Le domaine du préscolaire s'étend entre des tranches d'âge allant de 2 ans à 5 ans et son extension verticale est inégale selon les divers pays. La diversité touche également la nature des établissements et le financement de leur fonctionnement. Elle se révèle aussi dans la terminologie employée, trois termes sont habituellement utilisés : la crèche, le jardin d'enfants et l'école maternelle. Par leur conception et par les méthodes qu'elles mettent en œuvre, elles constituent l'une des réalisations les plus remarquables dans le domaine éducatif. Le but principal de la crèche est d'assurer la garde des enfants dont les mères travaillent hors de leur foyer. Au jardin d'enfants, les petits apprennent à vivre en groupe et on y développe, grâce aux activités de jeux, leurs facultés sensorimotrices et esthétiques. L'école maternelle a une vocation plus scolaire et on y prépare les enfants pour le premier cycle. Selon les résultats des recherches de quelques psychologues, dont le professeur américain Benjamine Bloom, « l'intelligence mesurée à 17 ans est acquise à raison de 50% entre la conception et l'âge de 4 ans, de 30% environ entre 4 et 8 ans et de 20% entre 8 et 17 ans ». C'est dire toute l'importance de la petite enfance, en particulier de l'enseignement préscolaire dans la formation de l'individu. Tout commence, sans aucun doute, à la maternelle mais tout ne dépend pas seulement d'elle et c'est une coopération constante entre l'institution familiale, de leur complémentarité que dépend pour l'essentiel le développement du jeune enfant, donc sa « réussite, dans tous les sens du mot dans la vie ». Accroître le développement intellectuel En ce siècle de rapides progrès de la science et de la technologie, on demande aux enfants d'assimiler des connaissances de plus en plus nombreuses, de plus en plus complexes et d'atteindre un niveau toujours plus élevé de développement intellectuel. Ces exigences, que nous le voulions ou pas, concernent non seulement les écoliers mais également les enfants d'âge préscolaire qui se préparent à entrer à l'école. C'est sous leur influence que l'on a introduit dans les crèches, les jardins d'enfants et les classes maternelles, un enseignement systématique, selon un programme bien défini, rendant ainsi possible un accroissement considérable du développement intellectuel de tous les enfants et une préparation plus efficace pour l'école. Dans le cas du jeune enfant, le processus d'acquisition des connaissances commence avec le développement de sa sensibilité et de ses sensations, ainsi l'épanouissement sensoriel est d'une importance décisive dans le système d'éducation préscolaire et le point important réside dans le fait qu'aux premiers stades du développement, ces activités de perception s'expriment par des actes physiques et sont accompagnées par des mouvements particuliers des organes sensoriels (dans lesquels les objets sont sentis par les mains et vus par les yeux).Pour que l'enfant puisse prendre connaissance d'un objet par l'intermédiaire du sens et du toucher, il faut qu'il sente l'objet avec ses mains, qu'il passe ses doigts sur lui et éprouve son élasticité, etc… Si l'enfant perçoit l'objet par la vue, il doit le regarder, parcourir des yeux ses contours et fixer les principaux détails dans son esprit. Des expériences psychologiques et pédagogiques ont montré que, si aucune formation sensorielle spécifique ne leur est donnée, les jeunes enfants perçoivent les objets de façon très imparfaite. L'enfant est incapable d'examiner systématiquement les contours d'une forme, ou de comparer visuellement un objet avec un autre, après avoir jeté un rapide coup d'œil d'ensemble, l'enfant, sans prendre la peine de regarder de plus près, s'engage immédiatement dans une activité pratique. Par contre, l'activité perceptive chez les enfants devient beaucoup plus complète si le processus de la perception est fortement structuré. Bien entendu, le problème de la formation des processus cognitifs chez l'enfant à l'âge préscolaire n'est pas simplement une question de formation sensorielle. Le développement de la pensée commence très tôt, à partir de ses perceptions. A l'origine, ce processus est visuel actif, plus tard, il devient visuel figuratif. Cependant, les aptitudes intellectuelles de l'enfant à l'âge préscolaire sont beaucoup plus grandes que l'on supposait auparavant. Il reste beaucoup à faire dans ce domaine, si l'on veut élever encore le niveau de développement mental chez les enfants d'âge préscolaire et les préparer plus efficacement pour l'école, sans trop exiger d'eux ni trop les fatiguer. C'est selon un programme bien établi que l'on apprend aux enfants systématiquement à dessiner, à modeler et à faire un peu de musique et un peu de chant. Un tel enseignement est efficace et en même temps démocratique, en ce sens, tous les enfants peuvent parvenir à un plus haut niveau de développement esthétique. Une activité créatrice est nécessaire Sans activité créatrice de la part de l'enfant, aucune appréhension ni compréhension profonde de l'expérience humaine ne sont possibles, donc, on peut dire que la capacité de création est une condition préalable de toute formation esthétique. Le problème de l'éducation morale est civique et important dans la conception de l'éducation préscolaire. Notre tâche est d'élever les enfants d'une façon telle qu'ils soient non seulement sains physiquement, compétents, intelligents et cultivés, mais qu'ils soient moralement intègres. Il est extrêmement indispensable de développer la conscience morale de l'enfant et de lui inculquer une compréhension correcte de ce qui est bien et de ce qui est mal. On admet que le jeune enfant, à cause de son égocentrisme, est incapable de comprendre la signification morale de ses actes. Pour que les conceptions morales, une fois comprises, puissent être transformées par l'enfant en convictions solides et en véritables motivations, elles doivent s'enraciner et être renforcées par l'expérience propre de l'enfant. Il est prouvé également que le potentiel psycho-physiologique des enfants à l'âge préscolaire est considérablement plus élevé qu'on ne le supposait autrefois, et que ces enfants, avec une éducation appropriée, sont capables de comprendre des opérations intellectuelles et d'acquérir des connaissances et des qualités morales qui étaient, en un temps, considérées comme étant, à leur âge, hors de leur portée. Ces faits justifient le souci d'élever encore le niveau du travail éducatif, d'enrichir le contenu cognitif des programmes de l'école maternelle et d'assigner des tâches nouvelles et plus complexes à la formation intellectuelle, morale et esthétique des enfants d'âge préscolaire. Si à cet âge, ces processus ne se forment pas comme il se doit, il peut être extrêmement difficile, peut-être même impossible, de combler plus tard cette lacune, l'éducation de l'enfant à l'école et son développement ultérieur risquent de s'en trouver considérablement gênés. L'enfant doit participer activement Puisque l'on attache de plus en plus, aux programmes préscolaires, un rôle important, il faut veiller davantage à l'enchaînement et à la continuité des étapes du processus d'éducation. Le principe éducatif le plus important est la nécessité impérative d'une « participation active » de l'enfant au processus d'apprentissage. Ce n'est pas en apprenant par cœur que l'enfant développera sa capacité de résoudre des problèmes ou des facultés de raisonnement. Or, c'est précisément ce genre d'aptitude qui est si recherché dans notre monde actuel en mutation. Pour parler franchement, il faut que nos enfants deviennent de « bonnes machines à apprendre », plutôt que des encyclopédies bourrées d'informations qui n'ont plus cours. Il faut en même temps tenir compte, dans la pratique, des différences de personnalité d'un enfant à un autre et il est aussi absurde de les mesurer tous à la même aune. Il y a beaucoup à faire si nous voulons simplement mettre en pratique ce que nous savons déjà, pour favoriser le développement cognitif de nos enfants. Pourtant, il ne fait guère de doute qu'avec des programmes d'éducation préscolaire et scolaire bien conçus, un personnel enseignant suffisamment formé, il est possible d'améliorer sensiblement le développement cognitif chez un grand nombre d'enfants et partout, chez les adultes de demain. Les générations actuelles grandissent plus vite que naguère, leur maturité physique est accélérée, leur puberté est avancée et par conséquent, les intenses et profondes modifications post-pubérales se font à un âge précoce. Tous les exercices dans ces classes, occupations et récréations, seront réglés d'après ce principe général : ils doivent aider au développement des diverses facultés de l'enfant, sans fatigue, sans contrainte, sans excès d'application ; ils sont destinés à l'éloigner du désœuvrement, en lui faisant éprouver les jouissances de l'activité. Le but à atteindre, en tenant compte des diversités de tempérament, de la précocité des uns et de la lenteur des autres, c'est qu'ils aiment leurs tâches, leurs jeux et leurs occupations de toutes sortes. Une bonne santé, la vue, l'ouïe et le toucher exercés par une suite graduée de petits jeux et de petites expériences personnelles : tantôt libres, tantôt provoquées par la maîtresse et toutes propres à faire l'éducation des sens, l'empressement à regarder, à imiter, à questionner, à écouter et à répondre, un commencement d'habitude disciplinée et de curiosité intellectuelle sur lesquelles l'école primaire puisse s'appuyer pour donner plus tard un enseignement régulier, l'intelligence éveillée, et enfin, l'âme ouverte à toutes les bonnes impressions morales, tels doivent être les effets de ces premières années dans la classe maternelle. L'enfant exerce d'abord ses jambes, ses bras, sa voix et ses sens, par les jeux, les mouvements gradués et les chants, il devient adroit de ses mains et développe son goût par les exercices manuels. En jouant avec ses camarades, en mangeant et en travaillant à leurs côtés, il apprend à vivre en société, sa conscience s'éveille, les premiers principes de morale lui sont révélés sans entendre jamais une leçon de morale, il comprend peu à peu qu'il ne doit être ni accapareur ni brutal ni égoïste ni indolent, qu'il doit aimer ses parents et ses maîtres et leur obéir. Jour après jour, il s'élèvera à la générosité et à la douceur, à l'amour du travail, à la confraternité et à la bonté. Il doit savoir cela avant de savoir lire et écrire, mais il ne peut l'apprendre qu'autant que son développement physique le lui permet. L'éducation intellectuelle vient ensuite, mais allégée, réduite à sa plus simple expression. Les exercices manuels doivent alterner avec les exercices spécialement intellectuels (au maximum deux par jour et plutôt le matin), la durée ne dépassera pas 20mn et ils seront toujours séparés par des chants, des mouvements, des marches ou des évolutions. La culture de l'intelligence conduit à la recherche du beau. La formation du caractère accoutume au courage ferme et pacifique, la formation sociale initie à la solidarité. Les bonnes influences auxquelles l'enfant est soumis par le plaisir, qu'on lui fait prendre aux occupations par les habitudes d'ordre, de politesse, d'obéissance, de bonne humeur, de serviabilité, d'attention, d'adresse manuelle et d'activité intellectuelle qu'il acquiert peu à peu. Il est principalement nécessaire de savoir aussi comment les divers éléments du système d'enseignement se complètent et s'imbriquent pour parvenir au résultat ultime : déclencher le déclic, allumer la petite flamme et réveiller « le petit génie » qui sommeille en chaque petit être, faire de l'enfant algérien une « personne instruite », l'être pensant par excellence et celui dont toute la dignité consiste à « bien penser ». L'auteur est : Directeur d'école à la retraite