Le paludisme, hier encore maladie "oubliée", a bénéficié d'une mobilisation croissante depuis 2002, avec des résultats "spectaculaires", selon Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Q : Où en est-on de la lutte contre le paludisme ? R : C'était une maladie plutôt oubliée, mais les huit années après l'an 2000 ont vu monter un intérêt majeur de la communauté internationale sur la place de la santé dans le développement. Cela a mené à la création du Fonds mondial en 2002. La force d'entraînement du sida a eu pour conséquence de faire renaître l'attention sur le paludisme et la tuberculose, vis-à-vis desquels le monde était résigné. Les financements internationaux sont passés de 60 millions en 2002 à plus d'un milliard de dollars l'an dernier. Sur les 11,6 milliards de dollars investis par le Fonds depuis 2002, 35% sont allés au paludisme. Q : Comment voyez-vous l'avenir ? R : Nous avons eu des résultats tout à fait spectaculaires qui se font sentir immédiatement, à la différence du sida. Ainsi, dans plus d'une dizaine de pays endémiques d'Afrique, la mortalité des enfants de moins de cinq ans et le nombre des nouveaux cas ont diminué, de 2005 à 2008, de plus de la moitié voire des deux tiers : par exemple en Ethiopie, en Erythrée, en Zambie, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Swaziland, au Mozambique, au Burundi... Ce qui me préoccupe c'est la poursuite des financements, car les moustiquaires imprégnées ont des effets remarquables, dès lors qu'on couvre 65% des foyers, mais elles durent de trois à cinq ans. Il manque encore une centaine de millions de moustiquaires (110 millions ont été distribuées) pour avoir une couverture suffisante dans les pays endémiques, j'espère qu'on y arrivera d'ici 2010. Q : Peut-on espérer la mise au point rapide d'un vaccin ? R : J'espère que les premiers prototypes seront sur le marché autour de 2012. Mais nous pouvons dès maintenant diminuer le poids que représente le paludisme sur la santé publique dans les pays pauvres et endémiques avec les instruments dont on dispose : la lutte contre les moustiques -lutte contre l'accumulation d'eau, pulvérisation de DDT...-, le traitement des cas de paludisme avec le bon médicament (les ACT), et les moustiquaires imprégnées pour prévenir. On a démontré la faisabilité d'une diminution très significative de l'impact du paludisme si on allie ces trois stratégies. Il faut maintenant les monter à l'échelle des besoins, dans des pays comme le Nigeria ou la République démocratique du Congo. Aujourd'hui les résultats du paludisme font penser que quand vraiment on se mobilise, on arrive à des résultats, et que peut-être on arrivera à des résultats impressionnants pour le sida et la tuberculose. Le paludisme, hier encore maladie "oubliée", a bénéficié d'une mobilisation croissante depuis 2002, avec des résultats "spectaculaires", selon Michel Kazatchkine, directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Q : Où en est-on de la lutte contre le paludisme ? R : C'était une maladie plutôt oubliée, mais les huit années après l'an 2000 ont vu monter un intérêt majeur de la communauté internationale sur la place de la santé dans le développement. Cela a mené à la création du Fonds mondial en 2002. La force d'entraînement du sida a eu pour conséquence de faire renaître l'attention sur le paludisme et la tuberculose, vis-à-vis desquels le monde était résigné. Les financements internationaux sont passés de 60 millions en 2002 à plus d'un milliard de dollars l'an dernier. Sur les 11,6 milliards de dollars investis par le Fonds depuis 2002, 35% sont allés au paludisme. Q : Comment voyez-vous l'avenir ? R : Nous avons eu des résultats tout à fait spectaculaires qui se font sentir immédiatement, à la différence du sida. Ainsi, dans plus d'une dizaine de pays endémiques d'Afrique, la mortalité des enfants de moins de cinq ans et le nombre des nouveaux cas ont diminué, de 2005 à 2008, de plus de la moitié voire des deux tiers : par exemple en Ethiopie, en Erythrée, en Zambie, au Rwanda, en Afrique du Sud, au Swaziland, au Mozambique, au Burundi... Ce qui me préoccupe c'est la poursuite des financements, car les moustiquaires imprégnées ont des effets remarquables, dès lors qu'on couvre 65% des foyers, mais elles durent de trois à cinq ans. Il manque encore une centaine de millions de moustiquaires (110 millions ont été distribuées) pour avoir une couverture suffisante dans les pays endémiques, j'espère qu'on y arrivera d'ici 2010. Q : Peut-on espérer la mise au point rapide d'un vaccin ? R : J'espère que les premiers prototypes seront sur le marché autour de 2012. Mais nous pouvons dès maintenant diminuer le poids que représente le paludisme sur la santé publique dans les pays pauvres et endémiques avec les instruments dont on dispose : la lutte contre les moustiques -lutte contre l'accumulation d'eau, pulvérisation de DDT...-, le traitement des cas de paludisme avec le bon médicament (les ACT), et les moustiquaires imprégnées pour prévenir. On a démontré la faisabilité d'une diminution très significative de l'impact du paludisme si on allie ces trois stratégies. Il faut maintenant les monter à l'échelle des besoins, dans des pays comme le Nigeria ou la République démocratique du Congo. Aujourd'hui les résultats du paludisme font penser que quand vraiment on se mobilise, on arrive à des résultats, et que peut-être on arrivera à des résultats impressionnants pour le sida et la tuberculose.