Combien sont-ils ces couples fiancés qui ne passent pas chez M. le maire pour concrétiser la promesse de mariage ? En cause : le déficit en matière de logement. Combien sont-ils ces couples fiancés qui ne passent pas chez M. le maire pour concrétiser la promesse de mariage ? En cause : le déficit en matière de logement. Très souvent, un père de famille qui a trois enfants mâles, et qui habite un trois pièces, commence par céder une pièce à son fils aîné, puis pour marier le cadet, c'est la salon qui est transformé en chambre à coucher ; enfin, on sacrifie la cuisine pour le benjamin si elle est assez grande pour contenir un lit à deux places en se disant que la salle de bain, quand elle existe, peut faire office de cuisine et qu'un caillebotis permettra d'abriter une douchette dans les WC. Mais il n'est pas toujours possible, au vu de la configuration des lieux (exiguïté ou existence de murs porteurs), d'opérer des transformations dans tous les appartements. Quand on le peut, on n'hésite pas à le faire, quitte à supporter tous les problèmes de proximité. Les nouveaux mariés se mettent à faire des enfants, et là où habitaient six ou sept personnes, il faut en compter maintenant treize ou quatorze, les brus ne s'entendent pas entre elles, les gosses se chamaillent. Ce qu'il était possible de faire à la campagne, où les logements sont plus vastes, n'est pas évident en milieu urbain. D'où la ruralisation des villes, tous les problèmes de voisinage, la mauvaise gestion des communes, de propreté, d'entretien, d'ascenseurs en panne, de boîtes aux lettres défoncées, de peinture décrépie, et j'en passe. Alors que l'Algérien se mariait à vingt ans, on assiste à des situations où des jeunes de quarante ans, échaudés par les problèmes de promiscuité de leurs aînés, consentent, la mort dans l'âme, à rompre des fiançailles prometteuses avec leurs dulcinées. Cela a un effet direct sur le taux de natalité. Les chantiers d'Alger Une virée dans un chantier, à Alger, fait ressortir que sur douze ouvriers, neuf ont au moins le niveau Bac + 3. Quatre sont licenciés et le cinquième est ingénieur d'Etat. Cela dit, on doit remarquer que peu d'entre eux ont poursuivi des études en rapport avec leur métier actuel. Ils ont appris sur le tas le métier du bâtiment : question salaire, ils touchent environ 1.200 dinars par jour pour les plus qualifiés, sinon cela varie entre 500 et 700 dinars par jour ouvrable. Ils ne sont pas déclarés à la sécurité sociale et ne bénéficient d'aucune couverture sociale. Ils travaillent six jours sur sept, et parfois, pour arrondir les fins de mois, ils ne rechignent pas à prendre ce qu'ils appellent des «bricoles», soit après seize heures soit les vendredis… Les plus chanceux peuvent négocier des travaux à la tâche dans lesquels ils peuvent gagner gros. Tout cela ne nous renseigne pas sur la situation du bâtiment en Algérie. La vérité la voilà : si vous prenez la route, d'Est en Ouest et vice-versa, vous constaterez de vous-même que le pays est un vaste chantier. Partout, des bâtisses en construction, des carcasses, des piliers d'attente qui vous disent qu'on n'en a pas fini, des dalles qu'on s'apprête à couler, des coffrages et des structures en ferraille, des grues qui défient les intempéries et accrochent les nuages, des bétonnières à l'arrêt ou en activité, et pourtant la chose qui frappe le visiteur étranger, c'est cette impression d'inachevé. Des ceintures d'habitations non finies donnent de nos paysages urbains des images de laideur et de tumeur. Des bidonvilles en dur qui renvoient l'idée de la désolation. L'environnement en prend un coup. Avatars de villes qui ont amené le chef de l'Etat lui-même à envisager la rédaction d'une nouvelle loi pour obliger les propriétaires à finir les carcasses. 500.000 habitations précaires Notre maison est une maison de verre : c'est ce qu'on pourrait dire, après les déclarations du wali d'Alger, qui a fait un lapsus en reconnaissant l'existence de 40.000 bidonvilles, dans la seule capitale. Renseignement pris, il s'agit plutôt de 40.000 baraques, ou d'habitations précaires. C'est du pareil au même. A l'échelle nationale, les autorités reconnaissent l'existence de 500.000 habitations précaires, réparties sur les 1.541 communes d'Algérie. Du gourbi au ksar en ruines, de la maison en tôle à la hutte en paille, sans compter toutes les vieilles bâtisses datant de la période coloniale, comme on dit. Les dernières intempéries ont mis à nu un tel reliquat, puisque de nombreuses habitations vétustes se sont effondrées en tuant leurs occupants ? Bab El-Oued, Belcourt, rue Ben-M'hidi : dernièrement, c'est au centre même d'Alger, à la rue Tanger qu'un immeuble vétuste s'est effondré. On construit, on construit, le béton se répand partout en gagnant sur les vergers et les espaces cultivables, et pourtant, ce que l'on constate, pendant ce temps, c'est qu'on ne rate pas une occasion, tous quartiers confondus, de signaler des appartements vacants, et que leurs propriétaires gardent fermés. La propriété privée étant garantie par la Constitution, il ne s'agit pas ici de soulever un tel lièvre, mais de dire : qu'est-ce qui pousse ces propriétaires à laisser inoccupés ces logements ? La logique n'aurait-elle pas voulu au contraire qu'ils les louent aux centaines de milliers de couples qui sont à la recherche d'un toit ? Tout le monde ne serait-il pas gagnant ? Les locataires régleraient leur problème de logement. Les bailleurs obtiendraient une rentrée d'argent supplémentaire. Et l'Etat aurait là un moyen super d'atténuer la crise du logement, en plus des taxes notariales qui iraient renflouer la trésorerie publique. Flambée des prix de l'immobilier Que faut-il en penser, sinon que les lois qui régissent la location en Algérie sont mal faites. Les propriétaires ne sont pas sécurisés, parce qu'ils ne sont pas toujours certains de récupérer leurs biens. Ils ont donc tout à gagner pour certains à garder fermés leurs biens. Dans de nombreux pays, l'Etat prélève une taxe sur les logements fermés. D'une part, c'est une manière comme une autre d'obliger les propriétaires à mettre ces logements à la disposition de la collectivité. D'autre part, la même loi offre des garanties aux bailleurs, Ce sont un peu toutes les contradictions que l'on peut constater sur le terrain dès qu'on cherche à comprendre ce qui se passe dans le secteur de l'immobilier en Algérie. Un pays où l'on construit à tour de bras sans jamais parvenir à satisfaire la demande. Le corollaire d'une telle situation est la flambée des prix de l'immobilier. Là où il aurait suffi de 150 ou 200 millions de centimes pour l'achat d'un appartement, il y a quelques années seulement, il en faudra maintenant 500 ou 600. C'est-à-dire que les prix ont été multipliés par au moins trois en un laps de temps record. Absence d'un cadre réglementaire A cette crise de plus en plus aiguë vient donc se greffer la lèpre de la spéculation. Non seulement les appartements à l'achat sont hors de prix pour un Algérien moyen, — il faudrait travailler pendant plusieurs vies pour pouvoir réunir 500 millions pour l'acquisition d'un modeste appartement, d'autant plus que les banques ne jouent pas le jeu — mais, en plus, la location elle-même, qui est mal encadrée comme on l'a dit, est un véritable casse-tête chinois. On peut l'affirmer sans risque de se tromper, que l'Algérie est certainement le seul pays au monde où l'on doit débourser une année d'avance. C'est dire la confiance qui règne dans le secteur. Tout le monde a peur de se faire arnaquer. L'absence de l'Etat et de l'autorité dans la gestion de la vie quotidienne a fait perdre tout civisme aux gens ; de la plus petite à la plus grande chose. Dans le café du coin, vous ne pouvez pas prendre une consommation si vous ne payez pas à l'avance au comptoir, où l‘on vous remet un «jeton». Ça ne concerne que le prix d'un café ou d'une gazouze, c'est-à-dire 15 ou 20 dinars. Que dire alors d'un loyer de 20.000 ou 30.000 dinars. Ahurissant, n'est-ce pas ? Dans les autres pays, le propriétaire vous envoie un reçu de loyer par poste, et vous payez de même. C'est si simple. Tout cela pour dire qu'il ne sert à rien de se cabrer sur le chiffre de un million de logements à réaliser à l'horizon 2009, si dans le même temps on ne met pas en place un cadre réglementaire qui permettrait de mettre, en toute confiance et en toute transparence, les logements vides à la disposition des demandeurs potentiels, et il en existe ! Il ne sert à rien également de chercher des boucs émissaires, en pointant du doigt, selon le cas, soit les agences immobilières, soit les promoteurs, soit les entreprises de réalisation, soit les Such, soit les architectes, soit les fabricants de matériaux de construction, soit les notaires, soit la police de l'urbanisme, etc. Le ministre de l'Habitat, Nourredine Moussa, propose pour sa part de tenir dans les prochains mois les assises de l'habitat, avec la participation de tous les acteurs du secteur. Il s'agira de mettre à plat tous les problèmes du secteur, de les aborder de front et de proposer des solutions à moyen et long terme pour que la boulimie de béton et de carcasses non finies n'envahisse pas tous les espaces vitaux, ne dénude pas les cours d'eau, ne répande pas la pollution, tout en garantissant au citoyen algérien son droit au logement, qui est un droit fondamental. Très souvent, un père de famille qui a trois enfants mâles, et qui habite un trois pièces, commence par céder une pièce à son fils aîné, puis pour marier le cadet, c'est la salon qui est transformé en chambre à coucher ; enfin, on sacrifie la cuisine pour le benjamin si elle est assez grande pour contenir un lit à deux places en se disant que la salle de bain, quand elle existe, peut faire office de cuisine et qu'un caillebotis permettra d'abriter une douchette dans les WC. Mais il n'est pas toujours possible, au vu de la configuration des lieux (exiguïté ou existence de murs porteurs), d'opérer des transformations dans tous les appartements. Quand on le peut, on n'hésite pas à le faire, quitte à supporter tous les problèmes de proximité. Les nouveaux mariés se mettent à faire des enfants, et là où habitaient six ou sept personnes, il faut en compter maintenant treize ou quatorze, les brus ne s'entendent pas entre elles, les gosses se chamaillent. Ce qu'il était possible de faire à la campagne, où les logements sont plus vastes, n'est pas évident en milieu urbain. D'où la ruralisation des villes, tous les problèmes de voisinage, la mauvaise gestion des communes, de propreté, d'entretien, d'ascenseurs en panne, de boîtes aux lettres défoncées, de peinture décrépie, et j'en passe. Alors que l'Algérien se mariait à vingt ans, on assiste à des situations où des jeunes de quarante ans, échaudés par les problèmes de promiscuité de leurs aînés, consentent, la mort dans l'âme, à rompre des fiançailles prometteuses avec leurs dulcinées. Cela a un effet direct sur le taux de natalité. Les chantiers d'Alger Une virée dans un chantier, à Alger, fait ressortir que sur douze ouvriers, neuf ont au moins le niveau Bac + 3. Quatre sont licenciés et le cinquième est ingénieur d'Etat. Cela dit, on doit remarquer que peu d'entre eux ont poursuivi des études en rapport avec leur métier actuel. Ils ont appris sur le tas le métier du bâtiment : question salaire, ils touchent environ 1.200 dinars par jour pour les plus qualifiés, sinon cela varie entre 500 et 700 dinars par jour ouvrable. Ils ne sont pas déclarés à la sécurité sociale et ne bénéficient d'aucune couverture sociale. Ils travaillent six jours sur sept, et parfois, pour arrondir les fins de mois, ils ne rechignent pas à prendre ce qu'ils appellent des «bricoles», soit après seize heures soit les vendredis… Les plus chanceux peuvent négocier des travaux à la tâche dans lesquels ils peuvent gagner gros. Tout cela ne nous renseigne pas sur la situation du bâtiment en Algérie. La vérité la voilà : si vous prenez la route, d'Est en Ouest et vice-versa, vous constaterez de vous-même que le pays est un vaste chantier. Partout, des bâtisses en construction, des carcasses, des piliers d'attente qui vous disent qu'on n'en a pas fini, des dalles qu'on s'apprête à couler, des coffrages et des structures en ferraille, des grues qui défient les intempéries et accrochent les nuages, des bétonnières à l'arrêt ou en activité, et pourtant la chose qui frappe le visiteur étranger, c'est cette impression d'inachevé. Des ceintures d'habitations non finies donnent de nos paysages urbains des images de laideur et de tumeur. Des bidonvilles en dur qui renvoient l'idée de la désolation. L'environnement en prend un coup. Avatars de villes qui ont amené le chef de l'Etat lui-même à envisager la rédaction d'une nouvelle loi pour obliger les propriétaires à finir les carcasses. 500.000 habitations précaires Notre maison est une maison de verre : c'est ce qu'on pourrait dire, après les déclarations du wali d'Alger, qui a fait un lapsus en reconnaissant l'existence de 40.000 bidonvilles, dans la seule capitale. Renseignement pris, il s'agit plutôt de 40.000 baraques, ou d'habitations précaires. C'est du pareil au même. A l'échelle nationale, les autorités reconnaissent l'existence de 500.000 habitations précaires, réparties sur les 1.541 communes d'Algérie. Du gourbi au ksar en ruines, de la maison en tôle à la hutte en paille, sans compter toutes les vieilles bâtisses datant de la période coloniale, comme on dit. Les dernières intempéries ont mis à nu un tel reliquat, puisque de nombreuses habitations vétustes se sont effondrées en tuant leurs occupants ? Bab El-Oued, Belcourt, rue Ben-M'hidi : dernièrement, c'est au centre même d'Alger, à la rue Tanger qu'un immeuble vétuste s'est effondré. On construit, on construit, le béton se répand partout en gagnant sur les vergers et les espaces cultivables, et pourtant, ce que l'on constate, pendant ce temps, c'est qu'on ne rate pas une occasion, tous quartiers confondus, de signaler des appartements vacants, et que leurs propriétaires gardent fermés. La propriété privée étant garantie par la Constitution, il ne s'agit pas ici de soulever un tel lièvre, mais de dire : qu'est-ce qui pousse ces propriétaires à laisser inoccupés ces logements ? La logique n'aurait-elle pas voulu au contraire qu'ils les louent aux centaines de milliers de couples qui sont à la recherche d'un toit ? Tout le monde ne serait-il pas gagnant ? Les locataires régleraient leur problème de logement. Les bailleurs obtiendraient une rentrée d'argent supplémentaire. Et l'Etat aurait là un moyen super d'atténuer la crise du logement, en plus des taxes notariales qui iraient renflouer la trésorerie publique. Flambée des prix de l'immobilier Que faut-il en penser, sinon que les lois qui régissent la location en Algérie sont mal faites. Les propriétaires ne sont pas sécurisés, parce qu'ils ne sont pas toujours certains de récupérer leurs biens. Ils ont donc tout à gagner pour certains à garder fermés leurs biens. Dans de nombreux pays, l'Etat prélève une taxe sur les logements fermés. D'une part, c'est une manière comme une autre d'obliger les propriétaires à mettre ces logements à la disposition de la collectivité. D'autre part, la même loi offre des garanties aux bailleurs, Ce sont un peu toutes les contradictions que l'on peut constater sur le terrain dès qu'on cherche à comprendre ce qui se passe dans le secteur de l'immobilier en Algérie. Un pays où l'on construit à tour de bras sans jamais parvenir à satisfaire la demande. Le corollaire d'une telle situation est la flambée des prix de l'immobilier. Là où il aurait suffi de 150 ou 200 millions de centimes pour l'achat d'un appartement, il y a quelques années seulement, il en faudra maintenant 500 ou 600. C'est-à-dire que les prix ont été multipliés par au moins trois en un laps de temps record. Absence d'un cadre réglementaire A cette crise de plus en plus aiguë vient donc se greffer la lèpre de la spéculation. Non seulement les appartements à l'achat sont hors de prix pour un Algérien moyen, — il faudrait travailler pendant plusieurs vies pour pouvoir réunir 500 millions pour l'acquisition d'un modeste appartement, d'autant plus que les banques ne jouent pas le jeu — mais, en plus, la location elle-même, qui est mal encadrée comme on l'a dit, est un véritable casse-tête chinois. On peut l'affirmer sans risque de se tromper, que l'Algérie est certainement le seul pays au monde où l'on doit débourser une année d'avance. C'est dire la confiance qui règne dans le secteur. Tout le monde a peur de se faire arnaquer. L'absence de l'Etat et de l'autorité dans la gestion de la vie quotidienne a fait perdre tout civisme aux gens ; de la plus petite à la plus grande chose. Dans le café du coin, vous ne pouvez pas prendre une consommation si vous ne payez pas à l'avance au comptoir, où l‘on vous remet un «jeton». Ça ne concerne que le prix d'un café ou d'une gazouze, c'est-à-dire 15 ou 20 dinars. Que dire alors d'un loyer de 20.000 ou 30.000 dinars. Ahurissant, n'est-ce pas ? Dans les autres pays, le propriétaire vous envoie un reçu de loyer par poste, et vous payez de même. C'est si simple. Tout cela pour dire qu'il ne sert à rien de se cabrer sur le chiffre de un million de logements à réaliser à l'horizon 2009, si dans le même temps on ne met pas en place un cadre réglementaire qui permettrait de mettre, en toute confiance et en toute transparence, les logements vides à la disposition des demandeurs potentiels, et il en existe ! Il ne sert à rien également de chercher des boucs émissaires, en pointant du doigt, selon le cas, soit les agences immobilières, soit les promoteurs, soit les entreprises de réalisation, soit les Such, soit les architectes, soit les fabricants de matériaux de construction, soit les notaires, soit la police de l'urbanisme, etc. Le ministre de l'Habitat, Nourredine Moussa, propose pour sa part de tenir dans les prochains mois les assises de l'habitat, avec la participation de tous les acteurs du secteur. Il s'agira de mettre à plat tous les problèmes du secteur, de les aborder de front et de proposer des solutions à moyen et long terme pour que la boulimie de béton et de carcasses non finies n'envahisse pas tous les espaces vitaux, ne dénude pas les cours d'eau, ne répande pas la pollution, tout en garantissant au citoyen algérien son droit au logement, qui est un droit fondamental.