Par : Souheila B., Liberté, 27 mars 2010 “Leur mouvement est injuste et illégal, ils débrayent au niveau des CHU, mais ils continuent d'exercer dans les cliniques et cabinets privés. En tant que responsable de la santé des citoyens, je vais les combattre, je n'accepterai jamais que la santé du citoyen soit otage de ces pratiques.” C'est par ce ton menaçant que le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière a répondu, jeudi dernier à Constantine, aux journalistes à propos du mouvement de protestation qui entache son secteur depuis plus de trois mois. Saïd Barkat, en visite de travail à Constantine après avoir au départ ramené le sujet à une simple procédure d'application d'une décision des tribunaux “depuis que la justice a tranché l'illégalité de la grève”, est revenu quelques heures après à la charge en usant d'un vocabulaire qui, bien qu'il puisse s'inscrire dans la même stratégie de gestion du conflit enseignants-éducation nationale, annonce la radicalisation de la position des pouvoirs publics. Le “je vais les combattre”, lancé depuis Constantine, s'il risque de jeter de l'huile sur un feu qui ne cesse de prendre depuis le début de l'année en cours, peut aussi créer des fissures dans les rangs des grévistes. Certains indices laissent croire que la sortie du ministre, en usant de mots inadaptés au contexte, est un conflit social de travail qui ne peut en aucun cas être assimilé à une guerre, et qui est dictée par les impératifs d'une démarche de gestion de la crise. “Le ministre qui disait être compréhensif à nos doléances, il y a à peine une dizaine de jours, ne peut pas user d'un tel langage inconnu dans la terminologie de toute classe politique qui se respecte, s'il n'obéissait pas à une démarche d'intimidation qui le dépasse”, expliquait un syndicaliste gréviste. Toutefois, Barkat à travers ses propos laissait entendre que le gouvernement a toujours eu la marge de manœuvre nécessaire en préférant la concertation aux actions musclées. “C'est à la suite des actions menées par certains syndicalistes que nous avons retardé la mise à exécution des procédures disciplinaires d'usage, mais aujourd'hui, on va prendre les dispositions nécessaires”, expliquait-il. S'agissant de la question relative au vaccin contre la grippe porcine, le ministre expliquera que seules 5 000 doses des 5 millions acquises par l'Algérie ont été utilisées. Le reste du stock “sera utilisé en cas d'un retour de l'épidémie”, a-t-il ajouté. Le ministre de la Santé, à travers ces chiffres, rouvre malgré lui le débat sur les gestions catastrophiques par son département de la prévention contre la grippe A. Si seules 5 000 doses ont été utilisées, cela veut dire que 99% des deniers publics affectés à la prévention contre cette épidémie finiront, un jour, dans les incinérateurs. Quel gâchis pour des millions d'euros, disent les uns. C'est le prix à payer pour veiller sur la santé des citoyens, répliqueront les autres dans un débat qui s'ouvrira, certainement, un jour. Signalons enfin que le ministre de la Santé a inauguré à Constantine, un nouveau centre de transfusion sanguine situé à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. En fin de journée, il a donné à l'université Mentouri le coup d'envoi aux travaux d'un congrès international sur le cancer dans une ville où il faut attendre au minimum 3 mois pour décrocher un rendez-vous pour une séance de chimiothérapie. À ce propos, selon Barkat, qui reste optimiste, d'ici 2014, chaque wilaya du pays aura son centre de radiothérapie.