«Gabbla», le nouveau film de Tariq Teguia, est enfin arrivé à Alger. La projection de l'avant-première a eu lieu avant-hier soir à la salle El Mouggar. «Gabbla», le nouveau film de Tariq Teguia, est enfin arrivé à Alger. La projection de l'avant-première a eu lieu avant-hier soir à la salle El Mouggar. La sortie en mars dernier de Gabbla (Inland) a été considérée comme un événement par la presse étrangère et, tout au long de la projection, nous avons eu à constater que les éloges n'étaient pas exagérés. Le réalisateur, présent dans la salle, exprimera sa curiosité de découvrir un nouveau public pour son film, production algéro-française, tourné en 12 semaines dans différentes régions de l'Algérie. Gabbla, c'est l'itinéraire imprévu d'un homme et, à travers lui, l'itinéraire d'un pays. Malek, topographe taciturne, vit en retrait depuis son divorce. Il est appelé par le bureau d'études où il avait déjà travaillé pour une mission dans un village isolé de l'ouest algérien, aux portes du désert. Envoyé au milieu de nulle part, Malek, corps efflanqué, barbe hirsute et traits sombres est en parfaite symbiose formelle avec le décor qui l'entoure. Il trouve refuge dans un camp de base complètement délabré et entame son travail tant bien que mal, en dépit des agents (officiers de police ?) qui viennent l'importuner à plusieurs reprises pour des soucis «administratifs». Son histoire banale se transformera brusquement lorsqu'il tombe sur une immigrante clandestine qui a traversé le désert pour rejoindre peut-être le Maroc, puis l'Europe. Celle-ci a changé d'avis et voudrait rentrer chez elle. S'entame alors un long périple à travers le désert, un «road movie» qui constitue la plus importante partie du film, et pendant lequel le réalisateur nous fera découvrir, à travers le regard de Malek, la beauté grave et effrayante du désert saharien, et tout ce qu'il renferme comme pitoyables réalités, passées dans des plans singuliers d'où débordent par moments les visages des personnages, ou dans lesquels un ciel éclatant s'accapare l'espace et ne laisse qu'une ligne horizontale à la terre, où se passe pourtant l'action. Tout au long du trajet, on découvre à Gabbla la qualité d'un grand cinéma qui ne s'encombre pas de la majesté fallacieuse si chère à beaucoup de productions algériennes, il n'embellit pas la réalité avant de la filmer, il procède d'ailleurs à ce propos par une sorte « d'esthétisme de l'insalubrité », comme lorsque la caméra embarqué dans la voiture de Malek, et à travers les vitres sales de celle-ci, fait passer dans son objectif des maisons en ruines, des tôles rouillées, des décharges en plein air, etc. De surcroit, Gabbla est un film aux implications sociales multiples, introduites à travers des allusions des ellipses et des scènes sans rapport apparent avec la trame du film, comme des chapitres d'un même livre commencés séparément : des «activistes» qui se concertent pour la création d'un «mouvement pour la vie», des harragas qui mettent leur barque à l'eau, un homme pendu à un arbre, les anciens patriotes délaissés et puis certains responsables haut placés qu'on qualifiera à chaque fois, avec ironie, de «donneurs d'ordres». D'un naturalisme très esthétique, Gabbla, à l'instar de Mascarade de Lyes Salem, semble orienter le cinéma algérien vers une nouvelle direction, en rupture avec toute production conformiste ou même commerciale dans laquelle il sombrait progressivement. La sortie en mars dernier de Gabbla (Inland) a été considérée comme un événement par la presse étrangère et, tout au long de la projection, nous avons eu à constater que les éloges n'étaient pas exagérés. Le réalisateur, présent dans la salle, exprimera sa curiosité de découvrir un nouveau public pour son film, production algéro-française, tourné en 12 semaines dans différentes régions de l'Algérie. Gabbla, c'est l'itinéraire imprévu d'un homme et, à travers lui, l'itinéraire d'un pays. Malek, topographe taciturne, vit en retrait depuis son divorce. Il est appelé par le bureau d'études où il avait déjà travaillé pour une mission dans un village isolé de l'ouest algérien, aux portes du désert. Envoyé au milieu de nulle part, Malek, corps efflanqué, barbe hirsute et traits sombres est en parfaite symbiose formelle avec le décor qui l'entoure. Il trouve refuge dans un camp de base complètement délabré et entame son travail tant bien que mal, en dépit des agents (officiers de police ?) qui viennent l'importuner à plusieurs reprises pour des soucis «administratifs». Son histoire banale se transformera brusquement lorsqu'il tombe sur une immigrante clandestine qui a traversé le désert pour rejoindre peut-être le Maroc, puis l'Europe. Celle-ci a changé d'avis et voudrait rentrer chez elle. S'entame alors un long périple à travers le désert, un «road movie» qui constitue la plus importante partie du film, et pendant lequel le réalisateur nous fera découvrir, à travers le regard de Malek, la beauté grave et effrayante du désert saharien, et tout ce qu'il renferme comme pitoyables réalités, passées dans des plans singuliers d'où débordent par moments les visages des personnages, ou dans lesquels un ciel éclatant s'accapare l'espace et ne laisse qu'une ligne horizontale à la terre, où se passe pourtant l'action. Tout au long du trajet, on découvre à Gabbla la qualité d'un grand cinéma qui ne s'encombre pas de la majesté fallacieuse si chère à beaucoup de productions algériennes, il n'embellit pas la réalité avant de la filmer, il procède d'ailleurs à ce propos par une sorte « d'esthétisme de l'insalubrité », comme lorsque la caméra embarqué dans la voiture de Malek, et à travers les vitres sales de celle-ci, fait passer dans son objectif des maisons en ruines, des tôles rouillées, des décharges en plein air, etc. De surcroit, Gabbla est un film aux implications sociales multiples, introduites à travers des allusions des ellipses et des scènes sans rapport apparent avec la trame du film, comme des chapitres d'un même livre commencés séparément : des «activistes» qui se concertent pour la création d'un «mouvement pour la vie», des harragas qui mettent leur barque à l'eau, un homme pendu à un arbre, les anciens patriotes délaissés et puis certains responsables haut placés qu'on qualifiera à chaque fois, avec ironie, de «donneurs d'ordres». D'un naturalisme très esthétique, Gabbla, à l'instar de Mascarade de Lyes Salem, semble orienter le cinéma algérien vers une nouvelle direction, en rupture avec toute production conformiste ou même commerciale dans laquelle il sombrait progressivement.