Les autorités algériennes ne veulent pas aller plus vite que la musique. La prudence est de règle. Toutes choses étant égales par ailleurs, la convertibilité du dinar dépend de la libération du capital ainsi que d'une économie diversifiée. Les autorités algériennes ne veulent pas aller plus vite que la musique. La prudence est de règle. Toutes choses étant égales par ailleurs, la convertibilité du dinar dépend de la libération du capital ainsi que d'une économie diversifiée. Périodiquement, la question de la convertibilité du dinar revient sous les feux de l'actualité. Au même titre que celle de sa réévaluation. Depuis près de quinze ans, la réponse des autorités politiques et monétaires du pays, est invariablement la même : négatif. Un tel niet n'empêche pas le sujet de rebondir de façon intermittente, toutes les fois que les milieux d'affaires sentent le vent souffler en leur faveur. Ainsi, la fièvre s'était emparée du café du commerce durant presque toute l'année 2006, avec un argumentaire qui tient en quelques lignes : les réserves de change du pays sont importantes. Le caractère mono-exportateur de notre économie ne plaide pas en faveur d'un dinar faible, puisque de toutes les façons, nous n'avons pas grand-chose à exporter à part les hydrocarbures. Réévaluer le dinar dans ces conditions donnera plus de pouvoir d'achat à la monnaie nationale et nous permettra d'acheter plus de choses. Ce sont pratiquement les mêmes parties qui demandent et la convertibilité et la réévaluation. D'autant que les arguments de cette campagne sont étayés par les suggestions émises en mars 2006 par une délégation du Fonds monétaire international (FMI), conduite par Erik de Vrijer, chef de division au département Moyen-Orient et Asie centrale. «Afin de maximiser les bénéfices et de minimiser les coûts inévitables de l'accord d'association avec l'Union européenne, il est nécessaire de mettre en œuvre sans délai la réforme du système bancaire et d'assurer la liberté totale de la convertibilité courante du dinar». Comme on peut le constater, l'institution de Brettons Wood prône la convertibilité mais se garde bien de demander la réévaluation du dinar. On verra par la suite que les autorités algériennes ne tiendront pas cas de ces recommandations du FMI : ni pour ce qui est de la convertibilité ni pour ce qui est de la non augmentation des salaires. En l'occurrence, l'Algérie, qui avait dû se plier dans les années 90 à un plan d'ajustement structurel drastique en passant sous les fourches caudines du FMI, n'est plus en position de faiblesse, et peut se permettre d'accueillir des experts du FMI, de les écouter, mais de ne pas suivre leurs recommandations. L'autre suggestion qui n'a pas été respectée est celle du gel des salaires de la Fonction publique. Le FMI avait été même jusqu'à proposer un allègement des dépenses de l'Etat (entendez le dégraissage dans les rangs de la Fonction publique). Mais cela n'a pas empêché la polémique de rebondir. En Algérie, cette campagne en faveur de la réévaluation avait connu une montée en puissance en été 2007, à la suite de l'augmentation des prix de la poudre de lait, qui avait entraîné une grève des producteurs, et la pénurie de pomme de terre qui avait vu au contraire les spéculateurs se sucrer sur le dos des honnêtes gens. L'argument du patronat Cet enchaînement de faits avait incité le forum des chefs d'entreprise à monter au créneau et à faire sienne la revendication d'une réévaluation du dinar. L'argument était simple : puisque l'inflation était importée, rien de mieux qu'un raffermissement de la monnaie nationale pour enrayer cette inflation. En filigrane, on pouvait également distinguer dans les propositions du FCE le souhait de passer à une convertibilité du dinar. La réponse des adversaires de la convertibilité totale du dinar et de sa réévaluation épousera les mêmes arguments, en s'appuyant justement sur le caractère mono-exportateur de notre économie. C'est entre autres l'avis de M. Karim Djoudi, ministre des Finances. Pour lui, la convertibilité du dinar nuirait à l'Algérie dont l'économie est très peu diversifiée et est encore largement dépendante des hydrocarbures. Il est très intéressant, en tout cas, de voir à quel point il est possible d'utiliser les mêmes données pour dire des choses diamétralement opposées. Par ailleurs, le fait même que le système financier algérien soit en période de réforme renforce le caractère fragile de la monnaie nationale, puisque des garde-fous devant assurer la protection du dinar, n'existent pas. Le troisième volet, qui est en relation avec la libération du compte capital, rencontre les mêmes hostilités de la part du gouvernement : «Dans le cas de l'Algérie, cela est absolument impossible, car cela doit être dicté par une économie diversifiée». En d'autres termes, les autorités algériennes ne veulent pas aller plus vite que la musique. La prudence est de règle. Toutes choses étant égales par ailleurs, la convertibilité du dinar dépend de la libération du capital ainsi que d'une économie diversifiée, et vice versa, d'autant que l'article 8 de la convention du FMI de 1987 n'oblige l'Algérie à ne libérer la convertibilité que pour les transactions courantes, à savoir le commerce et les services. Cela veut tout simplement dire que l'Algérie est sur ce plan en conformité avec les règles internationales, et qu'elle n'est pas seule dans ce cas. Des pays qui ont une économie plus diversifiée, comme ceux du sud-est asiatique appliquent les mêmes règles de prudence. Il est intéressant de noter à ce propos la manière dont l'Algérie se conduit désormais avec les institutions internationales : après le passage de l'ouragan des années 90, période pendant laquelle l'économie algérienne était à genoux, l'Algérie redécouvre ses capacités de négociation et tient à garder une entière souveraineté sur les grandes décisions qui engagent l'avenir économique du pays. C'est vrai que les indices macro économiques plaident en faveur d'une telle démarche : en réduisant à sa portion congrue le ratio de la dette extérieure, tout en disposant d'un matelas confortable en termes de réserves de change, le pays s'est donné les moyens de choisir le moment où il devra passer à la convertibilité du dinar, et celui d'avoir les coudées franches dans le rythme imprimé au processus des réformes. S'il voit que telle disposition n'est pas conforme aux intérêts du pays, il peut la repousser à une date ultérieure. Un tel comportement n'était pas possible à l'époque où il fallait appliquer les dures conditions du FMI. La talon d'Achille A ceux qui défendent la thèse selon laquelle la convertibilité du dinar est un gage de bonne volonté des autorités algériennes vis-à-vis du capital étranger et du retour de la confiance, en contribuant à attirer les investissements directs étrangers, les autorités algériennes et certains experts répondent que la facilité avec laquelle les capitaux entreront est la même qui leur permettra de sortir. Et on revient toujours à la question du caractère non diversifié de l'économie nationale qui représente un réel talon d'Achille, par où le danger peut subvenir. Comme l'explique l'ancien Chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, une convertibilité totale aura pour conséquence de faciliter le siphonage des avoirs en devises de l'Algérie, soit leur transfert vers l'étranger. Dans les pays du sud-est asiatique (Indonésie, Malaisie), le contrôle des changes a été rétabli en 1997. Au Venezuela, cela s'est fait en 2003. Quoique là, nous sommes dans des choix idéologiques déterminés, mais enfin, c'est une réalité historique à ne pas ignorer. Par ailleurs, y compris dans les économies prospères, le contrôle n'a été levé qu'après avoir constaté que les mouvements d'entrée des devises étaient plus importants que les sorties. La France, qui avait institué le contrôle des changes en 1939, ne l'a levé qu'en 1989. Pour un expert financier comme M. Brahiti, le contrôle des changes permet à l'Algérie de protéger la vulnérabilité du pays face aux chocs extérieurs, en limitant l'importation de certains biens ou services, et en limitant les dépenses des touristes algériens à l'étranger, par exemple, tout en rendant impossible l'acquisition de valeurs mobilières ou immobilières à l'étranger par des résidents, avec l'argent public. Dans le même temps, les allocations voyages sont plafonnées à dessein à 15.000 dinars. Ce que l'on peut dire, en résumé, c'est que tout comme pour ce qui est de l'amnistie fiscale, l'Etat a opposé une fin de non-recevoir aux milieux d'affaires qui souhaiteraient une réévaluation du dinar ou sa convertibilité totale. Mais l'Etat sait tenir compte des réalités et des difficultés conjoncturelles : Dans les années 90, après la trop forte dévaluation qui avait amené de nombreux entrepreneurs à mettre la clef sous le paillasson, du fait des dégâts occasionnés par la perte de change, les organisations patronales étaient montées au créneau pour exiger des réparations. Les autorités publiques avaient accepté d'apporter des compensations pour aider beaucoup de ces entrepreneurs à redresser la barre. Il y eut surtout une libération des prix de vente, en rupture avec la pratique des prix administrés. En revanche, en été 2007, en réponse à une montée au créneau du Forum des chefs d'entreprise, qui avait émis une série de propositions de sortie de crise, le Chef du gouvernement avait écarté toute idée de réévaluation ou de convertibilité totale du dinar. Tout n'est pas blanc ou noir. Il y a aussi des nuances de gris. Périodiquement, la question de la convertibilité du dinar revient sous les feux de l'actualité. Au même titre que celle de sa réévaluation. Depuis près de quinze ans, la réponse des autorités politiques et monétaires du pays, est invariablement la même : négatif. Un tel niet n'empêche pas le sujet de rebondir de façon intermittente, toutes les fois que les milieux d'affaires sentent le vent souffler en leur faveur. Ainsi, la fièvre s'était emparée du café du commerce durant presque toute l'année 2006, avec un argumentaire qui tient en quelques lignes : les réserves de change du pays sont importantes. Le caractère mono-exportateur de notre économie ne plaide pas en faveur d'un dinar faible, puisque de toutes les façons, nous n'avons pas grand-chose à exporter à part les hydrocarbures. Réévaluer le dinar dans ces conditions donnera plus de pouvoir d'achat à la monnaie nationale et nous permettra d'acheter plus de choses. Ce sont pratiquement les mêmes parties qui demandent et la convertibilité et la réévaluation. D'autant que les arguments de cette campagne sont étayés par les suggestions émises en mars 2006 par une délégation du Fonds monétaire international (FMI), conduite par Erik de Vrijer, chef de division au département Moyen-Orient et Asie centrale. «Afin de maximiser les bénéfices et de minimiser les coûts inévitables de l'accord d'association avec l'Union européenne, il est nécessaire de mettre en œuvre sans délai la réforme du système bancaire et d'assurer la liberté totale de la convertibilité courante du dinar». Comme on peut le constater, l'institution de Brettons Wood prône la convertibilité mais se garde bien de demander la réévaluation du dinar. On verra par la suite que les autorités algériennes ne tiendront pas cas de ces recommandations du FMI : ni pour ce qui est de la convertibilité ni pour ce qui est de la non augmentation des salaires. En l'occurrence, l'Algérie, qui avait dû se plier dans les années 90 à un plan d'ajustement structurel drastique en passant sous les fourches caudines du FMI, n'est plus en position de faiblesse, et peut se permettre d'accueillir des experts du FMI, de les écouter, mais de ne pas suivre leurs recommandations. L'autre suggestion qui n'a pas été respectée est celle du gel des salaires de la Fonction publique. Le FMI avait été même jusqu'à proposer un allègement des dépenses de l'Etat (entendez le dégraissage dans les rangs de la Fonction publique). Mais cela n'a pas empêché la polémique de rebondir. En Algérie, cette campagne en faveur de la réévaluation avait connu une montée en puissance en été 2007, à la suite de l'augmentation des prix de la poudre de lait, qui avait entraîné une grève des producteurs, et la pénurie de pomme de terre qui avait vu au contraire les spéculateurs se sucrer sur le dos des honnêtes gens. L'argument du patronat Cet enchaînement de faits avait incité le forum des chefs d'entreprise à monter au créneau et à faire sienne la revendication d'une réévaluation du dinar. L'argument était simple : puisque l'inflation était importée, rien de mieux qu'un raffermissement de la monnaie nationale pour enrayer cette inflation. En filigrane, on pouvait également distinguer dans les propositions du FCE le souhait de passer à une convertibilité du dinar. La réponse des adversaires de la convertibilité totale du dinar et de sa réévaluation épousera les mêmes arguments, en s'appuyant justement sur le caractère mono-exportateur de notre économie. C'est entre autres l'avis de M. Karim Djoudi, ministre des Finances. Pour lui, la convertibilité du dinar nuirait à l'Algérie dont l'économie est très peu diversifiée et est encore largement dépendante des hydrocarbures. Il est très intéressant, en tout cas, de voir à quel point il est possible d'utiliser les mêmes données pour dire des choses diamétralement opposées. Par ailleurs, le fait même que le système financier algérien soit en période de réforme renforce le caractère fragile de la monnaie nationale, puisque des garde-fous devant assurer la protection du dinar, n'existent pas. Le troisième volet, qui est en relation avec la libération du compte capital, rencontre les mêmes hostilités de la part du gouvernement : «Dans le cas de l'Algérie, cela est absolument impossible, car cela doit être dicté par une économie diversifiée». En d'autres termes, les autorités algériennes ne veulent pas aller plus vite que la musique. La prudence est de règle. Toutes choses étant égales par ailleurs, la convertibilité du dinar dépend de la libération du capital ainsi que d'une économie diversifiée, et vice versa, d'autant que l'article 8 de la convention du FMI de 1987 n'oblige l'Algérie à ne libérer la convertibilité que pour les transactions courantes, à savoir le commerce et les services. Cela veut tout simplement dire que l'Algérie est sur ce plan en conformité avec les règles internationales, et qu'elle n'est pas seule dans ce cas. Des pays qui ont une économie plus diversifiée, comme ceux du sud-est asiatique appliquent les mêmes règles de prudence. Il est intéressant de noter à ce propos la manière dont l'Algérie se conduit désormais avec les institutions internationales : après le passage de l'ouragan des années 90, période pendant laquelle l'économie algérienne était à genoux, l'Algérie redécouvre ses capacités de négociation et tient à garder une entière souveraineté sur les grandes décisions qui engagent l'avenir économique du pays. C'est vrai que les indices macro économiques plaident en faveur d'une telle démarche : en réduisant à sa portion congrue le ratio de la dette extérieure, tout en disposant d'un matelas confortable en termes de réserves de change, le pays s'est donné les moyens de choisir le moment où il devra passer à la convertibilité du dinar, et celui d'avoir les coudées franches dans le rythme imprimé au processus des réformes. S'il voit que telle disposition n'est pas conforme aux intérêts du pays, il peut la repousser à une date ultérieure. Un tel comportement n'était pas possible à l'époque où il fallait appliquer les dures conditions du FMI. La talon d'Achille A ceux qui défendent la thèse selon laquelle la convertibilité du dinar est un gage de bonne volonté des autorités algériennes vis-à-vis du capital étranger et du retour de la confiance, en contribuant à attirer les investissements directs étrangers, les autorités algériennes et certains experts répondent que la facilité avec laquelle les capitaux entreront est la même qui leur permettra de sortir. Et on revient toujours à la question du caractère non diversifié de l'économie nationale qui représente un réel talon d'Achille, par où le danger peut subvenir. Comme l'explique l'ancien Chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, une convertibilité totale aura pour conséquence de faciliter le siphonage des avoirs en devises de l'Algérie, soit leur transfert vers l'étranger. Dans les pays du sud-est asiatique (Indonésie, Malaisie), le contrôle des changes a été rétabli en 1997. Au Venezuela, cela s'est fait en 2003. Quoique là, nous sommes dans des choix idéologiques déterminés, mais enfin, c'est une réalité historique à ne pas ignorer. Par ailleurs, y compris dans les économies prospères, le contrôle n'a été levé qu'après avoir constaté que les mouvements d'entrée des devises étaient plus importants que les sorties. La France, qui avait institué le contrôle des changes en 1939, ne l'a levé qu'en 1989. Pour un expert financier comme M. Brahiti, le contrôle des changes permet à l'Algérie de protéger la vulnérabilité du pays face aux chocs extérieurs, en limitant l'importation de certains biens ou services, et en limitant les dépenses des touristes algériens à l'étranger, par exemple, tout en rendant impossible l'acquisition de valeurs mobilières ou immobilières à l'étranger par des résidents, avec l'argent public. Dans le même temps, les allocations voyages sont plafonnées à dessein à 15.000 dinars. Ce que l'on peut dire, en résumé, c'est que tout comme pour ce qui est de l'amnistie fiscale, l'Etat a opposé une fin de non-recevoir aux milieux d'affaires qui souhaiteraient une réévaluation du dinar ou sa convertibilité totale. Mais l'Etat sait tenir compte des réalités et des difficultés conjoncturelles : Dans les années 90, après la trop forte dévaluation qui avait amené de nombreux entrepreneurs à mettre la clef sous le paillasson, du fait des dégâts occasionnés par la perte de change, les organisations patronales étaient montées au créneau pour exiger des réparations. Les autorités publiques avaient accepté d'apporter des compensations pour aider beaucoup de ces entrepreneurs à redresser la barre. Il y eut surtout une libération des prix de vente, en rupture avec la pratique des prix administrés. En revanche, en été 2007, en réponse à une montée au créneau du Forum des chefs d'entreprise, qui avait émis une série de propositions de sortie de crise, le Chef du gouvernement avait écarté toute idée de réévaluation ou de convertibilité totale du dinar. Tout n'est pas blanc ou noir. Il y a aussi des nuances de gris.