Les Mexicains ont deux options pour aller de Tijuana la Mexicaine à sa voisine américaine San Diego, distante de 25 km: la route et les bouchons pour les résidents frontaliers avec document migratoire, le double mur et le danger pour les illégaux venus du Sud. Franchir "la linea" (la ligne) n'est qu'une simple formalité pour les Mexicains qui résident dans les villes le long de la frontière avec les Etats-Unis, facilitant les soirées et les journées d'emplettes "de l'autre côté". Ils leur faut cependant s'armer de patience pour affronter le trafic routier et les heures d'attente au poste-frontière de San Isidro ou d'Otay, en fonction du degré d'alerte antiterroriste en vigueur à Washington. Outre le visa, le sésame a pour nom Carte de franchissement frontalier, plus connue comme Mica, qui permet de pénétrer 40 km à l'intérieur des Etats-Unis pendant une durée de 72 heures. Certains travaillent même aux Etats-Unis tout en résidant à Tijuana. Dans le sens Etats-Unis/Mexique, les autorités mexicaines ne prennent même pas la peine de contrôler les permis de conduire ou un autre justificatif d'identité, car un Américain parti faire la fête à Tijuana n'a pas besoin de passeport. Pour les jeunes Américains, Tijuana est synonyme d'alcool (dont la vente aux Etats-Unis est interdite aux moins de 21 ans), sexe, drogue et médicaments sans prescription. Leur temple est l'avenue Révolution, qui marie, boutiques d'artisanat, pharmacies et bars, avec ou sans strip-teaseuses, et les rues adjacentes parsemées de bordels. L'affluence américaine a baissé depuis 2001 en raison de l'insécurité et des embouteillages. "Tijuana est foutue", affirme le gérant d'un bar qui met le déclin sur le compte de la corruption de la police, qui dévalise les visiteurs peu prudents en prétextant un contrôle de routine. Loin de là, les candidats à une meilleure situation économique aux Etats-Unis — des indiens ou des métis venus des Etats les plus pauvres du pays (Chiapas, Oaxaca, Guerrero) — se heurtent au double mur érigé dans les années 1990 avec des équipements militaires de la guerre du Golfe. Chaque année, un demi-million de Mexicains et Centraméricains passent illégalement la frontière, qui court du Pacifique à l'Atlantique sur 3.200 km. Les Etats-Unis construisent actuellement une extension du mur déjà existant à Tijuana, pour limiter ce flux. "Tijuana n'est plus un point de franchissement. C'était le cas dans les années 1960, mais avec le mur et le renforcement de la surveillance de la frontière, il s'est déplacé vers le désert de l'Arizona", selon l'universitaire Rafael Alarcon. Face à la difficulté, les passeurs s'organisent. Le passage du premier mur, de 4 mètres de haut, est aisé dans le quartier populaire Libertad. Des monticules de terre ou de décombres permettent de l'enjamber facilement. Pour le second, 50 mètres plus loin, ils utilisent des échelles de fortune. Pour échapper aux caméras de surveillance et aux moustiques (hélicoptères) de lamigra (la police des frontières), ils doivent courir à flanc de colline, avant de se lancer vers le contact qui les conduira à San Diego ou Los Angeles, pour 1.800 à 2.000 dollars. Ceux qui n'ont pas les moyens s'aventurent plus à l'est, là où s'arrête le mur, un passage beaucoup plus dangereux en raison des vipères et des malfaiteurs. Ceux qui passent entre les mailles du filet sont parfois expulsés mais tentent à nouveau leur chance. Vue du ciel, Tijuana semble s'appuyer et s'étendre le long d'une frontière qui ne cède pas. L'activité industrielle croit et la population a doublé depuis 1990, nourrie par les recalés de l'immigration qui se sont établis à l'ombre du mur. La frontière est plus hermétique depuis le 11 septembre 2001, pour la drogue aussi. On en consomme de plus en plus du côté mexicain. "Nous avons probablement 250.000 consommateurs", s'inquiète Jesus Capella, président du conseil citoyen de sécurité publique. Les Mexicains ont deux options pour aller de Tijuana la Mexicaine à sa voisine américaine San Diego, distante de 25 km: la route et les bouchons pour les résidents frontaliers avec document migratoire, le double mur et le danger pour les illégaux venus du Sud. Franchir "la linea" (la ligne) n'est qu'une simple formalité pour les Mexicains qui résident dans les villes le long de la frontière avec les Etats-Unis, facilitant les soirées et les journées d'emplettes "de l'autre côté". Ils leur faut cependant s'armer de patience pour affronter le trafic routier et les heures d'attente au poste-frontière de San Isidro ou d'Otay, en fonction du degré d'alerte antiterroriste en vigueur à Washington. Outre le visa, le sésame a pour nom Carte de franchissement frontalier, plus connue comme Mica, qui permet de pénétrer 40 km à l'intérieur des Etats-Unis pendant une durée de 72 heures. Certains travaillent même aux Etats-Unis tout en résidant à Tijuana. Dans le sens Etats-Unis/Mexique, les autorités mexicaines ne prennent même pas la peine de contrôler les permis de conduire ou un autre justificatif d'identité, car un Américain parti faire la fête à Tijuana n'a pas besoin de passeport. Pour les jeunes Américains, Tijuana est synonyme d'alcool (dont la vente aux Etats-Unis est interdite aux moins de 21 ans), sexe, drogue et médicaments sans prescription. Leur temple est l'avenue Révolution, qui marie, boutiques d'artisanat, pharmacies et bars, avec ou sans strip-teaseuses, et les rues adjacentes parsemées de bordels. L'affluence américaine a baissé depuis 2001 en raison de l'insécurité et des embouteillages. "Tijuana est foutue", affirme le gérant d'un bar qui met le déclin sur le compte de la corruption de la police, qui dévalise les visiteurs peu prudents en prétextant un contrôle de routine. Loin de là, les candidats à une meilleure situation économique aux Etats-Unis — des indiens ou des métis venus des Etats les plus pauvres du pays (Chiapas, Oaxaca, Guerrero) — se heurtent au double mur érigé dans les années 1990 avec des équipements militaires de la guerre du Golfe. Chaque année, un demi-million de Mexicains et Centraméricains passent illégalement la frontière, qui court du Pacifique à l'Atlantique sur 3.200 km. Les Etats-Unis construisent actuellement une extension du mur déjà existant à Tijuana, pour limiter ce flux. "Tijuana n'est plus un point de franchissement. C'était le cas dans les années 1960, mais avec le mur et le renforcement de la surveillance de la frontière, il s'est déplacé vers le désert de l'Arizona", selon l'universitaire Rafael Alarcon. Face à la difficulté, les passeurs s'organisent. Le passage du premier mur, de 4 mètres de haut, est aisé dans le quartier populaire Libertad. Des monticules de terre ou de décombres permettent de l'enjamber facilement. Pour le second, 50 mètres plus loin, ils utilisent des échelles de fortune. Pour échapper aux caméras de surveillance et aux moustiques (hélicoptères) de lamigra (la police des frontières), ils doivent courir à flanc de colline, avant de se lancer vers le contact qui les conduira à San Diego ou Los Angeles, pour 1.800 à 2.000 dollars. Ceux qui n'ont pas les moyens s'aventurent plus à l'est, là où s'arrête le mur, un passage beaucoup plus dangereux en raison des vipères et des malfaiteurs. Ceux qui passent entre les mailles du filet sont parfois expulsés mais tentent à nouveau leur chance. Vue du ciel, Tijuana semble s'appuyer et s'étendre le long d'une frontière qui ne cède pas. L'activité industrielle croit et la population a doublé depuis 1990, nourrie par les recalés de l'immigration qui se sont établis à l'ombre du mur. La frontière est plus hermétique depuis le 11 septembre 2001, pour la drogue aussi. On en consomme de plus en plus du côté mexicain. "Nous avons probablement 250.000 consommateurs", s'inquiète Jesus Capella, président du conseil citoyen de sécurité publique.