La récente réception de la famille Zidane, sans les femmes, par la famille Bouteflika, sans les femmes, à la présidence de la République même, est un scoop sans précédent. La télévision algérienne a retransmis, ad nauseam, les scènes qu'on voulait émouvantes, avec un soupçon de people ringard, du Président Bouteflika entouré de ses frères, recevant les Zidanes comme s'ils étaient dans leur propre domicile. Cette réception, « familiale et privée », mais qui s'est tenue dans les salons de la Présidence de la République, s'est déroulée, de bout en bout, sous l'œil des caméras de la télévision algérienne. Une « visite familiale et privée » qui convoque toute la presse algérienne, surtout la télévision et la radio. On cherchait visiblement à passer un message. Un message fort, pensé par des communicants avisés et qui savaient très bien ce qu'ils voulaient. En fait, quoique la presse algérienne n'a fait que le rapporter, sans s'en émouvoir outre-mesure, c' est un évènement sans précédent dans notre pays. C'est réellement étonnant, voire choquant, que la presse soit ainsi passée à côté d'une telle énormité sans la dénoncer, ni même la disséquer. C'est la première fois que la famille d'un président de la république est ainsi exposée, au cœur même de la présidence, aussi à l'aise que si elle recevait dans sa propre maison. Au point où la télévision n'a même pas jugé utile de censurer cet échange ahurissant entre le frère du président et Zidane. N'avons nous pas tous entendu Saïd Bouteflika dire à Zidane: « Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à ME le demander ». Mais tout cela procède aussi d'une technique subliminale, même si elle est de mauvais goût, pour habituer les Algériens à cette image de famille régnante. Pour que nous nous imprégnions désormais de ce qui pourrait devenir la dynastie Bouteflika. Du grand frère jusqu'au petit neveu préféré. La relève est assurée. Les mentalités « évolueront » ! Non seulement nous allons bientôt rejoindre la cohorte de ces dynasties « républicaines », comme celles de Saddam, Moubarak, Khadhafi, Benali, où les rejetons héritent du pouvoir de leurs pères, mais nous pourrions même passer du statut de cittoyen à celui de sujet. Quoique ! N'avons nous pas toujours été des sujets, sans aucun droit sur leur destinée ?