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Le SNPSP dénonce "l'influence des lobbys"
Projet de loi sur la santé
Publié dans Le Midi Libre le 08 - 04 - 2018

Le Dr Merabet Lyes, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a dénoncé l'influence qu'ont eu "les lobbys du secteur privé" sur laconfection du projet de loi sur la santé.
Le Dr Merabet Lyes, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a dénoncé l'influence qu'ont eu "les lobbys du secteur privé" sur laconfection du projet de loi sur la santé.
C'est en marge de la conférence de presseconjointe du Camraet du SNPSP que le DrMerabet a dénoncé le texte quiest, selon lui, "un projet faitsur mesure pour le lobby dusecteur privé et tous ceux quiont intérêt à consolider et àrenforcer la prédominance dusecteur privé dans le systèmede santé algérien"
.Pour le président du SNPSP, la confection de ce projet deloi a été réalisée sans concertationavec les partenairessociaux. Son syndicat n'ajamais été sollicité pour formuler ses propositions. Une mise à l'écart des syndicats et des partenaires sociauxqui est, selon le Dr Merabet,de "la responsabilité de l'ancienministre de la Santé, M.Boudiaf, qui n'a pas respectéson engagement d'installer une commission nationale qui devait être chargée de réfléchirsur un avant-projet consensuel que défendaient lespartenaires sociaux". Le projet de loi sur la santé a "une orientation qui ne va pas dans le sens de l'intérêt général de la population par rapport, notamment, à l'accèsaux soins", a dénoncé le Dr Merabet.
L'interdiction de l'activité complémentaire abandonnée
Parmi les nombreux points du texte sur lesquels le SNPSP a exprimé son désaccord, celui concernant l'activité complémentaire est, pour le président de ce syndicat un des plus graves. Le projet de loi remis à l'APN par le ministère de laSanté prévoyait, dans son article 176, l'interdiction de l'activité complémentaire aux praticiens de la santé publique.
"Le professionnel de la santé publique ne peutexercer une activité complémentaire et/ou lucrative à titre privé de quelque nature que ce soit, à l'exception des activités de formation, d'enseignement et de recherche ou des activités scientifiques, littéraires et artistiques exercées conformément à la législation et réglementation en vigueur", stipule l'article initialement proposé. L'article a été supprimé par la Commission de la santé de selon le Dr Merabet. "Cet article a sauté durant les débats et c'est l'un des principaux amendements apportés par la commission qui est censée défendre les intérêts du citoyen", a-t-il expliqué.
La raison du retrait de cet article du projet de loi illustre, selon le Dr Merabet, "l'influence des corporations, des clans du secteur privé" dont les représentants "ont axé leur plaidoirie sur la nécessité de préserver l'activité complémentaire car cette disposition va dans le sens de leurs intérêts".
Le secteur de la santé public saigné à blanc par le privé
L'autorisation de l'activité complémentaire, en plus de priver le secteur public de ses ressources, crée de nombreux problèmes et conflits, les responsabilités ne sont plus clairement définies dans le public dont la séparation avec le privé est de plus en plus floue. Une situation aggravée par la faiblesse des institutions et l'inefficacité des organes de contrôle. "C'est une perversion d'avoir autorisé cette activité complémentaire, pour nous le système de santé de notre pays, les dispositifs réglementaires, les instances de contrôle ne sont pas assez organisés pour contrôler qui fait quoi", a dénoncé le Dr Merabet, pour qui l'activité complémentaire est la cause de nombreux scandales qui entachent la santé en Algérie.
Le président du SNPSP rappelle "les histoires qui ontfait la une des journaux pendant des années et de manière récurrente, ces témoignages de malades qui ont été recrutés des hôpitaux publicspour être opérés dans une clinique privée". Pour le Dr Merabet, l'activité complémentaire saigne à blanc le secteur public en détournant une grande partie de ses ressources humaines. "Nous savons que 80 % des ressources humaines qui font tourner les cliniques privéessont puisées directement dans le secteur public", affirme-til. Une hémorragie qui ne concerne pas seulement les médecins spécialistes mais tous les corps de métier.
" Quand je parle d'une intervention chirurgicale faite dans le privé par un chirurgien du public, il n'y a pas que le professeur du CHU qui est concerné, il emmène avec lui le maître assistant de son service, l'anesthésiste, le réanimateur, l'infirmier, c'est toute une équipe qui le suit", déplore le Dr Merabet qui affirme que "de cette façon, le secteur public alimente de façon directe ou indirecte le secteur privé qui n'investit ni dans la formation ni dans le recrutement".
Vers une libéralisation accrue de la santé
C'est l'ensemble de l'orientation que donnent les autorités algériennes au système de santé qui est décriée par le Snpsp. Une orientation deplus en plus libérale et qui favorise et renforce le secteur privé, selon le président du syndicat. Le changement du statut des établissements publics de santé est un indice qui corrobore cette hypothèse,selon notre interlocuteur. Pour le Dr Merabet, "il est question de changer de statut aux établissements de santépublics, on ne parle plus d'établissement public à caractère administratif (EPA) qui relève de l'Etat et des dispositions de la fonction publique mais d'établissementpublic à gestion spécifique et à caractère sanitaire, tel que proposé dans le projet de loi. Ça veut dire beaucoup de choses". La volonté de libéraliser le secteur de la santé en Algérie ne fait aucun doute pour le Snpsp et la stratégie adoptée pour ce faire est claire :
"Il y a une volonté à peine voilée d'aller vers autre chose en matière d'organisation et de financement du système de santé en diminuant les financements publics et en cédant des parts au secteur privémais en continuant à couvrirses dépenses lorsqu'il s'investit dans les prestations d soins publics". L'Etat est en passe de participer au financement d'investissements privés dans la santé, à condition que ces privés s'impliquent dans les activités d'urgence, des soins de base, dans lesopérations de santé publique et de prévention."Une orientation malsaine", pour le Dr Merabet, car dans ce cas, "l'Etat pourrait participer au financement du secteur privé, ce qui n'est pas normal".
La mutualisation des moyens du secteur privé et du secteur public, un projet annoncé et promu par des cadres du ministère de la Santé, y compris par l'actuel ministre est "tout aussi dangereux", pour le Dr Merabet. "On ne voit pas comment un privé pourrait investir dans un hôpital de 120 lits et se mettre à opérer gratuitement les citoyens, ça ne peut pas marcher parce que tout simplement un privé n'investit dans un domaine que pour gagner de l'argent", avertit le président duSNPSP.
Le projet de loi surla santé est actuellement auniveau de la Commission de la santé de l'APN et il devraitêtre soumis à l'approbation dela Chambre basse du Parlement prochainement. Le président du SNPSP aexprimé son souhait "qu'il n'y ait pas de précipitation dans l'adoption de cette loi" qui risque de causer "énormément de tort à la santé en Algérie".
C'est en marge de la conférence de presseconjointe du Camraet du SNPSP que le DrMerabet a dénoncé le texte quiest, selon lui, "un projet faitsur mesure pour le lobby dusecteur privé et tous ceux quiont intérêt à consolider et àrenforcer la prédominance dusecteur privé dans le systèmede santé algérien"
.Pour le président du SNPSP, la confection de ce projet deloi a été réalisée sans concertationavec les partenairessociaux. Son syndicat n'ajamais été sollicité pour formuler ses propositions. Une mise à l'écart des syndicats et des partenaires sociauxqui est, selon le Dr Merabet,de "la responsabilité de l'ancienministre de la Santé, M.Boudiaf, qui n'a pas respectéson engagement d'installer une commission nationale qui devait être chargée de réfléchirsur un avant-projet consensuel que défendaient lespartenaires sociaux". Le projet de loi sur la santé a "une orientation qui ne va pas dans le sens de l'intérêt général de la population par rapport, notamment, à l'accèsaux soins", a dénoncé le Dr Merabet.
L'interdiction de l'activité complémentaire abandonnée
Parmi les nombreux points du texte sur lesquels le SNPSP a exprimé son désaccord, celui concernant l'activité complémentaire est, pour le président de ce syndicat un des plus graves. Le projet de loi remis à l'APN par le ministère de laSanté prévoyait, dans son article 176, l'interdiction de l'activité complémentaire aux praticiens de la santé publique.
"Le professionnel de la santé publique ne peutexercer une activité complémentaire et/ou lucrative à titre privé de quelque nature que ce soit, à l'exception des activités de formation, d'enseignement et de recherche ou des activités scientifiques, littéraires et artistiques exercées conformément à la législation et réglementation en vigueur", stipule l'article initialement proposé. L'article a été supprimé par la Commission de la santé de selon le Dr Merabet. "Cet article a sauté durant les débats et c'est l'un des principaux amendements apportés par la commission qui est censée défendre les intérêts du citoyen", a-t-il expliqué.
La raison du retrait de cet article du projet de loi illustre, selon le Dr Merabet, "l'influence des corporations, des clans du secteur privé" dont les représentants "ont axé leur plaidoirie sur la nécessité de préserver l'activité complémentaire car cette disposition va dans le sens de leurs intérêts".
Le secteur de la santé public saigné à blanc par le privé
L'autorisation de l'activité complémentaire, en plus de priver le secteur public de ses ressources, crée de nombreux problèmes et conflits, les responsabilités ne sont plus clairement définies dans le public dont la séparation avec le privé est de plus en plus floue. Une situation aggravée par la faiblesse des institutions et l'inefficacité des organes de contrôle. "C'est une perversion d'avoir autorisé cette activité complémentaire, pour nous le système de santé de notre pays, les dispositifs réglementaires, les instances de contrôle ne sont pas assez organisés pour contrôler qui fait quoi", a dénoncé le Dr Merabet, pour qui l'activité complémentaire est la cause de nombreux scandales qui entachent la santé en Algérie.
Le président du SNPSP rappelle "les histoires qui ontfait la une des journaux pendant des années et de manière récurrente, ces témoignages de malades qui ont été recrutés des hôpitaux publicspour être opérés dans une clinique privée". Pour le Dr Merabet, l'activité complémentaire saigne à blanc le secteur public en détournant une grande partie de ses ressources humaines. "Nous savons que 80 % des ressources humaines qui font tourner les cliniques privéessont puisées directement dans le secteur public", affirme-til. Une hémorragie qui ne concerne pas seulement les médecins spécialistes mais tous les corps de métier.
" Quand je parle d'une intervention chirurgicale faite dans le privé par un chirurgien du public, il n'y a pas que le professeur du CHU qui est concerné, il emmène avec lui le maître assistant de son service, l'anesthésiste, le réanimateur, l'infirmier, c'est toute une équipe qui le suit", déplore le Dr Merabet qui affirme que "de cette façon, le secteur public alimente de façon directe ou indirecte le secteur privé qui n'investit ni dans la formation ni dans le recrutement".
Vers une libéralisation accrue de la santé
C'est l'ensemble de l'orientation que donnent les autorités algériennes au système de santé qui est décriée par le Snpsp. Une orientation deplus en plus libérale et qui favorise et renforce le secteur privé, selon le président du syndicat. Le changement du statut des établissements publics de santé est un indice qui corrobore cette hypothèse,selon notre interlocuteur. Pour le Dr Merabet, "il est question de changer de statut aux établissements de santépublics, on ne parle plus d'établissement public à caractère administratif (EPA) qui relève de l'Etat et des dispositions de la fonction publique mais d'établissementpublic à gestion spécifique et à caractère sanitaire, tel que proposé dans le projet de loi. Ça veut dire beaucoup de choses". La volonté de libéraliser le secteur de la santé en Algérie ne fait aucun doute pour le Snpsp et la stratégie adoptée pour ce faire est claire :
"Il y a une volonté à peine voilée d'aller vers autre chose en matière d'organisation et de financement du système de santé en diminuant les financements publics et en cédant des parts au secteur privémais en continuant à couvrirses dépenses lorsqu'il s'investit dans les prestations d soins publics". L'Etat est en passe de participer au financement d'investissements privés dans la santé, à condition que ces privés s'impliquent dans les activités d'urgence, des soins de base, dans lesopérations de santé publique et de prévention."Une orientation malsaine", pour le Dr Merabet, car dans ce cas, "l'Etat pourrait participer au financement du secteur privé, ce qui n'est pas normal".
La mutualisation des moyens du secteur privé et du secteur public, un projet annoncé et promu par des cadres du ministère de la Santé, y compris par l'actuel ministre est "tout aussi dangereux", pour le Dr Merabet. "On ne voit pas comment un privé pourrait investir dans un hôpital de 120 lits et se mettre à opérer gratuitement les citoyens, ça ne peut pas marcher parce que tout simplement un privé n'investit dans un domaine que pour gagner de l'argent", avertit le président duSNPSP.
Le projet de loi surla santé est actuellement auniveau de la Commission de la santé de l'APN et il devraitêtre soumis à l'approbation dela Chambre basse du Parlement prochainement. Le président du SNPSP aexprimé son souhait "qu'il n'y ait pas de précipitation dans l'adoption de cette loi" qui risque de causer "énormément de tort à la santé en Algérie".


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