La gestion du pays par l'euphorie du football a montré ses limites. Bouillonnante est l'actualité nationale de ces dernières semaines. Malversations, passations illégales de marchés et détournement de fonds rythment le quotidien des citoyens. A cela s'ajoute une flambée des prix qui s'inscrit dans la durée et qui saigne chaque jour la bourse des petites gens. Face au diktat des spéculateurs, l'Etat a affiché une incapacité criante à réguler les prix. Pour vérifier, il suffit de faire un tour au marché du coin. Des produits de première nécessité sont affichés à des prix prohibitifs. Cela devient incompréhensible d'autant que plusieurs plans ont été lancés pour réguler le marché. L'incompréhension est exacerbée par une augmentation dérisoire du Snmg. Il est vrai que l'augmentation des salaires est tributaire de la création des richesses. Et les richesses du pays partent en fumée à cause des scandales à répétition. Sur ce chapitre, de hauts responsables de l'Etat sont visés. Menées par les services de sécurité, les enquêtes à ce sujet font boule de neige. Et les grands déballages ne font que commencer. Le linge sale se lave en public. Le plus grave, c'est que ces affaires touchent des secteurs sensibles. Aussi, elles mettent à mal les départements de l'Etat. D'une importance hautement stratégique, le secteur des hydrocarbures ressent fortement les répliques des enquêtes engagées. Et c'est le poumon de l'economie nationale qui s'en trouve atteint. Après la Sonatrach, deux affaires viennent éclabousser la Société nationale de distribution de l'électricité et du gaz (Sonelgaz). La compagnie publique est soupçonnée d'avoir traité avec des entreprises privées en foulant aux pieds la réglementation en vigueur. Ces dernières auraient acquis de l'électricité à des prix dérisoires. Parmi les bénéficiaires de ces marchés juteux figurent des compagnies étrangères. Et la formule trouvée, c'était d'entrer en partenariat avec la compagnie publique pour construire des centrales d'électricité. Ainsi, l'intérêt national est bradé au profit de bénéfices personnels. Scandaleux! les mains agissant dans l'ombre auraient puisé de l'argent de...la poche du citoyen. La magouille n'a épargné personne. Même les pauvres malheureux. Ces derniers temps, des centaines d'abonnés de Sonelgaz ont été surpris par une vaste opération de surfacturation de leurs compteurs. Ainsi, la compagnie publique aurait fait payer à ses clients les malversations d'un groupe important de ces cadres. En charge de l'affaire, le tribunal de Bir Mourad Raïs à Alger, risque de voir défiler à la barre près de hauts responsables de Sonelgaz. Sa soeur aînée, la Sonatrach, a également eu son lot de scandales. Cela s'est soldé par la mise sous contrôle judiciaire de son président-directeur général, Mohamed Méziane, et de six autres cadres. Inculpés pour corruption, ces derniers devront répondre de leurs actes devant la chambre d'accusation d'Alger. Annoncé comme «le plus grand projet du siècle», l'autoroute Est-Ouest risque de mener de hauts responsables de l'Etat en prison. Cette foi-ci, le fossoyeur des opérations douteuses a pour nom Khelladi Mohamed, directeur des nouveaux projets à l'Agence nationale des autoroutes. Ce dernier reproche au département des travaux publics, à sa tête Amar Ghoul, d'avoir fait conclure des marchés illégaux par des cadres du...Mouvement de la société pour la paix (MSP). Le secteur des transports n'est pas en reste. La justice s'intéresse de très près aux passations de marchés effectuées par la compagnie aérienne Tassili Airlines. Cette dernière est soupçonnée d'avoir effectué des opérations sans respecter la législation en vigueur. Toutes ces affaires et d'autres encore continuent de saigner l'économie du pays. Et cela risque de mettre à mal le programme présidentiel pour les cinq prochaines années. Le développement économique est renvoyé ainsi aux calendes grecques. En revanche, le citoyen fait face à une flambée des prix qui s'inscrit dans la durée. Sur ce chapitre, l'Etat a affiché une incapacité inquiétante à mettre le holà aux spéculateurs. Ainsi, la gestion des affaires du pays par l'euphorie du football a montré ses limites. Agacé par les scandales, le citoyen s'était accroché, contre vents et marées, aux exploits des Verts. Voilà que ces derniers perdent là où il ne fallait pas, devant l'Egypte et par 4 à 0, s'il vous plaît. Trop! C'est trop! Associé aux grèves cycliques dans plusieurs secteurs, ces facteurs peuvent allumer le brasier social. Le pays est sur une poudrière.