Portrait non daté de l'écrivain irlandais d'expression française Samuel Beckett, dont une correspondance littéraire paraît le 20 mai 2014 en France chez Gallimard. "Je trouve qu'il est de plus en plus difficile d'écrire, même des lettres à mes amis", affirmait en 1936 Samuel Beckett, qui en rédigea pourtant plus de 15.000 : Portrait non daté de l'écrivain irlandais d'expression française Samuel Beckett, dont une correspondance littéraire paraît le 20 mai 2014 en France chez Gallimard. "Je trouve qu'il est de plus en plus difficile d'écrire, même des lettres à mes amis", affirmait en 1936 Samuel Beckett, qui en rédigea pourtant plus de 15.000 : cette correspondance littéraire, l'une des plus importantes du XXe siècle, paraît le 20 mai chez Gallimard. Ce premier volume de quelque 800 pages publié dans la collection blanche, relié toile, Lettres I - 1929-1940" (55 euros), sera suivi de trois autres. Ces "Lettres" découlent d'un choix. Une édition complète aurait nécessité une vingtaine de volumes ! Les quatre tomes présenteront environ 2.500 lettres, sélectionnées pour la première fois sur une période de soixante ans et adressées à tout l'éventail de ses destinataires, auxquelles s'ajoutent les 5.000 citées dans les notes. D'origine irlandaise et d'expression française et anglaise, Samuel Beckett (1906-1989) est avant tout associé au théâtre de l'absurde. Il a écrit ses plus célèbres pièces en français, "En attendant Godot", "Fin de partie", "Oh les beaux jours !". Il est aussi romancier ("Molloy", "Malone meurt", "L'Innommable"...) et a reçu le Nobel de littérature en 1969. Obsédé par la déchéance physique Après s'y être longtemps opposé, Beckett avait autorisé en 1985 l'édition de ses lettres mais la complexité de sa langue, la dispersion de la correspondance, les complications du droit de propriété littéraire et les négociations avec ses héritiers ont contribué à retarder leur publication. Ces "Lettres", présentées par ordre chronologique, offrent un portrait vivant de l'écrivain, fidèle en amitié, monstre d'érudition, passionné par la littérature et la peinture européennes, à l'humour parfois féroce et naviguant avec aisance entre l'anglais, le français, l'italien et l'allemand. Polyglotte impressionnant, Beckett parlait couramment au moins cinq langues et en connaissait beaucoup plus... On découvre aussi un Beckett plus intime: jeune auteur en quête d'un éditeur, essuyant refus sur refus. Son obsession de la maladie, de la déchéance physique, ses angoisses, dont il plaisante: "Cher Tom, pardonne-moi de ne pas t'avoir répondu plus tôt. Toutes sortes de circonstances mélancoliques imaginaires pour m'excuser", écrit-il à son ami Thomas McGreevy, en décembre 1931. Le lien primordial avec Joyce Ces lettres confirment aussi l'importance de sa relation avec James Joyce et l'influence énorme de son compatriote sur ses écrits ou encore sa familiarité avec l'oeuvre de Dante, de Goethe, Racine et Proust. Pendant la période couverte par ce premier volume, Beckett est lecteur d'anglais à Paris à l'Ecole Normale Supérieure, puis revient en 1930 à Dublin pour enseigner au Trinity Collège. Il démissionne au bout d'un an et demi. "Un charmant petit con médaillé d'or sera nommé suppléant pour un trimestre jusqu'à ce qu'ils puissent trouver une personne réellement responsable", écrit-il avec humour à son ami Tom après sa démission. Beckett retourne à Paris, avant de gagner Londres, où il suit une psychanalyse à la Tavistock Clinic. Il voyage à travers l'Allemagne entre 1936 et 1937, avant de s'installer de nouveau à Paris, rue des Favorites, dans le XVème arrondissement, à l'aube de la Seconde guerre mondiale. Séjournant en Irlande au début des hostilités, il retraverse la Manche le 4 septembre 1939 et demande le 26 à servir la France. Le 6 décembre, il écrit à ses amis Reavey à Londres: "je n'ai aucune nouvelle de ma démarche. Ce que je voulais c'était surtout leur accusé de réception et cela ils me l'ont donné". Un peu plus loin, il raconte : "J'ai rencontré Kandinsky l'autre jour. Sympathique vieux Sibérien". Le peintre est en fait né à Moscou. Recruté dans la Résistance, Beckett recevra la Croix de guerre et la médaille de la Résistance. L'édition des "Lettres" a été établie par George Craig, Martha Dow Fehsenfeld, Dan Gunn et Lois More Overbeck. André Topia en a assuré la traduction de l'anglais. cette correspondance littéraire, l'une des plus importantes du XXe siècle, paraît le 20 mai chez Gallimard. Ce premier volume de quelque 800 pages publié dans la collection blanche, relié toile, Lettres I - 1929-1940" (55 euros), sera suivi de trois autres. Ces "Lettres" découlent d'un choix. Une édition complète aurait nécessité une vingtaine de volumes ! Les quatre tomes présenteront environ 2.500 lettres, sélectionnées pour la première fois sur une période de soixante ans et adressées à tout l'éventail de ses destinataires, auxquelles s'ajoutent les 5.000 citées dans les notes. D'origine irlandaise et d'expression française et anglaise, Samuel Beckett (1906-1989) est avant tout associé au théâtre de l'absurde. Il a écrit ses plus célèbres pièces en français, "En attendant Godot", "Fin de partie", "Oh les beaux jours !". Il est aussi romancier ("Molloy", "Malone meurt", "L'Innommable"...) et a reçu le Nobel de littérature en 1969. Obsédé par la déchéance physique Après s'y être longtemps opposé, Beckett avait autorisé en 1985 l'édition de ses lettres mais la complexité de sa langue, la dispersion de la correspondance, les complications du droit de propriété littéraire et les négociations avec ses héritiers ont contribué à retarder leur publication. Ces "Lettres", présentées par ordre chronologique, offrent un portrait vivant de l'écrivain, fidèle en amitié, monstre d'érudition, passionné par la littérature et la peinture européennes, à l'humour parfois féroce et naviguant avec aisance entre l'anglais, le français, l'italien et l'allemand. Polyglotte impressionnant, Beckett parlait couramment au moins cinq langues et en connaissait beaucoup plus... On découvre aussi un Beckett plus intime: jeune auteur en quête d'un éditeur, essuyant refus sur refus. Son obsession de la maladie, de la déchéance physique, ses angoisses, dont il plaisante: "Cher Tom, pardonne-moi de ne pas t'avoir répondu plus tôt. Toutes sortes de circonstances mélancoliques imaginaires pour m'excuser", écrit-il à son ami Thomas McGreevy, en décembre 1931. Le lien primordial avec Joyce Ces lettres confirment aussi l'importance de sa relation avec James Joyce et l'influence énorme de son compatriote sur ses écrits ou encore sa familiarité avec l'oeuvre de Dante, de Goethe, Racine et Proust. Pendant la période couverte par ce premier volume, Beckett est lecteur d'anglais à Paris à l'Ecole Normale Supérieure, puis revient en 1930 à Dublin pour enseigner au Trinity Collège. Il démissionne au bout d'un an et demi. "Un charmant petit con médaillé d'or sera nommé suppléant pour un trimestre jusqu'à ce qu'ils puissent trouver une personne réellement responsable", écrit-il avec humour à son ami Tom après sa démission. Beckett retourne à Paris, avant de gagner Londres, où il suit une psychanalyse à la Tavistock Clinic. Il voyage à travers l'Allemagne entre 1936 et 1937, avant de s'installer de nouveau à Paris, rue des Favorites, dans le XVème arrondissement, à l'aube de la Seconde guerre mondiale. Séjournant en Irlande au début des hostilités, il retraverse la Manche le 4 septembre 1939 et demande le 26 à servir la France. Le 6 décembre, il écrit à ses amis Reavey à Londres: "je n'ai aucune nouvelle de ma démarche. Ce que je voulais c'était surtout leur accusé de réception et cela ils me l'ont donné". Un peu plus loin, il raconte : "J'ai rencontré Kandinsky l'autre jour. Sympathique vieux Sibérien". Le peintre est en fait né à Moscou. Recruté dans la Résistance, Beckett recevra la Croix de guerre et la médaille de la Résistance. L'édition des "Lettres" a été établie par George Craig, Martha Dow Fehsenfeld, Dan Gunn et Lois More Overbeck. André Topia en a assuré la traduction de l'anglais.