Il y a 58 ans, jour pour jour, le 19 mai 1956, des étudiants et des lycéens algériens désertaient les amphithéâtres pour rejoindre les maquis. Cette grève des étudiants a constitué une étape charnière du mouvement national qui a permis de mettre à nu l'imposture du colonialisme et sa perfide propagande. Il y a 58 ans, jour pour jour, le 19 mai 1956, des étudiants et des lycéens algériens désertaient les amphithéâtres pour rejoindre les maquis. Cette grève des étudiants a constitué une étape charnière du mouvement national qui a permis de mettre à nu l'imposture du colonialisme et sa perfide propagande. « ...avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ! A quoi donc serviraient ces diplômes qu'on continue à nous offrir, pendant que notre peuple lutte héroïquement... », s'étaient écriés les étudiants et lycéens algériens conscients de l'importance de leurs engagement et lutte pour la libération de leur peuple. Beaucoup d'entre eux abandonneront leurs études avant de rejoindre le FLN/ALN. Créée en 1955 à Paris, l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) va très vite servir de cadre pour le recrutement des cadres de la Révolution devant opérer dans les maquis. L'Algérie indépendante fera de cette date du 19 mai la Journée nationale de l'étudiant. La grève des étudiants et lycéens algériens a, donc, été largement suivie en signe de soutien à la Révolution. L'Ugema décide de s'impliquer dans la lutte en appelant les étudiants à la grève illimitée à partir du 19 mai 1956 et à se mettre à la disposition du Front de libération nationale (FLN). L'appel à la cessation immédiate des cours et des examens, inspiré par le FLN, a été lancé à l'initiative des membres de la section de l'université d'Alger de l'Ugema lors d'une assemblée générale des étudiants le 18 mai au Cercle Saâdane (Casbah). Dans un tract diffusé dans le milieu universitaire à l'issue de cette réunion, les rédacteurs axent leur propos sur l'impossibilité de poursuivre les études à l'Université d'Alger pour les étudiants «musulmans », dont plusieurs de leurs camarades ont été soient assassinés, arbitrairement arrêtés ou affreusement torturés par la police coloniale. La guerre des « étudiants » Du fait de la guerre, les étudiants « musulmans » qui voulaient suivre assidument les cours à l'université ou aux lycées étaient également livrés à la merci des étudiants européens et des professeurs plus que jamais acquis à la thèse de l'« Algérie française ». Le contexte étant défini, le tract interpelle vigoureusement les étudiants « musulmans » : « Notre passivité face à la guerre qu'on mène sous nos yeux nous rend complices des accusations ignobles dont notre vaillante armée nationale est l'objet. La fausse quiétude dans laquelle nous sommes installés ne satisfait plus nos consciences. Notre devoir nous appelle à d'autres tâches plus urgentes, plus impératives, plus catégoriques, plus glorieuses. » « Il faut déserter les bancs de l'Université pour le maquis. Il faut rejoindre en masse les rangs de l'Armée de libération nationale et son organisme politique le FLN. Etudiants et intellectuels algériens, pour le monde qui nous observe, pour la nation qui nous appelle, pour le destin héroïque de notre pays, serions-nous des renégats ? », conclut l'appel. Pour Guy Pervillé qui a réalisé une enquête sur « les étudiants algériens de l'université française 1880-1962 », le terme de « renégat » était jeté à la fin du tract comme un coup de fouet pour provoquer un « sursaut de fierté » chez les étudiants en les amenant à rejoindre la lutte armée dans le maquis. En concertation avec le FLN, le comité directeur de l'Ugema entérine, le 25 mai à Paris, l'appel de sa section d'Alger à une grève générale et immédiate et décide d'étendre ce mot d'ordre à tous les étudiants algériens en France, au Maroc et en Tunisie. Pour éviter d'entrer dans l'illégalité, le comité n'a pas repris à son compte l'appel à rejoindre le maquis. Il en a profité pour lancer une campagne destinée à sensibiliser l'opinion française sur la gravité de la situation en Algérie et de la nécessité des négociations comme seul moyen d'en sortir. Dans sa déclaration du 25 mai, l'Ugema a aussi réaffirmé son respect et sa considération à la culture française et a rendu un vibrant hommage à tous les professeurs pour leur dévouement. Elle a insisté sur le fait que la grève ne signifie pas la rupture des étudiants «musulmans» avec l'université française. « En agissant de la sorte, le comité directeur de l'Ugema se situait pleinement dans la continuité de la ligne de conduite suivie depuis toujours par le mouvement nationaliste révolutionnaire algérien qui, chaque fois, faisait clairement une distinction nette entre le colonialisme et le peuple français », écrit Bélaïd Abdesselam, membre fondateur de l'Ugema. Dans les jours qui ont suivi le déclenchement de la grève, beaucoup d'étudiants et de lycéens ont rejoint les structures de l'ALN et du FLN afin de participer à la libération de leur pays du joug colonial. Parmi eux, il y a ceux qui ont marqué l'histoire de la Révolution par leurs actions. A ce titre, il y a lieu de citer, notamment, Bénali Boudghène (colonel Lotfi), Mohamed Touati (commandant Chaâbane), Allaoua Benbatouche (cadre dans la wilaya II), Amara Rachid, Mekki Hihi (responsable dans la wilaya I), Hassiba Benbouali, Fadéla Saâdane, Mériem Bouattoura et Malika Kherchi. Le plein engagement des étudiants et des lycéens dans la Révolution trouve surtout son illustration dans le combat mené par le jeune Taleb Abderrahmane, artificier de la Zone autonome d'Alger, guillotiné le 24 avril 1958 à l'âge de 28 ans. En mai 1956, plusieurs étudiants « musulmans » en France avaient critiqué le mot d'ordre de la grève illimitée en ce qu'il met en danger l'avenir de l'Algérie indépendante qui serait privée de cadres universitaires. Cette préoccupation a fini par être partagée par un grand nombre d'étudiants grévistes qui ont exprimé le souhait de reprendre leur place à l'université. Dans ce cadre, l'Ugema et la Fédération de France du FLN ont adressé un rapport au CNRA (Conseil national de la Révolution algérienne), réuni au Caire le 23 août 1957, et au CCE (Comité d'exécution et de coordination), les informant de la demande des étudiants de vouloir reprendre les études. Après l'accord du CCE, le comité directeur de l'Ugema, réuni à Paris les 21 et 22 septembre 1957, a décidé, à l'unanimité, la levée de la grève à partir de la rentrée scolaire 1957-1958. Il a également lancé un appel à tous les écoliers, lycéens et étudiants pour la reprise des cours à tous les échelons de l'enseignement. Le boycott de l'Uuniversité d'Alger, fief des mouvements estudiantins partisans acharnés de l'« Algérie française », a été décrété dans le prolongement de la grève. Certains étudiants n'ont pas respecté cette consigne au moment où d'autres sont allés s'inscrire dans les universités en France.Leur nombre est inconnu, mais les statistiques disponibles montrent que étudiants algériens (européens et musulmans) inscrits en France, qui étaient 2.080 à la rentrée de 1955, a chuté à 1.811 après la grève avant de remonter à 2.190 à la reprise des cours en 1957. A partir de là, les autorités françaises cessent de tolérer l'Ugema. Elles arrêtent son secrétaire général, Mohamed Khemisti, le 12 novembre 1957, et prononce la dissolution de l'association le 27 janvier 1958. Ses responsables furent arrêtés et ses locaux réquisitionnés dès le lendemain 28 janvier. « ...avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres ! A quoi donc serviraient ces diplômes qu'on continue à nous offrir, pendant que notre peuple lutte héroïquement... », s'étaient écriés les étudiants et lycéens algériens conscients de l'importance de leurs engagement et lutte pour la libération de leur peuple. Beaucoup d'entre eux abandonneront leurs études avant de rejoindre le FLN/ALN. Créée en 1955 à Paris, l'Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema) va très vite servir de cadre pour le recrutement des cadres de la Révolution devant opérer dans les maquis. L'Algérie indépendante fera de cette date du 19 mai la Journée nationale de l'étudiant. La grève des étudiants et lycéens algériens a, donc, été largement suivie en signe de soutien à la Révolution. L'Ugema décide de s'impliquer dans la lutte en appelant les étudiants à la grève illimitée à partir du 19 mai 1956 et à se mettre à la disposition du Front de libération nationale (FLN). L'appel à la cessation immédiate des cours et des examens, inspiré par le FLN, a été lancé à l'initiative des membres de la section de l'université d'Alger de l'Ugema lors d'une assemblée générale des étudiants le 18 mai au Cercle Saâdane (Casbah). Dans un tract diffusé dans le milieu universitaire à l'issue de cette réunion, les rédacteurs axent leur propos sur l'impossibilité de poursuivre les études à l'Université d'Alger pour les étudiants «musulmans », dont plusieurs de leurs camarades ont été soient assassinés, arbitrairement arrêtés ou affreusement torturés par la police coloniale. La guerre des « étudiants » Du fait de la guerre, les étudiants « musulmans » qui voulaient suivre assidument les cours à l'université ou aux lycées étaient également livrés à la merci des étudiants européens et des professeurs plus que jamais acquis à la thèse de l'« Algérie française ». Le contexte étant défini, le tract interpelle vigoureusement les étudiants « musulmans » : « Notre passivité face à la guerre qu'on mène sous nos yeux nous rend complices des accusations ignobles dont notre vaillante armée nationale est l'objet. La fausse quiétude dans laquelle nous sommes installés ne satisfait plus nos consciences. Notre devoir nous appelle à d'autres tâches plus urgentes, plus impératives, plus catégoriques, plus glorieuses. » « Il faut déserter les bancs de l'Université pour le maquis. Il faut rejoindre en masse les rangs de l'Armée de libération nationale et son organisme politique le FLN. Etudiants et intellectuels algériens, pour le monde qui nous observe, pour la nation qui nous appelle, pour le destin héroïque de notre pays, serions-nous des renégats ? », conclut l'appel. Pour Guy Pervillé qui a réalisé une enquête sur « les étudiants algériens de l'université française 1880-1962 », le terme de « renégat » était jeté à la fin du tract comme un coup de fouet pour provoquer un « sursaut de fierté » chez les étudiants en les amenant à rejoindre la lutte armée dans le maquis. En concertation avec le FLN, le comité directeur de l'Ugema entérine, le 25 mai à Paris, l'appel de sa section d'Alger à une grève générale et immédiate et décide d'étendre ce mot d'ordre à tous les étudiants algériens en France, au Maroc et en Tunisie. Pour éviter d'entrer dans l'illégalité, le comité n'a pas repris à son compte l'appel à rejoindre le maquis. Il en a profité pour lancer une campagne destinée à sensibiliser l'opinion française sur la gravité de la situation en Algérie et de la nécessité des négociations comme seul moyen d'en sortir. Dans sa déclaration du 25 mai, l'Ugema a aussi réaffirmé son respect et sa considération à la culture française et a rendu un vibrant hommage à tous les professeurs pour leur dévouement. Elle a insisté sur le fait que la grève ne signifie pas la rupture des étudiants «musulmans» avec l'université française. « En agissant de la sorte, le comité directeur de l'Ugema se situait pleinement dans la continuité de la ligne de conduite suivie depuis toujours par le mouvement nationaliste révolutionnaire algérien qui, chaque fois, faisait clairement une distinction nette entre le colonialisme et le peuple français », écrit Bélaïd Abdesselam, membre fondateur de l'Ugema. Dans les jours qui ont suivi le déclenchement de la grève, beaucoup d'étudiants et de lycéens ont rejoint les structures de l'ALN et du FLN afin de participer à la libération de leur pays du joug colonial. Parmi eux, il y a ceux qui ont marqué l'histoire de la Révolution par leurs actions. A ce titre, il y a lieu de citer, notamment, Bénali Boudghène (colonel Lotfi), Mohamed Touati (commandant Chaâbane), Allaoua Benbatouche (cadre dans la wilaya II), Amara Rachid, Mekki Hihi (responsable dans la wilaya I), Hassiba Benbouali, Fadéla Saâdane, Mériem Bouattoura et Malika Kherchi. Le plein engagement des étudiants et des lycéens dans la Révolution trouve surtout son illustration dans le combat mené par le jeune Taleb Abderrahmane, artificier de la Zone autonome d'Alger, guillotiné le 24 avril 1958 à l'âge de 28 ans. En mai 1956, plusieurs étudiants « musulmans » en France avaient critiqué le mot d'ordre de la grève illimitée en ce qu'il met en danger l'avenir de l'Algérie indépendante qui serait privée de cadres universitaires. Cette préoccupation a fini par être partagée par un grand nombre d'étudiants grévistes qui ont exprimé le souhait de reprendre leur place à l'université. Dans ce cadre, l'Ugema et la Fédération de France du FLN ont adressé un rapport au CNRA (Conseil national de la Révolution algérienne), réuni au Caire le 23 août 1957, et au CCE (Comité d'exécution et de coordination), les informant de la demande des étudiants de vouloir reprendre les études. Après l'accord du CCE, le comité directeur de l'Ugema, réuni à Paris les 21 et 22 septembre 1957, a décidé, à l'unanimité, la levée de la grève à partir de la rentrée scolaire 1957-1958. Il a également lancé un appel à tous les écoliers, lycéens et étudiants pour la reprise des cours à tous les échelons de l'enseignement. Le boycott de l'Uuniversité d'Alger, fief des mouvements estudiantins partisans acharnés de l'« Algérie française », a été décrété dans le prolongement de la grève. Certains étudiants n'ont pas respecté cette consigne au moment où d'autres sont allés s'inscrire dans les universités en France.Leur nombre est inconnu, mais les statistiques disponibles montrent que étudiants algériens (européens et musulmans) inscrits en France, qui étaient 2.080 à la rentrée de 1955, a chuté à 1.811 après la grève avant de remonter à 2.190 à la reprise des cours en 1957. A partir de là, les autorités françaises cessent de tolérer l'Ugema. Elles arrêtent son secrétaire général, Mohamed Khemisti, le 12 novembre 1957, et prononce la dissolution de l'association le 27 janvier 1958. Ses responsables furent arrêtés et ses locaux réquisitionnés dès le lendemain 28 janvier.