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Le rapport alarmant du FMI de novembre 2013 sur les perspectives de l'économie algérienne
Publié dans Le Midi Libre le 02 - 12 - 2013

Le dernier rapport du FMI conforte mes analyses largement publiées au niveau local et international depuis plus de huit années et trace des perspectives alarmantes, notamment d'une baisse des recettes des hydrocarbures combinée à une dérive de la masse salariale.
Le dernier rapport du FMI conforte mes analyses largement publiées au niveau local et international depuis plus de huit années et trace des perspectives alarmantes, notamment d'une baisse des recettes des hydrocarbures combinée à une dérive de la masse salariale.
1.- Selon nos calculs, le ratio global de la masse salariale sur le PIB total administration et secteur économique serait de 22,10% en 1991, 20% en 2001 et 19,60% en 2006. Selon l'enquête publiée en 2012 par l'ONS (couvrant la période 2006-2011), la masse salariale est passée de 19,5 en milliards de dollars en 2006 22,4 en 2007, 27,8 en 2008, 30,9 en 2009, 37,9 en 2010 et 49,6 en 2011.
Au vu que, selon le FMI, le PIB algérien a été de 158,97 milliards de dollars en 2010, 183,4 en 2011, le ratio PIB sur masse salariale est passé de 23,77% en 2010, à 26,99% en 2011 et tendrait vers plus de 40% en 2013 ; les plus grandes augmentations salariales ayant eu lieu en 2012, ce qui est vraiment inquiétant.
C'est que ces augmentations n'ont pas entraîné une hausse de la productivité. D'ailleurs, une des plus faibles au niveau du bassin méditerranéen, les subventions servant de tampon social afin d'éviter un taux d'inflation à deux chiffres où, d'ailleurs, la valeur réelle du dinar et le pouvoir d'achat des Algériens sont corrélée à plus de 70% aux recettes d'hydrocarbures. Mais attention de ne pas se tromper de cibles en ayant une stratégique globale et de ne pas s'attaquer uniquement aux salaires.
L'attention doit être également du côté des revenus spéculatifs du fait qu'une minorité capte une grande fraction de la rente assistant à une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité non les producteurs de richesses. Aussi, le rapport du FMI rejoint celui du Forum économique mondial (WEF) du 14 novembre 2013 qui révèle que fortement secoués depuis deux ans par des crises politiques à répétition, les pays d'Afrique du Nord, dont fait partie l'Algérie, sont à l'aube d'une crise majeure et sont une source d'inquiétude, ces pays traversant une crise morale du fait du manque de valeurs au niveau du leadership.
Le fossé entre les riches et les pauvres devient de plus en plus grand et tandis que l'écart de revenus renforce les inégalités en matière de richesse, l'éducation, la santé et la mobilité sociale sont toutes menacées. L'étude met en garde contre les conséquences pernicieuses du chômage :
« Une génération qui commence sa carrière dans un désespoir complet sera plus encline aux politiques populistes » alors que « l'ampleur de la récession mondiale et le rythme du rétablissement ont laissé des cicatrices profondes, spécialement parmi la jeunesse et qu'il y a maintenant un consensus croissant selon lequel la région Mena, Proche-Orient et Afrique du Nord est à l'orée d'une période d'incertitude croissante. Ainsi, l'on peut tirer trois remarques de ce rapport.
2.- L'économie algérienne est fortement dépendante des fluctuations du cours des hydrocarbures. Après 50 années d'indépendance, en 2013, Sonatrach est l'Algérie et l'Algérie est Sonatrach ; 70% du pouvoir d'achat des Algériens dépendant de cette rente. Au sein de l'économie algérienne, 98% des exportations du pays sont issues des seuls hydrocarbures et important environ 70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques, dont le taux d'intégration ne dépasse pas les 15%. Sonatrach a généré quelque 660 milliards de dollars de recettes en devises entre 2000 et 2013, selon ses bilans.
Certes, il existe une stabilisation macro-économique mais elle est relative : le taux d'inflation est comprimé par les subventions généralisées et non ciblées source de gaspillage avec la prédominance des emplois rentes à très faible valeur ajoutée (plus de deux millions de fonctionnaires) et une dépense publique sans précédent depuis l'indépendance politique de 500 milliards de dollars entre 2004 et 2013 (parts devises et dinars).
Tout n'a pas été dépensé, mais aucun bilan réel à ce jour, du fait de la faiblesse des capacités d'absorption, avec ce paradoxe, un PIB algérien qui reste modeste, estimé par le FMI en 2013 à 216 milliards de dollars en 2013 contre 209 en 2012. Pour une population d'environ 38 millions d'habitants, en 2013, le PIB algérien représente 0,29% du PIB mondial. Entre 2000 et 2013, le taux de croissance moyen n'a pas dépassé les 3% alors qu'il aurait dû être de plus de 10% avec une contraction en 2013 par rapport à 2012, passant de 3,3% à 2,7%, témoignant de la mauvaise allocation des ressources, de la non-maîtrise de la gestion pour ne pas dire corruption.
3.- Le FMI met en relief l'importance des réserves de change. Grâce aux hydrocarbures, les réserves de change devraient atteindre 203 milliards de dollars contre 190 au 31/12/2012, auquel il faut ajouter les 173 tonnes d'or. Environ 80-83% de ces réserves sont placées en majorité en bons de trésor américains et en obligations européennes à un taux fixe fluctuant entre 2,25 et 3%, réserves. Mais les prévisions du FMI laissent sceptiques certains experts dans la mesure où l'accroissement des importations et la baisse des recettes des hydrocarbures durant le second semestre 2013 peuvent contredire ces extrapolations.
En effet, les importations pourraient atteindre 60 milliards de dollars fin 2013, si la même tendance du premier semestre se confirme, montant auquel il faudra ajouter plus de 12 milliards de dollars de services. En continuant à dépenser sans compter, le gouverneur de la Banque d'Algérie avait averti que l'Algérie ne pouvait continuer à fonctionner sur la base d'un cours de 110/115 dollars et le rapport de l'Opep de juillet 2013 prévoyait que l'économie algérienne fonctionnerait sur la base d'un cours de 125 dollars pour l'année 2013. Cela accroît le déficit budgétaire et, à cette allure, le fonds de régulation des recettes devrait s'épuiser au bout de trois ans. Dès lors, le FMI s'inquiète de la part négligeable des sections hors hydrocarbures.
L'industrie représente moins de 5% du produit intérieur brut montrant le dépérissement du tissu productif. La dernière enquête de l'ONS montre la dominance des micro-unités peu initiées au management stratégique et aux nouvelles technologies, environ 97%, le petit commerce services qui représentent 83% du tissu économique, et la sphère informelle, notamment marchande plus de 50% de la superficie économique.
Pour le FMI, la détérioration du climat des affaires freine les investissements productifs, notamment le secteur privé, notamment la bureaucratie paralysante, un système financier inadapté, une baisse du niveau de l'éducation du primaire au supérieur, l'éducation ne collant pas avec l'environnement (plus de 1,5 million d'étudiants cumul 2013-2017 sortiront des universités vers 2017) et l'épineux problème du foncier.
4.- Le FMI s'inquiète de la baisse des exportations d'hydrocarbures. Toute cette problématique renvoie à terme à l'épuisement de ses réserves traditionnelles en hydrocarbures à moyen terme et à la concurrence internationale russe, notamment du géant Gazprom à travers le North et South Stream, plus de 120 milliards de mètres cubes gazeux pour l'Europe, opérationnel tous deux avant 2017, expliquant le gel du projet gazoduc Galsi.
L'arrivée sur le marché mondial du gaz et pétrole de schiste américain constitue une autre contrainte qui, selon l'AIE, deviendrait à l'horizon 2017-2020 le premier producteur mondial de pétrole et de gaz. Or, 25% des recettes de Sonatrach proviennent des USA, soit entre 17-22 milliards de dollars/an selon les cours. Quelle seront les nouveaux marchés de Sonatrach face à la concurrence des Etats- Unis d'Amérique ?
Quels seront les impacts des décisions du Conseil européen qui vient d'approuver l'accord énergétique stratégique entre l'Algérie et les 27 pays de l'Union européenne le 15 avril 2013 signé à Alger à l'occasion de la visite du président de la Commission européenne début juillet 2013 ? Ce qui est sûr, c'est que le problème de l'indexation du prix du gaz sur celui du pétrole est de plus en plus remis en cause, pénalisant Sonatrach qui devra s'adapter à la nouvelle stratégie gazière mondiale.
Devant certes prendre avec précaution les déclarations récentes du P-DG de Sonatrach en date du 24 février 2013 ( les réserves se calculant selon le couple coût-prix international et la concurrence des énergies substituables), les réserves algériennes en gaz conventionnel seraient de 2.000 milliards de mètres cubes gaz, loin des données euphoriques de 4.500 ( données internationales de 2004 qui n'ont pas été réactualisées) soit 1,3% des réserves mondiales et pour le pétrole moins de 0,8% des réserves mondiales.
Cela est intimement lié à la généralisation des subventions où l'Algérie est un des pays qui subventionne le plus les carburants et l'électricité, une des causes de la forte consommation énergétique intérieure. En 2012, paradoxalement, les ménages viennent en première positon bien avant les entreprises démontrant le dépérissement du tissu productif.
Selon le Creg, la consommation a été d'environ 25-30 milliards de mètres cubes gazeux avec une extrapolation de 50 milliards de mètres cubes gazeux à l'horizon 2017-2020. Mais ce montant a été calculé avant l'annonce des nouveaux projets consommateurs d'une grande quantité de pétrole et de gaz. Aussi, la consommation intérieure risque d'être fortement augmentée (pour rappel le prix de l'électricité est plafonné depuis le décret de 2005 expliquant en partie le déficit structurel de Sonelgaz qui est passé de 41 milliards de dinars en 2011 à 44 milliards de dinars en 2012, après les décisions courant 2012 d'installer d'importantes capacités d'électricité fonctionnant au gaz.
Avec l'augmentation des capacités, en cas de non-révision des prix, ce déficit risque de doubler. En effet, suite aux coupures récurrentes d'électricité, il a été décidé de doubler la capacité d'électricité à partir des turbines de gaz. Sonelgaz dans son programme 2012-2017 vise à investir, avec l'appui du gouvernement pour lui permettre d'augmenter sa production de 8.000 Mégawatts supplémentaires, portant le total à 12.000 Mégawatts. Aussi, il y a risque d'aller vers 70-75 milliards mètres cubes gazeux à l'horizon 2017-2020 de consommation intérieure, dépassant le volume des exportations de 2012.
En plus des contraintes tant sociales que techniques internes, du fait de la concurrence et de la crise mondiale, beaucoup de fournisseurs ont révisé à la baisse la demande algérienne et Sonatrach peine à exporter 55-60 milliards de mètres cubes gazeux, loin des exportations des années 2007-2008.
En prenant l'hypothèse d'exportation de 85 milliards mètres cubes gazeux prévu par le ministère de l'Energie et 70-75 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieures, il faudrait produire dès 2017 entre 155 et 160 milliards de mètres cubes gazeux, en cas de non-découvertes substantielles rentables, cela nous donne une durée de vie à l'horizon 2030 maximum pour le gaz conventionnel et 2020-2025 pour le pétrole conventionnel.
En conclusion, sans une révision de l'actuelle politique socio-économique, l'Algérie va droit au mur avec des tensions sociales de plus en plus aiguës. Ce d'autant plus au vu des analyses précédentes que les extrapolations d'exportation de 85 milliards de mètres cubes gazeux prévus dès 2014 est incertaine. D'où l'urgence de passer d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures grâce, comme le souligne mon ami Jean Louis Guigou,
à des co-localisations et des co-partenariats gagnants/gagnants s'insérant dans le cadre des valeurs internationales dont son espace naturel est l'espace euro-méditerranéen et euro-africain, devant insister sur l'intégration du Maghreb pont entre l'Europe et l'Afrique qui devrait tirer la croissance de l'économie mondiale à l'horizon 2030.
*) Professeur des universités, expert international en management stratégique.
1.- Selon nos calculs, le ratio global de la masse salariale sur le PIB total administration et secteur économique serait de 22,10% en 1991, 20% en 2001 et 19,60% en 2006. Selon l'enquête publiée en 2012 par l'ONS (couvrant la période 2006-2011), la masse salariale est passée de 19,5 en milliards de dollars en 2006 22,4 en 2007, 27,8 en 2008, 30,9 en 2009, 37,9 en 2010 et 49,6 en 2011.
Au vu que, selon le FMI, le PIB algérien a été de 158,97 milliards de dollars en 2010, 183,4 en 2011, le ratio PIB sur masse salariale est passé de 23,77% en 2010, à 26,99% en 2011 et tendrait vers plus de 40% en 2013 ; les plus grandes augmentations salariales ayant eu lieu en 2012, ce qui est vraiment inquiétant.
C'est que ces augmentations n'ont pas entraîné une hausse de la productivité. D'ailleurs, une des plus faibles au niveau du bassin méditerranéen, les subventions servant de tampon social afin d'éviter un taux d'inflation à deux chiffres où, d'ailleurs, la valeur réelle du dinar et le pouvoir d'achat des Algériens sont corrélée à plus de 70% aux recettes d'hydrocarbures. Mais attention de ne pas se tromper de cibles en ayant une stratégique globale et de ne pas s'attaquer uniquement aux salaires.
L'attention doit être également du côté des revenus spéculatifs du fait qu'une minorité capte une grande fraction de la rente assistant à une concentration excessive du revenu national au profit d'une minorité non les producteurs de richesses. Aussi, le rapport du FMI rejoint celui du Forum économique mondial (WEF) du 14 novembre 2013 qui révèle que fortement secoués depuis deux ans par des crises politiques à répétition, les pays d'Afrique du Nord, dont fait partie l'Algérie, sont à l'aube d'une crise majeure et sont une source d'inquiétude, ces pays traversant une crise morale du fait du manque de valeurs au niveau du leadership.
Le fossé entre les riches et les pauvres devient de plus en plus grand et tandis que l'écart de revenus renforce les inégalités en matière de richesse, l'éducation, la santé et la mobilité sociale sont toutes menacées. L'étude met en garde contre les conséquences pernicieuses du chômage :
« Une génération qui commence sa carrière dans un désespoir complet sera plus encline aux politiques populistes » alors que « l'ampleur de la récession mondiale et le rythme du rétablissement ont laissé des cicatrices profondes, spécialement parmi la jeunesse et qu'il y a maintenant un consensus croissant selon lequel la région Mena, Proche-Orient et Afrique du Nord est à l'orée d'une période d'incertitude croissante. Ainsi, l'on peut tirer trois remarques de ce rapport.
2.- L'économie algérienne est fortement dépendante des fluctuations du cours des hydrocarbures. Après 50 années d'indépendance, en 2013, Sonatrach est l'Algérie et l'Algérie est Sonatrach ; 70% du pouvoir d'achat des Algériens dépendant de cette rente. Au sein de l'économie algérienne, 98% des exportations du pays sont issues des seuls hydrocarbures et important environ 70-75% des besoins des ménages et des entreprises publiques, dont le taux d'intégration ne dépasse pas les 15%. Sonatrach a généré quelque 660 milliards de dollars de recettes en devises entre 2000 et 2013, selon ses bilans.
Certes, il existe une stabilisation macro-économique mais elle est relative : le taux d'inflation est comprimé par les subventions généralisées et non ciblées source de gaspillage avec la prédominance des emplois rentes à très faible valeur ajoutée (plus de deux millions de fonctionnaires) et une dépense publique sans précédent depuis l'indépendance politique de 500 milliards de dollars entre 2004 et 2013 (parts devises et dinars).
Tout n'a pas été dépensé, mais aucun bilan réel à ce jour, du fait de la faiblesse des capacités d'absorption, avec ce paradoxe, un PIB algérien qui reste modeste, estimé par le FMI en 2013 à 216 milliards de dollars en 2013 contre 209 en 2012. Pour une population d'environ 38 millions d'habitants, en 2013, le PIB algérien représente 0,29% du PIB mondial. Entre 2000 et 2013, le taux de croissance moyen n'a pas dépassé les 3% alors qu'il aurait dû être de plus de 10% avec une contraction en 2013 par rapport à 2012, passant de 3,3% à 2,7%, témoignant de la mauvaise allocation des ressources, de la non-maîtrise de la gestion pour ne pas dire corruption.
3.- Le FMI met en relief l'importance des réserves de change. Grâce aux hydrocarbures, les réserves de change devraient atteindre 203 milliards de dollars contre 190 au 31/12/2012, auquel il faut ajouter les 173 tonnes d'or. Environ 80-83% de ces réserves sont placées en majorité en bons de trésor américains et en obligations européennes à un taux fixe fluctuant entre 2,25 et 3%, réserves. Mais les prévisions du FMI laissent sceptiques certains experts dans la mesure où l'accroissement des importations et la baisse des recettes des hydrocarbures durant le second semestre 2013 peuvent contredire ces extrapolations.
En effet, les importations pourraient atteindre 60 milliards de dollars fin 2013, si la même tendance du premier semestre se confirme, montant auquel il faudra ajouter plus de 12 milliards de dollars de services. En continuant à dépenser sans compter, le gouverneur de la Banque d'Algérie avait averti que l'Algérie ne pouvait continuer à fonctionner sur la base d'un cours de 110/115 dollars et le rapport de l'Opep de juillet 2013 prévoyait que l'économie algérienne fonctionnerait sur la base d'un cours de 125 dollars pour l'année 2013. Cela accroît le déficit budgétaire et, à cette allure, le fonds de régulation des recettes devrait s'épuiser au bout de trois ans. Dès lors, le FMI s'inquiète de la part négligeable des sections hors hydrocarbures.
L'industrie représente moins de 5% du produit intérieur brut montrant le dépérissement du tissu productif. La dernière enquête de l'ONS montre la dominance des micro-unités peu initiées au management stratégique et aux nouvelles technologies, environ 97%, le petit commerce services qui représentent 83% du tissu économique, et la sphère informelle, notamment marchande plus de 50% de la superficie économique.
Pour le FMI, la détérioration du climat des affaires freine les investissements productifs, notamment le secteur privé, notamment la bureaucratie paralysante, un système financier inadapté, une baisse du niveau de l'éducation du primaire au supérieur, l'éducation ne collant pas avec l'environnement (plus de 1,5 million d'étudiants cumul 2013-2017 sortiront des universités vers 2017) et l'épineux problème du foncier.
4.- Le FMI s'inquiète de la baisse des exportations d'hydrocarbures. Toute cette problématique renvoie à terme à l'épuisement de ses réserves traditionnelles en hydrocarbures à moyen terme et à la concurrence internationale russe, notamment du géant Gazprom à travers le North et South Stream, plus de 120 milliards de mètres cubes gazeux pour l'Europe, opérationnel tous deux avant 2017, expliquant le gel du projet gazoduc Galsi.
L'arrivée sur le marché mondial du gaz et pétrole de schiste américain constitue une autre contrainte qui, selon l'AIE, deviendrait à l'horizon 2017-2020 le premier producteur mondial de pétrole et de gaz. Or, 25% des recettes de Sonatrach proviennent des USA, soit entre 17-22 milliards de dollars/an selon les cours. Quelle seront les nouveaux marchés de Sonatrach face à la concurrence des Etats- Unis d'Amérique ?
Quels seront les impacts des décisions du Conseil européen qui vient d'approuver l'accord énergétique stratégique entre l'Algérie et les 27 pays de l'Union européenne le 15 avril 2013 signé à Alger à l'occasion de la visite du président de la Commission européenne début juillet 2013 ? Ce qui est sûr, c'est que le problème de l'indexation du prix du gaz sur celui du pétrole est de plus en plus remis en cause, pénalisant Sonatrach qui devra s'adapter à la nouvelle stratégie gazière mondiale.
Devant certes prendre avec précaution les déclarations récentes du P-DG de Sonatrach en date du 24 février 2013 ( les réserves se calculant selon le couple coût-prix international et la concurrence des énergies substituables), les réserves algériennes en gaz conventionnel seraient de 2.000 milliards de mètres cubes gaz, loin des données euphoriques de 4.500 ( données internationales de 2004 qui n'ont pas été réactualisées) soit 1,3% des réserves mondiales et pour le pétrole moins de 0,8% des réserves mondiales.
Cela est intimement lié à la généralisation des subventions où l'Algérie est un des pays qui subventionne le plus les carburants et l'électricité, une des causes de la forte consommation énergétique intérieure. En 2012, paradoxalement, les ménages viennent en première positon bien avant les entreprises démontrant le dépérissement du tissu productif.
Selon le Creg, la consommation a été d'environ 25-30 milliards de mètres cubes gazeux avec une extrapolation de 50 milliards de mètres cubes gazeux à l'horizon 2017-2020. Mais ce montant a été calculé avant l'annonce des nouveaux projets consommateurs d'une grande quantité de pétrole et de gaz. Aussi, la consommation intérieure risque d'être fortement augmentée (pour rappel le prix de l'électricité est plafonné depuis le décret de 2005 expliquant en partie le déficit structurel de Sonelgaz qui est passé de 41 milliards de dinars en 2011 à 44 milliards de dinars en 2012, après les décisions courant 2012 d'installer d'importantes capacités d'électricité fonctionnant au gaz.
Avec l'augmentation des capacités, en cas de non-révision des prix, ce déficit risque de doubler. En effet, suite aux coupures récurrentes d'électricité, il a été décidé de doubler la capacité d'électricité à partir des turbines de gaz. Sonelgaz dans son programme 2012-2017 vise à investir, avec l'appui du gouvernement pour lui permettre d'augmenter sa production de 8.000 Mégawatts supplémentaires, portant le total à 12.000 Mégawatts. Aussi, il y a risque d'aller vers 70-75 milliards mètres cubes gazeux à l'horizon 2017-2020 de consommation intérieure, dépassant le volume des exportations de 2012.
En plus des contraintes tant sociales que techniques internes, du fait de la concurrence et de la crise mondiale, beaucoup de fournisseurs ont révisé à la baisse la demande algérienne et Sonatrach peine à exporter 55-60 milliards de mètres cubes gazeux, loin des exportations des années 2007-2008.
En prenant l'hypothèse d'exportation de 85 milliards mètres cubes gazeux prévu par le ministère de l'Energie et 70-75 milliards de mètres cubes gazeux de consommation intérieures, il faudrait produire dès 2017 entre 155 et 160 milliards de mètres cubes gazeux, en cas de non-découvertes substantielles rentables, cela nous donne une durée de vie à l'horizon 2030 maximum pour le gaz conventionnel et 2020-2025 pour le pétrole conventionnel.
En conclusion, sans une révision de l'actuelle politique socio-économique, l'Algérie va droit au mur avec des tensions sociales de plus en plus aiguës. Ce d'autant plus au vu des analyses précédentes que les extrapolations d'exportation de 85 milliards de mètres cubes gazeux prévus dès 2014 est incertaine. D'où l'urgence de passer d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures grâce, comme le souligne mon ami Jean Louis Guigou,
à des co-localisations et des co-partenariats gagnants/gagnants s'insérant dans le cadre des valeurs internationales dont son espace naturel est l'espace euro-méditerranéen et euro-africain, devant insister sur l'intégration du Maghreb pont entre l'Europe et l'Afrique qui devrait tirer la croissance de l'économie mondiale à l'horizon 2030.
*) Professeur des universités, expert international en management stratégique.


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