Chaque année, plus de 3000 hommes sont touchés par le cancer de la prostate. Plus il est détecté tôt, mieux il est traité. Ainsi, un dépistage est recommandé après 50 ans. Détectées à un stade précoce, les spécialistes affirment que 95% des tumeurs de la prostate pourraient être guéries, c'est dire l'importance du dépistage. Le premier cancer masculin inquiète les praticiens en raison de son évolution rapide. Selon le Pr Bouzid, oncologue au CPMC, cette pathologie est en constante progression, passant de 10 nouveaux cas recensés en 1999 au CPMC à 450 nouveaux cas en 2008 lors d'une rencontre organisée jeudi dernier par l'association des urologues privés à Alger, pour l'adoption d'un consensus concernant la prise en charge des personnes qui sont atteintes du cancer de la prostate en Algérie. Selon lui, ce type de cancer progresse notamment chez les personnes âgées, en précisant que depuis 2000, le cancer de la prostate arrive en tête des cancers qui touchent les hommes de plus de 50 ans. Le cancer de la prostate est classé, selon les registres actuels, entre la 4e et la 7e position. Mais comparativement aux pays développés, ce type de cancer vient en première position en Algérie, a affirmé le Pr Bouzid. Sur le plan clinique, le Pr Bouzid a souligné que les symptômes du cancer de la prostate se manifestent par des troubles urinaires identiques à d'autres maladies bénignes chez les personnes âgées de 40 à 55 ans. Il a également estimé que le problème qui se pose actuellement en Algérie est le fait que 80% des cas arrivent à un stade avancé de la maladie, ce qui pousse les spécialistes à limiter le traitement aux soins palliatifs et non curatifs. Le spécialiste a en outre appelé à la nécessité d'un diagnostic précoce afin de dépister la maladie à temps, déplorant le manque de centres spécialisés (chirurgie et radiothérapie notamment). Il a également appelé à cibler la population et non pas à faire dans la prévention de masse qui est « très coûteuse et peu efficace ». Concernant les cancéreux qui sont traités au niveau du CPMC, le Pr Bouzid a indiqué que la plupart des malades arrivent à un stade avancé de la maladie, ils suivent un traitement médical et une radiothérapie. De son côté, le Pr Adjali, chef de service d'urologie au CHU de Bab El Oued, a plaidé pour un consensus concernant le traitement à travers le pays qui permettra aux spécialistes de bien prendre en charge le malade à l'instar de ce qui se fait dans les pays développés. Il a estimé que « la mise en œuvre d'un consensus et de recommandations applicables par les spécialistes, notamment en urologie, oncologie et exploration, aidera à l'amélioration de la prise en charge de ce type de cancer ». Le Pr Adjali a ajouté que « la prise en charge du cancer de la prostate est très coûteuse et constitue un fardeau pour la santé publique », affirmant que « les chiffres actuels sont loin de refléter la réalité en l'absence d'un registre national sur ce type de cancer ». « Les moyens actuels de prise en charge du cancer de la prostate sont très limités, notamment dans les hôpitaux universitaires qui se contentent des interventions chirurgicales et de la radiothérapie qui demeure onéreuse. » La mise en place d'un consensus sur la prise en charge de la maladie est à même de sensibiliser les pouvoirs publics et la Caisse d'assurance sociale à la mobilisation des moyens de traitement nécessaires, a-t-il encore souligné. Le Dr Belloucif, urologue, a indiqué que la prise en charge du cancer de la prostate nécessite une équipe médicale pluridisciplinaire (anatomo-pathologistes et oncologistes). Les données actuelles concernant cette maladie sont loin de la réalité algérienne, car elles se basent sur l'anatomie pathologique (anapat) et la biopsie, a-t-il ajouté, précisant que 40% de ces malades ne subissent pas de prélèvement. Il a, en outre, appelé à l'extension des cinq centres spécialisés dans le cancer de la prostate existant à travers le territoire national. Concernant le diagnostic précoce, le spécialiste a recommandé de cibler en premier lieu la population ayant des antécédents dans la famille, ensuite vient la catégorie âgée des 50 ans et plus. Déplorant le manque de moyens thérapeutiques (radiothérapie, chirurgie et exploration) au niveau national, le Dr Belloucif a appelé au développement de la formation en radiothérapie, urologie et exploration en vue d'une prise en charge précoce des malades. Cette journée scientifique sur l'adoption du consensus pour la prise en charge du cancer de la prostate a vu la participation des sociétés algériennes de chirurgie urologique et d'oncologie médicale et l'association des urologues privés.