Le Soir d'Algérie, 13 avril 2010 Certains bénéficiaires de logements sociaux n'ont pas attendu longtemps pour mettre en location leur nouvel appartement. Pourtant, le wali d'Alger avait promis que l'opération de distribution de 10 000 logements sociaux ne profiterait qu'à ceux qui sont dans le besoin. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) – Il suffit de faire un tour dans quelques agences immobilières implantées à proximité des nouveaux sites d'habitation en question pour constater que des logements sociaux fraîchement attribués sont proposés à la location, sans contrat, contre 12 000 DA/mois pour les F2 et 15 000 DA pour les F3. Ce qui nous laisse conclure que, de toute évidence, les bénéficiaires ne sont pas tous des nécessiteux. Certaines agences immobilières approchées proposent, en effet, à la location, dans une totale discrétion et sans contrat, ces appartements dont l'opération de distribution vient tout juste de débuter. Si les choses se passent ainsi alors que l'on en est seulement au début de l'opération de relogement, il est à se demander ce qu'il en sera après, quand l'ensemble des appartements auront été distribués. A Tixeraïne, dans la commune de Birkhadem, où a été relogée une partie des habitants de Diar- Echems, des F2 sont proposés à 12 000 DA/mois. Ce sont généralement des couples qui viennent proposer ces appartements à la location, affirment certains agents immobiliers de la région, tout en soulignant que ces clients n'ont pas du tout l'air d'être dans le besoin. «Deux jours après leur relogement, deux couples sont venus me voir pour proposer à la location leur appartement, mais sans contrat. Au début, je me suis montré un peu réticent, vu le caractère illégal de l'opération. Mais je me suis vite ravisé, estimant qu'il doit bien exister des clients prêts à effectuer une transaction immobilière sous cette forme en contrepartie d'une diminution du prix du loyer», dira un agent immobilier qui a tenu à garder l'anonymat. A Tessala-El-Merdja, par contre, les tarifs de location sont inférieurs à ceux en cours à Birkhadem, en raison, estime-t-on, de l'éloignement des sites du centre-ville, des conditions de vie et de certaines commodités caractérisant les lieux. Ainsi, et selon les indications d'un agent immobilier activant dans la région de Birtouta, les F2 sont proposés à 8 000 DA/mois et les F3 à 10 000 DA. Interrogés, de nouveaux bénéficiaires à Birkhadem et à Tessala-El-Merdja, bien qu'ils se soient montrés très méfiants au départ, ont fini par nous confier qu'ils ont eu vent de ces informations et qu'ils ont même observé, depuis leur relogement, un «certain manège». Ils disent ne pas en être surpris car, assurent-ils, depuis le temps, dans toutes les opérations de relogement, des quotas sont réservés aux proches, aux amis, aux amis des amis, aux amis des proches, etc. Interrogés, certains bénéficiaires se sont montrés agressifs, comme s'ils avaient quelque chose à se reprocher, alors que d'autres ont affirmé connaître quelques «cas» mais qu'ils n'iront pas jusqu'à les dénoncer. Plus grave encore, des agences immobilières proposent carrément à la vente ces logements sociaux. Vu qu'une telle opération ne peut se faire dans la légalité, les vendeurs et les acheteurs recourent à des ruses, comme, par exemple, établir une reconnaissance de dette notariée sans citer l'objet de la reconnaissance.