Résumé de la 1re partie n En face du juge, un couple aveuglément amoureux. Rosina est accusée de tentative d?assassinat sur son fiancé Pietro parce qu?elle estime inadmissible qu?il l?abandonne pour? rien. Rosina Verga s'anime et fait de grands gestes avec son unique bras valide. «J'ai eu beau lui dire que j'avais eu la folie de donner, par amour, à Pietro ce qu'une fille honnête doit garder pour le mariage et que c'était une honte de supposer que j'aurais pu trahir mon fiancé avec un autre garçon, il n'a rien voulu savoir. Pas de certificat ! Alors j'ai été voir maître Scarpiani.» Le président se tourne vers l'avocat qui est seul devant le box des accusés puisqu'ils l'ont choisi tous les deux comme défenseur. Ce dernier a un sourire. «Je dois dire que c'est le plus extraordinaire souvenir de ma carrière. J'ai vu ma cliente faire irruption dans mon bureau. Elle a parIé du médecin légiste avec des épithètes que je ne tiens pas à rapporter et elle m'a ordonné d'intenter un procès à Pietro Verga. Je lui ai demandé pour quel motif. Elle m'a répondu : ?Pour qu'il choisisse entre le mariage et la mort.? J'ai essayé de lui faire comprendre que, sur le plan juridique, les choses ne se présentaient pas exactement de cette manière. Elle n'a pas voulu m'écouter et elle est partie en claquant la porte.» Le président se tourne vers Rosina. «Et vous avez décidé de tuer votre fiancé ?» La jeune femme a le même air de défi qu'au début de l'interrogatoire. «Oui, parfaitement, puisqu'il n'y avait pas d'autre moyen de me venger ! ? Qu'avez-vous fait alors ? ? J'ai demandé à mon grand-père de me prêter son revolver. ? Comment se fait-il qu'il ait eu cette arme chez lui ? ? Grand-père a été quelqu'un pendant la Résistance. Il a commandé un maquis. Je lui ai dit que j'avais besoin de me servir d'un revolver et que je voulais qu'il m'apprenne. ? Et il n'a fait aucune objection ? Il n'a pas posé de question ? ? Non. Grand-père me connaît. Il savait que s'était pour une raison grave...» Il y a un remous dans le public. Tous les regards se tournent vers un noble vieillard à la magnifique barbe blanche, taillée à la GaribaIdi, qui hoche la tête avec gravité. Un murmure de sympathie s'élève dans sa direction. Le président poursuit : «Donc votre grand-père vous apprend à tirer. ? Oui. Nous allions dans la prairie, derrière la ferme. Au début, j'ai eu du mal à cause du recul. Mais après une dizaine de séances, j'y suis arrivée. Au bout de trois mois, je ne manquais plus la cible. ? Vous avez dû user pas mal de cartouches. Combien votre grand-père en avait-il de caisses ?» Rosina Verga hausse les épaules devant ce détail, pour elle, sans importance. «Qu'importe ! Le principal était d?être prête.» Le président s'adresse, à présent, à Pietro Verga : «Et vous, pendant ce temps-là, que faisiez-vous ? ? Rien, monsieur le Président. ? Vous n'étiez pas au courant des projets de votre ex-fiancée ? ? Si, vous pensez bien ! On ne parlait que de cela à Ponteverde. Mais je ne prenais pas les choses au sérieux... Enfin, pas au début. Parce qu'à la fin, je me suis tout de même inquiété. ? A quel moment ? ? Au début de cette année. On me répétait que Rosina ne sortait plus qu'avec une arme sur elle. Tout le monde me disait d'en faire autant si je tenais à la vie. Un de mes amis m'a même proposé un revolver. J'ai fini par accepter. A partir de ce moment, il n'a plus été question que de Rosina et de moi à Ponteverde. On se serait cru dans un village de l'Ouest américain. C'était : ?Règlement de comptes à Ponteverde? !» (à suivre...)