Midi Libre : De l'aveu de plusieurs militants associatifs, la femme algérienne est sujette à une violence chronique. A cet égard, en tant que sociologue et chercheur, quelle lecture faites-vous du phénomène de la violence à l'égard des femmes en Algérie ? Mme Karima Mektef : La violence à l'encontre des femmes est un phénomène gravissime qui prend des proportions alarmantes au sein de notre société. Il mérite d'interpeller l'attention des autorités publiques, de la société et des spécialistes. Selon la définition de Pierre Bourdieu, la violence, demeure dans l'imaginaire culturel d'une société, invisible et symbolique. Seulement, au sein de notre contexte social, la violence est loin d'être symbolique, mais devient plutôt généralisée et ancrée dans les comportements. Par ailleurs, la violence faite aux femmes continue à être considérée comme un sujet tabou dont il est difficile de parler, ce qui complique encore plus l'approche de ce phénomène. Selon vous, l'émancipation de la femme algérienne qui fait preuve, aujourd'hui, d'autonomie et bénéficie de plus de liberté, ainsi que son appropriation de secteurs traditionnellement réservés aux hommes, ne sont-elles pas génératrices de frustration du côté des hommes ? Tout à fait, les femmes ont longtemps souffert de l'arbitraire masculin, notamment lors de la tragédie nationale où nombreuses étaient violées, pour préserver leur vie, ou de quitter leur boulot. Les femmes, après des années de soumission, se sont frayées une place dans la société. Conscientes de leur condition, elles ont déduit que le seul chemin vers la liberté est de devenir elles-mêmes actrices de leur destin en devenant actives et indépendantes. Ce qui n'est pas sans déranger l'ordre social établi et certains hommes qui voient dans la réussite de la femme un échec de leur virilité ou une forme d'impuissance. Les femmes maintenant sont universitaires, elles possèdent un travail, une voiture et même des appartements, elles ont un compte en banque et cela, malheureusement dérange le patriarcat et la conception culturelle de la société algérienne, selon laquelle la femme est inférieure à l'homme ou dépendante. Des lors, l'ordre social commence à légitimer des violences car la conception culturelle dominatrice est altérée. Ce qui explique aujourd'hui que la femme algérienne est fortement exposée à une violence contextuelle. Confirmez-vous en tant que sociologue que dans la législation algérienne, la femme est considérée encore comme mineure ? Malheureusement, chez nous, la société continue à vouloir entretenir cette culture de la domination où la femme serait toujours appelée à se soumettre et à s'effacer devant l'homme. Le code de la famille n'est que la preuve tangible de cette infériorisation des femmes en Algérie. En vérité, la femme algérienne est victime d'un grand malaise sociale suscité par un déséquilibre entre les valeurs et les normes. Dès lors, la violence à l'égard des femmes peut être considérée comme une pathologie causée par une sorte d'anomie sociale (notion, élaborée par Durkheim) renvoyant à une désorganisation sociale qui résulte de l'absence d'un accord sur les normes communes régissant une société. Quelle serait selon vous la stratégie appropriée pour lutter contre le phénomène des violences faites aux femmes ? Avant de parler de stratégie de lutte contre les violences à l'égard des femmes, je crois qu'il est nécessaire de faire une analyse multidimensionnelle de ce phénomène. Le manque d'approche scientifique du phénomène en Algérie est aussi l'une des causes qui renforcent ce type de pathologies sociales face auxquelles il est urgent de réagir. En dernier lieu, je dirais que si on n'arrive pas à bien cerner ce phénomène, on ne réussira jamais à y remédier. Midi Libre : De l'aveu de plusieurs militants associatifs, la femme algérienne est sujette à une violence chronique. A cet égard, en tant que sociologue et chercheur, quelle lecture faites-vous du phénomène de la violence à l'égard des femmes en Algérie ? Mme Karima Mektef : La violence à l'encontre des femmes est un phénomène gravissime qui prend des proportions alarmantes au sein de notre société. Il mérite d'interpeller l'attention des autorités publiques, de la société et des spécialistes. Selon la définition de Pierre Bourdieu, la violence, demeure dans l'imaginaire culturel d'une société, invisible et symbolique. Seulement, au sein de notre contexte social, la violence est loin d'être symbolique, mais devient plutôt généralisée et ancrée dans les comportements. Par ailleurs, la violence faite aux femmes continue à être considérée comme un sujet tabou dont il est difficile de parler, ce qui complique encore plus l'approche de ce phénomène. Selon vous, l'émancipation de la femme algérienne qui fait preuve, aujourd'hui, d'autonomie et bénéficie de plus de liberté, ainsi que son appropriation de secteurs traditionnellement réservés aux hommes, ne sont-elles pas génératrices de frustration du côté des hommes ? Tout à fait, les femmes ont longtemps souffert de l'arbitraire masculin, notamment lors de la tragédie nationale où nombreuses étaient violées, pour préserver leur vie, ou de quitter leur boulot. Les femmes, après des années de soumission, se sont frayées une place dans la société. Conscientes de leur condition, elles ont déduit que le seul chemin vers la liberté est de devenir elles-mêmes actrices de leur destin en devenant actives et indépendantes. Ce qui n'est pas sans déranger l'ordre social établi et certains hommes qui voient dans la réussite de la femme un échec de leur virilité ou une forme d'impuissance. Les femmes maintenant sont universitaires, elles possèdent un travail, une voiture et même des appartements, elles ont un compte en banque et cela, malheureusement dérange le patriarcat et la conception culturelle de la société algérienne, selon laquelle la femme est inférieure à l'homme ou dépendante. Des lors, l'ordre social commence à légitimer des violences car la conception culturelle dominatrice est altérée. Ce qui explique aujourd'hui que la femme algérienne est fortement exposée à une violence contextuelle. Confirmez-vous en tant que sociologue que dans la législation algérienne, la femme est considérée encore comme mineure ? Malheureusement, chez nous, la société continue à vouloir entretenir cette culture de la domination où la femme serait toujours appelée à se soumettre et à s'effacer devant l'homme. Le code de la famille n'est que la preuve tangible de cette infériorisation des femmes en Algérie. En vérité, la femme algérienne est victime d'un grand malaise sociale suscité par un déséquilibre entre les valeurs et les normes. Dès lors, la violence à l'égard des femmes peut être considérée comme une pathologie causée par une sorte d'anomie sociale (notion, élaborée par Durkheim) renvoyant à une désorganisation sociale qui résulte de l'absence d'un accord sur les normes communes régissant une société. Quelle serait selon vous la stratégie appropriée pour lutter contre le phénomène des violences faites aux femmes ? Avant de parler de stratégie de lutte contre les violences à l'égard des femmes, je crois qu'il est nécessaire de faire une analyse multidimensionnelle de ce phénomène. Le manque d'approche scientifique du phénomène en Algérie est aussi l'une des causes qui renforcent ce type de pathologies sociales face auxquelles il est urgent de réagir. En dernier lieu, je dirais que si on n'arrive pas à bien cerner ce phénomène, on ne réussira jamais à y remédier.