Olivier Roy, chercheur au CNRS et spécialiste de l'islamisme politique, a insisté lors d'une conférence de presse tenue à Paris sur la nécessité de déconnecter les différents conflits dans la région du Moyen-Orient afin de mieux comprendre les mouvances djihadistes. Dans ces dernières, il faut distinguer clairement entre l'islamo-nationalisme et la mouvance djihadiste internationaliste. Les islamo-nationalistes, s'ils s'inspirent de l'idéologie islamiste, se battent pour la libération d'un territoire donné. Le Hamas palestinien dont c'est le cas se situe à plusieurs niveaux identitaires mais reste ancré dans un cadre politique territorial classique. Le Hamas n'a jamais par exemple attaqué Arafat ou l'OLP sur le plan religieux mais politique. Le mouvement des talibans était également à l'origine porteur d'un projet national territorial. Ils ne sont devenus djihadistes qu'après coup. En définitive, chaque conflit dans cette région a sa logique propre, ses spécificités, mais ses revendications relèvent tout de même de l'ordre du négociable. Les mouvements de cette catégorie se sont développés certes sur l'échec de la version laïque du nationalisme arabe, voire de la crise identitaire arabe. Les mouvements djihadistes qui parasitent la compréhension de cette crise appartiennent à une autre logique. En premier lieu, il faut rappeler qu'Al-Qaïda n'est pas née au Moyen-Orient. Abdullah Azam, un Palestino-Jordanien fondateur du réseau, avait commencé par recruter des volontaires pour l'Afghanistan dans les années 1980. Pourtant, Azam n'était pas un terroriste au sens actuel du terme même s'il se plaçait dans une logique djihadiste militaire. Néanmoins, il était déjà dans une logique de déterritorialisation et refusait le nationalisme palestinien, la "oumma" plutôt que la nation. L'Afghanistan a été l'opportunité idéale pour former ce nationalisme musulman indépendant des ethnies, des frontières et des territoires. Le but était de former une génération de djihadistes au-delà des nationalismes arabes. C'est précisément la philosophie d'Al-Qaïda. Celle-ci est une organisation internationaliste avec une approche opportuniste des conflits dans le monde arabe, en particulier les conflits avec un enjeu international. Al-Qaïda s'est manifestée au Cachemire, en Bosnie et en Afghanistan et accorde une importance sans précédent aux convertis qui représenteraient près de 15% de ses membres. Ainsi, le numéro 3 de l'organisation est un Californien converti à l'islam. Les terroristes d'Al-Qaïda sont souvent des «périphériques soit des personnes nées en Occident, en Afrique de l'Est ou issues de mouvements de migrations. Pour rappel, des millions de personnes sont sans nationalité dans les Emirats et d'autres pays arabes : les «bidounes» au Koweit, les «inconnus» dans les pays du Golfe, etc. Le radicalisme islamiste se recrute facilement dans cette population déterritorialisée. Ceci dit Olivier Roy explique que ce n'est pas le conflit israélo-palestinien qui crée le radicalisme, d'où la nécessité de mettre un terme à cette tendance schizophrène de lier tous les conflits. Al-Qaïda entre souvent en conflit avec les intérêts locaux car ses objectifs sont différents de ceux des mouvements nationaux. Les mouvements irakiens ne veulent en aucune manière que l'Irak disparaisse même s'ils divergent entre eux sur la nature de l'Etat irakien et de ses assises idéologiques. Aucun conflit actuel n'a pour moteur la cause arabe et depuis les accords d'Oslo, en dépit de leur échec, il ne s'agit plus d'un conflit israélo-arabe mais palestino-israélien. Les Etats limitrophes se sont en quelque sorte désinvestis du conflit et les Arabes en général aimeraient se consacrer à d'autres problèmes comme le conflit chiîte-sunnite. Pour les monarchies du Golfe, l'ennemi serait plutôt l'Iran de même que les Etats-Unis qui définissent ce pays comme le mal absolu. En même temps, les Américains soutiennent un gouvernement chiite en Irak. C'est dire que les mouvances djihadistes au Moyen-Orient requièrent beaucoup de prudence dans leur analyse tant la situation est complexe, et pour reprendre les termes d'Olivier Roy, parfois «schizophrène». Olivier Roy, chercheur au CNRS et spécialiste de l'islamisme politique, a insisté lors d'une conférence de presse tenue à Paris sur la nécessité de déconnecter les différents conflits dans la région du Moyen-Orient afin de mieux comprendre les mouvances djihadistes. Dans ces dernières, il faut distinguer clairement entre l'islamo-nationalisme et la mouvance djihadiste internationaliste. Les islamo-nationalistes, s'ils s'inspirent de l'idéologie islamiste, se battent pour la libération d'un territoire donné. Le Hamas palestinien dont c'est le cas se situe à plusieurs niveaux identitaires mais reste ancré dans un cadre politique territorial classique. Le Hamas n'a jamais par exemple attaqué Arafat ou l'OLP sur le plan religieux mais politique. Le mouvement des talibans était également à l'origine porteur d'un projet national territorial. Ils ne sont devenus djihadistes qu'après coup. En définitive, chaque conflit dans cette région a sa logique propre, ses spécificités, mais ses revendications relèvent tout de même de l'ordre du négociable. Les mouvements de cette catégorie se sont développés certes sur l'échec de la version laïque du nationalisme arabe, voire de la crise identitaire arabe. Les mouvements djihadistes qui parasitent la compréhension de cette crise appartiennent à une autre logique. En premier lieu, il faut rappeler qu'Al-Qaïda n'est pas née au Moyen-Orient. Abdullah Azam, un Palestino-Jordanien fondateur du réseau, avait commencé par recruter des volontaires pour l'Afghanistan dans les années 1980. Pourtant, Azam n'était pas un terroriste au sens actuel du terme même s'il se plaçait dans une logique djihadiste militaire. Néanmoins, il était déjà dans une logique de déterritorialisation et refusait le nationalisme palestinien, la "oumma" plutôt que la nation. L'Afghanistan a été l'opportunité idéale pour former ce nationalisme musulman indépendant des ethnies, des frontières et des territoires. Le but était de former une génération de djihadistes au-delà des nationalismes arabes. C'est précisément la philosophie d'Al-Qaïda. Celle-ci est une organisation internationaliste avec une approche opportuniste des conflits dans le monde arabe, en particulier les conflits avec un enjeu international. Al-Qaïda s'est manifestée au Cachemire, en Bosnie et en Afghanistan et accorde une importance sans précédent aux convertis qui représenteraient près de 15% de ses membres. Ainsi, le numéro 3 de l'organisation est un Californien converti à l'islam. Les terroristes d'Al-Qaïda sont souvent des «périphériques soit des personnes nées en Occident, en Afrique de l'Est ou issues de mouvements de migrations. Pour rappel, des millions de personnes sont sans nationalité dans les Emirats et d'autres pays arabes : les «bidounes» au Koweit, les «inconnus» dans les pays du Golfe, etc. Le radicalisme islamiste se recrute facilement dans cette population déterritorialisée. Ceci dit Olivier Roy explique que ce n'est pas le conflit israélo-palestinien qui crée le radicalisme, d'où la nécessité de mettre un terme à cette tendance schizophrène de lier tous les conflits. Al-Qaïda entre souvent en conflit avec les intérêts locaux car ses objectifs sont différents de ceux des mouvements nationaux. Les mouvements irakiens ne veulent en aucune manière que l'Irak disparaisse même s'ils divergent entre eux sur la nature de l'Etat irakien et de ses assises idéologiques. Aucun conflit actuel n'a pour moteur la cause arabe et depuis les accords d'Oslo, en dépit de leur échec, il ne s'agit plus d'un conflit israélo-arabe mais palestino-israélien. Les Etats limitrophes se sont en quelque sorte désinvestis du conflit et les Arabes en général aimeraient se consacrer à d'autres problèmes comme le conflit chiîte-sunnite. Pour les monarchies du Golfe, l'ennemi serait plutôt l'Iran de même que les Etats-Unis qui définissent ce pays comme le mal absolu. En même temps, les Américains soutiennent un gouvernement chiite en Irak. C'est dire que les mouvances djihadistes au Moyen-Orient requièrent beaucoup de prudence dans leur analyse tant la situation est complexe, et pour reprendre les termes d'Olivier Roy, parfois «schizophrène».