption, le problème est posé. Pour le niveau des réserves de change, cela provient essentiellement des hydrocarbures dont 86% sont placées en bons de Trésor américains et en obligations européennes dont le taux d'intérêt fixe ne dépasse pas 3 % (placement à moyen terme) couvrant à peine le taux d'inflation mondial, une fraction dans des banques internationales privées cotées dires AAA où le taux d'intérêt est plus élevé mais avec plus de risques. Les leçons non retenues Bien qu'ayant une position très critique par le passé concernant les surcoûts, l'actuel ministre des Travaux publics semble ne pas avoir tiré de leçon des résultats très mitigés de son prédécesseur, continuant sur la lancée où l'autoroute Est-Ouest, et ses scandales financiers, programmée initialement à 7 milliards de dollars et devant se terminer, fin 2010, mais qui n'est pas encore terminée, à fin mars 2014, avec notamment des affaissements réguliers, et dont il est attendu qu'elle dépassera au final 13 milliards de dollars. Son coût par rapport aux normes (main d'œuvre, utilités, matières premières, expropriation d'un coût d'environ 50% moindre par rapport aux pays développés) dépasse de 25/35%, selon le contraint et le non contraint. Or, en mars 2014, le ministre des Travaux publics a affirmé la mobilisation pour la route des Hauts-Plateaux, le dédoublement de 10.000 km, la modernisation de 4.000 km, 265 km pour la 4e rocade d'Alger, 500 ouvrages d'art, 7 ports de plaisance et le réaménagement de 24 ports pour une enveloppe financière estimée à 60 milliards de dollars. Le secteur bâtiment-travaux publics- hydraulique (BTPH), moteur de la croissance actuelle, a mobilisé plus de 70 % des 600 milliards de dollars (parties dinars et devises) de la dépense publique, entre 2000/2013, le capital argent de ce segment provenant des hydrocarbures. Les infrastructures ne sont qu'un moyen de développement. Les piliers du développement sont l'entreprise et son soubassement, le savoir, qui sont marginalisés. L'expérience montre une faible capacité d'absorption dans ce segment (divorce entre objectifs et moyens de réalisation), nécessitant le recours massif aux entreprises étrangères souvent clé-en-main, sans la mise en place d'instruments de suivi de projets (solution de facilité et source de corruption), expliquant le gonflement du poste services, au niveau de la balance des paiements. Et que deviendront les centaines de milliers de travailleurs, aussitôt les chantiers terminés. Et s'il y a chute du cours des hydrocarbures, pourrait-on continuer à cette cadence et où trouver l'argent ? A-t-on analysé objectivement en termes de projets concrets les impacts économiques de l'autoroute Est-Ouest ? A-t-on analysé également les impacts de cette nouvelle dépense en termes d'opportunités ? Dans la même foulée de la dépense sans compter l'assainissement des entreprises publiques ayant coûté au Trésor public plus de 60 milliards de dollars, entre 1971 et 2013, sans résultats probants, 70% des entreprises publiques étant revenues à la case départ, alors que ces montants auraient pu être consacrés à la création de nouvelles entreprises dynamiques, de quoi créer un nouveau tissu productif et des millions d'emplois avec valeur ajoutée. Bon nombre d'institutions internationales, avec des classements déplorables entre 2006 et 2013, ne reflètant pas les potentialités énormes du pays, et des experts nationaux ont tous souligné le poids de la bureaucratie, l'instabilité juridique et le manque de clarté dans les nouvelles dispositions du gouvernement algérien. C'est dans ce contexte qu'il y a lieu également de revoir la politique, tant du transport où l'on veut généraliser les tram, même dans des villes insignifiantes, ce qui n'existe nulle part au monde, sans compter la compagnie Air Algérie, une des plus chères au monde, faute de concurrence, que de l'habitat où il n'existe pas de véritable politique liée à l'urgence d'un nouveau modèle de consommation énergétique. Pour l'habitat, aucun responsable politique, pour cause de fuite en avant, n'ose parler d'un risque majeur. En effet, 70 % du pouvoir d'achat des Algériens dépend de la rente des hydrocarbures. Les taux d'intérêts bonifiés dans ce secteur, qui tendent à se généraliser, ne peuvent continuer que si le cours des hydrocarbures se maintient à un niveau élevé, l'Algérie de 2010/2014 fonctionnant sur la base d'un cours de baril supérieur à 100/110 dollars – sinon, l'on risque de se retrouver avec une bulle immobilière comparable à celle des USA, les emprunteurs ne pouvant rembourser à la fois la fraction du capital et les intérêts composés, en cas de chute du cours d'hydrocarbures, avec des risques de faillite de banques primaires. Comment peut-on programmer plus de 2 millions de logements selon les anciennes méthodes de construction, trop consommatrices de ciment, de rond à béton et d'énergie, alors que les nouvelles méthodes permettent une économie de plus de 30%. Or, l'Algérie va, à terme, vers une pénurie de gaz, car les réserves se calculent par rapport au vecteur prix international/ coût, largement influencé par la concurrence internationale et d'autres sources d'énergie. L'on peut découvrir des milliers de gisements non rentables par rapport au vecteur prix international, Hass R'mel et Hassi Messaoud ayant épuisé environ 45/50% de leurs réserves. La rentabilité au prix constant 2013 pour les GNL doit être de 15/16 dollars le MBTU et 9/11 dollars pour les canalisations. Force est de constater que l'Algérie perd de plus en plus des parts de marché étant passée de 13/14% du marché européen entre 2009/2010 à 9% en 2013. Selon Africa Energy Intelligence du 02 novembre 2013, le méga-champ gazier de Hassi R'mel connaît une baisse sensible de sa production, faute de travaux de développement et d'entretien. Le site gazier en question, qui produisait 75 milliards de m3 en 2008, n'en livre plus que 55 milliards en 2012. Les exportations de gaz seraient passées de 60 milliards de m3 en 2007 à 52 milliards de m3 en 2011 et 55 milliards en 2012 et encore moins, selon certaines sources pour 2013, entre 45/47 milliards de mètres cubes gazeux alors que la consommation intérieure a été d'environ 35/37 milliards de mètres cubes gazeux. Les réserves de gaz traditionnels ne sont pas de 4.500 milliards de mètres cubes gazeux estimation de BP de l'année 2000 non actualisé mais serait inférieure à 3.000 milliards de mètres cubes gazeux en 2013 (moins de 2 % des réserves mondiales). Ainsi, sont effectivement posées, à la fois, les limites des réserves de pétrole exploitables, en termes de prix concurrentiel (en cas de non-découvertes rentables substantielles), estimées en 2012 à 12.200.000.000 barils (0,8 % des réserves mondiales). Si l'on estime, à compter de 2012, une production de 2,2 à 2,4 millions de barils jour, se proposant d'exporter 1,6 million de barils jour - donnant environ 800 millions de barils annuellement - la durée de vie serait de 15 années, soit 2027, avec ce paradoxe, l'Algérie ayant importé en 2013 au prix international 3,5 milliards de dollars de carburant livré sur le marché intérieur à un prix subventionné. En Algérie, où, en 2017, la consommation intérieure risque de dépasser largement les exportations, ayant doublé les capacités d'électricité, à l'horizon 2017, à partir des turbines de gaz allant vers plus de 70/75 milliards de mètres cubes gazeux, dépassant les exportations actuelles qui peinent à atteindre 50/55 milliards de mètres cubes gazeux. L'on devrait arriver, sauf découvertes exceptionnelles à un coût compétitif, à un épuisement, horizon 2030, pour le gaz traditionnel, devant produire plus de 155 milliards de mètres cubes gazeux annuellement, si l'on veut exporter 85 milliards de mètres cubes gazeux. A moyen terme, de nouveaux concurrents sont apparus, tels que les Etats-Unis, des pays d'Afrique de l'Est (Mozambique, Tanzanie) et dans un proche avenir des pays de la Méditerranée orientale (Israël, Chypre, peut-être le Liban). La souplesse commerciale du Qatar, dont la part du marché en Europe approche celle de l'Algérie en 2012 (8/9%), est le concurrent le plus sérieux avec Gazrpom. En effet, pour le court et moyen termes doit être pris en compte la concurrence de Gazprom avec le North et le South Stream, qui contourne l'Ukraine (120 milliards de mètres cubes gazeux, expliquant le gel du projet Galsi 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un coût qui est passé de 2,5 à plus de 4 milliards de dollars donc non rentables au vu du prix actuel, 15 % plus cher que le South Stream russe. Et également la concurrence américaine avec la révolution du pétrole-gaz de schiste, ce marché représentant 20 % (15/20 milliards de dollars par an selon les cours) des recettes de Sonatrach qui devra impérativement à l'horizon 2017 avoir d'autres marchés. Pour le marché en Asie, l'Algérie, outre les faibles capacités de GNL, devra contourner toute la corniche de l'Afrique avec des coûts de transport exorbitants pour arriver en Asie. Ce qui n'est pas dû seulement à des difficultés d'approvisionnement après l'attaque terroriste de Tiguentourine, représentant 18 % des exportations de gaz, pour un chiffre d'affaires d'environ 4 milliards de dollars, mais pose la problématique des subventions qui expliquent la forte consommation intérieure, le prix de l'électricité étant plafonné, depuis 2005, entraînant un déficit structurel de Sonelgaz de plus de 44 milliards de dinars, en 2012 ; avec ce paradoxe, la consommation des ménages étant plus élevée que celle des segments productifs, ce qui explique la désindustrialisation du pays. Cette politique des subventions, tant pour le marché intérieur qu'extérieur, devient intenable (prix intérieur d'environ un dixième du prix extérieur). Pour le cas des firmes étrangères, cette politique a entraîné trop de conflits avec elles. L'urgence d'un nouveau mode de gouvernance Une croissance durable implique forcément des réformes, tant institutionnelles que micro-économiques, toujours différées du fait de la neutralisation des rapports de force au niveau du pouvoir. D'où l'urgence d'un nouveau mode de gouvernance et à une réorientation urgente de la politique socio-économique entre 2014/2020 devant réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. L'Algérie est liée par un accord de libre-échange avec l'Europe, applicable depuis le 1er septembre 2005, le tarif douanier zéro étant prévu en 2020, et est en voie d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. Son espace naturel est le Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique, dont l'intégration devient l'urgence de l'heure, et les espaces euro-méditerranéen et africain, l'Afrique continent à enjeux multiples et d'avenir. La situation est d'autant plus inquiétante que des tensions budgétaires peuvent survenir en cas d'un fléchissement du cours des hydrocarbures, déjà prévu pour 2015/2017, ce qui devrait entraîner une révision de toute la politique socio-économique. Dans ce cadre, la stratégie des secteurs travaux publics-habitat devra être profondément repensée, et ce, grâce à une vision globale maîtrisée, dans le cadre d'une transition énergétique devant réhabiliter la planification stratégique, navigant actuellement à vue, devant dynamiser le Conseil national de l'énergie, paradoxalement gelé depuis des années, et devant réhabiliter l'entreprise, créatrice de richesse, en recourant aux nouvelles technologies. Aussi, mettrai-je en garde le gouvernement contre la dérive financière pour les infrastructures, avec des surcoûts exorbitants, et ce, sans parler de la corruption.