Malik Medjnoun a entamé une grève de la faim le 25 juin 2010 appelant à enfin être jugé après presque onze ans de détention préventive. Il est accusé de complicité dans l'assassinat du célèbre chanteur Lounès Matoub le 25 juin 1998, ce qu'il a toujours nié. Il n'en est pas à sa première grève de la faim. A chaque fois, des représentants de l'Etat lui ont rendu visite pour lui faire de fausses promesses et l'inciter à stopper sa grève. Cette fois-ci Malik est décidé de continuer jusqu'à ce qu'une date concrète et officielle pour son procès soit fixée. Le 20 juillet 2010, le président de la Cour de Tizi-Ouzou et l'adjoint du Procureur général accompagnés du directeur de la prison lui ont rendu visite pour encore une fois le persuader d'interrompre sa grève. Le procureur adjoint lui a dit qu'étant nouvellement à ce poste, il ne connaissait pas l'affaire mais qu'il allait la fixer à la prochaine session. Malik Medjnoun n'a pas l'intention de se laisser une nouvelle fois tromper, il est déterminé à continuer son action de protestation pour qu'enfin il soit jugé et que son innocence soit prouvée. Nous rappelons que Malik Medjnoun a été enlevé près de son domicile à Tizi-Ouzou le 28 septembre 1999 par des agents du Département des renseignements et de la sécurité (DRS) puis détenu au secret à la caserne « Antar » de Ben Aknoun (Alger) relevant du DRS. Durant ces huit mois de détention, il a été sauvagement torturé selon les techniques habituellement utilisées par ce service (méthode du chiffon, électricité. etc.). Présenté le 05 mai 2001 devant le tribunal criminel de Tizi-Ouzou, son affaire a été renvoyée sine die. Depuis, il attend toujours d'être présenté devant un tribunal pour établir son innocence. La situation de M. Malik Medjnoune avait été soumise au Comité des droits de l'homme de l'ONU le 11 juin 2004 qui avait statué sur sa plainte le 14 juillet 2006. Aux termes de ses constatations, le Comité onusien avait fait droit à toutes ses demandes et enjoint aux autorités algériennes : « D'amener Malik Medjnoune immédiatement devant un juge pour répondre des chefs d'accusation ou le remettre en liberté, de mener une enquête approfondie et diligente sur sa détention au secret et les traitements qu'il a subis depuis son enlèvement le 28 septembre 1999 et d'engager des poursuites pénales contre les personnes responsables de ces violations ». Au cours de la procédure, le gouvernement algérien avait informé le Comité des droits de l'homme par lettre du 28 décembre 2004 « que l'affaire devait être soumise incessamment au tribunal criminel de Tizi-Ouzou pour y être jugée ». En dépit de ces engagements du gouvernement algérien et des constatations du Comité, M. Medjnoune attend toujours d'être jugé. Il n'y a aucun précédent à ce jour en Algérie d'un cas de détention préventive de plus de 10 années. Il s'agit d'une violation particulièrement grave des engagements de l'Algérie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui interdit les détentions arbitraires et considère qu'une personne doit être jugée sans retard excessif.