Depuis des décennies, s'il y a un problème qui se pose à l'Algérie, c'est celui du déficit en communication. Il y a comme un fossé qui sépare la base et le sommet. Dans ces conditions, l'émeute s'est imposée, hélas, comme un mode de communication. Depuis des décennies, s'il y a un problème qui se pose à l'Algérie, c'est celui du déficit en communication. Il y a comme un fossé qui sépare la base et le sommet. Dans ces conditions, l'émeute s'est imposée, hélas, comme un mode de communication. Une cellule d‘écoute à Gdyel. Une bonne ou une mauvaise chose ? Pour reprendre le langage des matheux, on peut dire que c‘est une solution nécessaire mais non suffisante. Espérons en tout cas que cette structure donnera des résultats et que cela aidera les chômeurs de la localité à monter leur micro-entreprise. Cela dit, pourquoi faut-il attendre qu‘éclate une émeute pour proposer des solutions ? La bonne gouvernance, n‘est-ce pas cette capacité que peuvent avoir les autorités publiques à mettre en place des cellules de réflexion ? Sinon à quoi peuvent servir toutes ces armées de conseillers, de directeurs centraux, d‘analystes, de chefs de service et de chefs de bureau, de spin doctors si grassement payés ? Que s‘est-il passé à Gdyel ? Des émeutes, des affrontements avec les forces de l‘ordre, des blessés, des locaux saccagés, le bilan est toujours lourd à établir après-coup. La justice s‘est saisie de l‘affaire. 44 personnes sont toujours sous mandat de dépôt. C‘est vrai que lorsqu‘on casse des biens appartenant aux particuliers ou à l‘Etat, il faut bien situer les responsabilités. Mais on aurait pu éviter qu‘un tel drame se produise si on avait su prévoir à temps l‘événement, en prenant en charge les besoins des populations. Les jeunes, les chômeurs, les citoyens, c‘est tous les jours qu‘il faut les écouter et qu‘il faut prendre en charge leurs doléances. N‘est-ce pas ? Il est bon qu‘une cellule d‘écoute soit installée à Gdyel. Il est bon en outre qu‘elle soit expérimentée pour vérifier son efficacité, et il est bon d‘étendre cette mesure à toutes les localités du pays. Pourquoi faut-il attendre qu‘il y ait des émeutes à Touggourt pour comprendre que les jeunes du sud du pays en ont ras-le-bol de se voir écarter des postes d‘emploi créés dans leur localité ? Pourquoi faut-il attendre que la population d‘une commune de la wilaya de Jijel sorte dans la rue, érige des barricades, brûle des pneus, pour venir régler un problème d‘eau, de logement, d‘électricité et que sais-je encore ? Depuis des décennies, s‘il y a un problème qui se pose à l‘Algérie, c‘est celui du déficit en communication. Il y a comme un fossé qui sépare la base et le sommet. Un plan Marshall pour la jeunesse Lorsque le Chef du gouvernement harangue les harragas, en promettant la création de 400.000 postes d‘emploi par an, on veut bien le croire, mais les promesses n‘engagent-elles que ceux qui y croient ? Le ministre de la solidarité arrive toujours comme un pompier pour promettre des locaux, des routes, des centres de santé, des maisons de jeunes, des bus, des bibliothèques, des aides aux nécessiteux, des prises en charge aux malades, des subventions aux vieux et aux laissés-pour-compte, mais ses promesses ne voient jamais le jour, pourquoi ? M. Ould Abbas a-t-il fini de faire des promesses en l‘air ? Lorsqu‘on lit les journaux et qu‘on consulte le courrier des lecteurs, on retrouve toujours ces échos de citoyens demandant à M. Ould Abbas de tenir ses engagements. Mais en tient-il compte ? Il n‘y a rien de plus pernicieux pour un Exécutif que les discours creux, rien de plus improductif aussi. Le phénomène des harragas avait atteint un niveau tel qu‘il est devenu un phénomène de société. Il ne concerne plus quelques brebis égarées seulement, mais des milliers d‘Algériens sont touchés dans leur chair. Aucune région du pays n‘est épargnée. L‘affaire fait tache d‘huile. Sur cent harragas récupérés par les garde-côtes, ou par des navires étrangers, combien d‘autres périssent en mer, dont on a perdu à jamais la trace ? Le côté dramatique de la chose est allé crescendo, au point que le président de la République a réuni les walis et le gouvernement pour en débattre et faire des propositions. Certaines voix s‘étaient levées au cours de la conférence pour exiger un véritable plan Marshall en direction de la jeunesse. Qu‘est-ce qui a été fait depuis cette date ? Ce que l‘on sait, hélas, c‘est que le flux migratoire a continué, gagnant au contraire en importance. Pendant ce temps, le gouvernement a essayé de proposer un certain nombre de solution, dans le domaine de la création d‘emplois. M. Tayeb Louh a fait adopter toute une batterie de textes pour encourager les entreprises à recruter des jeunes. On n‘est plus dans ce qu‘on a longtemps appelé « tachghile chabab », consistant à offrir une aide pécuniaire aux jeunes recrutés dans certains emplois précaires. Les idées ne manquent pas Les nouveaux textes au contraire présentent une palette de mesures novatrices : c‘est l‘adoption, par le Conseil du gouvernement d‘un nouveau dispositif d‘aide à l‘emploi, qui prévoit trois types de contrat : un contrat d‘insertion des diplômés (CID), un contrat d‘insertion professionnelle (CIP), et un contrat de formation d‘insertion. Le premier contrat nous rappelle ces chiffres pas très joyeux de l‘Office national des statistiques, indiquant qu‘au moins 38 % des jeunes diplômés seraient sans emploi, et le gouvernement n‘a fait que prendre le pouls de ce qui se passe dans la société et dans l‘Algérie profonde. Si on ne s‘occupe pas de cette tranche d‘âge, on peut encore assister à des fournées de harragas. Non seulement le gouvernement allonge à trois ans la durée de cette aide à l‘emploi, mais en plus il met la main à la poche, puisqu‘il s‘engage à prendre en charge 45 % du salaire de l‘employé recruté au cours de la première année, 40 % au cours de la deuxième année, et 30 % au cours de la troisième, le tout assorti d‘allègements fiscaux et de la prise en charge par l‘Etat des cotisations liées à la sécurité sociale. Il y a donc des choses nouvelles, mais le phénomène des harragas et celui des émeutes n‘ont pas cessé. Que faut-il penser, sinon que la bureaucratie a encore de beaux jours devant elle en Algérie. Entre l‘adoption d‘une mesure et son entrée en application, il y a un monde. On peut prendre pour exemple le cas des banques publiques, qui refusent désormais d‘accorder les crédits prévus dans le dossier ANSEJ ou CNAC. Pourquoi ? On nous dit que les institutions bancaires n‘arrivent pas à obtenir les remboursements nécessaires. Or le discours officiel n‘a pas cessé de répéter que cet argent n‘appartient pas aux banques mais qu‘il a été débloqué par l‘Etat. Les banques ne font que le gérer. Qui faut-il croire ? En tout état de cause, la bataille de l‘emploi n‘est pas encore gagnée. Elle est un véritable défi pour l‘Etat et ses institutions. Une cellule d‘écoute à Gdyel. Une bonne ou une mauvaise chose ? Pour reprendre le langage des matheux, on peut dire que c‘est une solution nécessaire mais non suffisante. Espérons en tout cas que cette structure donnera des résultats et que cela aidera les chômeurs de la localité à monter leur micro-entreprise. Cela dit, pourquoi faut-il attendre qu‘éclate une émeute pour proposer des solutions ? La bonne gouvernance, n‘est-ce pas cette capacité que peuvent avoir les autorités publiques à mettre en place des cellules de réflexion ? Sinon à quoi peuvent servir toutes ces armées de conseillers, de directeurs centraux, d‘analystes, de chefs de service et de chefs de bureau, de spin doctors si grassement payés ? Que s‘est-il passé à Gdyel ? Des émeutes, des affrontements avec les forces de l‘ordre, des blessés, des locaux saccagés, le bilan est toujours lourd à établir après-coup. La justice s‘est saisie de l‘affaire. 44 personnes sont toujours sous mandat de dépôt. C‘est vrai que lorsqu‘on casse des biens appartenant aux particuliers ou à l‘Etat, il faut bien situer les responsabilités. Mais on aurait pu éviter qu‘un tel drame se produise si on avait su prévoir à temps l‘événement, en prenant en charge les besoins des populations. Les jeunes, les chômeurs, les citoyens, c‘est tous les jours qu‘il faut les écouter et qu‘il faut prendre en charge leurs doléances. N‘est-ce pas ? Il est bon qu‘une cellule d‘écoute soit installée à Gdyel. Il est bon en outre qu‘elle soit expérimentée pour vérifier son efficacité, et il est bon d‘étendre cette mesure à toutes les localités du pays. Pourquoi faut-il attendre qu‘il y ait des émeutes à Touggourt pour comprendre que les jeunes du sud du pays en ont ras-le-bol de se voir écarter des postes d‘emploi créés dans leur localité ? Pourquoi faut-il attendre que la population d‘une commune de la wilaya de Jijel sorte dans la rue, érige des barricades, brûle des pneus, pour venir régler un problème d‘eau, de logement, d‘électricité et que sais-je encore ? Depuis des décennies, s‘il y a un problème qui se pose à l‘Algérie, c‘est celui du déficit en communication. Il y a comme un fossé qui sépare la base et le sommet. Un plan Marshall pour la jeunesse Lorsque le Chef du gouvernement harangue les harragas, en promettant la création de 400.000 postes d‘emploi par an, on veut bien le croire, mais les promesses n‘engagent-elles que ceux qui y croient ? Le ministre de la solidarité arrive toujours comme un pompier pour promettre des locaux, des routes, des centres de santé, des maisons de jeunes, des bus, des bibliothèques, des aides aux nécessiteux, des prises en charge aux malades, des subventions aux vieux et aux laissés-pour-compte, mais ses promesses ne voient jamais le jour, pourquoi ? M. Ould Abbas a-t-il fini de faire des promesses en l‘air ? Lorsqu‘on lit les journaux et qu‘on consulte le courrier des lecteurs, on retrouve toujours ces échos de citoyens demandant à M. Ould Abbas de tenir ses engagements. Mais en tient-il compte ? Il n‘y a rien de plus pernicieux pour un Exécutif que les discours creux, rien de plus improductif aussi. Le phénomène des harragas avait atteint un niveau tel qu‘il est devenu un phénomène de société. Il ne concerne plus quelques brebis égarées seulement, mais des milliers d‘Algériens sont touchés dans leur chair. Aucune région du pays n‘est épargnée. L‘affaire fait tache d‘huile. Sur cent harragas récupérés par les garde-côtes, ou par des navires étrangers, combien d‘autres périssent en mer, dont on a perdu à jamais la trace ? Le côté dramatique de la chose est allé crescendo, au point que le président de la République a réuni les walis et le gouvernement pour en débattre et faire des propositions. Certaines voix s‘étaient levées au cours de la conférence pour exiger un véritable plan Marshall en direction de la jeunesse. Qu‘est-ce qui a été fait depuis cette date ? Ce que l‘on sait, hélas, c‘est que le flux migratoire a continué, gagnant au contraire en importance. Pendant ce temps, le gouvernement a essayé de proposer un certain nombre de solution, dans le domaine de la création d‘emplois. M. Tayeb Louh a fait adopter toute une batterie de textes pour encourager les entreprises à recruter des jeunes. On n‘est plus dans ce qu‘on a longtemps appelé « tachghile chabab », consistant à offrir une aide pécuniaire aux jeunes recrutés dans certains emplois précaires. Les idées ne manquent pas Les nouveaux textes au contraire présentent une palette de mesures novatrices : c‘est l‘adoption, par le Conseil du gouvernement d‘un nouveau dispositif d‘aide à l‘emploi, qui prévoit trois types de contrat : un contrat d‘insertion des diplômés (CID), un contrat d‘insertion professionnelle (CIP), et un contrat de formation d‘insertion. Le premier contrat nous rappelle ces chiffres pas très joyeux de l‘Office national des statistiques, indiquant qu‘au moins 38 % des jeunes diplômés seraient sans emploi, et le gouvernement n‘a fait que prendre le pouls de ce qui se passe dans la société et dans l‘Algérie profonde. Si on ne s‘occupe pas de cette tranche d‘âge, on peut encore assister à des fournées de harragas. Non seulement le gouvernement allonge à trois ans la durée de cette aide à l‘emploi, mais en plus il met la main à la poche, puisqu‘il s‘engage à prendre en charge 45 % du salaire de l‘employé recruté au cours de la première année, 40 % au cours de la deuxième année, et 30 % au cours de la troisième, le tout assorti d‘allègements fiscaux et de la prise en charge par l‘Etat des cotisations liées à la sécurité sociale. Il y a donc des choses nouvelles, mais le phénomène des harragas et celui des émeutes n‘ont pas cessé. Que faut-il penser, sinon que la bureaucratie a encore de beaux jours devant elle en Algérie. Entre l‘adoption d‘une mesure et son entrée en application, il y a un monde. On peut prendre pour exemple le cas des banques publiques, qui refusent désormais d‘accorder les crédits prévus dans le dossier ANSEJ ou CNAC. Pourquoi ? On nous dit que les institutions bancaires n‘arrivent pas à obtenir les remboursements nécessaires. Or le discours officiel n‘a pas cessé de répéter que cet argent n‘appartient pas aux banques mais qu‘il a été débloqué par l‘Etat. Les banques ne font que le gérer. Qui faut-il croire ? En tout état de cause, la bataille de l‘emploi n‘est pas encore gagnée. Elle est un véritable défi pour l‘Etat et ses institutions.