L'écrivain brésilien à succès, Paulo Coelho, se livre à coeur ouvert au journaliste espagnol Juan Arias. Bien que le livre soit sorti il y a quelque temps, il n'est disponible en Algérie que récemment. Paulo Coelho parle comme il écrit. En lisant ces conversations, on n'est pas loin des romans passionnants de cet auteur classé parmi les dix écrivains les plus lus dans le monde. Dans ces questions- réponses, menées avec brio par le talentueux journaliste Juan Arias, le lecteur est face à une véritable nourriture spirituelle. Ce livre est d'abord un concentré de révélations sur la vie privée de Paulo Coelho, que ce dernier a décidé de rendre publique, au risque de décevoir des lecteurs qui l'ont placé, au fil des ans, dans la catégorie des modèles, voire du père spirituel. Mais Paulo Coelho, pour s'en défendre, préfère la sincérité. Dire tout et se libérer. «Connaître la vérité nous rendra libre», dit-il en page 221, quand le journaliste tente de lui expliquer que la sortie de ce livre avec tout ce qu'il recèle comme informations sur sa vie intime, risque d'être un choc pour beaucoup de lecteurs. C'est dire que Paulo Coelho était loin d'ignorer à quoi il s'exposerait en se confessant. Mais, comme il souligne ailleurs, dans ce livre, la vie ce sont des choix. Il a fait le sien. Celui de dire tout. Pour lui, ce livre n'est pas politiquement correct pour le moment, mais à long terme, «on me respectera, je me sentirai plus libre, mes lecteurs comprendront que c'est ma vérité et m'accepteront comme je suis». Comme la lecture de ses romans, celle de cet entretien fleuve est agréable. Le livre est truffé d'anecdotes et de petites histoires mais dont les messages peuvent chambouler une vie. Le livre est aussi un concentré de citations, de belles phrases dont seul Paulo Coelho détient le secret. Les critiques ont souvent reproché à l'écrivain brésilien son vocabulaire simple et son style sans fioriture, allant jusqu'à classer ses livres dans la catégorie des publications du développement personnel. Pourtant, les livres de Paulo Coelho sont plus que ça. Même si à leur lecture, le lecteur s'autodécouvrira effectivement. Mais le fait d'aider les lecteurs à se construire une personnalité, n'empêche pas les ouvrages de Paulo Coelho d'être des romans suaves avec des trames qui tiennent en haleine n'importe quel lecteur jusqu'au dénouement final. Ceci, sans oublier le troisième aspect de ses romans, leur dimension philosophique. Ses livres peuvent aussi bien être catalogués dans le rayon de la philosophie. On ne peut pas réduire les livres de Paulo Coelho à un seul genre, mais c'est un mélange de genres qui font que cet écrivain, né le 24 août 1947 à Rio de Janeiro, ait vendu trente millions d'exemplaires à travers le monde. Dans la première partie du livre, Paulo Colho se dévoile avec une sincérité déconcertante. Il dit voir été incarcéré à trois reprises dans un asile pour fous et qu'il a fait la prison également trois fois. Le cachot, raconte-t-il, c'était dans des conditions horribles. Car non seulement, il avait été privé de sa liberté, mais en plus il fut torturé. L'originalité du récit de la vie de Paulo Coelho réside dans le fait que, contrairement à ce que font la majorité des autobiographes, lui, il ne s'attribue pas le bon rôle. Même lorsqu'il s'agit de parler des gens lui ayant fait du mal, il n'omet point de relever les côtés positifs de ses adversaires. Comme le font rarement les écrivains, Paulo Coelho évoque même ses conflits acérés du temps de sa jeunesse avec ses parents. Ces derniers, croyant bien faire, ne voulaient pas le laisser poursuivre son rêve de devenir écrivain ainsi qu'homme de théâtre. Il l'ont inscrit de force à la faculté de droit afin qu'il devienne avocat. Mais le jeune homme se rebelle. Paulo Coelho revient aussi sans tabous sur ses quatre mariages ratés. Il parle de sa dernière femme avec laquelle il vit depuis 1982. Il dit avoir fauté, notamment dans des épisodes ayant trait à sa quête de spiritualité. Mais Paulo Coelho sait s'en sortir. Il sait aussi que dans la vie, il ne faut jamais dire «si». Une fois qu'une chose est faite ou qu'un choix est établi, il s'agit d'avancer contre vents et marées et de ne rien regretter. Sinon, c'est l'avancée vers l'immobilisme qui peut mener droit vers le précipice. L'auteur de l'alchimiste estime que la possibilité de se corriger existe toujours. C'est sans doute pour donner l'exemple qu'il a décidé de se dévoiler à ce point. Le choix fait par Paulo Coelho de dérouler toute sa vie avec tout ce qui peut être engendré d'agréable, au risque même de ternir son image et sa célébrité, l'écrivain la résume dans cet extrait: «Il faut s'aimer et par conséquent, ne pas avoir peur de se montrer tel que l'on est. Parce qu'il y a beaucoup de principes qui nous paralysent.» Ou encore cette autre citation: «Ce que nous voyons d'abord, ce n'est pas le meilleur, mais ce qu'il y a de plus obscur en nous. Après vient la lumière.»