La prise en compte des besoins spécifiques de la petite enfance (0-6 ans) est quelque chose de très récent en Algérie. Or, tout le monde s'accorde à dire que c'est pendant ses premières années que l'enfant développe le potentiel émotionnel et intellectuel qui forgera l'adulte de demain. De la qualité de l'accueil réservé aux touts petits, surtout à ceux qui vivent en situation de vulnérabilité, dépend en grande partie la qualité de leur vie d'adulte. C'est le point de vue de Mme Annick Taieb, responsable de l'Institut méditerranéen de la petite enfance et membre du conseil d'administration de l'Association algérienne enfance et familles d'accueil bénévoles (AAEFAB) qui, dans cet entretien, explique toute la démarche de son association pour la protection de la petite enfance. La prise en compte des besoins spécifiques de la petite enfance (0-6 ans) est quelque chose de très récent en Algérie. Or, tout le monde s'accorde à dire que c'est pendant ses premières années que l'enfant développe le potentiel émotionnel et intellectuel qui forgera l'adulte de demain. De la qualité de l'accueil réservé aux touts petits, surtout à ceux qui vivent en situation de vulnérabilité, dépend en grande partie la qualité de leur vie d'adulte. C'est le point de vue de Mme Annick Taieb, responsable de l'Institut méditerranéen de la petite enfance et membre du conseil d'administration de l'Association algérienne enfance et familles d'accueil bénévoles (AAEFAB) qui, dans cet entretien, explique toute la démarche de son association pour la protection de la petite enfance. Vous lancez un projet de création d'un réseau sur la petite enfance. Pouvez-vous en dire davantage sur cette initiative ? L'impulsion d'un réseau algérien de la petite enfance s'inscrit dans un projet initié par l'AAEFAB depuis quelques années, celui de développer un lieu d'information et d'échanges pour les professionnels de la petite enfance afin de capitaliser et de diffuser des savoirs et des pratiques répondant aux besoins spécifiques du petit enfant et plus particulièrement du petit enfant en situation de vulnérabilité, abandonné ou en risque d'abandon. Ce lieu, dénommé « Institut méditerranéen de la petite enfance » (IMPE) s'articule autour d'un centre de ressources documentaires et d'un réseau de professionnels. Ce pôle de référence et d'échanges permettra de mettre à la disposition des professionnels de l'enfance, des étudiants, des chercheurs, les informations nécessaires au développement de leur savoir, de sensibiliser les pouvoirs publics et les professionnels sur les besoins fondamentaux du petit enfant, de diffuser l'expertise de l'AAEFAB en matière de kafala. Le projet d'IMPE a été mené en partenariat avec des ONG françaises et co-financé par la coopération française, la Commission de l'Union européenne, l'UNICEF et la Fondation de France. La mise en place du réseau de professionnels de la petite enfance est co-financée dans le cadre du programme d'appui aux associations algériennes/ONG2. Ce projet est mené en partenariat avec l'association Rachda de Tébessa. Quel est l'objectif du lancement d'un réseau de cette nature? Les professionnels et Les acteurs associatifs qui se préoccupent de la qualité de l'accueil réservé à cette catégorie d'enfants ont maintenant une certaine maturité dans le domaine de la prise en charge et ont des expériences à transmettre et à valoriser. Mais parce qu'ils se trouvent cloisonnés dans l'exercice de leur profession, ils n'ont que rarement la possibilité de confronter leurs expériences et d'enrichir leurs connaissances. La démarche de réseau leur offre la possibilité d'établir des échanges et des collaborations, de bénéficier des expériences des autres en matière de réflexion et de pratique. Se constituer en réseau est une démarche qui favorise les échanges réciproques de savoir entre ses membres, incités à se faire mutuellement bénéficier de leurs compétences. Le réseau permet la solidarité entre ses membres et privilégie la coopération et la mise en synergie. Une action menée en réseau aura plus de poids qu'une action menée individuellement. L'objectif du réseau «petite enfance» est de permettre aux professionnels de sortir le leur isolement et d'offrir aux acteurs de la petite enfance et plus particulièrement ceux confrontés à la petite enfance en situation de vulnérabilité (abandonnée, maltraitée, vivant en institution, etc.) un espace de concertation et d'échanges qui leur permettra de renforcer leur appartenance à un groupe autour d'un objectif commun qui est celui d'améliorer les pratiques d'accueil de la petite enfance. Peut-on connaître la situation de la petite enfance en Algérie ? Environ 3.000 enfants font l'objet d'un abandon chaque année (source ministère de la Solidarité) en général à la naissance. Ces enfants sont élevés en institution (il y a 22 pouponnières en Algérie en comptant les 2 pouponnières de l'AAEFAB) en attendant leur accueil par des familles dans le cadre de la kafala. Dans les wilayas ne disposant pas de pouponnière, les nourrissons restent dans les services hospitaliers où ils végètent avant d'atteindre l'âge de 6 ans où ils sont transférés dans un FEA 6-19 ans. La situation des petits enfants abandonnés et porteurs d'un handicap est particulièrement préoccupante car ils ne trouvent pas de familles d'accueil et il n'y a pas de structures à même de les prendre en charge en leur prodiguant les soins spécifiques qui leur sont nécessaires. A côté du cas particulier des enfants abandonnés, qui a fait l'objet d'une législation (kafala, concordance de nom), ceux qui sont en situation de vulnérabilité et parfois de grande détresse, parce que maltraités, violentés, exploités, sont mal cernés, leur situation n'apparaît qu'au détour d'un «incident» dramatique rapporté par la presse. De façon plus générale, ce n'est que récemment que l'on se penche sur cette période de la vie d'une personne qu'est la petite enfance. Les petits enfants étaient exclusivement pris en charge dans le milieu familial jusqu'à leur entrée à l'école. Mais avec le développement du travail des femmes, les transformations de la structure familiale, nous assistons à une multiplication de crèches et jardins d'enfants, lieux de socialisation centrés sur le petit. Quels sont les besoins recensés pour la prise en charge des petits enfants abandonnés ? Des structures existent (pouponnières) mais en nombre encore insuffisant pour accueillir tous les petits. Ceux-ci restent dans les hôpitaux qui ne disposent ni de budget ni de personnel pour leur prise en charge. Par ailleurs, il y a peu de personnels formés notamment au maternage pour leur prise en charge. Les pouponnières fonctionnent avec un personnel peu qualifié, recruté souvent dans le cadre de dispositifs d'aide sociale et peu stable. Il y a donc un besoin criant de formation initiale et continue. Il n'existe plus de formation d'aide-puéricultrice depuis les années 70. Or, ce sont elles qui sont habilitées à assurer les soins quotidiens que réclame un tout petit. Les éducateurs qui sont formés ne sont pas formés pour prodiguer ces soins. Quel est le rôle des pouvoirs publics pour garantir les droits sociaux de la petite enfance ? En ce qui concerne les enfants abandonnés, les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité de se pencher sur la situation des tout-petits. Ainsi le ministère de la Solidarité a lancé depuis 2006 une réflexion sur la prise en charge de la petite enfance en institution (qui s'inscrit dans un projet de refonte du système institutionnel de prise en charge des enfants privés de famille). Cette réflexion associe des responsables de toutes les institutions, le mouvement associatif en charge de cette catégorie d'enfants et des spécialistes de ce domaine. Est-ce que le projet de code de protection de l'enfant s'est penché sur cette catégorie particulièrement vulnérable des petits enfants abandonnés ? En ce qui concerne notre domaine d'intervention, nous réclamons depuis longtemps des améliorations de la législation en matière de kafala pour assurer une plus grande sécurité à l'enfant makfoul et une meilleure intégration dans sa famille kafil : inscription sur le livret de famille, irrévocabilité de la kafala, application à l'enfant makfoul de la même législation qu'à l'enfant biologique. Vous lancez un projet de création d'un réseau sur la petite enfance. Pouvez-vous en dire davantage sur cette initiative ? L'impulsion d'un réseau algérien de la petite enfance s'inscrit dans un projet initié par l'AAEFAB depuis quelques années, celui de développer un lieu d'information et d'échanges pour les professionnels de la petite enfance afin de capitaliser et de diffuser des savoirs et des pratiques répondant aux besoins spécifiques du petit enfant et plus particulièrement du petit enfant en situation de vulnérabilité, abandonné ou en risque d'abandon. Ce lieu, dénommé « Institut méditerranéen de la petite enfance » (IMPE) s'articule autour d'un centre de ressources documentaires et d'un réseau de professionnels. Ce pôle de référence et d'échanges permettra de mettre à la disposition des professionnels de l'enfance, des étudiants, des chercheurs, les informations nécessaires au développement de leur savoir, de sensibiliser les pouvoirs publics et les professionnels sur les besoins fondamentaux du petit enfant, de diffuser l'expertise de l'AAEFAB en matière de kafala. Le projet d'IMPE a été mené en partenariat avec des ONG françaises et co-financé par la coopération française, la Commission de l'Union européenne, l'UNICEF et la Fondation de France. La mise en place du réseau de professionnels de la petite enfance est co-financée dans le cadre du programme d'appui aux associations algériennes/ONG2. Ce projet est mené en partenariat avec l'association Rachda de Tébessa. Quel est l'objectif du lancement d'un réseau de cette nature? Les professionnels et Les acteurs associatifs qui se préoccupent de la qualité de l'accueil réservé à cette catégorie d'enfants ont maintenant une certaine maturité dans le domaine de la prise en charge et ont des expériences à transmettre et à valoriser. Mais parce qu'ils se trouvent cloisonnés dans l'exercice de leur profession, ils n'ont que rarement la possibilité de confronter leurs expériences et d'enrichir leurs connaissances. La démarche de réseau leur offre la possibilité d'établir des échanges et des collaborations, de bénéficier des expériences des autres en matière de réflexion et de pratique. Se constituer en réseau est une démarche qui favorise les échanges réciproques de savoir entre ses membres, incités à se faire mutuellement bénéficier de leurs compétences. Le réseau permet la solidarité entre ses membres et privilégie la coopération et la mise en synergie. Une action menée en réseau aura plus de poids qu'une action menée individuellement. L'objectif du réseau «petite enfance» est de permettre aux professionnels de sortir le leur isolement et d'offrir aux acteurs de la petite enfance et plus particulièrement ceux confrontés à la petite enfance en situation de vulnérabilité (abandonnée, maltraitée, vivant en institution, etc.) un espace de concertation et d'échanges qui leur permettra de renforcer leur appartenance à un groupe autour d'un objectif commun qui est celui d'améliorer les pratiques d'accueil de la petite enfance. Peut-on connaître la situation de la petite enfance en Algérie ? Environ 3.000 enfants font l'objet d'un abandon chaque année (source ministère de la Solidarité) en général à la naissance. Ces enfants sont élevés en institution (il y a 22 pouponnières en Algérie en comptant les 2 pouponnières de l'AAEFAB) en attendant leur accueil par des familles dans le cadre de la kafala. Dans les wilayas ne disposant pas de pouponnière, les nourrissons restent dans les services hospitaliers où ils végètent avant d'atteindre l'âge de 6 ans où ils sont transférés dans un FEA 6-19 ans. La situation des petits enfants abandonnés et porteurs d'un handicap est particulièrement préoccupante car ils ne trouvent pas de familles d'accueil et il n'y a pas de structures à même de les prendre en charge en leur prodiguant les soins spécifiques qui leur sont nécessaires. A côté du cas particulier des enfants abandonnés, qui a fait l'objet d'une législation (kafala, concordance de nom), ceux qui sont en situation de vulnérabilité et parfois de grande détresse, parce que maltraités, violentés, exploités, sont mal cernés, leur situation n'apparaît qu'au détour d'un «incident» dramatique rapporté par la presse. De façon plus générale, ce n'est que récemment que l'on se penche sur cette période de la vie d'une personne qu'est la petite enfance. Les petits enfants étaient exclusivement pris en charge dans le milieu familial jusqu'à leur entrée à l'école. Mais avec le développement du travail des femmes, les transformations de la structure familiale, nous assistons à une multiplication de crèches et jardins d'enfants, lieux de socialisation centrés sur le petit. Quels sont les besoins recensés pour la prise en charge des petits enfants abandonnés ? Des structures existent (pouponnières) mais en nombre encore insuffisant pour accueillir tous les petits. Ceux-ci restent dans les hôpitaux qui ne disposent ni de budget ni de personnel pour leur prise en charge. Par ailleurs, il y a peu de personnels formés notamment au maternage pour leur prise en charge. Les pouponnières fonctionnent avec un personnel peu qualifié, recruté souvent dans le cadre de dispositifs d'aide sociale et peu stable. Il y a donc un besoin criant de formation initiale et continue. Il n'existe plus de formation d'aide-puéricultrice depuis les années 70. Or, ce sont elles qui sont habilitées à assurer les soins quotidiens que réclame un tout petit. Les éducateurs qui sont formés ne sont pas formés pour prodiguer ces soins. Quel est le rôle des pouvoirs publics pour garantir les droits sociaux de la petite enfance ? En ce qui concerne les enfants abandonnés, les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité de se pencher sur la situation des tout-petits. Ainsi le ministère de la Solidarité a lancé depuis 2006 une réflexion sur la prise en charge de la petite enfance en institution (qui s'inscrit dans un projet de refonte du système institutionnel de prise en charge des enfants privés de famille). Cette réflexion associe des responsables de toutes les institutions, le mouvement associatif en charge de cette catégorie d'enfants et des spécialistes de ce domaine. Est-ce que le projet de code de protection de l'enfant s'est penché sur cette catégorie particulièrement vulnérable des petits enfants abandonnés ? En ce qui concerne notre domaine d'intervention, nous réclamons depuis longtemps des améliorations de la législation en matière de kafala pour assurer une plus grande sécurité à l'enfant makfoul et une meilleure intégration dans sa famille kafil : inscription sur le livret de famille, irrévocabilité de la kafala, application à l'enfant makfoul de la même législation qu'à l'enfant biologique.