«Nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir. Espoir de libération et d'indépendance. Espoir d'une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l'école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d'amour et de paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir.» «Nous souffrons d'un mal incurable qui s'appelle l'espoir. Espoir de libération et d'indépendance. Espoir d'une vie normale où nous ne serons ni héros, ni victimes. Espoir de voir nos enfants aller sans danger à l'école. Espoir pour une femme enceinte de donner naissance à un bébé vivant, dans un hôpital, et pas à un enfant mort devant un poste de contrôle militaire. Espoir que nos poètes verront la beauté de la couleur rouge dans les roses plutôt que dans le sang. Espoir que cette terre retrouvera son nom original : terre d'amour et de paix. Merci pour porter avec nous le fardeau de cet espoir.» Pour les étudiants que nous étions, et quelle que soit la discipline qu'on suivait (droit, médecine, économie, lettres…) Mahmoud Darwich était ce compagnon, qui permettait d'échapper à la sécheresse des cours et des TD pour entrer de plain-pied dans le monde de la poésie. Il fut longtemps le porte-étendard des étudiants algériens. Son poème « Sadjel, ana Arabi » (Ecris, je suis arabe), a souvent figuré dans les montages poétiques, à côté des poèmes de Nazim Hikmet ou de Pablo Neruda, et dont les représentations étaient produites soit dans les cités universitaires, soit même dans des salles plus huppées comme celle d'El-Mouggar. Non seulement il y avait des tournées à travers le pays pour présenter ces montages poétiques, mais il faut également savoir que pratiquement chaque université, et chaque lycée faisai ses propres montages. Par la force des choses, Mahmoud Darwich était devenu un poète populaire. Nombre d'étudiants avaient ses recueils de poésie dans leur chambre en cité U, et on avait également les enregistrements de ses récitals sur cassettes, et on l'écoutait avec beaucoup de plaisir. Pour la plupart d'entre nous, qui suivions un cursus en langue française, et qui ne maîtrisions pas toujours la langue arabe classique d'El Moutanabi, on se rendait compte que la poésie de Mahmoud Darwich, imagée et bien ciselée, était facile à comprendre. C'est une poésie à la fois moderne et éternelle. C'est une poésie qui parle immédiatement au cœur et à l'esprit. Longtemps, les poètes ont chanté le paradis, endormant les peuples avec leurs litanies. Mahmoud Darwich appartient à cette race des seigneurs de la plume, qui rendent à l'intelligence ses lettres de noblesse. Il ne se contente pas de lancer des slogans ou de jeter des anathèmes, mais il nous invite à une communion. «Celui qui m'a changé en exilé m'a changé en bombe... Palestine est devenue mille corps mouvants sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort, car le nouveau Christ, descendu de sa croix, porta bâton et sortit de Palestine.» Et bien sûr, on appréciait aussi ses textes chantés Marcel Khalifa ou Medjda Eroumi : deux chanteurs chrétiens libanais. Cela veut dire quoi, sinon que Mahmoud Darwich était capable de parler à toutes les nationalités, à toutes les religions, à tous les hommes. D'où son universalisme. Grâce à lui, la Palestine n'était pas seulement un combat armé contre un ennemi qui occupait sa terre, mais ça devenait la cause de tous les hommes. Parce qu'il y mettait la poésie, le romantisme, l'amour, des sentiments. Lorsqu'on met dans le même vers le sang, la terre, le jasmin, une étoile, la branche d'olivier, et des mots à la sonorité musicale, on ne peut que toucher le plus grand nombre de gens, à travers le monde. Grâce à son souffle épique et à son humanisme, il rejoint ainsi au panthéon de l'histoire les grands poètes de l'antiquité grecque, comme Homère. Peu de poètes ont eu cette chance de leur vivant même. Ses récitals de poésie, avec cette magnifique voix qui était la sienne, rassemblaient des centaines de personnes, toutes couches sociales confondues. Avec un tel verbe et une voix pareille, il pouvait être de n'importe quelle nationalité, mais le destin a voulu qu'il soit palestinien, et ce fut une chance pour cette grande cause que d'avoir eu un poète de cette trempe, de cette envergure, et qui a fait autant pour la Palestine que tous les congrès du Fatah et de l'OLP. Il a également apporté un nouveau souffle à la langue arabe, une langue dans laquelle il-a forgé ses plus beaux vers. Pour les étudiants que nous étions, et quelle que soit la discipline qu'on suivait (droit, médecine, économie, lettres…) Mahmoud Darwich était ce compagnon, qui permettait d'échapper à la sécheresse des cours et des TD pour entrer de plain-pied dans le monde de la poésie. Il fut longtemps le porte-étendard des étudiants algériens. Son poème « Sadjel, ana Arabi » (Ecris, je suis arabe), a souvent figuré dans les montages poétiques, à côté des poèmes de Nazim Hikmet ou de Pablo Neruda, et dont les représentations étaient produites soit dans les cités universitaires, soit même dans des salles plus huppées comme celle d'El-Mouggar. Non seulement il y avait des tournées à travers le pays pour présenter ces montages poétiques, mais il faut également savoir que pratiquement chaque université, et chaque lycée faisai ses propres montages. Par la force des choses, Mahmoud Darwich était devenu un poète populaire. Nombre d'étudiants avaient ses recueils de poésie dans leur chambre en cité U, et on avait également les enregistrements de ses récitals sur cassettes, et on l'écoutait avec beaucoup de plaisir. Pour la plupart d'entre nous, qui suivions un cursus en langue française, et qui ne maîtrisions pas toujours la langue arabe classique d'El Moutanabi, on se rendait compte que la poésie de Mahmoud Darwich, imagée et bien ciselée, était facile à comprendre. C'est une poésie à la fois moderne et éternelle. C'est une poésie qui parle immédiatement au cœur et à l'esprit. Longtemps, les poètes ont chanté le paradis, endormant les peuples avec leurs litanies. Mahmoud Darwich appartient à cette race des seigneurs de la plume, qui rendent à l'intelligence ses lettres de noblesse. Il ne se contente pas de lancer des slogans ou de jeter des anathèmes, mais il nous invite à une communion. «Celui qui m'a changé en exilé m'a changé en bombe... Palestine est devenue mille corps mouvants sillonnant les rues du monde, chantant le chant de la mort, car le nouveau Christ, descendu de sa croix, porta bâton et sortit de Palestine.» Et bien sûr, on appréciait aussi ses textes chantés Marcel Khalifa ou Medjda Eroumi : deux chanteurs chrétiens libanais. Cela veut dire quoi, sinon que Mahmoud Darwich était capable de parler à toutes les nationalités, à toutes les religions, à tous les hommes. D'où son universalisme. Grâce à lui, la Palestine n'était pas seulement un combat armé contre un ennemi qui occupait sa terre, mais ça devenait la cause de tous les hommes. Parce qu'il y mettait la poésie, le romantisme, l'amour, des sentiments. Lorsqu'on met dans le même vers le sang, la terre, le jasmin, une étoile, la branche d'olivier, et des mots à la sonorité musicale, on ne peut que toucher le plus grand nombre de gens, à travers le monde. Grâce à son souffle épique et à son humanisme, il rejoint ainsi au panthéon de l'histoire les grands poètes de l'antiquité grecque, comme Homère. Peu de poètes ont eu cette chance de leur vivant même. Ses récitals de poésie, avec cette magnifique voix qui était la sienne, rassemblaient des centaines de personnes, toutes couches sociales confondues. Avec un tel verbe et une voix pareille, il pouvait être de n'importe quelle nationalité, mais le destin a voulu qu'il soit palestinien, et ce fut une chance pour cette grande cause que d'avoir eu un poète de cette trempe, de cette envergure, et qui a fait autant pour la Palestine que tous les congrès du Fatah et de l'OLP. Il a également apporté un nouveau souffle à la langue arabe, une langue dans laquelle il-a forgé ses plus beaux vers.