De retour de sa tournée, la troupe Debza se remémore les étapes de son périple à travers la France : «D'abord le 9 juin, une prestation à Orléans, salle Orphée, pour dire l'Algérie en fête. Puis préparation du Festival de Saran», qui a eu lieu les 22, 23 et 24 juin et a été l'occasion de se frotter à des troupes qui mêlent musique, cirque et théâtre. Le 28 juin, Debza était à Marseille à l'Espace Matoub-Lounès «pour une représentation». La troupe Debza a joué une pièce de Abdelatif Bounab dont le personnage principal est Amar El-Boudjadi, le candide, le naïf, l'inexpérimenté des choses de la vie, «l'accusé ». C'est Merzouk Hamiane qui lui donne l'épaisseur et la parole. De quoi s'agit-il ? Amar fait remonter les «problèmes» à un «passé» qui n'est pas si lointain : la colonisation et son cortège d'exactions physiques et morales sur le peuple algérien. «L'accusé» se défend de ses erreurs en les rapportant à une blessure colonialiste. Mais cela ne suffit pas car les tabous demeurent ; les refoulés cadenassent le champ culturel qui ne peut donner toute la mesure pour enraciner la démocratie. C'est là la raison d'être de Debza qui dit vouloir perpétuer la démarche de Kateb Yacine qui consiste à parler au public dans la langue qu'il comprend. Yacine avait le courage de dire les douleurs et les souffrances de son peuple et prenait son parti, sans équivoque, dans la vie comme dans l'art. Aussi, Debza sera contestataire, chantera la révolution, l'amour et la femme, les idéaux les plus nobles de l'humanité… Merzouk faisait partie de la troupe de Yacine et a composé le personnage de «Mohamed, prends ta valise» au moment où, pour aller ailleurs, on n'avait pas besoin de visa ! Il a toujours servi la mémoire de Kateb contre les pillards et les charognards de tous bords, ceux qui vivent du travail et de la création de celui qu'il considère comme fidèle parmi les fidèles. Merzouk est lui-même «boudjadi» puisque tous les documents originaux qu'il a mis à la disposition de ceux qui, soi-disant, voulaient servir la mémoire de Kateb, ont été exploités, à leurs desseins… Merzouk a joué sur une scène dont le décor est une épure d'une salle d'audience de tribunal. La modicité des moyens oblige à une économie préjudiciable à la scénographie, à l'art de la mise en scène et plus largement au développement du théâtre. L'argument selon lequel le théâtre militant, de l'urgence, peut se passer de décors et d'adjuvants pour donner l'illusion de la réalité n'est pas recevable plus longtemps ; les artistes doivent faire l'effort de rechercher des soutiens, des sponsors, des mécènes qui ne s'engageraient que si l'œuvre en vaut la peine. «L'Accusé» a été mis en scène par Emmanuelle Zidi Breton, écrivaine, syndicaliste et militante politique. L'accompagnement musical est de Mohand Tahir. De retour de sa tournée, la troupe Debza se remémore les étapes de son périple à travers la France : «D'abord le 9 juin, une prestation à Orléans, salle Orphée, pour dire l'Algérie en fête. Puis préparation du Festival de Saran», qui a eu lieu les 22, 23 et 24 juin et a été l'occasion de se frotter à des troupes qui mêlent musique, cirque et théâtre. Le 28 juin, Debza était à Marseille à l'Espace Matoub-Lounès «pour une représentation». La troupe Debza a joué une pièce de Abdelatif Bounab dont le personnage principal est Amar El-Boudjadi, le candide, le naïf, l'inexpérimenté des choses de la vie, «l'accusé ». C'est Merzouk Hamiane qui lui donne l'épaisseur et la parole. De quoi s'agit-il ? Amar fait remonter les «problèmes» à un «passé» qui n'est pas si lointain : la colonisation et son cortège d'exactions physiques et morales sur le peuple algérien. «L'accusé» se défend de ses erreurs en les rapportant à une blessure colonialiste. Mais cela ne suffit pas car les tabous demeurent ; les refoulés cadenassent le champ culturel qui ne peut donner toute la mesure pour enraciner la démocratie. C'est là la raison d'être de Debza qui dit vouloir perpétuer la démarche de Kateb Yacine qui consiste à parler au public dans la langue qu'il comprend. Yacine avait le courage de dire les douleurs et les souffrances de son peuple et prenait son parti, sans équivoque, dans la vie comme dans l'art. Aussi, Debza sera contestataire, chantera la révolution, l'amour et la femme, les idéaux les plus nobles de l'humanité… Merzouk faisait partie de la troupe de Yacine et a composé le personnage de «Mohamed, prends ta valise» au moment où, pour aller ailleurs, on n'avait pas besoin de visa ! Il a toujours servi la mémoire de Kateb contre les pillards et les charognards de tous bords, ceux qui vivent du travail et de la création de celui qu'il considère comme fidèle parmi les fidèles. Merzouk est lui-même «boudjadi» puisque tous les documents originaux qu'il a mis à la disposition de ceux qui, soi-disant, voulaient servir la mémoire de Kateb, ont été exploités, à leurs desseins… Merzouk a joué sur une scène dont le décor est une épure d'une salle d'audience de tribunal. La modicité des moyens oblige à une économie préjudiciable à la scénographie, à l'art de la mise en scène et plus largement au développement du théâtre. L'argument selon lequel le théâtre militant, de l'urgence, peut se passer de décors et d'adjuvants pour donner l'illusion de la réalité n'est pas recevable plus longtemps ; les artistes doivent faire l'effort de rechercher des soutiens, des sponsors, des mécènes qui ne s'engageraient que si l'œuvre en vaut la peine. «L'Accusé» a été mis en scène par Emmanuelle Zidi Breton, écrivaine, syndicaliste et militante politique. L'accompagnement musical est de Mohand Tahir.