Les cancers se guérissent de mieux en mieux. Encore faut-il les dépister le plus précocement possible. Les spécialistes ne cesseront jamais de l'affirmer : un traitement initié tôt est un véritable gage d'efficacité. C'est donc en termes de prévention qu'il faut miser, or, dans ce domaine l'Algérie est encore loin. Notre pays ne dispose pas encore d'un programme national multisectoriel de prévention du cancer «sérieux» et «efficace». La lutte contre les différents types de cancers en Algérie nécessite une «vision préventive à long terme». Il faut savoir à ce propos que, statistiquement parlant et selon des sources hospitalières, entre 20 000 et 30 000 cas sont enregistrés annuellement. Outre le volet de la prévention et du dépistage, lequel est trop négligé dans les programmes de santé, le problème de l'insuffisance de structures anticancéreuses se pose avec acuité. L'un des plus importants centres anticancéreux algériens, le CPMC d'Alger, est complètement dépassé par le nombre de malades qui y affluent de toutes parts. La majorité des patients viennent de régions désenclavées et doivent faire des kilomètres pour une consultation, une hospitalisation, ou une chimiothérapie. La plupart du temps, ils doivent attendre qu'un lit se libère, prenant leur mal en patience. Le CPMC connaît quotidiennement une surcharge de malades. Actuellement, sur les 30 000 à 40 000 nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année, en Algérie, seuls 6 000 cas peuvent être traités dans les cinq centres existants. L'insuffisance de centres anticancéreux a été longtemps décriée et le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière avait à ce propos fait part de la création de structures spécialisées à travers le pays. Dans une déclaration faite jeudi dernier, devant l'Assemblée populaire nationale, en réponse aux questions orales des membres de l'APN, le ministre avait affirmé que chaque wilaya serait dotée d'une unité au moins de chimiothérapie pour une meilleure prise en charge sanitaire des citoyens. A en croire Amar Tou, «168 centres de chimiothérapie au niveau national seront installés à l'orée 2009 et viendront s'ajouter aux 17 déjà existants». Selon lui, le cancer du sein, du col de l'utérus, du colon et du rectum viennent en tête des affections tumorales qui atteignent les femmes. En revanche, le cancer des poumons, de la vessie du colon et du rectum sont les types les plus répandus chez les hommes. Le député de Djelfa interpellera le ministre, indiquant que sa wilaya est la plus exposée au cancer «en raison de la présence de réacteurs nucléaires sur son sol». Mais selon Amar Tou, «il n'y a aucune relation entre la présence de réacteurs nucléaires à Djelfa et les cas de cancer qui est répandu en Algérie et dans d'autres régions du monde». A ce propos, il rappellera que le Commissariat national de l'énergie nucléaire, en collaboration avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), contrôle en permanence la région. Le ministre a rappelé la propagation du cancer dans le monde et précisé l'existence de 450 à 480 cas de cancer pour 100 000 habitants en Amérique du Nord et de 350 à 380 cas pour 100 000 habitants en Europe, précisant que la prévalence en France est de 438 cas pour 100 000 habitants. Pour ce qui est de l'Algérie, le ministre expliquera que d'après une étude réalisée, en 2002, on dénombre 93,9 cas pour 100 000 habitants. Il faut savoir, enfin, selon les nombreuses études réalisées dans le monde, que notre mode de vie et nos comportements à risque expliquent 70% des cancers. Cela veut dire qu'en modifiant notre manière de vivre, on peut influencer le cours des choses et diminuer le risque de maladie. De plus, une alimentation saine contribue fortement à prévenir contre le cancer. Ainsi, certains fruits et légumes sont des agents anticancer, comme les choux, l'ail, les oignons, les poireaux qui sont de véritables chimiothérapies naturelles. A. B.