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«Face à la propagation alarmante du cancer, les chercheurs soupçonnent un nouveau virus»
Docteur M. Mahiou, oncologue radiothérapeute au Midi Libre
Publié dans Le Midi Libre le 23 - 12 - 2009

Le cancer est en progression alarmante dans le monde, y compris dans notre pays. Selon les spécialistes, des traitements nouveaux sont en mesure de guérir cette maladie du siècle à 100% lorsqu'elle est dépistée précocement. Mais faudrait-il encore la repérer au moment où la plupart des cancers sont sournois. En plus, d'après des études récentes, des chercheurs sont en train de suspecter un virus qui est impliqué dans certains cancers. Explications avec le docteur M. Mahiou du service oncologie radiothérapie du CPMC.
Le cancer est en progression alarmante dans le monde, y compris dans notre pays. Selon les spécialistes, des traitements nouveaux sont en mesure de guérir cette maladie du siècle à 100% lorsqu'elle est dépistée précocement. Mais faudrait-il encore la repérer au moment où la plupart des cancers sont sournois. En plus, d'après des études récentes, des chercheurs sont en train de suspecter un virus qui est impliqué dans certains cancers. Explications avec le docteur M. Mahiou du service oncologie radiothérapie du CPMC.
Midi Libre : On constate que le cancer du sein est en progression alarmante, existe-t-il des recommandations pour contrer la maladie ?
Docteur Mahiou : D'abord, il y a les recommandations internationales, une femme qui a 50 ans, voire plus, doit faire une mammographie systématiquement. En Algérie ainsi qu'au Maghreb, c'est un peu particulier pourquoi ? Parce le cancer du sein apparaît surtout chez les femmes jeunes, contrairement aux femmes européennes ou occidentales. Donc, ce qui est recommandé, c'est que à partir de 45 ans, la femme algérienne doit faire une mammographie, c'est obligatoire. Car le cancer du sein est celui qui est le plus fréquent chez nous
Après cet examen, y a-t-il un suivi ?
Une fois la mammographie établie, les résultats sont classés sur une échelle de 0 à 5, c'est-à-ire :
- De 0 à 1, voire 2, il n'y a pas à s'inquiéter, tout est normal.
- De 2 à 3, on doit faire des mammographies tous les deux ans :
- A partir de 4, le cas est suspect, il faut donc exploiter et rechercher un éventuel cancer, en procédant à des cito ponctions et des biopsies.
Y a-t-il des cancers héréditaires ou familiaux ?
Justement, les cancers héréditaires et familiaux sont des cancers à dépister tels que le cancer du rectum et du colon, car il y a des antécédents mais surtout le cancer du sein qui est en tête de liste. Si par exemple une mère ou une tante maternelle a fait un cancer du sein, cela ne veut pas dire que forcément la fille le fera, mais le risque est multiplié par 4 ou 5.
Nous avons vu des sujets jeunes, des filles âgées entre 20 et 24 ans, atteints de cette maladie ; comment expliquer cela ?
En effet, je dirais même qu'une jeune fille de 17 ans atteinte d'un cancer du sein a été hospitalisée dans notre service. C'est un cancer confirmé qui reste un point d'interrogation. En Algérie, nous avons les mêmes données épidémiologiques que dans le reste du Maghreb et ce, contrairement à l'Europe ou l'Occident où la moyenne d'age de risque de la maladie est de 55 ans, ce qui fait quand même une différence de 10 ans. Ceci est d'autant plus curieux que les facteurs de risque existent pourtant plus en Europe qu'au Maghreb à savoir :
- Les mariages et grossesses tardives ;
- Prise prolongée de la pilule ;
On a alors peut-être supposé q'un virus soit responsable de cette situation paradoxale, et les recherches sont en train d'avancer, pour comprendre ce phénomène.
Après un traitement, la jeune fille atteinte peut-elle faire une grossesse ?
Le cancer du sein ne contre-indique pas une grossesse, seulement, et bien entendu une fois que nous avons traité la maladie, la malade peut avoir un enfant. D'ailleurs, au CPMC, depuis 1998, nous avons traité 125 cas qui ont pu tomber enceintes après leur rétablissement.
Dans ce cas-là, on peut toujours espérer une guérison après un cancer de sein ou un autre cancer…..
Voila maintenant on revient à la guérison. Pourquoi tout à l'heure je vous ai parlé de dépistage, parce que lorsqu'on dépiste la maladie à un stade très précoce, c'est-à-dire avant les symptômes, là je dirais que c'est la guérison pratiquement à 100%,. Les cancers du sein, du colon, de la prostate et du rectum, lorsqu'ils sont dépistés à temps, sont bien pris en charge. Et bien sûr, plus la maladie et le diagnostique sont tardivement établis, plus les chances de guérison diminuent.
L'Algérie bénéficie-t-elle de bons traitements ?
En Algérie, notamment pour le cancer du sein, de la prostate, du rectum et le cancer du col utérin, Dieu merci, on est en train d'administrer les tout nouveaux traitements qui existent dans les pays occidentaux, qui sont les dernières chimiothérapies, radiothérapie, hormonothérapie, chirurgie. Donc, nos malades sont bien traités. En plus, ils sont pris en charge à 100% par la sécurité sociale, même pour ceux qui n'ont jamais cotisé, chose qui ne se fait pas dans les pays du Maghreb ou européens. Ainsi, la prise en charge en matière de cancérologie est très correcte. Seulement, et malheureusement chez nous, nos malades sont diagnostiqués à un stade tardif. On a rarement des malades qui sont diagnostiqués au stade 1 ou 2, la majorité sont diagnostiqués au stade 3 ou 4 et, bien sûr, à ce stade le taux de guérison devient faible mais cela ne veut pas dire la mort absolue, parce que même à ce stade nous avons des malades qui sont à leur 6e année. Par exemple aux stades 1 et 2, le taux de guérison est de 90% et il peut descendre jusqu'à 20% ou 30% et je parle de tout cancer en général. Le seul handicap est qu'il y a un manque de centres et on ne peut pas soigner tous les malades.
Effectivement, beaucoup de malades se plaignent de cette insuffisance de centrse de traitements. Prévoie-t-on une stratégie pour ouvrir d'autres centres à l'intérieur du pays et combler cette insuffisance ?
L'Algérie a prévu 17 nouveaux centres d'ici 2017, par exemple à Annaba, Sétif, Tizi-Ouzou, Chlef, Batna, mais on ne les voit pas arriver.
Quelles sont les raisons qui font retarder la création d'autres centres alors que la maladie ne cesse de prendre de l'ampleur ?
Eh bien, je ne dirai pas que c'est un laisser-aller mais une négligence de la part de l'Etat. C'est vrai que nous avons investi de l'argent mais on ne suit pas correctement cet investissement. Peut-être que le centre de Ouargla sera bientôt opérationnel à 50% et bientôt il y aura ceux de Sétif et Annaba mais les autres pas encore.
Y a-t-il une augmentation des cancers dans notre pays ?
D'après l'étude de l'I.N.S.P (Institut National de Santé Publique), il y a certains cancers qui sont en progression, comme le cancer du sein, du rectum, du colon, de la prostate et du poumon chez l'homme.
Vous parlez du cancer du poumon qui est en progression, est-ce cela est dû uniquement au tabagisme ?
Oui pratiquement à 100%. C'est-à-dire que tous ceux qui ont développé un cancer du poumon sont victimes du tabagisme actif ou passif. Par contre, cela ne veut pas dire que toutes les personnes qui ont fumé vont développer un cancer. Le taux de fumeurs atteints d'un cancer en Algérie ne cesse de croître ces dernières années.
Comment expliquer cette progression alarmante des cancers ?
Il y a plusieurs explications. Par exemple, prenons le cas de l'Algérie : la moyenne de survie des Algériens à augmenter ; nous avons une population qui est en train de vieillir, c'est-à-dire autre fois, la moyenne d'âge des Algériens était de 55 ans à l'indépendance, maintenant elle est passée à 70 ans chez l'homme et 82 ans chez la femme, donc plus on vit plus plus on a des chances de développer un cancer, parce que le vieillissement aussi est un facteur de risque pour développer un cancer. Les facteurs environnementaux, la pollution, l'alimentation qui n'est pas saine (pratiquement nous ne mangeons pas bio) sont également impliqués dans les causes du cancer, et bien sûr avec l'avancée de la recherche, on est en train de découvrir que des virus sans impliqués dans les cancers, par exemple comme le cancer du cavum Epstein Barr, qui se situe dans la partie supérieure de la bouche est très fréquent en Afrique du Sud et au Maghreb.
Donc, avec le progrès de la science, on est en train de découvrir d'autres facteurs qu'on ne connaissait pas. Maintenant, c'est prouvé, certains virus sont impliqués dans le cancer ce qui donne cette augmentation et c'est une augmentation constante.
En plus des soins médicaux, y a-t-il une prise en charge psychologique du malade ?
A travers tout le pays, je ne saurais vous le dire, mais au CPMC, il y a une prise en charge en plus des soins administrés pour nos patients, même dans les services de pédiatrie, parce que généralement la chimiothérapie pour les enfants se fait dans le service de pédiatrie.
Nous avons des psychologues pour chaque service.
Y a-t-il beaucoup d'enfants atteints de cancer et de quel cancer souffrent-ils ?
Parmi tous les cancers diagnostiqués en Algérie, celui de l'enfant représente 15%. Ce sont des cancers malheureusement congénitaux et qui s'avèrent dans la majorité des cas graves telles que la leucémie, la lymphome, mais ils sont très bien traités et bien pris en charge d'un point de vu psychologique.
Qu'appelle-t-on les soins palliatifs ?
Se sont des soins apportés aux malades pour moins souffrir, lorsque le cancer s'est métastasé. Il y a donc lieu de distinguer les soins curatifs des soins palliatifs. Les premiers apportent un traitement pour guérir, les seconds apportent du confort pour atténuer la douleur. Prenant par exemple le cancer du sein, il est pratiquement localisé au milieux du sein mais malheureusement, à un stade tardive de dépistage, il commence à se métastaser, c'est-à-dire, il commence à passer dans l'autre organe, donc du sein il peut passer au poumon, au foie, au cerveau, à l'os, c'est-à-dire à se généraliser, voilà le terme à utiliser. On n'est plus dans la catégorie des soins curatifs. C'est surtout le confort de vie, stabiliser plus ou moins la maladie, luter contre la douleur, luter contre la dégradation de l'état général du malade. C'est-à-ire stabiliser l'état général sans guérir la maladie mais la rendre plus ou moins acceptable.
Peut-on faire des dépistages avant les signes révélateurs d'un cancer, c'est-à-dire préventifs ?
Dans le dépistage, il y a deux volets à savoir :
- Le dépistage individuel par la décision du malade lui-même qui est informé par les médias de la propagation de la maladie ;
- le dépistage collectif qui est organisé par l'Etat carrément mais pour le moment malheureusement en Algérie cela n'existe pas.
Souvent le cancer lorsqu'il s'installe, c'est de manière fulgurante…
Chaque cancer a son comportement. Par exemple pour le cancer du col utérin, c'est connu ça commence par un virus, le P.H.P.V, qui provoque des infections, et le passage de l'infection jusqu'au développement du cancer dure 15 ans à 20 ans d'évolution, donc il y a des cancers qui évoluent très lentement, comme le cancer du rectum, du colon et la prostate, c'est la même chose et même le sein car il y a plusieurs catégories de cancers du sein. Il y a ceux qui évoluent très lentement et d'autres qui sont effectivement foudroyants : se sont les leucémies et les lymphomes, là on peut en une semaine développer la maladie sans aucun signe auparavent..
Depuis quelques années, on parle de l'existence d'un vaccin contre le cancer du col de l'utérus, le P.H.V, cela peut-il nous protéger contre le cancer ?
Le vaccin existe en Europe, cela fait plus de 5 ans, car pour toute maladie virale, le meilleur traitement préventif est le vaccin. D'ailleurs, plusieurs maladies virales ont été éradiquées par des vaccins. Maintenant le problème qui se pose pour le vaccin du virus H.P.V, d'après des études depuis l'introduction du vaccin, il y a eu tout de même un recul de ce cancer, mais même après avoir était vacciné, il faut faire des dépistages pas les frottis.
Ce vaccin est-il disponible chez nous ?
Ce vaccin n'est pas encore disponible chez nous, cependant des discussions sont en cours entre le ministre de la Santé public et les laboratoires étrangers, car c'est un problème de coût. Il faut, en effet, trois vaccins consécutifs dont le prix s'élevé à 500 euros, et selon les dernières données de 2009, nous sommes en train de négocier pour réduire le coût à 150 ou 200 euros et bien sûr pour les trois vaccins. Par ailleurs, il y a un autre paramètre, en Europe, il faut vacciner avant le premier rapport sexuel, donc avant 14 ans, et actuellement en Algérie, ça se discute : est-ce qu'il faut le faire avant l'âge de 14 ans ou bien avant le premier rapport sexuel qui est censé dans notre société être le mariage ?
Quel est le taux de guérison, selon les statistiques du CPMC, pour le cancer du sein particulièrement et les autres cancers en général ?
Nous n'avons pas des chiffres réels, mais à peu près dans les 25% et cela est malheureusement très dérisoire, et comme nous l'avons souligné plus haut cela est dû au dépistage tardive. Cette maladie n'est diagnostiquée qu'une fois métastasée. Pour un cancer du poumon, le malade vient consulter une fois qu'il a craché du sang. Et c'est vraiment trop tard malheureusement car la maladie a déjà évolué.
Avec le progrès de la science, qu'en est- il de la cancérologie actuellement ?
La cancérologie actuelle n'est plus celle des années précédentes, elle a beaucoup progressé grâce, notamment, au progrès de la biologie moléculaire. Aujourd'hui par exemple, la nomination à changé, on ne dit plus le cancer du sein mais les cancers du sein. Autrement dit, il y a plusieurs catégories, donc nous sommes en train de chercher des sous-groupes qui sont en fonction de la taille des ganglions et d'autres facteurs, ce qui fait la différenciation dans les traitements et cela est technique. Ainsi, des patientes vont recevoir une chimiothérapie, d'autres soit une radiothérapie ou bien une chirurgie, ou encore une hormonothérapie ou enfin une thérapie ciblée. Ce qui fait un éventail de cinq thérapies possibles selon le cas et les résultats d'investigation constatés.
Midi Libre : On constate que le cancer du sein est en progression alarmante, existe-t-il des recommandations pour contrer la maladie ?
Docteur Mahiou : D'abord, il y a les recommandations internationales, une femme qui a 50 ans, voire plus, doit faire une mammographie systématiquement. En Algérie ainsi qu'au Maghreb, c'est un peu particulier pourquoi ? Parce le cancer du sein apparaît surtout chez les femmes jeunes, contrairement aux femmes européennes ou occidentales. Donc, ce qui est recommandé, c'est que à partir de 45 ans, la femme algérienne doit faire une mammographie, c'est obligatoire. Car le cancer du sein est celui qui est le plus fréquent chez nous
Après cet examen, y a-t-il un suivi ?
Une fois la mammographie établie, les résultats sont classés sur une échelle de 0 à 5, c'est-à-ire :
- De 0 à 1, voire 2, il n'y a pas à s'inquiéter, tout est normal.
- De 2 à 3, on doit faire des mammographies tous les deux ans :
- A partir de 4, le cas est suspect, il faut donc exploiter et rechercher un éventuel cancer, en procédant à des cito ponctions et des biopsies.
Y a-t-il des cancers héréditaires ou familiaux ?
Justement, les cancers héréditaires et familiaux sont des cancers à dépister tels que le cancer du rectum et du colon, car il y a des antécédents mais surtout le cancer du sein qui est en tête de liste. Si par exemple une mère ou une tante maternelle a fait un cancer du sein, cela ne veut pas dire que forcément la fille le fera, mais le risque est multiplié par 4 ou 5.
Nous avons vu des sujets jeunes, des filles âgées entre 20 et 24 ans, atteints de cette maladie ; comment expliquer cela ?
En effet, je dirais même qu'une jeune fille de 17 ans atteinte d'un cancer du sein a été hospitalisée dans notre service. C'est un cancer confirmé qui reste un point d'interrogation. En Algérie, nous avons les mêmes données épidémiologiques que dans le reste du Maghreb et ce, contrairement à l'Europe ou l'Occident où la moyenne d'age de risque de la maladie est de 55 ans, ce qui fait quand même une différence de 10 ans. Ceci est d'autant plus curieux que les facteurs de risque existent pourtant plus en Europe qu'au Maghreb à savoir :
- Les mariages et grossesses tardives ;
- Prise prolongée de la pilule ;
On a alors peut-être supposé q'un virus soit responsable de cette situation paradoxale, et les recherches sont en train d'avancer, pour comprendre ce phénomène.
Après un traitement, la jeune fille atteinte peut-elle faire une grossesse ?
Le cancer du sein ne contre-indique pas une grossesse, seulement, et bien entendu une fois que nous avons traité la maladie, la malade peut avoir un enfant. D'ailleurs, au CPMC, depuis 1998, nous avons traité 125 cas qui ont pu tomber enceintes après leur rétablissement.
Dans ce cas-là, on peut toujours espérer une guérison après un cancer de sein ou un autre cancer…..
Voila maintenant on revient à la guérison. Pourquoi tout à l'heure je vous ai parlé de dépistage, parce que lorsqu'on dépiste la maladie à un stade très précoce, c'est-à-dire avant les symptômes, là je dirais que c'est la guérison pratiquement à 100%,. Les cancers du sein, du colon, de la prostate et du rectum, lorsqu'ils sont dépistés à temps, sont bien pris en charge. Et bien sûr, plus la maladie et le diagnostique sont tardivement établis, plus les chances de guérison diminuent.
L'Algérie bénéficie-t-elle de bons traitements ?
En Algérie, notamment pour le cancer du sein, de la prostate, du rectum et le cancer du col utérin, Dieu merci, on est en train d'administrer les tout nouveaux traitements qui existent dans les pays occidentaux, qui sont les dernières chimiothérapies, radiothérapie, hormonothérapie, chirurgie. Donc, nos malades sont bien traités. En plus, ils sont pris en charge à 100% par la sécurité sociale, même pour ceux qui n'ont jamais cotisé, chose qui ne se fait pas dans les pays du Maghreb ou européens. Ainsi, la prise en charge en matière de cancérologie est très correcte. Seulement, et malheureusement chez nous, nos malades sont diagnostiqués à un stade tardif. On a rarement des malades qui sont diagnostiqués au stade 1 ou 2, la majorité sont diagnostiqués au stade 3 ou 4 et, bien sûr, à ce stade le taux de guérison devient faible mais cela ne veut pas dire la mort absolue, parce que même à ce stade nous avons des malades qui sont à leur 6e année. Par exemple aux stades 1 et 2, le taux de guérison est de 90% et il peut descendre jusqu'à 20% ou 30% et je parle de tout cancer en général. Le seul handicap est qu'il y a un manque de centres et on ne peut pas soigner tous les malades.
Effectivement, beaucoup de malades se plaignent de cette insuffisance de centrse de traitements. Prévoie-t-on une stratégie pour ouvrir d'autres centres à l'intérieur du pays et combler cette insuffisance ?
L'Algérie a prévu 17 nouveaux centres d'ici 2017, par exemple à Annaba, Sétif, Tizi-Ouzou, Chlef, Batna, mais on ne les voit pas arriver.
Quelles sont les raisons qui font retarder la création d'autres centres alors que la maladie ne cesse de prendre de l'ampleur ?
Eh bien, je ne dirai pas que c'est un laisser-aller mais une négligence de la part de l'Etat. C'est vrai que nous avons investi de l'argent mais on ne suit pas correctement cet investissement. Peut-être que le centre de Ouargla sera bientôt opérationnel à 50% et bientôt il y aura ceux de Sétif et Annaba mais les autres pas encore.
Y a-t-il une augmentation des cancers dans notre pays ?
D'après l'étude de l'I.N.S.P (Institut National de Santé Publique), il y a certains cancers qui sont en progression, comme le cancer du sein, du rectum, du colon, de la prostate et du poumon chez l'homme.
Vous parlez du cancer du poumon qui est en progression, est-ce cela est dû uniquement au tabagisme ?
Oui pratiquement à 100%. C'est-à-dire que tous ceux qui ont développé un cancer du poumon sont victimes du tabagisme actif ou passif. Par contre, cela ne veut pas dire que toutes les personnes qui ont fumé vont développer un cancer. Le taux de fumeurs atteints d'un cancer en Algérie ne cesse de croître ces dernières années.
Comment expliquer cette progression alarmante des cancers ?
Il y a plusieurs explications. Par exemple, prenons le cas de l'Algérie : la moyenne de survie des Algériens à augmenter ; nous avons une population qui est en train de vieillir, c'est-à-dire autre fois, la moyenne d'âge des Algériens était de 55 ans à l'indépendance, maintenant elle est passée à 70 ans chez l'homme et 82 ans chez la femme, donc plus on vit plus plus on a des chances de développer un cancer, parce que le vieillissement aussi est un facteur de risque pour développer un cancer. Les facteurs environnementaux, la pollution, l'alimentation qui n'est pas saine (pratiquement nous ne mangeons pas bio) sont également impliqués dans les causes du cancer, et bien sûr avec l'avancée de la recherche, on est en train de découvrir que des virus sans impliqués dans les cancers, par exemple comme le cancer du cavum Epstein Barr, qui se situe dans la partie supérieure de la bouche est très fréquent en Afrique du Sud et au Maghreb.
Donc, avec le progrès de la science, on est en train de découvrir d'autres facteurs qu'on ne connaissait pas. Maintenant, c'est prouvé, certains virus sont impliqués dans le cancer ce qui donne cette augmentation et c'est une augmentation constante.
En plus des soins médicaux, y a-t-il une prise en charge psychologique du malade ?
A travers tout le pays, je ne saurais vous le dire, mais au CPMC, il y a une prise en charge en plus des soins administrés pour nos patients, même dans les services de pédiatrie, parce que généralement la chimiothérapie pour les enfants se fait dans le service de pédiatrie.
Nous avons des psychologues pour chaque service.
Y a-t-il beaucoup d'enfants atteints de cancer et de quel cancer souffrent-ils ?
Parmi tous les cancers diagnostiqués en Algérie, celui de l'enfant représente 15%. Ce sont des cancers malheureusement congénitaux et qui s'avèrent dans la majorité des cas graves telles que la leucémie, la lymphome, mais ils sont très bien traités et bien pris en charge d'un point de vu psychologique.
Qu'appelle-t-on les soins palliatifs ?
Se sont des soins apportés aux malades pour moins souffrir, lorsque le cancer s'est métastasé. Il y a donc lieu de distinguer les soins curatifs des soins palliatifs. Les premiers apportent un traitement pour guérir, les seconds apportent du confort pour atténuer la douleur. Prenant par exemple le cancer du sein, il est pratiquement localisé au milieux du sein mais malheureusement, à un stade tardive de dépistage, il commence à se métastaser, c'est-à-dire, il commence à passer dans l'autre organe, donc du sein il peut passer au poumon, au foie, au cerveau, à l'os, c'est-à-dire à se généraliser, voilà le terme à utiliser. On n'est plus dans la catégorie des soins curatifs. C'est surtout le confort de vie, stabiliser plus ou moins la maladie, luter contre la douleur, luter contre la dégradation de l'état général du malade. C'est-à-ire stabiliser l'état général sans guérir la maladie mais la rendre plus ou moins acceptable.
Peut-on faire des dépistages avant les signes révélateurs d'un cancer, c'est-à-dire préventifs ?
Dans le dépistage, il y a deux volets à savoir :
- Le dépistage individuel par la décision du malade lui-même qui est informé par les médias de la propagation de la maladie ;
- le dépistage collectif qui est organisé par l'Etat carrément mais pour le moment malheureusement en Algérie cela n'existe pas.
Souvent le cancer lorsqu'il s'installe, c'est de manière fulgurante…
Chaque cancer a son comportement. Par exemple pour le cancer du col utérin, c'est connu ça commence par un virus, le P.H.P.V, qui provoque des infections, et le passage de l'infection jusqu'au développement du cancer dure 15 ans à 20 ans d'évolution, donc il y a des cancers qui évoluent très lentement, comme le cancer du rectum, du colon et la prostate, c'est la même chose et même le sein car il y a plusieurs catégories de cancers du sein. Il y a ceux qui évoluent très lentement et d'autres qui sont effectivement foudroyants : se sont les leucémies et les lymphomes, là on peut en une semaine développer la maladie sans aucun signe auparavent..
Depuis quelques années, on parle de l'existence d'un vaccin contre le cancer du col de l'utérus, le P.H.V, cela peut-il nous protéger contre le cancer ?
Le vaccin existe en Europe, cela fait plus de 5 ans, car pour toute maladie virale, le meilleur traitement préventif est le vaccin. D'ailleurs, plusieurs maladies virales ont été éradiquées par des vaccins. Maintenant le problème qui se pose pour le vaccin du virus H.P.V, d'après des études depuis l'introduction du vaccin, il y a eu tout de même un recul de ce cancer, mais même après avoir était vacciné, il faut faire des dépistages pas les frottis.
Ce vaccin est-il disponible chez nous ?
Ce vaccin n'est pas encore disponible chez nous, cependant des discussions sont en cours entre le ministre de la Santé public et les laboratoires étrangers, car c'est un problème de coût. Il faut, en effet, trois vaccins consécutifs dont le prix s'élevé à 500 euros, et selon les dernières données de 2009, nous sommes en train de négocier pour réduire le coût à 150 ou 200 euros et bien sûr pour les trois vaccins. Par ailleurs, il y a un autre paramètre, en Europe, il faut vacciner avant le premier rapport sexuel, donc avant 14 ans, et actuellement en Algérie, ça se discute : est-ce qu'il faut le faire avant l'âge de 14 ans ou bien avant le premier rapport sexuel qui est censé dans notre société être le mariage ?
Quel est le taux de guérison, selon les statistiques du CPMC, pour le cancer du sein particulièrement et les autres cancers en général ?
Nous n'avons pas des chiffres réels, mais à peu près dans les 25% et cela est malheureusement très dérisoire, et comme nous l'avons souligné plus haut cela est dû au dépistage tardive. Cette maladie n'est diagnostiquée qu'une fois métastasée. Pour un cancer du poumon, le malade vient consulter une fois qu'il a craché du sang. Et c'est vraiment trop tard malheureusement car la maladie a déjà évolué.
Avec le progrès de la science, qu'en est- il de la cancérologie actuellement ?
La cancérologie actuelle n'est plus celle des années précédentes, elle a beaucoup progressé grâce, notamment, au progrès de la biologie moléculaire. Aujourd'hui par exemple, la nomination à changé, on ne dit plus le cancer du sein mais les cancers du sein. Autrement dit, il y a plusieurs catégories, donc nous sommes en train de chercher des sous-groupes qui sont en fonction de la taille des ganglions et d'autres facteurs, ce qui fait la différenciation dans les traitements et cela est technique. Ainsi, des patientes vont recevoir une chimiothérapie, d'autres soit une radiothérapie ou bien une chirurgie, ou encore une hormonothérapie ou enfin une thérapie ciblée. Ce qui fait un éventail de cinq thérapies possibles selon le cas et les résultats d'investigation constatés.


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