Les différents rapports qu'élabore régulièrement l'institution financière recommandent d'ailleurs aux pays membres du FMI d'“œuvrer pour la mise en place d'un système ouvert et libéral de mouvements de capitaux afin de favoriser la croissance et la prospérité économiques”. Mais qu'en est-il de la convertibilité totale de la monnaie ? En Algérie, depuis quelques semaines, un début de polémique sur l'opportunité de décréter la convertibilité totale de notre monnaie occupe la scène médiatique. Cette polémique a vu le jour au lendemain de la visite effectuée à Alger par un groupe d'expert du FMI dont le rapport de mission a justement évoqué la question de la libéralisation des mouvements de capitaux. Si rien n'a filtré à ce sujet lors de la visite qu'ils ont effectuée la semaine dernière à Alger, la question de la convertibilité a été cependant clairement évoquée par les experts du FMI en octobre 2005 puisqu'ils avaient même conseillé aux autorités monétaires du pays d'“œuvrer pour la pleine application de la libre convertibilité du dinar pour les transactions courantes”. Certains parmi les observateurs de la scène politique et économique algérienne avaient interprété cette recommandation comme étant une prise de position du FMI en faveur d'une convertibilité totale de la monnaie nationale. Cependant, cette idée est vite battue en brèche par d'autres économistes qui estiment que le FMI ne saurait imposer à l'Algérie une convertibilité totale du dinar, d'autant que les réserves de change dont bénéficie l'Algérie ne sont pas si énormes qu'on ne le pense, c'est-à-dire trois fois moins importantes que celles d'un pays comme la Corée du Sud par exemple. De plus, l'aisance financière du pays demeure toujours "les résultats d'une monoexportation" (les hydrocarbures en l'occurrence) et qu'à ce titre, "la fragilité recommande le maintien de la prudence". Tout en mentionnant que la convertibilité commerciale en Algérie est intégrale depuis 10 ans, ces mêmes économistes constatent cependant que certaines restrictions en matière d'accès aux devises existent toujours notamment dans le domaine des services. Un autre scénario, tout aussi plausible, est également invoqué par les tenants de la non-convertibilité. C'est celui de la fuite massive des capitaux que pourrait provoquer l'abolition totale du contrôle des changes. Interrogé sur la question de la convertibilité, le Chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia avait indiqué clairement, lors de sa dernière sortie publique, que "le niveau record des réserves de change de l'Algérie n'est pas un motif pour siphonner ce matelas de devises en recourant à la convertibilité de la monnaie nationale". Et de qualifier le débat autour de la question de la convertibilité de "malintentionné" et d'"infondé". Pour sa part, Ali Banouari, ancien ministre délégué au Trésor, à l'origine du débat lancé autour de cette question, pense au contraire que l'abolition du contrôle des changes "exclue qu'il puisse y avoir des transferts d'argent non déclaré", en ce sens que l'attrait d'un taux de change meilleur et d'une plus grande sécurité est susceptible de provoquer le rapatriement dans le circuit officiel des énormes liquidités qui prospèrent sur le marché informel, qui amenuisent les ressources budgétaires et engendrent la corruption à grande échelle". L'ancien ministre estime, par ailleurs, que pour une raison qui ne tient nullement au dogme, mais au bon sens, "on ne peut gérer une économie qui se veut libérale qu'avec les lois de l'économie libérale". "Cette logique est celle de l'OMC, que nous avons acceptée, et des 150 pays qui en sont membres", rappelle M. Benouari. Et d'ajouter que les statuts du FMI "astreignent ses membres à déclarer leur régime de change et à s'interdire toute manipulation du taux de change de nature à leur conférer un avantage compétitif"