Le cinéaste américain Jules Dassin, décédé lundi à Athènes à l'âge de 96 ans, s'est révélé à travers une oeuvre éclectique où domine le film noir, un genre dans lequel il était passé maître, comme dans "Rififi chez les hommes" et "Les forbans de la nuit". Doté d'une carrière exemplaire, cet ancien militant communiste qui ne savait pas "vivre sans engagement politique", a été obligé de fuir les Etats-Unis en plein maccarthysme (1950), puis est devenu sur la fin de sa vie citoyen grec après la mort de son épouse, l'actrice Mélina Mercouri (1994). Né le 18 décembre 1911 à Middletown (Connecticut), Jules Dassin poursuit des études d'art dramatique en Europe. Comédien au Yiddish Teaser de New York en 1936, il est metteur en scène puis auteur d'émissions radiophoniques à succès. Quand, en période de crise, un agent lui propose de faire carrière à Hollywood, il fait taire ses scrupules et enchaîne les films de série B qu'il déteste. En 1940, assistant de metteurs en scènes célèbres, il côtoie Alfred Hitchcock. Sa première réalisation significative est une adaptation d'avant-garde du "Coeur révélateur" d'Edgar Poe. Il tourne aussi une série de courts-métrages dont plusieurs consacrés à de grands interprètes de musique classique (Pablo Casals, Arthur Rubinstein, Jascha Heifetz...). Thomas Mann et Brecht, qui ont fui le nazisme, comptent parmi ses meilleurs amis. En 1936, la Metro Goldwyn Mayer (MGM) remarque son film "Agent Nazi", et lui confie alors la réalisation de plusieurs longs métrages, comédies légères ("The Affairs of Martha") ou drames romantiques ("Reunion in France"). Onze ans plus tard, Dassin passe avec bonheur à la chronique sociale noire. "Brute Force" (Les démons de la liberté), et "Naked City", ("La cité sans voiles") puis "Les Bas-fonds de Frisco" l'imposent parmi les meilleurs cinéastes américains du moment. Exilé à Londres, il tourne "Night in the city" ("Les Forbans de la nuit"), sur la pègre londonienne (avec l'acteur Richard Widmark), un film qui le consacre parmi les maîtres du polar social noir. La France lui offre la possibilité de tourner son premier long-métrage. Ce sera "Du rififi chez les hommes" (Grand prix de la réalisation, Cannes 1955), film "cher au coeur" du réalisateur, servi, argot compris, par des acteurs époustouflants (Jean Servais, Robert Manuel, Magali Noël). Il tourne en Crète "Celui qui doit mourir" (1957) d'après le roman de Nikos Kazantzakis, puis en Italie, "La loi" (1958), d'après l'œuvre de Roger Vailland. Installé à Athènes, Jules Dassin réalise "Jamais le dimanche" (1960), comédie dont il est également la vedette masculine aux côtés de Melina Mercouri. Prostituée en lutte pour les besoins du scénario qu'il a écrit, l'actrice (Grand prix d'interprétation à Cannes) deviendra son épouse en 1966. A l'exception de "Topkapi" (1964), un joyau du suspense, des films comme "Phaedra" (1962) et "Uptight" (1968), seront accueillis avec moins d'enthousiasme. Devenu citoyen grec à titre honorifique quelque temps après la mort de sa femme, qui était devenue ministre de la Culture de Grèce, il se consacrait depuis à la construction du nouveau musée de l'Acropole et à la restitution des frises du Parthénon, exposées au British Museum de Londres. Jules Dassin, dont le deuxième grand amour après la mise en scène était le théâtre, était père de deux enfants, issus d'un premier mariage avec la violoniste Béatrice Launer. Le cinéaste américain Jules Dassin, décédé lundi à Athènes à l'âge de 96 ans, s'est révélé à travers une oeuvre éclectique où domine le film noir, un genre dans lequel il était passé maître, comme dans "Rififi chez les hommes" et "Les forbans de la nuit". Doté d'une carrière exemplaire, cet ancien militant communiste qui ne savait pas "vivre sans engagement politique", a été obligé de fuir les Etats-Unis en plein maccarthysme (1950), puis est devenu sur la fin de sa vie citoyen grec après la mort de son épouse, l'actrice Mélina Mercouri (1994). Né le 18 décembre 1911 à Middletown (Connecticut), Jules Dassin poursuit des études d'art dramatique en Europe. Comédien au Yiddish Teaser de New York en 1936, il est metteur en scène puis auteur d'émissions radiophoniques à succès. Quand, en période de crise, un agent lui propose de faire carrière à Hollywood, il fait taire ses scrupules et enchaîne les films de série B qu'il déteste. En 1940, assistant de metteurs en scènes célèbres, il côtoie Alfred Hitchcock. Sa première réalisation significative est une adaptation d'avant-garde du "Coeur révélateur" d'Edgar Poe. Il tourne aussi une série de courts-métrages dont plusieurs consacrés à de grands interprètes de musique classique (Pablo Casals, Arthur Rubinstein, Jascha Heifetz...). Thomas Mann et Brecht, qui ont fui le nazisme, comptent parmi ses meilleurs amis. En 1936, la Metro Goldwyn Mayer (MGM) remarque son film "Agent Nazi", et lui confie alors la réalisation de plusieurs longs métrages, comédies légères ("The Affairs of Martha") ou drames romantiques ("Reunion in France"). Onze ans plus tard, Dassin passe avec bonheur à la chronique sociale noire. "Brute Force" (Les démons de la liberté), et "Naked City", ("La cité sans voiles") puis "Les Bas-fonds de Frisco" l'imposent parmi les meilleurs cinéastes américains du moment. Exilé à Londres, il tourne "Night in the city" ("Les Forbans de la nuit"), sur la pègre londonienne (avec l'acteur Richard Widmark), un film qui le consacre parmi les maîtres du polar social noir. La France lui offre la possibilité de tourner son premier long-métrage. Ce sera "Du rififi chez les hommes" (Grand prix de la réalisation, Cannes 1955), film "cher au coeur" du réalisateur, servi, argot compris, par des acteurs époustouflants (Jean Servais, Robert Manuel, Magali Noël). Il tourne en Crète "Celui qui doit mourir" (1957) d'après le roman de Nikos Kazantzakis, puis en Italie, "La loi" (1958), d'après l'œuvre de Roger Vailland. Installé à Athènes, Jules Dassin réalise "Jamais le dimanche" (1960), comédie dont il est également la vedette masculine aux côtés de Melina Mercouri. Prostituée en lutte pour les besoins du scénario qu'il a écrit, l'actrice (Grand prix d'interprétation à Cannes) deviendra son épouse en 1966. A l'exception de "Topkapi" (1964), un joyau du suspense, des films comme "Phaedra" (1962) et "Uptight" (1968), seront accueillis avec moins d'enthousiasme. Devenu citoyen grec à titre honorifique quelque temps après la mort de sa femme, qui était devenue ministre de la Culture de Grèce, il se consacrait depuis à la construction du nouveau musée de l'Acropole et à la restitution des frises du Parthénon, exposées au British Museum de Londres. Jules Dassin, dont le deuxième grand amour après la mise en scène était le théâtre, était père de deux enfants, issus d'un premier mariage avec la violoniste Béatrice Launer.