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Une œuvre singulière
"L'Alchimiste" de Paulo Coelho
Publié dans Le Midi Libre le 02 - 06 - 2008

Ce livre captivant est vendu à des millions d'exemplaires, aux quatre coins du monde. En Algérie ce sont les éditions Casbah qui l'éditent.
Ce livre captivant est vendu à des millions d'exemplaires, aux quatre coins du monde. En Algérie ce sont les éditions Casbah qui l'éditent.
Paulo Coelho est né en 1947 à Rio de Janeiro. Ses livres, surtout L'Alchimiste, figurent en tête des listes de best-sellers depuis plusieurs années. Ce sont des récits mystiques, ou des sortes de romans initiatiques, qui montrent que l'expérience spirituelle est d'abord une quête et une expérience pratique d'amour. La vie, l'amour, la foi, la prière, les miracles, les rêves, la souffrance, la mort, Dieu, l'extraordinaire, sont abordés sous l'angle d'une pratique et non d'une théorie. Cela explique en partie son immense succès. "L'Alchimiste" est le récit d'une quête d'un jeune berger andalou parti à la recherche d'un trésor au pied des pyramides, pour finalement apprendre que ce trésor se trouve chez lui. On assiste à la métamorphose spirituelle de ce jeune homme à la poursuite de ses rêves. C'est un conte philosophique dont le genre s'apparente au Petit prince de Saint-Exupéry, à Jonathan Livingston le Goéland de Richard Bach, et même au Prophète de Khalil Gibran. Chacun des livres de Coelho porte en exergue un passage biblique. Ici, c'est la "meilleure part" de l'épisode de Marthe et de Marie (Lc 10,38-42), qui devient l'accomplissement de " sa légende personnelle ", cette plus haute possibilité que l'on porte en soi depuis sa jeunesse. Pour y arriver, le berger Santiago doit lire les signes qui sont tout naturellement offerts à celui qui cherche. Des voyants, guides ou gourous, vont l'aider à discerner ces signes, dont le roi Melchisédec, et l'alchimiste qu'il rencontre au désert. Cet alchimiste aux pouvoirs illimités va lui montrer la purification de l'âme, la communion avec chaque fragment du réel, l'écoute de son coeur pour entendre l'âme du monde qui est une part de Dieu. Au terme de la quête se trouve une prière sans parole et toujours cet amour qui permet de déchiffrer le langage de l'univers. C'est toujours d'amour qu'il s'agit dans "Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j'ai pleuré", une glose du Psaume 137. " Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion. " Le titre ressemble à celui du livre d'Elizabeth Smart (Ed. Guernica, 1992) : À la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j'ai pleuré.
Ce livre de Coelho est mieux écrit que le précédent, quoique le ton soit un peu plus didactique. Il sert de prétexte pour délivrer des messages comme ceux-ci : " Le véritable amour est un acte de don total (...) Nous devons écouter l'enfant que nous avons été un jour (...) L'univers nous aide toujours à nous battre pour nos rêves (...) Dès le moment où nous partirons en quête de l'amour, lui aussi partira à notre rencontre. Et nous sauvera ".
Pilar retrouve 11 ans plus tard celui qu'elle aimait depuis l'enfance. Il est séminariste, conférencier, guérisseur et il l'aime. Il a des visions de la Vierge Marie qu'il voit comme une Déesse, le visage féminin de Dieu. Il cherche dans la religion une solution à ses conflits. Il doit choisir entre une vocation de prêtre et son amour pour Pilar. Elle est étudiante à Saragosse, sceptique vis-à-vis de la foi chrétienne. Elle ne montre pas ses sentiments. Tous deux sont unis pendant une semaine pour faire le point sur leur amour et pour surmonter les obstacles et les peurs. Cela les amène de Madrid à Lourdes, où Pilar retrouve la foi dans une réunion de prière charismatique, de Saint-Savin, petit village des Pyrénées, au monastère de Piedra, près de la rivière. Coelho a entrepris en 1986 le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, chemin initiatique par excellence qu'empruntent de nos jours des milliers de pèlerins au nord de l'Espagne. Le Pèlerin de Compostelle, écrit avant les deux livres précédents, relate cette expérience. Le style est moins fluide et le propos confus. C'est un fourre-tout ésotérique qui veut être à la fois conte, roman, journal, carnet de voyage, essai théologique. On est loin du très beau récit de Jean-Claude Bourlès, "Le grand chemin de Compostelle", paru chez Payot en 1995. L 'auteur est guidé sur le chemin de Compostelle par Petrus, un initié de la petite confrérie de RAM. Il affronte des épreuves et des initiations plus ou moins abracadabrantes où le diable joue un rôle majeur. Ce chemin de visions, de miracles et de douleurs lui fait découvrir ce secret : " Tu ne peux apprendre que lorsque tu enseignes. " C'est ce que réalisera Coelho par le partage de ses livres. Il trouve son propre chemin en guidant les autres. Pourquoi l'immense succès de l'œuvre de Coelho? Parce que l'auteur raconte de jolies histoires optimistes, mais souvent chimériques, loin du réel quotidien, où la pensée positive, souvent magique, transcende les limites de la finitude humaine. Parce qu'il a le sens du récit, bien que la trame narrative soit assez facile et minimaliste. Parce que le tout est imbibé de mystère, dont le côté nébuleux se prête bien au syncrétisme du Nouvel Âge et aux ateliers de croissance personnelle.
Paulo Coelho est né en 1947 à Rio de Janeiro. Ses livres, surtout L'Alchimiste, figurent en tête des listes de best-sellers depuis plusieurs années. Ce sont des récits mystiques, ou des sortes de romans initiatiques, qui montrent que l'expérience spirituelle est d'abord une quête et une expérience pratique d'amour. La vie, l'amour, la foi, la prière, les miracles, les rêves, la souffrance, la mort, Dieu, l'extraordinaire, sont abordés sous l'angle d'une pratique et non d'une théorie. Cela explique en partie son immense succès. "L'Alchimiste" est le récit d'une quête d'un jeune berger andalou parti à la recherche d'un trésor au pied des pyramides, pour finalement apprendre que ce trésor se trouve chez lui. On assiste à la métamorphose spirituelle de ce jeune homme à la poursuite de ses rêves. C'est un conte philosophique dont le genre s'apparente au Petit prince de Saint-Exupéry, à Jonathan Livingston le Goéland de Richard Bach, et même au Prophète de Khalil Gibran. Chacun des livres de Coelho porte en exergue un passage biblique. Ici, c'est la "meilleure part" de l'épisode de Marthe et de Marie (Lc 10,38-42), qui devient l'accomplissement de " sa légende personnelle ", cette plus haute possibilité que l'on porte en soi depuis sa jeunesse. Pour y arriver, le berger Santiago doit lire les signes qui sont tout naturellement offerts à celui qui cherche. Des voyants, guides ou gourous, vont l'aider à discerner ces signes, dont le roi Melchisédec, et l'alchimiste qu'il rencontre au désert. Cet alchimiste aux pouvoirs illimités va lui montrer la purification de l'âme, la communion avec chaque fragment du réel, l'écoute de son coeur pour entendre l'âme du monde qui est une part de Dieu. Au terme de la quête se trouve une prière sans parole et toujours cet amour qui permet de déchiffrer le langage de l'univers. C'est toujours d'amour qu'il s'agit dans "Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j'ai pleuré", une glose du Psaume 137. " Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion. " Le titre ressemble à celui du livre d'Elizabeth Smart (Ed. Guernica, 1992) : À la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j'ai pleuré.
Ce livre de Coelho est mieux écrit que le précédent, quoique le ton soit un peu plus didactique. Il sert de prétexte pour délivrer des messages comme ceux-ci : " Le véritable amour est un acte de don total (...) Nous devons écouter l'enfant que nous avons été un jour (...) L'univers nous aide toujours à nous battre pour nos rêves (...) Dès le moment où nous partirons en quête de l'amour, lui aussi partira à notre rencontre. Et nous sauvera ".
Pilar retrouve 11 ans plus tard celui qu'elle aimait depuis l'enfance. Il est séminariste, conférencier, guérisseur et il l'aime. Il a des visions de la Vierge Marie qu'il voit comme une Déesse, le visage féminin de Dieu. Il cherche dans la religion une solution à ses conflits. Il doit choisir entre une vocation de prêtre et son amour pour Pilar. Elle est étudiante à Saragosse, sceptique vis-à-vis de la foi chrétienne. Elle ne montre pas ses sentiments. Tous deux sont unis pendant une semaine pour faire le point sur leur amour et pour surmonter les obstacles et les peurs. Cela les amène de Madrid à Lourdes, où Pilar retrouve la foi dans une réunion de prière charismatique, de Saint-Savin, petit village des Pyrénées, au monastère de Piedra, près de la rivière. Coelho a entrepris en 1986 le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, chemin initiatique par excellence qu'empruntent de nos jours des milliers de pèlerins au nord de l'Espagne. Le Pèlerin de Compostelle, écrit avant les deux livres précédents, relate cette expérience. Le style est moins fluide et le propos confus. C'est un fourre-tout ésotérique qui veut être à la fois conte, roman, journal, carnet de voyage, essai théologique. On est loin du très beau récit de Jean-Claude Bourlès, "Le grand chemin de Compostelle", paru chez Payot en 1995. L 'auteur est guidé sur le chemin de Compostelle par Petrus, un initié de la petite confrérie de RAM. Il affronte des épreuves et des initiations plus ou moins abracadabrantes où le diable joue un rôle majeur. Ce chemin de visions, de miracles et de douleurs lui fait découvrir ce secret : " Tu ne peux apprendre que lorsque tu enseignes. " C'est ce que réalisera Coelho par le partage de ses livres. Il trouve son propre chemin en guidant les autres. Pourquoi l'immense succès de l'œuvre de Coelho? Parce que l'auteur raconte de jolies histoires optimistes, mais souvent chimériques, loin du réel quotidien, où la pensée positive, souvent magique, transcende les limites de la finitude humaine. Parce qu'il a le sens du récit, bien que la trame narrative soit assez facile et minimaliste. Parce que le tout est imbibé de mystère, dont le côté nébuleux se prête bien au syncrétisme du Nouvel Âge et aux ateliers de croissance personnelle.


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