Les contraintes du projet, les perspectives de Sonatrach, le partenariat, sont les points traités par le chef de projet Mourad Chikh Belhadj, directeur du projet de Gara Djebilet au cours d'un entretien qu'il nous a accordé en marge du Salon international de l'industrie du fer à la Safex au Palais des expositions. Les contraintes du projet, les perspectives de Sonatrach, le partenariat, sont les points traités par le chef de projet Mourad Chikh Belhadj, directeur du projet de Gara Djebilet au cours d'un entretien qu'il nous a accordé en marge du Salon international de l'industrie du fer à la Safex au Palais des expositions. Le Midi Libre : Le minerai a été découvert en 1952, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour procéder à son exploitation ? Mourad Chikh Belhadj : Depuis sa découverte, Gara Djebilet a fait l'objet de nombreuses études et analyses par plusieurs compagnies de renommée internationale. Le projet a été entièrement balisé, le gisement est très bien connu et cerné depuis un bon bout de temps. Cependant, il n'a jamais pu être développé, son exploitation a rencontré deux contraintes majeures, technique et financière, sans compter les contraintes de logistique liées au transport. Concernant le problème technique, le minerai souffre d'un excès de phosphore et d'acide. Le phosphore est évalué à 08% alors que la norme internationale indique un maximum de 05%. Avant, les techniques n'étaient pas suffisamment élaborées pour traiter ce genre de problèmes. Fort heureusement, les recherches se sont développées et des solutions efficaces ont été mises en place pour y remédier. La contrainte financière, elle aussi, a été écartée avec l'aisance que connaît le pays en la matière cette dernière décennie. De plus, avec les progrès technologique et technique, on peut facilement traiter ce minerai de manière plus économique. Pourquoi avoir choisi Sonatrach pour mener ce projet ? Je pense que c'est pour sa notoriété à l'échelle internationale. On compte entreprendre ce projet en partenariat. On est actuellement à la recherche de compagnies internationales. Avoir Sonatrach comme partenaire est une sorte d'assurance pour les compagnies étrangères. Sur un autre volet, Sonatrach a été choisie par rapport à ses compétences en management de projets. Elle a l'habitude de développer de grands projets. Est-ce que le problème du partenariat se pose à l'heure actuelle ? Le problème du partenariat se pose un petit peu parce qu'il s'agit d'un projet de taille colossale. De plus, il nécessite une expertise dans plusieurs secteurs et métiers de base différents. Il faut donc que les partenaires soient d'envergure mondiale, de la stature de Sonatrach. Le partenariat, en outre, doit prendre la forme de consortium. Tout cela fixe certains critères et limites. Du coup, le choix du partenaire est rendu plus difficile. Avez-vous déjà établi une liste des compagnies avec lesquelles vous souhaitez concrétiser ce partenariat ? On est en discussion avec beaucoup de compagnies qui sont intéressées. Il y a des compagnies chinoises et indiennes. Comme vous le savez, la Chine et l'Inde sont parmi les pays les plus intéressés par les matières premières dans le monde. Avez-vous pensé à Mittal Steel comme partenaire ? On a engagé des discussions avec Mittal steel pendant un moment. L'impression qui ressort de ces discussions c'est que Mittal Steel n'est pas réellement intéressé par un investissement à Gara Djebilet. Quelle serait la raison de ce manque d'enthousiasme vis-à-vis d'un projet d'une si grande importance ? La décision de faire partie ou non de ce projet dépend de la stratégie interne de Mittal Steel. C'est un groupe qui a des projets à travers le monde. Il a des priorités et des ressources financières qu'il doit gérer. Gara Djebilet n'est peut être pas dans ses priorités aujourd'hui. Si on compare le gisement de Gara Djebilet au gisement d'El Ouenza, quelle serait sa situation ? Il n'existe aucune comparaison. Gara Djebilet est dix fois plus important qu'El Ouenza en production. En réserve, il est encore beaucoup plus important. El Ouenza et Boukhadra réunis produisent entre 2 et 3 millions de tonnes de fer par année. L'objectif de Gara Djebilet est de 20 à 40 millions de tonnes. C'est le plus grand projet tous secteurs confondus en Algérie. Il n'existe pas un projet en mesure de rivaliser avec ni en terme de taille ni en coût d'investissement. La quantité est donc assurée, qu'en est-il de la qualité du minerai ? Notre minerai est moyennement riche. Il a une moyenne de 57% en fer. Le minimum de teneur en fer exigée par la norme internationale est de 60 à 62%. De toutes les manières, on n'est pas trop loin des normes. Les minerais brésiliens, par exemple, sont à 67%, les australiens sont à 65%. Ceci ne pose pas vraiment un problème car il est facile d'enrichir un minerai. Il y a des minerais à 30% qui sont exploités. Aujourd'hui, Gara Djebilet devient un projet intégré. Il ne s'agit pas uniquement d'exploiter le gisement et produire du minerai. Il s'agit de produire le minerai, de le transporter par chemin de fer jusqu'au nord-ouest du pays où il sera traité. On projette d'établir là bas un grand complexe sidérurgique. Il sera beaucoup plus grand qu'El Hadjar. On va produire et de l'acier et du minerai de fer destinés au marché local et au marché international. Quelle sera votre politique de commercialisation ? La priorité sera portée sur le marché local. C'est l'excédent qui sera destiné à l'exportation. Etant donné l'importance de la production, le complexe sidérurgique ne sera pas en mesure de tout absorber. Dans une première étape, l'excédent sera plus volumineux. Mais à l'avenir, on pourra développer notre projet sidérurgique et diminuer cet excédent du coup. Qu'en est-il de la qualité du fer et de l'acier que produira votre complexe? Notre objectif est clair. On va produire du minerai conforme aux standards internationaux. On est en train de mettre en place des méthodes et des procédés qui vont nous permettre d'atteindre cet objectif. Quelle est l'échéance que vous vous êtes fixée pour le démarrage de la production ? Le démarrage effectif de l'exploitation dépend de plusieurs paramètres, exogènes notamment. Il dépend aussi de la mise en place d'un partenariat. On pense, de manière prévisionnelle, que le démarrage de la production débutera au cours de 2013-2014. Quel sera le coût d'investissement de ce projet ? Pour l'instant on a des estimations très préliminaires. Ce sont des estimations internes de Sonatrach. Le coût d'investissement serait entre 15 et 20 milliards de dollars. Le chiffre est susceptible d'être plus important. Sonatrach serait actionnaire majoritaire ou minoritaire dans le projet ? Pour l'instant, ce point n'a pas encore été abordé. En tant que chef de projet, je pense que sa part ne serait pas moins de 50%. Pas plus peut être, mais c'est sûr que ça ne serait pas moins. Pourquoi pas plus ? On veut mettre en place un partenariat win-win (gagnant-gagnant) qui a comme principe le partage des risques et des bénéfices. Compte tenu que Sonatrach n'est pas experte dans le domaine des mines et de la sidérurgie, il est anormal que l'on soit majoritaire. Par contre, certains pensent qu'il faudra qu'on prenne moins. Vis-à-vis de ceux là, on se défend en disant que c'est un projet de grande importance pour le pays. Il faut ainsi essayer d'en tirer le maximum de bénéfices. Il ne faut pas descendre au dessous de 50/49 % parce que c'est notre gisement. De plus, il y aura une forte utilisation de gaz, et c'est aussi notre gaz qu'on proposera à un prix compétitif. Le Midi Libre : Le minerai a été découvert en 1952, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour procéder à son exploitation ? Mourad Chikh Belhadj : Depuis sa découverte, Gara Djebilet a fait l'objet de nombreuses études et analyses par plusieurs compagnies de renommée internationale. Le projet a été entièrement balisé, le gisement est très bien connu et cerné depuis un bon bout de temps. Cependant, il n'a jamais pu être développé, son exploitation a rencontré deux contraintes majeures, technique et financière, sans compter les contraintes de logistique liées au transport. Concernant le problème technique, le minerai souffre d'un excès de phosphore et d'acide. Le phosphore est évalué à 08% alors que la norme internationale indique un maximum de 05%. Avant, les techniques n'étaient pas suffisamment élaborées pour traiter ce genre de problèmes. Fort heureusement, les recherches se sont développées et des solutions efficaces ont été mises en place pour y remédier. La contrainte financière, elle aussi, a été écartée avec l'aisance que connaît le pays en la matière cette dernière décennie. De plus, avec les progrès technologique et technique, on peut facilement traiter ce minerai de manière plus économique. Pourquoi avoir choisi Sonatrach pour mener ce projet ? Je pense que c'est pour sa notoriété à l'échelle internationale. On compte entreprendre ce projet en partenariat. On est actuellement à la recherche de compagnies internationales. Avoir Sonatrach comme partenaire est une sorte d'assurance pour les compagnies étrangères. Sur un autre volet, Sonatrach a été choisie par rapport à ses compétences en management de projets. Elle a l'habitude de développer de grands projets. Est-ce que le problème du partenariat se pose à l'heure actuelle ? Le problème du partenariat se pose un petit peu parce qu'il s'agit d'un projet de taille colossale. De plus, il nécessite une expertise dans plusieurs secteurs et métiers de base différents. Il faut donc que les partenaires soient d'envergure mondiale, de la stature de Sonatrach. Le partenariat, en outre, doit prendre la forme de consortium. Tout cela fixe certains critères et limites. Du coup, le choix du partenaire est rendu plus difficile. Avez-vous déjà établi une liste des compagnies avec lesquelles vous souhaitez concrétiser ce partenariat ? On est en discussion avec beaucoup de compagnies qui sont intéressées. Il y a des compagnies chinoises et indiennes. Comme vous le savez, la Chine et l'Inde sont parmi les pays les plus intéressés par les matières premières dans le monde. Avez-vous pensé à Mittal Steel comme partenaire ? On a engagé des discussions avec Mittal steel pendant un moment. L'impression qui ressort de ces discussions c'est que Mittal Steel n'est pas réellement intéressé par un investissement à Gara Djebilet. Quelle serait la raison de ce manque d'enthousiasme vis-à-vis d'un projet d'une si grande importance ? La décision de faire partie ou non de ce projet dépend de la stratégie interne de Mittal Steel. C'est un groupe qui a des projets à travers le monde. Il a des priorités et des ressources financières qu'il doit gérer. Gara Djebilet n'est peut être pas dans ses priorités aujourd'hui. Si on compare le gisement de Gara Djebilet au gisement d'El Ouenza, quelle serait sa situation ? Il n'existe aucune comparaison. Gara Djebilet est dix fois plus important qu'El Ouenza en production. En réserve, il est encore beaucoup plus important. El Ouenza et Boukhadra réunis produisent entre 2 et 3 millions de tonnes de fer par année. L'objectif de Gara Djebilet est de 20 à 40 millions de tonnes. C'est le plus grand projet tous secteurs confondus en Algérie. Il n'existe pas un projet en mesure de rivaliser avec ni en terme de taille ni en coût d'investissement. La quantité est donc assurée, qu'en est-il de la qualité du minerai ? Notre minerai est moyennement riche. Il a une moyenne de 57% en fer. Le minimum de teneur en fer exigée par la norme internationale est de 60 à 62%. De toutes les manières, on n'est pas trop loin des normes. Les minerais brésiliens, par exemple, sont à 67%, les australiens sont à 65%. Ceci ne pose pas vraiment un problème car il est facile d'enrichir un minerai. Il y a des minerais à 30% qui sont exploités. Aujourd'hui, Gara Djebilet devient un projet intégré. Il ne s'agit pas uniquement d'exploiter le gisement et produire du minerai. Il s'agit de produire le minerai, de le transporter par chemin de fer jusqu'au nord-ouest du pays où il sera traité. On projette d'établir là bas un grand complexe sidérurgique. Il sera beaucoup plus grand qu'El Hadjar. On va produire et de l'acier et du minerai de fer destinés au marché local et au marché international. Quelle sera votre politique de commercialisation ? La priorité sera portée sur le marché local. C'est l'excédent qui sera destiné à l'exportation. Etant donné l'importance de la production, le complexe sidérurgique ne sera pas en mesure de tout absorber. Dans une première étape, l'excédent sera plus volumineux. Mais à l'avenir, on pourra développer notre projet sidérurgique et diminuer cet excédent du coup. Qu'en est-il de la qualité du fer et de l'acier que produira votre complexe? Notre objectif est clair. On va produire du minerai conforme aux standards internationaux. On est en train de mettre en place des méthodes et des procédés qui vont nous permettre d'atteindre cet objectif. Quelle est l'échéance que vous vous êtes fixée pour le démarrage de la production ? Le démarrage effectif de l'exploitation dépend de plusieurs paramètres, exogènes notamment. Il dépend aussi de la mise en place d'un partenariat. On pense, de manière prévisionnelle, que le démarrage de la production débutera au cours de 2013-2014. Quel sera le coût d'investissement de ce projet ? Pour l'instant on a des estimations très préliminaires. Ce sont des estimations internes de Sonatrach. Le coût d'investissement serait entre 15 et 20 milliards de dollars. Le chiffre est susceptible d'être plus important. Sonatrach serait actionnaire majoritaire ou minoritaire dans le projet ? Pour l'instant, ce point n'a pas encore été abordé. En tant que chef de projet, je pense que sa part ne serait pas moins de 50%. Pas plus peut être, mais c'est sûr que ça ne serait pas moins. Pourquoi pas plus ? On veut mettre en place un partenariat win-win (gagnant-gagnant) qui a comme principe le partage des risques et des bénéfices. Compte tenu que Sonatrach n'est pas experte dans le domaine des mines et de la sidérurgie, il est anormal que l'on soit majoritaire. Par contre, certains pensent qu'il faudra qu'on prenne moins. Vis-à-vis de ceux là, on se défend en disant que c'est un projet de grande importance pour le pays. Il faut ainsi essayer d'en tirer le maximum de bénéfices. Il ne faut pas descendre au dessous de 50/49 % parce que c'est notre gisement. De plus, il y aura une forte utilisation de gaz, et c'est aussi notre gaz qu'on proposera à un prix compétitif.