Docteure en biologie et écrivaine, Fadéla M'Rabet est née à Skikda. «Le chat aux yeux d'or» est le récit de funérailles dans la petite cité maritime. Celle qu'on enterre est nanna, considérée par la narratrice comme sa deuxième mère. Durant ces heures douloureuses, les pensées de la narratrice s'envolent et les souvenirs se succèdent, heureux ou cruels, selon les étapes traversées par le pays. Avec une prose poétique ou abrupte, en deux temps et deux tons, l'auteure dit son fait à sa société. Docteure en biologie et écrivaine, Fadéla M'Rabet est née à Skikda. «Le chat aux yeux d'or» est le récit de funérailles dans la petite cité maritime. Celle qu'on enterre est nanna, considérée par la narratrice comme sa deuxième mère. Durant ces heures douloureuses, les pensées de la narratrice s'envolent et les souvenirs se succèdent, heureux ou cruels, selon les étapes traversées par le pays. Avec une prose poétique ou abrupte, en deux temps et deux tons, l'auteure dit son fait à sa société. Ce roman, dont le sous-titre est «Une illusion algérienne» rend hommage à des générations de femmes skikdies créatrices d'ambiances familiales chaleureuses et ludiques. Il demande également des comptes à une société qui n'a pas su éviter les dérives violentes et absurdes. Ainsi, aux chapitres où les souvenirs d'enfance s'égrènent, on serait tenté de dire avec délice, succèdent - et l'on serait tenté de dire hélas -, des pages pleines de faits navrants qui distillent une grande amertume. «Nos retrouvailles sur cette place de la Comédie noyée sous la pluie rendent mes années d'illusions algériennes à la fois lumineuses et en harmonie avec le reflux de l'histoire, qui a submergé nos espérances sans emporter nos traditions», écrit l'auteure qui se souvient de sa rencontre avec son amie Safia, Lucette Hadj-Ali, lors d'une vente dédicace de son livre «Une enfance singulière» à Montpellier. «Ce sourire de Safia, qui finissait toujours par un rire vite réprimé comme celui de Nana (…). Place de la Comédie, le rire s'est transformé en pleurs.» Ce souvenir émerge alors que la narratrice détaille les femmes qui arrivent de plus en plus nombreuses aux funérailles de Nana. Chacune des visiteuses porte le deuil des siens. «Car toutes ces figurantes ont des blessures non cicatrisées et prêtes à saigner (…). «L'une a ses deux filles emportées par les inondations et avalées par la mer, qui ne nourrit plus ses enfants, mais les dévore. Une vieille femme est la seule survivante du tremblement de terre qui a enterré son fils et sa famille sans funérailles. Cette autre, sculpturale, au physique et à l'élégance d'une belle Italienne, professeur d'arabe, a vu son mari tomber devant sa maison sous une balle intégriste tirée à bout portant ( …). Adossée contre un pilier, une dolorosa inconsolable attend toujours son fils unique, enlevé par des agents non identifiés…» Suivent des pages sur la fraternité des femmes et leur égalitarisme naturel. L'auteure jette un regard amer sur sa société qu'elle qualifie de madrépore. «Nous formons un multiorganisme, mais à la manière d'un massif de corail. Nous sommes des unités vivantes à l'intérieur de cases minérales identiques. Nos geôles en béton sont soudées. Nous recevons la même eau brassée par les mêmes courants, mais nous restons isolés. Seules nos prisons sont fusionnées. Nos solitudes sont criantes au sein d'une masse silencieuse et informe. Nous sommes un madrépore.» Pourtant, l'écriture de Fadéla M'Rabet sait se faire légère et suave quand elle évoque la maison de l'enfance aux mille parfums. «Elle ne s'échappera pas en volutes vers le ciel, mais nous enveloppera de cette atmosphère éthérée des matinées heureuses de la maison de Skikda. Avec ses fragrances de semoule grillée et de miel chaud des taminas de Djedda, d'oranges confites, spécialité de Nana, de pruneaux et de raisins de Smyrne caramélisés de Yemma, de henné les jours de fête. Et puis, ces arômes de café mêlés au parfum de fleurs d'oranger que tu ramassais par brassées dans le patio et que tu jetais dans la cafetière». Egale à elle-même, Fadéla M'Rabet restitue à merveille les saveurs du pays. Souvent qualifiée de féministe, elle a également écrit des essais dont : «La femme algérienne» et «Les Algériennes» en 1965 et 1967. Puis «L'Algérie des illusions», «Une enfance singulière», «Une Femme d'ici et d'ailleurs», «La liberté est son pays», «Le muezzin aux yeux bleus». Ce roman, dont le sous-titre est «Une illusion algérienne» rend hommage à des générations de femmes skikdies créatrices d'ambiances familiales chaleureuses et ludiques. Il demande également des comptes à une société qui n'a pas su éviter les dérives violentes et absurdes. Ainsi, aux chapitres où les souvenirs d'enfance s'égrènent, on serait tenté de dire avec délice, succèdent - et l'on serait tenté de dire hélas -, des pages pleines de faits navrants qui distillent une grande amertume. «Nos retrouvailles sur cette place de la Comédie noyée sous la pluie rendent mes années d'illusions algériennes à la fois lumineuses et en harmonie avec le reflux de l'histoire, qui a submergé nos espérances sans emporter nos traditions», écrit l'auteure qui se souvient de sa rencontre avec son amie Safia, Lucette Hadj-Ali, lors d'une vente dédicace de son livre «Une enfance singulière» à Montpellier. «Ce sourire de Safia, qui finissait toujours par un rire vite réprimé comme celui de Nana (…). Place de la Comédie, le rire s'est transformé en pleurs.» Ce souvenir émerge alors que la narratrice détaille les femmes qui arrivent de plus en plus nombreuses aux funérailles de Nana. Chacune des visiteuses porte le deuil des siens. «Car toutes ces figurantes ont des blessures non cicatrisées et prêtes à saigner (…). «L'une a ses deux filles emportées par les inondations et avalées par la mer, qui ne nourrit plus ses enfants, mais les dévore. Une vieille femme est la seule survivante du tremblement de terre qui a enterré son fils et sa famille sans funérailles. Cette autre, sculpturale, au physique et à l'élégance d'une belle Italienne, professeur d'arabe, a vu son mari tomber devant sa maison sous une balle intégriste tirée à bout portant ( …). Adossée contre un pilier, une dolorosa inconsolable attend toujours son fils unique, enlevé par des agents non identifiés…» Suivent des pages sur la fraternité des femmes et leur égalitarisme naturel. L'auteure jette un regard amer sur sa société qu'elle qualifie de madrépore. «Nous formons un multiorganisme, mais à la manière d'un massif de corail. Nous sommes des unités vivantes à l'intérieur de cases minérales identiques. Nos geôles en béton sont soudées. Nous recevons la même eau brassée par les mêmes courants, mais nous restons isolés. Seules nos prisons sont fusionnées. Nos solitudes sont criantes au sein d'une masse silencieuse et informe. Nous sommes un madrépore.» Pourtant, l'écriture de Fadéla M'Rabet sait se faire légère et suave quand elle évoque la maison de l'enfance aux mille parfums. «Elle ne s'échappera pas en volutes vers le ciel, mais nous enveloppera de cette atmosphère éthérée des matinées heureuses de la maison de Skikda. Avec ses fragrances de semoule grillée et de miel chaud des taminas de Djedda, d'oranges confites, spécialité de Nana, de pruneaux et de raisins de Smyrne caramélisés de Yemma, de henné les jours de fête. Et puis, ces arômes de café mêlés au parfum de fleurs d'oranger que tu ramassais par brassées dans le patio et que tu jetais dans la cafetière». Egale à elle-même, Fadéla M'Rabet restitue à merveille les saveurs du pays. Souvent qualifiée de féministe, elle a également écrit des essais dont : «La femme algérienne» et «Les Algériennes» en 1965 et 1967. Puis «L'Algérie des illusions», «Une enfance singulière», «Une Femme d'ici et d'ailleurs», «La liberté est son pays», «Le muezzin aux yeux bleus».