Vendredi soir, les héritiers du Cheikh Jalal Eddine Mohammed Balkhi, plus connu sous le nom de Rumi (1207/1273), ont transmis par leurs cantiques, prières et mouvement giratoire, la nostalgie du divin puissamment exprimée par toutes les œuvres du vieux maître de Konya, disciple de l'ermite errant Chams-eddine Et-Tabrizi. La soirée organisée par l'ONCI, en plein cœur de Bab-El-Oued, face à la mosquée Et-Teqoua, a constitué un moment de ferveur d'une intensité rare. Vendredi soir, les héritiers du Cheikh Jalal Eddine Mohammed Balkhi, plus connu sous le nom de Rumi (1207/1273), ont transmis par leurs cantiques, prières et mouvement giratoire, la nostalgie du divin puissamment exprimée par toutes les œuvres du vieux maître de Konya, disciple de l'ermite errant Chams-eddine Et-Tabrizi. La soirée organisée par l'ONCI, en plein cœur de Bab-El-Oued, face à la mosquée Et-Teqoua, a constitué un moment de ferveur d'une intensité rare. «Ô jour, lève-toi/ Les atomes dansent/ Les âmes éperdues d'extase dansent» écrit l'immense poète de langues persane et arabe, fondateur de la confrérie des mawlawiya, plus connue en Occident sous la dénomination de Derviches Tourneurs. Il a fallu au public beaucoup de patience, précisément une des premières vertus cultivées par les derviches, pour pouvoir enfin goûter à «la danse des âmes éperdues d'extase». C'est, en effet, avec un retard de quelque deux heures et après de nombreuses protestations du public que la soirée a enfin pu commencer en présence de Mme Khalida Toumi et de l'ambassadeur de Turquie. Venu du cœur des hautes plaines steppiques de Turquie et du fond des siècles d'or de l'Islam, le sama,, cette séance d'audition d'un art liturgique islamique, a littéralement cloué à leurs fauteuils les très nombreux spectateurs de ce vendredi soir. En première partie de la cérémonie, un interprète, doté d'une voix qui échappe à toute classification, a déclamé des vers du Cheikh fondateur de la Tariqa. Tiré du Diwan Chams Et-Tabrizi ou du Masnavi, œuvres poétiques monumentales écrites par le Cheikh après la mort du mystique errant venu de Tabriz qu'il considérait comme son propre maître spirituel, ses chants se sont élevés en de majestueux lento repris à l'unisson par les 7 musiciens de l'orchestre. Le Nay, cet instrument roi des confréries soufies du fait qu'il symbolise les sanglots de l'âme exilée sur terre et qui veut retourner à son origine, comme la flûte séparée du roseau, s'est fait entendre de manière lancinante. Luth, qanoun, violoncelle, tambours et un petit violon traditionnel au son grave et déchirant se sont combinés pour interpréter une musique traditionnelle d'une beauté féerique. Des mouvements, allant du plus lent au plus allègre, ont donné l'occasion aux musiciens d'improviser des solos étonnants. De vieux chants connus dans tout le monde musulman ont également été entonnés, comme le classique Talaâ-el-Badrou aleïna. Des odes et des louanges au Prophète (QSSSL), ont clôturé cette première partie très applaudie. En deuxième partie, il était expressément interdit d'applaudir en raison du caractère liturgique de la cérémonie à laquelle les fouqara de Turquie ont convié le public. Après avoir saupoudré de sel le pourtour de la scène et y avoir déployé un petit tapis, les derviches enveloppés d'amples djellabas noires et portant de hautes toques de feutre beiges, se sont inclinés les uns après les autres face au tapis. Ils se sont ensuite assis, serrés les uns aux autres, pendant qu'une musique fortement spirituelle les enveloppait de plus en plus. A ce stade, leur état de concentration religieuse était déjà tel qu'ils semblaient littéralement ailleurs. Une sorte de grande tristesse fortement intériorisée semblait partagée par tous. Dans un second temps, les derviches se sont mis debout et ont effectué une ronde avec des pas très lents et calculés. Puis laissant tomber la grande djellaba noire, ils sont apparus éblouissants de blancheur dans des jupes corolles. Ils se sont alors épanouis comme des fleurs et se sont mis à tourner, en pivotant sur-eux-mêmes, la main droite levée vers le ciel et l'autre dirigée vers la terre. Les visages empreints d'une expression extatique, les derviches semblaient voler très loin de la scène, ravis par la jedba. La toque représentant la pierre tombale, la djellaba noire pour la tombe, et la robe blanche pour le linceul, cette danse des derviches semble exprimer l'émergence de l'âme et son éclosion, une fois débarrassée du corps et de la tombe qui l'emprisonnaient. «Ina Lillahi oua ina ilayhi rajioûne», cette cérémonie spirituelle, venue du fond des âges, semble être la meilleure illustration de l' invocation qui accompagne la mort. Après le cri de «aôudou billah min echaytane errajim», les derviches redescendus sur terre se sont de nouveau assis serrés les uns contre les autres, en récitant la fatiha et d'autres versets du Coran. Puis comme c'est toujours le cas en de semblables cérémonies, un derviche a récité la silsila à laquelle se rattache la confrérie à partir de son point de départ constitué par le Prophète (QSSSL). Puis les officiants se sont retirés, avec d'humbles prosternations, dans le silence le plus complet, laissant le public abasourdi. «Viens, qui que tu sois, croyant ou incroyant, viens, c'est ici la demeure de l'espoir» écrivait le Cheikh Jalal Eddine dont l'œuvre continue à éblouir le monde entier. «Ô jour, lève-toi/ Les atomes dansent/ Les âmes éperdues d'extase dansent» écrit l'immense poète de langues persane et arabe, fondateur de la confrérie des mawlawiya, plus connue en Occident sous la dénomination de Derviches Tourneurs. Il a fallu au public beaucoup de patience, précisément une des premières vertus cultivées par les derviches, pour pouvoir enfin goûter à «la danse des âmes éperdues d'extase». C'est, en effet, avec un retard de quelque deux heures et après de nombreuses protestations du public que la soirée a enfin pu commencer en présence de Mme Khalida Toumi et de l'ambassadeur de Turquie. Venu du cœur des hautes plaines steppiques de Turquie et du fond des siècles d'or de l'Islam, le sama,, cette séance d'audition d'un art liturgique islamique, a littéralement cloué à leurs fauteuils les très nombreux spectateurs de ce vendredi soir. En première partie de la cérémonie, un interprète, doté d'une voix qui échappe à toute classification, a déclamé des vers du Cheikh fondateur de la Tariqa. Tiré du Diwan Chams Et-Tabrizi ou du Masnavi, œuvres poétiques monumentales écrites par le Cheikh après la mort du mystique errant venu de Tabriz qu'il considérait comme son propre maître spirituel, ses chants se sont élevés en de majestueux lento repris à l'unisson par les 7 musiciens de l'orchestre. Le Nay, cet instrument roi des confréries soufies du fait qu'il symbolise les sanglots de l'âme exilée sur terre et qui veut retourner à son origine, comme la flûte séparée du roseau, s'est fait entendre de manière lancinante. Luth, qanoun, violoncelle, tambours et un petit violon traditionnel au son grave et déchirant se sont combinés pour interpréter une musique traditionnelle d'une beauté féerique. Des mouvements, allant du plus lent au plus allègre, ont donné l'occasion aux musiciens d'improviser des solos étonnants. De vieux chants connus dans tout le monde musulman ont également été entonnés, comme le classique Talaâ-el-Badrou aleïna. Des odes et des louanges au Prophète (QSSSL), ont clôturé cette première partie très applaudie. En deuxième partie, il était expressément interdit d'applaudir en raison du caractère liturgique de la cérémonie à laquelle les fouqara de Turquie ont convié le public. Après avoir saupoudré de sel le pourtour de la scène et y avoir déployé un petit tapis, les derviches enveloppés d'amples djellabas noires et portant de hautes toques de feutre beiges, se sont inclinés les uns après les autres face au tapis. Ils se sont ensuite assis, serrés les uns aux autres, pendant qu'une musique fortement spirituelle les enveloppait de plus en plus. A ce stade, leur état de concentration religieuse était déjà tel qu'ils semblaient littéralement ailleurs. Une sorte de grande tristesse fortement intériorisée semblait partagée par tous. Dans un second temps, les derviches se sont mis debout et ont effectué une ronde avec des pas très lents et calculés. Puis laissant tomber la grande djellaba noire, ils sont apparus éblouissants de blancheur dans des jupes corolles. Ils se sont alors épanouis comme des fleurs et se sont mis à tourner, en pivotant sur-eux-mêmes, la main droite levée vers le ciel et l'autre dirigée vers la terre. Les visages empreints d'une expression extatique, les derviches semblaient voler très loin de la scène, ravis par la jedba. La toque représentant la pierre tombale, la djellaba noire pour la tombe, et la robe blanche pour le linceul, cette danse des derviches semble exprimer l'émergence de l'âme et son éclosion, une fois débarrassée du corps et de la tombe qui l'emprisonnaient. «Ina Lillahi oua ina ilayhi rajioûne», cette cérémonie spirituelle, venue du fond des âges, semble être la meilleure illustration de l' invocation qui accompagne la mort. Après le cri de «aôudou billah min echaytane errajim», les derviches redescendus sur terre se sont de nouveau assis serrés les uns contre les autres, en récitant la fatiha et d'autres versets du Coran. Puis comme c'est toujours le cas en de semblables cérémonies, un derviche a récité la silsila à laquelle se rattache la confrérie à partir de son point de départ constitué par le Prophète (QSSSL). Puis les officiants se sont retirés, avec d'humbles prosternations, dans le silence le plus complet, laissant le public abasourdi. «Viens, qui que tu sois, croyant ou incroyant, viens, c'est ici la demeure de l'espoir» écrivait le Cheikh Jalal Eddine dont l'œuvre continue à éblouir le monde entier.