El Watan, 7 février 2010 Les scandales liés à la corruption se suivent et se ressemblent. La Société nationale de production et de distribution de l'électricité et du gaz, Sonelgaz, probablement la plus importante compagnie publique du pays après Sonatrach, vient d'être éclaboussée par au moins deux grandes affaires de corruption sur lesquelles la justice a commencé, d'ailleurs, à travailler. La première porte sur des cas de malversation, de passation illégale de marchés et de détournements de fonds. L'enquête, confiée à la brigade économique de la sûreté de wilaya d'Alger, a été déclenchée il y a plus d'une année à la suite d'une lettre anonyme adressée à la présidence de la République. Des sources proches du dossier indiquent que plus d'une vingtaine de cadres, dont six sont sous contrôle judiciaire, devraient bientôt comparaître devant le tribunal de Bir Mourad Raïs (Alger). Un grand nombre de personnes citées dans le cadre de ce dossier de corruption seraient même en détention provisoire à la prison Serkadji d'Alger. Nos sources ajoutent que les sommes détournées se chiffrent en milliards de dinars. Nos sources expliquent par ailleurs que certains des griefs retenus à l'encontre de Sonelgaz ont trait au fait que la compagnie a vendu de l'énergie à certaines entreprises privées en deçà des prix normalement pratiqués. Ce n'est pas tout. Il est reproché en outre à Sonelgaz d'acheter de l'électricité auprès de centrales électriques construites en partenariat avec des compagnies étrangères à des prix exorbitants. La seconde affaire mettant en cause un autre groupe de gestionnaires de Sonelgaz concerne une histoire de surfacturation et de manipulation de compteurs dont ont été victimes de nombreuses institutions de la République. Celles-ci se sont d'ailleurs constituées partie civile dans cette affaire, également traitée à Alger.L'enquête, confiée à la brigade économique de la sûreté de wilaya d'Alger, a été déclenchée il y a plus d'une année à la suite d'une lettre anonyme adressée à la présidence de la République. Selon toujours des sources proches de l'enquête, de très forts soupçons pèsent sur des cadres hauts placés. L'on ajoute que les factures excessives envoyées à certains usagers servaient notamment à masquer les malversations au sein de l'entreprise. Selon des informations rapportées récemment par la presse, une dizaine d'employés, mis en cause, se sont défendus en faisant savoir aux enquêteurs en charge du dossier qu'ils n'ont fait qu'appliquer les instructions de responsables de la compagnie. S'agissant des montants détournés, le quotidien arabophone Echourouk a rapporté dernièrement que c'est notamment à la lumière de ces révélations que les enquêteurs ont appris qu'« une facture d'un montant de 200 millions de centimes a été établie au nom de la DGSN, alors que la consommation réelle de cette institution ne dépassait pas les 20 millions de centimes ». La même source révèle par ailleurs que « des milliers d'autres factures ont été établies sur une durée de trois ans, très loin de leur valeur réelle, des factures réglées par des institutions gouvernementales et des entreprises publiques à l'instar de la Présidence, du Centre de chèques postaux à la place des Martyrs ». A préciser que les enquêtes concernant Sonelgaz, menées de concert par les services de sécurité (DGSN et Gendarmerie nationale) et les brigades de l'IGF, ont conduit à l'audition, en tout, de près d'une cinquantaine de cadres de la société.