Ils étaient jeunes, même trop jeunes pour certains d'entre eux, pour avoir osé dire non, à leur manière, à l'occupation française et à l'oppression. Ils étaient jeunes, peut-être, mais pleins de fougue et d'audace pour avoir défié l'occupant à un moment où la guerre de libération prenait forme. Ces jeunes universitaires et lycéens avaient répondu favorablement à l'appel historique du 19 mai 1956 en renonçant à leurs études, voire leur avenir. Un avenir incertain en temps de guerre, même si certains d'entre les étudiants caressaient un quelconque rêve. En un revers de main ce rêve fut balayé parce que les étudiants avaient pris conscience que leur avenir était ailleurs. C'est alors qu'ils décidèrent de quitter les amphithéâtres et les salles de classes des lycées pour rejoindre leurs frères au maquis. Au départ de cette décision fut la grève des étudiants largement suivie, même par les élèves du primaire. En répondant à l'appel de l'Union Générale des Etudiants Musulmans Algériens (l'UGEMA), le 19 mai 1956, les étudiants algériens ont observé une grève illimitée des cours et des examens et ce, en accord avec la direction du FLN. Il importe de souligner que l'année 1956 fut une année riche en événements : le 7 mars, le Maroc obtient son indépendance suivi de la Tunisie, le 20 du mois. Devenus indépendants, ces deux pays vont jouer un rôle important dans la révolution algérienne du fait que l'un et l'autre accueillirent sur leur sol les étudiants algériens après qu'ils eurent rejoint le maquis. En ce jour mémorable, les étudiants algériens avaient crié haut et fort leur désir ardent d'être libres. Leur slogan « Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres » était assez significatif, laissant présager que leur choix était définitif. Pour eux, c'était la seule voie à prendre pour dire non à la répression et aux massacres des populations dont ils étaient témoins. Trois mois après, soit le 20 août de la même année, ce fut l'organisation du Congrès de la Soummam. Tous ces événements ont conduit les forces françaises à sévir davantage en instituant la torture à l'encontre de tous ceux qui étaient soupçonnés d'aider, de quelque manière que ce soit, le FLN. C'est ainsi que les crimes de sang sont devenus monnaie courante. Le 28 janvier de l'année 1958 l'UGEMA est dissoute par décret des autorités françaises, croyant mettre définitivement fin aux activités de ladite union. Interdite en Algérie, l'UGEMA s'installe à Tunis où elle activera de 1959 à 1962. Pour conclure, une question mérite d'être posée : que reste –t-il de cette date, plus que symbolique ? Le hasard a voulu que le 8 mai 1968, douze années plus tard, en France, des étudiants manifestent dans les rues de Paris et occupent la célèbre Sorbonne. Auraient-ils été influencés par les étudiants algériens ?