Le mal-vivre, la pauvreté, le sentiment d'exclusion, le manque de perspectives et les conflits ont poussé nombre de jeunes Algériens à affronter la mer sur des embarcations de fortune, prenant des risques démesurés pour rejoindre l'Europe, la Terre promise. Le mal-vivre, la pauvreté, le sentiment d'exclusion, le manque de perspectives et les conflits ont poussé nombre de jeunes Algériens à affronter la mer sur des embarcations de fortune, prenant des risques démesurés pour rejoindre l'Europe, la Terre promise. En cette année 2007, les Algériens ont découvert une terrible réalité : leur pays est bel et bien devenu un pays pourvoyeur de harragas. De pays de passage pour les immigrants clandestins sub-sahariens, l'Algérie de 2007 a vu des milliers de ses jeunes se jeter à l'eau pour rejoindre les rives nord de la Méditerranée. Ainsi, le mal-vivre, la pauvreté, le sentiment d'exclusion, le manque de perspectives et les conflits ont poussé nombre de jeunes Algériens à affronter la mer sur des embarcations de fortune, prenant des risques démesurés pour rejoindre l'Europe, la Terre promise. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le décompte d'évolution du phénomène des harragas est de plus de 10 fois supérieur à celui enregistré entre 2005 et 2006. Selon les forces navales, jusqu'à septembre 2007, 918 harragas ont été sauvés, alors que 1.382 ont été interceptés en 2006 contre 336 en 2005. Au total, durant les trois dernières années, 2 340 personnes ont été interceptées en mer dont plus de 1.000 ont été sauvées d'une mort certaine. Des études réalisées par des experts ont révélé que la majorité des candidats à l'émigration clandestine sont âgés entre 18 et 40 ans. Notons à ce sujet que les mineurs sont également représentés. De niveau d'instruction moyen pour la majorité, 80 % de ces jeunes sont issus de familles composées de 12 personnes en moyenne. D'autres enquêtes ont déterminé aussi que ce phénomène ne touche pas seulement les jeunes chômeurs en quête d'emploi car même les diplômés, les cadres, les fonctionnaires, les femmes sont de plus en plus légion parmi le bataillon des «brûleurs» de la mer. Un chercheur au CREAD a même démontré que les salariés sont les premiers tentés de quitter le pays, suivis des étudiants, puis des chômeurs. Dans un pareil contexte, le slogan tant scandé par les harragas est, malheureusement, en train de devenir la devise de toute la jeunesse algérienne : «Vaut mieux être dévoré par le poisson que par les vers de terre» (yakoulna elhout oula doud). Peut-on trouver meilleure illustration aux dangers de ce nouveau fléau ? L'on est tenté de répondre par la négative. L'urgence d'un plan de sensibilisation Sur un autre chapitre, force est de constater que le phénomène des harragas a amené des réseaux, appelés "passeurs", à développer un véritable secteur informel de transport maritime de clandestins. Ces derniers doivent par ailleurs s'acquitter de leurs billets à raison d'un prix variant entre 80.000 et 100.000 DA sur des embarcations à risque et sans aucune assurance, avec souvent au rendez-vous la mort au large de la Méditerranée. On a assisté à la naissance d'une nouvelle mafia dont le seul objectif est de prospérer à tout prix grâce à ce trafic d'êtres humains. Devant cette dramatique situation, les institutions de l'Etat ont décidé d'agir à travers une rencontre-débat, première du genre consacrée au phénomène des "harraga", au mois de septembre dernier, organisée par le ministère de la Solidarité nationale. Cette rencontre a permis, entre autres, de dévoiler une situation dramatique et une réalité amère concernant les jeunes candidats à l'émigration clandestine, laquelle englobe le jeune chômeur, le fonctionnaire et l'étudiant… Le ministre de la Solidarité, Djamel Ould-Abbès, a souhaité à cette occasion le renforcement des capacités de détection, de démantèlement et de neutralisation des réseaux qui alimentent ces mouvements clandestins. Dans la foulée, le ministre n'a pas omis d'insister sur l'urgence d'identifier les causes poussant les jeunes à affronter la mer, et surtout de les prendre en charge en les aidant à une insertion sociale. Djamel Ould Abbès a proposé également l'élaboration d'un plan de sensibilisation et d'information immédiat des jeunes et de leur entourage. S'agissant de la coopération internationale dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine, le représentant des affaires étrangères a révélé lors de cette rencontre que l'Algérie a procédé à la signature de six accords de réadmission avec des pays européens entre 1994 et 2007, afin de rapatrier des ressortissants algériens en situation irrégulière. Bouteflika : «La jeunesse s'enlise dans une crise profonde» De son côté, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'est pas resté indifférent devant la question de l'émigration clandestine des jeunes. Lors de la conférence nationale gouvernement-walis autour de la politique nationale de la jeunesse, le Président a qualifié le phénomène des harragas de dramatique illustrant la gravité de la crise qui frappe la jeunesse dans le monde actuel. Il a appelé à une prise en charge sérieuse de cette catégorie de la population. Ainsi, en s'adressant aux cadres de l'Etat, le premier magistrat du pays a mis le doigt sur la plaie. Cette situation tragique en continuelle ascension illustre, selon M. Bouteflika, toute la gravité de la crise de la jeunesse algérienne. A cet égard, le Président a fait remarquer que «la jeunesse s'est progressivement enlisée dans une crise profonde se manifestant, en particulier, par un affaiblissement du sentiment patriotique, une perte des repères identitaires et culturels et un éloignement des valeurs fondamentales caractérisant la société algérienne». Pour redonner espoir aux jeunes, le président de la République a, dès lors, instruit les responsables des secteurs concernés à élaborer une nouvelle politique d'intégration et d'insertion des jeunes en matière d'emploi dans les grands projets mis en œuvre. «Le préjudice est énorme», dira le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, qui a trouvé que «la jeunesse révolutionnaire a laissé place à une jeunesse soumise depuis des années aux extrémismes divers et aux forces destructrices qui l'ont complètement défigurée». Il remettra au passage en cause la loi 90-31 relative aux associations ainsi que «les tendances politiques et la logique partisane suicidaire qui ont tenu prisonnière, pendant longtemps, cette frange des plus vulnérables de la société». Pour étayer ses propos, Djiar s'est appuyé sur une étude scientifique réalisée par la DGSN ainsi que sur les résultats d'une enquête confiée au CENEAP au mois de juillet dernier, enquête révélant des faits graves : «Pas moins de 60% des jeunes scolarisés ont des perspectives floues, 73% sans aucun cadre de vie, 58% sans aucune activité sportive, 90% n'adhèrent à aucune association et 33% rêvent de s'installer à l'étranger». En toute vraisemblance, cette jeunesse qui «met en jeu l'avenir de la nation toute entière» interpelle plus que jamais le président de la République qui n'a de cesse d'appeler les cadres de l'Etat à réfléchir «sur notre capacité de valoriser le potentiel d'espérance qu'elle incarne, car nous avons aujourd'hui besoin de renouveler notre regard sur la jeunesse, de modifier notre attitude à son égard et d'adopter de nouvelles approches et de nouvelles méthodes dans la prise en charge de ses attentes». En attendant, la société civile se mobilise pour venir à bout de ce drame. En effet, de plus en plus d'associations ont vu le jour au cours de cette année et même les familles des harragas se sont organisées pour mener leurs recherches de façon plus officielle. Enfin, il est clair que cette année 2007 aurait été pour l'Algérie une année à marquer d'une pierre noire pour sa jeunesse qui vit dans une détresse profonde. En cette année 2007, les Algériens ont découvert une terrible réalité : leur pays est bel et bien devenu un pays pourvoyeur de harragas. De pays de passage pour les immigrants clandestins sub-sahariens, l'Algérie de 2007 a vu des milliers de ses jeunes se jeter à l'eau pour rejoindre les rives nord de la Méditerranée. Ainsi, le mal-vivre, la pauvreté, le sentiment d'exclusion, le manque de perspectives et les conflits ont poussé nombre de jeunes Algériens à affronter la mer sur des embarcations de fortune, prenant des risques démesurés pour rejoindre l'Europe, la Terre promise. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le décompte d'évolution du phénomène des harragas est de plus de 10 fois supérieur à celui enregistré entre 2005 et 2006. Selon les forces navales, jusqu'à septembre 2007, 918 harragas ont été sauvés, alors que 1.382 ont été interceptés en 2006 contre 336 en 2005. Au total, durant les trois dernières années, 2 340 personnes ont été interceptées en mer dont plus de 1.000 ont été sauvées d'une mort certaine. Des études réalisées par des experts ont révélé que la majorité des candidats à l'émigration clandestine sont âgés entre 18 et 40 ans. Notons à ce sujet que les mineurs sont également représentés. De niveau d'instruction moyen pour la majorité, 80 % de ces jeunes sont issus de familles composées de 12 personnes en moyenne. D'autres enquêtes ont déterminé aussi que ce phénomène ne touche pas seulement les jeunes chômeurs en quête d'emploi car même les diplômés, les cadres, les fonctionnaires, les femmes sont de plus en plus légion parmi le bataillon des «brûleurs» de la mer. Un chercheur au CREAD a même démontré que les salariés sont les premiers tentés de quitter le pays, suivis des étudiants, puis des chômeurs. Dans un pareil contexte, le slogan tant scandé par les harragas est, malheureusement, en train de devenir la devise de toute la jeunesse algérienne : «Vaut mieux être dévoré par le poisson que par les vers de terre» (yakoulna elhout oula doud). Peut-on trouver meilleure illustration aux dangers de ce nouveau fléau ? L'on est tenté de répondre par la négative. L'urgence d'un plan de sensibilisation Sur un autre chapitre, force est de constater que le phénomène des harragas a amené des réseaux, appelés "passeurs", à développer un véritable secteur informel de transport maritime de clandestins. Ces derniers doivent par ailleurs s'acquitter de leurs billets à raison d'un prix variant entre 80.000 et 100.000 DA sur des embarcations à risque et sans aucune assurance, avec souvent au rendez-vous la mort au large de la Méditerranée. On a assisté à la naissance d'une nouvelle mafia dont le seul objectif est de prospérer à tout prix grâce à ce trafic d'êtres humains. Devant cette dramatique situation, les institutions de l'Etat ont décidé d'agir à travers une rencontre-débat, première du genre consacrée au phénomène des "harraga", au mois de septembre dernier, organisée par le ministère de la Solidarité nationale. Cette rencontre a permis, entre autres, de dévoiler une situation dramatique et une réalité amère concernant les jeunes candidats à l'émigration clandestine, laquelle englobe le jeune chômeur, le fonctionnaire et l'étudiant… Le ministre de la Solidarité, Djamel Ould-Abbès, a souhaité à cette occasion le renforcement des capacités de détection, de démantèlement et de neutralisation des réseaux qui alimentent ces mouvements clandestins. Dans la foulée, le ministre n'a pas omis d'insister sur l'urgence d'identifier les causes poussant les jeunes à affronter la mer, et surtout de les prendre en charge en les aidant à une insertion sociale. Djamel Ould Abbès a proposé également l'élaboration d'un plan de sensibilisation et d'information immédiat des jeunes et de leur entourage. S'agissant de la coopération internationale dans le cadre de la lutte contre l'immigration clandestine, le représentant des affaires étrangères a révélé lors de cette rencontre que l'Algérie a procédé à la signature de six accords de réadmission avec des pays européens entre 1994 et 2007, afin de rapatrier des ressortissants algériens en situation irrégulière. Bouteflika : «La jeunesse s'enlise dans une crise profonde» De son côté, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'est pas resté indifférent devant la question de l'émigration clandestine des jeunes. Lors de la conférence nationale gouvernement-walis autour de la politique nationale de la jeunesse, le Président a qualifié le phénomène des harragas de dramatique illustrant la gravité de la crise qui frappe la jeunesse dans le monde actuel. Il a appelé à une prise en charge sérieuse de cette catégorie de la population. Ainsi, en s'adressant aux cadres de l'Etat, le premier magistrat du pays a mis le doigt sur la plaie. Cette situation tragique en continuelle ascension illustre, selon M. Bouteflika, toute la gravité de la crise de la jeunesse algérienne. A cet égard, le Président a fait remarquer que «la jeunesse s'est progressivement enlisée dans une crise profonde se manifestant, en particulier, par un affaiblissement du sentiment patriotique, une perte des repères identitaires et culturels et un éloignement des valeurs fondamentales caractérisant la société algérienne». Pour redonner espoir aux jeunes, le président de la République a, dès lors, instruit les responsables des secteurs concernés à élaborer une nouvelle politique d'intégration et d'insertion des jeunes en matière d'emploi dans les grands projets mis en œuvre. «Le préjudice est énorme», dira le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, qui a trouvé que «la jeunesse révolutionnaire a laissé place à une jeunesse soumise depuis des années aux extrémismes divers et aux forces destructrices qui l'ont complètement défigurée». Il remettra au passage en cause la loi 90-31 relative aux associations ainsi que «les tendances politiques et la logique partisane suicidaire qui ont tenu prisonnière, pendant longtemps, cette frange des plus vulnérables de la société». Pour étayer ses propos, Djiar s'est appuyé sur une étude scientifique réalisée par la DGSN ainsi que sur les résultats d'une enquête confiée au CENEAP au mois de juillet dernier, enquête révélant des faits graves : «Pas moins de 60% des jeunes scolarisés ont des perspectives floues, 73% sans aucun cadre de vie, 58% sans aucune activité sportive, 90% n'adhèrent à aucune association et 33% rêvent de s'installer à l'étranger». En toute vraisemblance, cette jeunesse qui «met en jeu l'avenir de la nation toute entière» interpelle plus que jamais le président de la République qui n'a de cesse d'appeler les cadres de l'Etat à réfléchir «sur notre capacité de valoriser le potentiel d'espérance qu'elle incarne, car nous avons aujourd'hui besoin de renouveler notre regard sur la jeunesse, de modifier notre attitude à son égard et d'adopter de nouvelles approches et de nouvelles méthodes dans la prise en charge de ses attentes». En attendant, la société civile se mobilise pour venir à bout de ce drame. En effet, de plus en plus d'associations ont vu le jour au cours de cette année et même les familles des harragas se sont organisées pour mener leurs recherches de façon plus officielle. Enfin, il est clair que cette année 2007 aurait été pour l'Algérie une année à marquer d'une pierre noire pour sa jeunesse qui vit dans une détresse profonde.